la cenerentola - Opéra de Limoges

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D o s s i er d ’ a ccompa gnement
la cenerentola
venir à un spectacle
Nous sommes très heureux de vous
accueillir à l’Opéra de Limoges !
Ce dossier vous aidera à préparer votre venue
avec les élèves. Vous pouvez le diffuser et le
dupliquer librement.
Le service des publics est à votre disposition
pour toute information supplémentaire.
N’hésitez pas à nous envoyer tous types de
retours et de témoignages.
Dimanche 9 avril 2017 - 15 h
Mardi 11 avril 2017 - 20 h
Jeudi 13 avril 2017 - 20 h
Chanté en italien, surtitré en français
2h50 entracte compris
informations pratiques
La représentation débute à l’heure indiquée.
Nous vous remercions d’arriver au moins 30 minutes
à l’avance, afin de faciliter votre placement en salle.
Les portes se ferment dès le début du spectacle.
Nous rappelons aux enseignants et accompagnateurs
que les élèves sont sous leur responsabilité pendant toute
leur présence à l’Opéra. Ces derniers doivent demeurer
silencieux pendant la durée de la représentation afin de ne
pas gêner les artistes et les autres spectateurs.
Il est interdit de manger et de boire dans la salle, de
prendre des photographies, de filmer ou d’enregistrer.
Les téléphones portables doivent être éteints.
Nous vous remercions de bien vouloir faire preuve
d’autorité si nécessaire.
autour de la création
•
Conférence tout public
Cendrillon dans le répertoire musical.
Vendredi 7 avril 2017 - 18h30
•
Parcours thématique scolaire
La Cenerentola : des cendres au trône.
Rencontre avec Sandrine Anglade,
animée par les étudiants de la classe
préparatoire Lettres supérieures du
lycée Gay Lussac de Limoges.
Mardi 4 avril 2017 - 10h30
Visite (réservation en début de saison)
Cliquer sur les liens Internet dans le texte et
accéder directement aux pages concernées.
Nous vous souhaitons une très bonne représentation !
2
la cenerentola
La Cenerentola est un opéra-bouffe en deux actes de Giaochino Rossini, créé au Theatro Valle
de Rome en 1817. Le livret a été écrit par Jacopo Ferreti d’après le drame semiserio de Stefano
Paresi, inspiré du conte Cendrillon de Charles Perrault.
A l’Opéra de Limoges, La Cenerentola est mis en scène par Sandrine Anglade. La direction
musicale est confiée à Antonello Allemandi.
l’histoire
Cenerentola est considérée par son beau-père et ses sœurs
comme une servante. Aidée par Alidoro, le tuteur du futur
roi, elle conquiert le Prince et devient son épouse.
les instruments de
l’orchestre
8 violons I
6 violons II
4 altos
4 violoncelles
2 contrebasses
2 flûtes traversières
2 hautbois
2 clarinettes
2 bassons
2 cors
2 trompettes
1 trombone
0 tuba
Timbales
1 pianoforte*
personnages, rôles et voix
Angelina / Cenerentola, jeune femme maltraitée
par son père et ses deux sœurs - mezzo-soprano
Le Prince Ramiro - ténor
Dandini, le valet de Ramiro - ténor
Don Magnifico, père de Cenerentola - basse
Alidoro, précepteur du jeune prince - baryton /
basse
Clorinda et Tisbé, sœurs de Cenerentola - soprano
* Le pianoforte est l’ancêtre du piano actuel. Le premier
modèle fut construit en 1709 par Bartolomeo Cristofori,
facteur de clavecins (cordes pinçées). Celui-ci voulait créér un
clavecin dont le son puisse être fort (forte) ou doux (piano),
d’où le nom de l’instrument. Sa tessiture varie entre
quatre et cinq octaves.
3
argument
Acte I
La Maison de Don Magnifico.
