12 • La Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer • Juin 2002
Pour leur part, les lignes 1 à 8 évo-
quent les événements cliniques et les
situent chronologiquement sur une
durée de 20 ans. À noter que le
DrSerge Gauthier et ses collabora-
teurs3,4 ont largement contribué aux
notions présentées dans cette partie
du tableau.
Au début (ligne 1), le patient
souffre souvent de dépression qu’il
faut traiter. Plus tard, la personne
atteinte de démence, qui ne se
comprend plus et qui risque de ne pas
se faire comprendre des gens qui
l’entourent, réagit avec excitation,
agitation. Ceci est corroboré à la
ligne 6 par des troubles de comporte-
ment. Mentionnons que, au stade 7a,
à la ligne 1, l’affect est plat; à la
ligne 2 et en E, il n’y a plus de vie co-
gnitive évaluable; à la ligne 5, il y a
perte de motricité, et, comme nous
sommes à la fin de la ligne 6, il n’y a
plus de trouble de comportement.
Ainsi, au début du stade 7, il est
temps de réduire la médication qui
sert à prévenir ou à maîtriser les
troubles neurocomportementaux, soit
respectivement les inhibiteurs de la
cholinestérase et les neuroleptiques,
les antiépileptiques, les inhibiteurs
sélectifs du recaptage de la sérotonine
(ISRS), etc.
À la ligne 6, ici particulièrement,
le tableau prend toute son impor-
tance. Bien coter le Stade Fast et
garder à l’esprit l’âge mental du
patient, lequel passera en dix ans
d’un âge mental de douze ans à
deux ans, permettent au soignant
d’adopter l’attitude pertinente, celle
qui tente de ne pas « agresser » le
malade en surestimant sa capacité
résiduelle, que ce soit au moment du
bain, à la salle à manger ou à l’occa-
sion des activités récréatives.
L’attitude appropriée du soignant
évite l’apparition de comportements
agressifs, mal vus de la part de tous.
Ne pas tenir compte de l’âge mental
du patient souffrant de maladie
d’Alzheimer dans les soins devient à
ce moment une approche inadéquate
qui risque grandement d’amener une
réaction en conséquence de la part
du patient.
Précisons enfin que la période qui
correspond à la ligne 6 du tableau est
celle où le milieu de vie doit s’adap-
ter au patient. C’est le moment des
médications neuroleptiques et psy-
choactives. Il est recommandé alors
d’agir sur le milieu physique (ser-
rure électronique, éclairage modulé
et peintures aux teintes douces et
mates afin d’éviter l’hyperstimula-
tion) et d’adapter ses attitudes
(donner le bain à l’heure qui
convient au patient, s’adresser à lui
avec douceur et des phrases courtes
en lui faisant face). Les médications
d’appoint sont ajoutées en dernier
lieu. À la fin de la ligne 6, et au
début du stade 7a, l’approche
devient palliative.
Quand utiliser le tableau?
À l’occasion de n’importe quelle
communication, à n’importe quel
moment que ce soit au cours de la
maladie d’Alzheimer. Ainsi, au
centre hospitalier de soins de longue
durée (CHSLD), on peut l’utiliser à
la réunion pluridisciplinaire d’ad-
mission (dans les trois mois suivant
l’admission du patient), puis tous les
six mois par la suite et dès qu’un
événement se produit, car cet outil
permet de percevoir l’écart par
rapport au déroulement habituel de
la maladie.
Où installer cet outil didactique?
• Au mur du poste infirmier, lieu de
rencontre des professionnels et
des autres intervenants.
• Au mur des locaux des différents
professionnels.
Où inscrire la cote Stade Fast?
Bien en vue dans le dossier. Par
exemple, vous pourriez la noter à
l’endos de la page couverture ou
l’ajouter à la liste des problèmes
datée de moins de six mois.
Qui former à l’utilisation de cet
outil didactique?
Tous les membres du personnel sans
exception.
Exemple pratique d’utilisation du
tableau didactique
Prenons le cas de Rémi, un patient
atteint de la maladie d’Alzheimer au
stade 7a, lequel est associé à un âge
mental de 15 mois. Voici les
questions et les aspects qui devraient
intéresser chaque professionnel de la
santé.
1) Le préposé aux soins : « Pour
l’entrée dans le bain, je mettrai
l’eau tiède, puis je la réchaufferai
lorsqu’il y sera. Je le surveillerai.
Il y aura des éclaboussures. Je lui
donnerai un objet pour l’occuper
et le distraire, comme un jouet... Il
faut tenter de faire du bain une
occasion de jeu, plutôt qu’un
enfer. »
2) La diététiste : « Il mangera mala-
droitement avec ses ustensiles,
bientôt il ne saura plus s’en servir.
Devrais-je opter pour des ali-
ments hachés? Faudrait-il lui
donner un seul plat à la fois? »
3) L’ergothérapeute : « Il parle
encore, mais cinq ou six mots à
peine. Je ne tenterai pas de le réé-
duquer pour ce qui est de la conti-
nence fécale. Je dois évaluer le
risque de chute, car il commence
à perdre sa motricité. »
4) Le récréologue : « Quelle activité
récréative cibler à 15 mois d’âge
mental? Quelle musique pourrait
lui plaire? Devrais-je recourir à la
zoothérapie? »