ROSSINI LA CENERENTOLA SAISON 14-15 Fiche pédagogique Symphonique Rossini LA CENERENTOLA Quelques mots entre vous et nous… Nous sommes très heureux de vous accueillir à l’Opéra de Rouen Haute-Normandie pour La Cenerentola de Rossini. Cet Opéra sera peut-être une première expérience pour certains de vos élèves, une expérience renouvelée pour d’autres, nous espérons qu’il sera en tout cas un moment de découverte, d’éveil et de ressenti partagé. Cette fiche pédagogique a pour vocation de vous donner les repères clefs pour préparer vos élèves à cette sortie. Vous y trouverez quelques pistes vous permettant d’approfondir le travail en classe ou d’échanger simplement avec vos élèves avant et / ou après votre venue au Théâtre des Arts. Parce qu’un spectacle se prépare, se vit et se prolonge ensemble, n’hésitez pas à nous faire part de vos remarques et à nous communiquer les réactions de vos élèves. Afin de rendre cette présentation plus ciblée, vous trouverez une première partie avec des informations qui vous sont destinées et une autre partie réservée à vos élèves et directement exploitable en classe. Pour profiter au maximum du spectacle, voici des informations générales et quelques recommandations à destination de vos élèves : Informations générales • Pour les séances scolaires, le placement se fait en fonction du niveau de classe afin d’offrir à tous la meilleure visibilité. Nous vous remercions de respecter les places qui vous seront proposées par notre personnel d’accueil. • N’oubliez pas de nous prévenir en amont si vous avez besoin de places supplémentaires. • Les élèves sont sous la responsabilité des enseignants et des accompagnateurs. Nous vous remercions de rester près d’eux afin de veiller à la bonne écoute du spectacle et au respect de tous. Recommandations à destination des élèves • Le spectacle commence à l’heure indiquée. Nous vous remercions d’arriver 30 minutes avant le début du spectacle afin d’avoir le temps de vous installer en salle. • Les boissons et nourritures sont à consommer dans le foyer bar et non dans la salle. • Les photographies, ainsi que tous types d’enregistrements, sont interdits. • N’oubliez pas d’éteindre vos portables lors de la représentation. • N’hésitez pas à échanger vos avis et impressions pendant les entractes ou à la sortie mais pas pendant le spectacle. Nous vous souhaitons une bonne représentation ! Anne Marguerin Chargée des actions pédagogiques 7 rue du Docteur Rambert 76000 Rouen 02 35 98 50 98 [email protected] Coordination de la fiche pédagogique Florence De Meyer Rédaction de la fiche pédagogique Vinciane Laumonier Photo de couverture Alain Kaiser L’Opéra de Rouen Haute-Normandie est subventionné par la Région Haute-Normandie, la Ville de Rouen, le Ministère de la Culture et de la Communication DRAC HauteNormandie, le Département de l’Eure et Rouen Métropole Normandie. Président Nicolas Mayer-Rossignol Vice-président Yvon Robert Fiche pédagogiquep. 2 Opéra de Rouen Haute-Normandie ROSSINI LA CENERENTOLA SAISON 14-15 Côté enseignants Fiche pédagogiquep. 3 Opéra de Rouen Haute-Normandie L’argument DES CENDRES AU TRÔNE Cenerentola est considérée par ses sœurs et son beau-père comme une servante. Cependant, elle va prendre en main son destin et devenir l’épouse du futur roi. ACTE 1 Don Magnifico est un homme qui a connu quelques revers de fortune. Il a deux filles, Clorinda et Tisbe, qui s’affairent en permanence à leur toilette tandis qu’Angelina (dite Cenerentola), sa belle-fille, est employée comme domestique dans la maison. Le prince, Don Ramiro, doit se marier par décret royal. Alidoro, le précepteur du prince, décide alors de l’aider à trouver une épouse. Son idée est de se faire passer pour un mendiant pour évaluer