Le prince Don Ramiro doit se marier par décret royal. Don Magnifico, qui a eu quelques revers de fortune, a
deux filles, Clorinda et Tisbé, qui s’affairent à leur toilette tandis que Cenerentola, employée comme souillon de
la maison, répond à leur entrain par une chanson qui relate l’histoire d’un roi recherchant une épouse pour son
humanité, et non pour son rang et sa beauté. Ce faisant, elle s’attire les remontrances de ses belles-sœurs. Alidoro,
tuteur du prince Don Ramiro, décide d’aider le prince à trouver femme, en se faisant passer pour un mendiant afin
d’estimer l’accueil réservé par les prétendantes du royaume. Arrivé chez Don Magnifico, il se fait rejeter avec
rudesse par ses filles, tandis que Cenerentola, prise de compassion, lui apporte assistance.
Ses deux sœurs, excédées par ce comportement, s’en prennent à elle. Alidoro précipite alors l’arrivée de gens de la
cour. Ils expliquent à Clorinda et Tisbé que le prince viendra en ces lieux pour une invitation au grand bal destiné
à choisir son épouse. Les deux sœurs sont persuadées que le prince ne saura résister à leurs charmes. Toute cette
agitation réveille Don Magnifico, qui raconte à ses filles le rêve qu’il vient de faire et qu’il interprète comme une
heureuse prémonition. Ses deux filles lui font alors part de l’arrivée du prince et tous trois s’y préparent. Entre le
prince, qui porte le costume de Dandini, son valet. Il tombe sur Cenerentola, et ils succombent instantanément au
charme l’un de l’autre. Dandini paraît, vêtu du costume de son maître. Don Magnifico, Clorinda et Tisbé arrivent.
Cenerentola implore son beau-père de la laisser aller au bal, mais celui-ci ne l’écoute pas. Alidoro, revenu vêtu cette
fois en homme de loi, demande à Don Magnifico de présenter ses trois filles. Ce à quoi ce dernier répond que sa
troisième fille est morte, à l’étonnement général. En partant, Alidoro promet son aide à Cenerentola.
Le Bal princier.
Au bal, Dandini et Don Ramiro échangent toujours leurs rôles. Le faux Prince est courtisé par Clorinda et Tisbé, et
son comportement suggère à chacune qu’elle a sa préférence. À Don Magnifico, il est proposé de devenir échanson*.
Pour tester les deux sœurs, et ne pouvant les épouser ensemble, Dandini leur propose son valet, le vrai prince, en
remplacement. Celles-ci, offensées, rejettent la proposition, asseyant l’opinion de Don Ramiro. Voici Alidoro qui
arrive. Il annonce l’arrivée d’une invitée, Cenerentola, vêtue et voilée de façon à ne pas être démasquée. Clorinda et
Tisbé lui trouvent un air de ressemblance avec leur demi-sœur, mais, dévorées par la jalousie, elles réprouvent vite
cette idée. Dandini invite tous les convives à prendre place au banquet.
Acte II
Le Banquet.
L’ambiance du dîner est tendue. Dandini, tombé également sous le charme de Cenerentola, propose à celle-ci de
l’épouser. Mais elle refuse, déclarant au faux prince être déjà amoureuse de son valet. Don Ramiro l’entend, et la
demande en mariage. Cenerentola lui donne alors un de ses deux bracelets, en l’enjoignant à découvrir qui elle est
et à la retrouver. Elle quitte le bal. Don Magnifico presse Dandini de révéler son choix. Celui-ci dévoile alors sa
vraie identité de valet, et la famille quitte le bal, furieuse.
La Maison de Don Magnifico.
Cenerentola, vêtue de haillons, chante. Arrivent Don Magnifico et ses filles, qui s’en prennent à Cenerentola.
Elle ressemble décidément trop à l’inconnue du bal. Dandini et le Prince Don Ramiro, qui viennent d’avoir un
accident de carrosse, se présentent à la maison. Le Prince reconnaît au bras de Cenerentola le double du bracelet,
tandis qu’elle découvre son identité princière. Il lui déclare son amour et renouvelle sa demande en mariage. Don
Magnifico et ses filles, affligés par la situation, veulent chasser Cenerentola. Le prince, irrité, les menace. Mais celleci intercède en leur faveur, demandant le pardon pour sa famille.
* Un échanson était un officier qui, notamment, goûtait les boissons avant de servir à boire à un personnage de
haut rang, afin d’éviter son empoisonnement.
4
rossini le génie musical
giaochino rossini
29 février 1792, Pesaro (Italie) – 13 novembre 1868, Paris
Comptant parmi les plus grands compositeurs du XIXe siècle,
Giaochino Rossini marque son époque tant par l’importance, l’étendue
et la qualité de son répertoire que par son esprit et son goût immodéré
de la gastronomie. Il bouleverse profondément l’histoire de l’opéra en
menant à son apogée le bel canto à l’italienne : il pare l’opera buffa d’airs
énergiques et brillants dotés d’un naturel nouveau.
un talent musical précoce
Né au cœur d’une famille de musiciens (son père est
trompettiste-corniste et sa mère chanteuse), Rossini
baigne dès son plus jeune âge dans la musique. Il fait
ses études au prestigieux Liceo Musicale de Bologne, où
il étudie et perfectionne le chant, le piano, le violoncelle
et le contrepoint. Avec l’étude des partitions de
Mozart et Haydn, il acquiert une grande maîtrise
de l’instrumentation, de l’orchestration et de la
structuration harmonique.
un génie lyrique
Sa carrière de compositeur débute en 1810 avec une
commande du Teatro San Moise de Venise - La Cambiale
di matrimonio (La lettre de change du mariage). Cinq de ses
neuf premiers opéras y seront créés. En 1813, les succès
de Tancrède, ouvrage héroïque, et L’Italienne à Alger,
comédie, le font connaître bien au-delà des frontières
italiennes.
la musique religieuse
Après un séjour très réussi à Paris (compositeur du Roi
Charles X, directeur du Théâtre Italien) - où il reviendra
à la fin de sa vie - et la création de Guillaume Tell en 1829,
Rossini arrête de composer pour la scène. Il se consacre
alors à la musique religieuse, genre qui met tout aussi
bien en valeur ses qualités musicales.
Quelques œuvres
1806 Demetrio e Polibio (opéra - création en 1812)
1813 L’Italienne à Alger (opéra-comique)
1816 Le Barbier de Séville (opéra-bouffe)
1824 Le Voyage à Reims, à l’occasion du Sacre de Charles X
1829 Guillaume Tell (opéra)
1841 Stabat mater
1864 Petite Messe Solennelle, pour 4 solistes, chœur mixte, 2 pianos et un harmonium
JACOPO FERRETTI – un éCRIVAIN
LIBRETTISTE
16 juillet 1784, Rome – 7 mars 1852, Rome
Jacopo Ferretti est un écrivain, poète et librettiste italien.
Il maîtrise le latin, le grec, l’italien, le français et l’anglais.
Bien qu’il travaille dans une industrie de tabac de ses
30 à ses 60 ans, il est un auteur prolifique. Il compose
des livrets pour Donizetti et Rossini notamment : La
Cenerentola (1817) et Matilde di Shabran (1821).
5
perrault le moderne
charles perrault
12 janvier 1628, Paris – 16 mai 1703, Paris
Considéré comme l’un des auteurs les plus marquants du XVIIe siècle,
Charles Perrault est surtout connu pour sa collecte et sa retranscription
des contes français issus de la tradition orale. Il est également reconnu
comme l’un des principaux créateurs du conte merveilleux.
du droit aux lettres
Issu d’une famille bourgeoise dont il est le septième
enfant, il étudie au collège de Beauvais à Paris où il est
un étudiant doué. Après avoir obtenu sa licence de droit,
il devient avocat mais s’ennuie. Il préfère être le commis
de son père, qui est receveur général des finances. Il
devient en 1663 le bras droit de Colbert (ministre de
Louis XIV) et profite du soutien de ce dernier pour,
entre autres, contribuer à la création de l’Académie des
sciences et à la reconstitution de l’Académie de peinture.
Il entre à l’Académie française en 1671.
un homme de lettres éclectique
Les œuvres de Charles Perrault sont variées. Il compose
notamment de nombreuses poésies de style galant. Il
est cependant plus connu pour ses contes, en particulier
Les contes de ma Mère l’Oye. Cet ouvrage renferme des
histoires célèbres comme Le Chat botté, La Belle au bois
dormant et Cendrillon.
Quelques œuvres
1653 Les Murs de Troie ou l’origine du burlesque
1669 Le Parnasse poussé à bout
1692 La Création du monde
1697 Les Contes de ma Mère l’Oye
la querelle des classiques et des
modernes
Charles Perrault est l’un des principaux acteurs de la
querelle des classiques et des modernes, polémique
importante de la fin du XVIIe siècle. Ce débat oppose
deux courants distincts. D’une part, le groupe des
« classiques » mené par Boileau (poète et écrivain),
soutient une conception littéraire reposant sur l’imitation
et l’influence des auteurs de l’Antiquité, considérant que
ceux-ci représentent la perfection artistique. Selon eux,
la littérature doit respecter les règles du théâtre classique.
D’autre part, les « modernes », représentés par Charles
Perrault, affirment qu’il faut s’affranchir des auteurs
classiques et innover pour créer un style littéraire et
artistique nouveau. Cette querelle concerne surtout les
membres de l’Académie française et le débat se clôt sur
un compromis entre les deux partis, Boileau et Perrault
se réconciliant en public.
Certains pensent que cette querelle est à l’origine du
fait que Charles Perrault ne signe pas Les Contes de ma
Mère l’Oye sous son nom (il utilise le nom de Pierre
Darmancour, le nom de son troisième fils). Ayant peur
de se faire reprocher de créer une œuvre s’inspirant de
la tradition orale française, étant lui-même le chef de
file du mouvement des modernes, il préfère prendre un
pseudonyme pour ne pas se décrédibiliser.
6
le mythe de cendrillon
cendrillon, un mythe aux mille
versions
Cendrillon, un des contes les plus populaires aujourd’hui,
possède d’innombrables versions. Même si la version de
Charles Perrault est considérée comme une des
premières retranscrites à l’écrit, l’histoire relève de la
tradition orale et possède des origines plus anciennes.
Dès le IIIe siècle, Claude Elien, orateur romain de langue
grecque, mentionne une histoire semblable. L’auteur
raconte l’histoire d’une jeune esclave grecque nommée
Rhodope. Un jour, un aigle lui vole une de ses pantoufles
alors qu’elle est au bain. L’oiseau laisse tomber la
pantoufle aux pieds d’un pharaon nommé Psammétique
et qui, stupéfié par la délicatesse de la pantoufle,
promet d’épouser la femme à qui elle appartient. Il est
vraisemblable que cet homme de lettres a repris une
légende plus ancienne contée par le géographe Strabon
au sujet de la pyramide égyptienne de Mykérinos
(Gizeh). Certains auteurs prétendaient que la pyramide
était le tombeau d’une courtisane nommée Rhodopis.
Son histoire se rapproche fortement de celle de l’esclave
grecque Rhodope.
Que ce soit en Europe, en Amérique du Nord ou en
Chine, les histoires de jeunes femmes ayant perdu leur
chaussure sont nombreuses. Certaines versions parlent
également d’un personnage masculin prenant le rôle
de Cendrillon. Les versions de Charles Perrault et des
frères Grimm restent cependant les plus connues et
les plus influentes. Les deux Cendrillons sont proches,
malgré quelques détails. La différence se fait sentir dans
la fin de l’histoire.
Si la Cendrillon de Perrault pardonne à ses sœurs de
l’avoir méprisée et maltraitée, la version des frères
Grimm est beaucoup plus cruelle. Les deux sœurs se
mutilent en tentant de mettre la chaussure de verre et
des pigeons, amis de l’héroïne, leur crèvent les yeux.
Certaines versions racontent même que c’est la marâtre
et belle-mère de Cendrillon qui force ses filles à se
mutiler.
cendrillon, un mythe aux mille
adaptations
Aujourd’hui, il existe d’innombrables adaptations de
Cendrillon : opéras (La Cenerentola de Rossini), ballets
(Prokofiev), films et films d’animation (dont le célèbre
Cendrillon des studios Disney), littérature, séries, ...
Certaines versions sont proches de l’histoire originale
alors que d’autres sont très librement inspirées de
l’univers de Perrault.
Par exemple, Rossini substitue plusieurs éléments au
conte traditionnel. Ainsi, la marâtre se fait parâtre,
puisque c’est ici la mère de Cendrillon qui se remarie
avec Don Magnifico et meurt après la naissance de
ses trois filles. De même, pas de bonne fée mais
un philosophe mendiant qui se trouve en réalité le
précepteur du prince. Mais également, le prince qui
se voit accompagné d’un valet, avec qui il échangera
ses vêtements afin de mieux juger de l’attrait qu’on
lui porte. Enfin, point de citrouille se transformant
en carrosse et de pantoufle de verre. Cette dernière
est remplacée par un bracelet, ce qui évitait à l’époque
aux chanteuses d’avoir à exhiber pieds et jambes aux
yeux du public.
verre ou vair?
Dans la version française et depuis le XIXe siècle, de
nombreux spécialistes et littéraires débattent autour de
la constitution des pantoufles de Cendrillon. La version
de Charles Perrault parle à plusieurs reprises d’une
pantoufle de verre mais Balzac remet en cause cela en
1841 en considérant que l’auteur ne voulait pas parler de
verre mais de vair (fourrure d’un petit écureuil eurasien,
souvent utilisée pour les vêtements de luxe). Cet état de
fait a été repris par le rationalisme de certains penseurs
de l’époque alors que ce n’était pas forcément une
revendication de l’auteur. Une pantoufle de verre étant
beaucoup plus fantaisiste qu’une chaussure de vair, des
intellectuels tels que Littré pensaient avant tout à une
erreur de Charles Perrault. Ce dernier était cependant
académicien et il aurait été surprenant qu’il répète
plusieurs fois la même erreur. Ce débat n’est présent
qu’en France, cette homonymie n’existant pas dans les
autres pays.
7
un opéra rossinien
une écriture rapide
Lorque Rossini compose, en 1817, La Cenerentola, il n’a
que vint-cinq ans, mais il bénéfécie déjà d’une renommée
exceptionnelle dans toute l’Europe. J. Ferreti choisit de
s’inspirer du conte de Cendrillon écrit par C. Perrault,
moins cruel que la version des Frères Grimm. Il rédige
le livret en 22 jours et Rossini compose la musique en
24 jours seulement grâce à l’utilisation de partitions de
certains de ses précédents opéras. Avec un mélange
de gravité, d’humour, de tendresse, de drôlerie, La
Cenerentola - à la croisée du genre « bouffe » et du genre
« sérieux » - propose un exemplaire opéra à numéros.
Les seize numéros, répartis sur les deux actes, se
constituent d’airs de solistes, d’ensemble de solistes
(du duo au sextuor) et de chœurs. Ils sont reliés par des
récitatifs qui font avancer l’action et renseignent sur
la psychologie des personnages. Les courtes formules
mélodico-rythmiques répétitives (annonçant un
personnage ou une situation nouvelle) et l’emploi du
bel canto relient également intrinsèquement la musique à
l’action théâtrale.
le crescendo
Un des autres secrets de Rossini réside dans l’emploi
que le compositeur fait du crescendo.
Montée en intensité d’un thème repris en boucle, soit
par l’augmentation progressive de la puissance d’un
même groupe d’instruments, soit par l’adjonction, elle
aussi progressive, de nouvelles sonorités au chœur de
l’orchestre.
Le plus célèbre crescendo, d’une durée approximative
de quinze minutes, combine les deux techniques :
Le Boléro de Maurice Ravel.
Rossini n’en est pas l’inventeur mais il en est devenu l’un
des maîtres incontestés. Omniprésent dans toute son
œuvre, le crescendo est utilisé dans pas moins de dixhuit de ses vint-cinq ouvertures (L’Italienne à Alger...).
le bel canto
Littéralement, le terme bel canto signifie le beau chant. Il
désigne une manière de chanter et d’écriture, propre à
l’Italie, du XVIIe au début du XIXe siècle. Dans le bel
canto, la musique prime sur le mot. La beauté du chant
est soulignée par différents aspects : l’interprétation,
l’écriture, l’ornementation. En effet, la ligne de chant
écrite doit être embellie, ornée par l’interprète. Ce
dernier doit pratiquer également la spezzatura. C’est-àdire qu’il doit se libérer du rythme inscrit et chercher la
fluidité de la ligne vocale. Enfin, il utilise la technique du
portato. Comme un glissando au violon, il glisse d’une
note à l’autre plutôt que d’attaquer chaque note à une
hauteur exacte.
Le bel canto demande donc une grande virtuosité à
l’interprète qui doit être capable d’exécuter de longues
notes tenues, des nuances expressives, des trilles, des
gammes piquées ou liées, des arpèges...; il doit maîtriser
le vibrato, la colorature. Et tout cela au service de
l’expression, des sentiments!
8
la cenerentola, « une beauté de l’opéra »
La Cenerentola est la musique la plus heureuse, la
plus gaie et la plus aisément charmante qu’on puisse
rêver ; l’allégresse et la pétulance italiennes exécutent
sur les portées de la partition les gambades les plus
joyeusement extravagantes en faisant babiller au
bout de leurs doigts, comme des castagnettes, des
grappes étincelantes de trilles et d’arpèges. Tout rit et
tout chante ! Les motifs se pressent et se succèdent.
C’est un flot intarissable, un trésor sans fond, une
prodigalité effrénée plongeant ses bras jusqu’au
coude dans des monceaux de pierres et jetant au
hasard des poignées de diamants et d’escarboucles.
Théophile Gautier, Beautés de l’opéra, 1845
La Cenerentola ossia la bontà in trionfo
Cendrillon ou le triomphe de la bonté
Au jour de sa création, l’opéra de Rossini
porte le titre La Cenerentola ossia la bontà
in trionfo. En effet, si l’ouvrage fait la part
belle à la comédie et ses aspects comiques,
il est impossible d’en gommer les aspects
plus profonds et humains. Ce chef d’œuvre
d’une grande originalité repose en fait sur un
savant mélange de comédie, de romantisme
et de bons sentiments. Longtemps éclipsé
au profit du Barbier de Séville, composé un
an auparavant, cet ouvrage s’est finalement
imposé comme une des plus belles partitions
du compositeur.
9
La cenerentola par sandrine anglade
sandrine anglade
Après avoir été l’assistante d’Andrei Serban et de Jean-Pierre Miquel
(1995-2001), Sandrine Anglade mène sa carrière, depuis 1999, entre le
théâtre et l’opéra. A Limoges, elle a notamment mis en scène Hänsel
et Gretel de Humperdinck, Monsieur de Pourceaugnac de Molière et Lully,
L’Italienne à Alger de Rossini et L’Amour des trois oranges de Prokofiev.
De « citrouille » en « métamorphose », Sandrine Anglade dessine en ombres chinoises
le portrait d’une production sensible et poétique.
Citrouille
Vecteur du voyage. Aller d’un monde à l’autre, de l’antre de
la maison de Magnifico à la clarté du bal. Chez Rossini, la
citrouille s’évanouit dans les méandres du rêve de Cenerentola.
Echappée belle, mue par le désir de partir vers les promesses
d’un ailleurs.
métamorphose
Paysages changeants. Transformations insidieuses. Sont-ce les choses
qui se transforment ou moi qui transforme les choses ? Dans notre
rêverie sur Cenerentola, les objets du monde se teintent du passé des êtres
et leur donnent à réagir sur ce qui fut soi (de la quiétude heureuse de la
maison à sa destruction).
Dentelle
Rossini. L’agilité et la virtuosité de la musique
comme celles des mains de la dentellière sur
son carreau, croisant et décroisant ses fuseaux.
Magnifique mécanique qui tisse les notes dans la
plus extrême rigueur et fantaisie.
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La cenerentola par sandrine anglade
carrosse
Emblème du conte de Perrault.
Clin d’œil à la fin de notre spectacle : carrosse de
fumée ou de lumière, comme une réminiscence
lointaine du conte, comme une image en suspens
d’un voyage de l’autre côté du monde. Sa roue
tournante comme la roue du destin.
minuit
Cenerentola ne perdra pas sa pantoufle de vair
à minuit. Elle ne perd rien par hasard. Elle offre
plutôt au Prince le double d’un bracelet pour qu’il
vienne la retrouver où elle se trouve, au cœur de
la misère. Elle le met à l’épreuve. Elle agit. Elle
n’attend pas. Elle est maître de son rêve.
papa
Petit mot de l’enfance et grandeur d’un rôle à
remplir. Les bras d’un père, son regard, sa présence
essentielle. Alidoro au secours de Cenerentola qui
fait sortir des cendres le souvenir des contes et la
douceur de l’enfance. Un vrai père contre un faux,
Magnifico.
innocence
Ou être bon par nature. La Cenerentola ossia la
Bontà in triunfo. Le triomphe de la bonté. Le
rêve prémonitoire de Cenerentola où les princes
préfèrent la bonté à la beauté fait de l’œuvre
rossinienne une fable plutôt qu’un conte. Où
l’innocence met à bas les rêves de cupidité de
Magnifico et ses filles.
opéra
Le lieu où la musique écrit le temps, forge un espace nécessaire
et rend conjoints le passé, le présent et l’avenir. Le principe
scénographique et la mise en œuvre dramaturgique de notre
Cenerentola fonctionnent sur ces co-présences temporelles,
profitant de cet espace poétique qu’offre la musique.
11
La cenerentola par sandrine anglade
Le décor
Pour le décor, l’équipe de Sandrine Anglade a imaginé des modules, comme des minimaisons. Ces boîtes, qui ont chacune leur fonction, peuvent pivoter sur elles-mêmes et
laisser apparaître des faces aux aspects différents.
Un des côtés évoque la maison de Magnifico : elle est couverte de suie, salie par le temps
et par la ruine de la maison dont Magnifico et ses filles sont responsables. Tout est cassé
ou abîmé. Sur les étagères, celles qui n’ont pas été utilisées comme bois de chauffage, sont
placés des accessoires et des costumes, qui entrent en jeu dans la mise en scène. On trouve
aussi, entre autres, un vaisselier, un placard à balais et un portrait de la mère de Cenerentola
en deuil.
La face opposée laisse apparaître les splendeurs du palais du prince, avec un décor similaire
mais plus prestigieux, évocation de la maison au temps de la présence maternelle, de la
douceur du cocon familial, avec le même portrait de la mère, mais cette fois en robe de
mariée. Les modules peuvent s’allumer ou s’éteindre à divers niveaux, être montrés sur
leurs côtés uniquement, délimiter des passages, inventer des espaces. Ils sont coiffés de
frises de bois qui évoquent à proprement parler le conte de Cendrillon. Le plancher a un
aspect crasseux lui aussi, mais Cendrillon tente de redonner du lustre : on y voit des traces
de nettoyage. Les fauteuils ont une forme particulière, hexagonaux, et peuvent s’imbriquer
pour former une assise à trois côtés.
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La cenerentola par sandrine anglade
Crédits photographiques : Alain Kaiser, La Cenerentola à l’Opéra du Rhin
13
distribution
Antonello Allemandi, direction
Sandrine Anglade, mise en scène
Sophie Robin, assistante mise en scène
Claude Chestier, costumes et scénographie
Éric Blosse, lumières
Pascaline Verrier, mouvements et chorégraphies
Julie Boulianne, Cenerentola
Juan Jose De Leon, Don Ramiro
Florian Sempey, Dandini
Marco Filippo Romano, Don Magnifico
Gabriele Sagona, Alidoro
Emmanuelle De Negri, Clorinda
Catherine Trottmann, Tisbé
Orchestre de l’Opéra de Limoges
Chœur de l’Opéra de Limoges
Direction : Jacques Maresch
Don Magnifico
Marco Filippo Romano
baryton / italien
Amoureux
Don Ramiro
Juan Jose De Leon
ténor / américain
Valet
Père
Cenerentola
Julie Boulianne
mezzo-soprano / québécoise
Précepteur
Dandini
Florian Sempey
baryton / français
sœurs
Clorinda
Tisbé
Catherine Trottmann
Emmanuelle De Negri
mezzo-soprano / française soprano / française
Alidoro
Gabriele Sagona
basse / italien
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se situer : cendrillon dans l’histoire
1697 : Cendrillon / perrault
Littérature
M. Andrieu, 1884, Archives BNF
1812 : Cendrillon / frères grimm
Littérature
T. Hosemann, 1858
1817 : LA CENERENTOLA / ROSSINI
Opéra
(Mise en scène Sandrine Anglade)
1941 : cendrillon / Prokofiev
Ballet
(Chorégraphie de T. Malandain.
crédit photographique : O. Houeix)
1950 : cendrillon / WALT DISNEY
Dessin animée
2011 : cendrillon / POMMERAT
Théâtre
15
écouter, voir, lire
affiche
OUVRAGES
• C. Perrault, Les Contes de ma mère l’Oye, Ecole des loisirs,
1990
• « Contes de l’enfance et du foyer » dans Romantiques
allemands, Gallimard, 1973
• H. Gougaud et L. Arnodon (sous la dir.), La grande
oreille, Les contes de Perrault, chemin faisant…, Maison de la
Parole, octobre 2003, N˚18
• G. Bizouerne, Histoires de Cendrillon racontées dans
le monde, Syros Jeunesse, collection Tour Du Monde D’un
Conte, Syros, 2007
• J. et J.-P Thiellay, Rossini, Actes Sud, 2012
• La Cenerentola, Guide d’écoute d’A. Zedda, Avant-scène
opéra, Premières Loges, 2009
• Guide de l’opéra, Fayard, « Les indispensables de la
musique », 2000
• Dictionnaire encyclopédique de la musique, R. Laffont,
« Bouquins », 1998
• P. Dulac (sous la dir.), Inventaire de l’opéra, Universalis,
« Inventaires », 2005
LIENS
• Sur l’opéra en général / Autour de L’Affaire Tailleferre :
https://www.reseau-canope.fr/tailleferre/#autour-delaffaire-tailleferre
• Conférence d’E. Lemirre et J. Cotin sur la psychanalyse
du conte à la BFM de Limoges en janvier 2016 :
http://www.dailymotion.com/video/x3smva0
• Sur La Cenerentola/ Production de l’Opéra du Rhin, mise
en scène Sandrine Anglade :
https://www.youtube.com/watch?v=DriC06_QrrI
• Sur La Cenerentola/ Rencontre à l’Opéra du Rhin avec
Sandrine Anglade :
https://www.youtube.com/watch?v=0yVNG8_guIE
opéra de limoges
Anne Thorez
Chargée des actions éducatives et culturelles / accessibilité
05.55.45.95.11
[email protected]
www.operalimoges.fr
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