ainsi plus facilement l’accueil que lui réservent les prétendantes du royaume. Sous ses apparences de mendiant, Alidoro se fait jeter avec rudesse par Clorinda et Tisbe tandis que Cenerentola lui apporte assistance. Arrive alors le prince qui porte le costume de son valet, Dandini, pour inviter les jeunes filles au bal. Don Ramiro déguisé et Cenerentola tombent instantanément amoureux. Au bal, le prince et son valet échangent toujours leurs rôles. Le faux prince est donc courtisé par Clorinda et Tisbe qui méprisent le faux valet. ACTE 2 Lors du banquet, Dandini, tombé sous les charmes de Cenerentola, lui propose de l’épouser. Elle refuse, déclarant au faux prince qu’elle est déjà amoureuse de celui qu’elle croit être son valet. Le vrai prince l’entend et la demande à son tour en mariage. Cenerentola lui donne alors un de ses deux bracelets, l’invitant à la retrouver. Entre-temps, son beau-père Don Magnifico presse Dandini (le valet déguisé en prince) de révéler son choix. Celui-ci dévoile son identité et la famille quitte le bal, furieuse. Plus tard, le prince, sous sa véritable apparence cette fois, et son valet se présentent chez Don Magnifico suite à un accident de carrosse. Don Ramiro reconnait alors au bras de Cenerentola le double du bracelet tandis qu’elle-même découvre que le valet qu’elle aime est en réalité le prince. Il renouvelle sa demande en mariage au grand dam de Don Manifico et de ses deux filles. Le prince, irrité, les menace, mais Cenerentola intercède en leur faveur, demandant le pardon pour sa famille. Lorsque Rossini compose en 1817 La Cenerentola, il n’a que 25 ans, mais il bénéficie déjà d’une renommée exceptionnelle dans toute l’Europe. Jacopo Ferretti, le librettiste, choisit de s’inspirer du conte de Cendrillon écrit par Charles Perrault, moins cruel que la version des Frères Grimm. Il rédige le livret en 22 jours et Rossini compose la musique en 24 jours seulement grâce à l’utilisation de partitions de certains de ses précédents opéras (La Gazzeta, par exemple). Avec son mélange de gravité et d’humour, de tendresse et de drôlerie, La Cenerentola est à la croisée du genre « bouffe » et du genre « sérieux ». Dans cet opéra, le merveilleux a été évincé. Voici les 5 différences majeures entre le conte traditionnel et l’opéra de Rossini : > La marâtre se fait parâtre. La mère de Cendrillon devenue veuve se remarie avec Don Magnifico, avec qui elle a deux autres filles, puis elle décède à son tour. Ceci explique le comportement odieux de Don Magnifico à l’égard de celle qui n’est pas sa vraie fille et dont il va jusqu’à nier l’existence. > Il n’y a pas de fée-marraine mais un philosophe mendiant, Alidoro, qui se trouve être en réalité le précepteur du prince. > Il n’y a pas de citrouille se transformant en carrosse. > Le prince est accompagné d’un valet avec lequel il échangera ses vêtements afin de mieux juger de la sincérité de l’intérêt qu’on lui porte. > La pantoufle est remplacée par un bracelet. Ceci permettait à l’époque d’éviter aux chanteuses d’avoir à exhiber pieds et jambes aux yeux du public. Le bracelet n’a pas une grande importance dans l’opéra. Le librettiste n’a pas mis l’accent sur l’objet qui permet la reconnaissance, mais sur la confrontation des personnages à ce moment-là. Gustave Doré Fiche pédagogiquep. 4 Opéra de Rouen Haute-Normandie La Cenerentola LE COMPOSITEUR ET LA MUSIQUE Gioacchino Antonio Rossini (1792-1868) C’est dans le petit port reculé de Pesaro (près de Rimini en Italie), que Rossini grandit, au sein d’une famille modeste mais entièrement tournée vers la musique. Son père joue du cor dans l’orchestre municipal et sa mère est chanteuse. Très jeune, il accompagne son père au violon dans de petits orchestres de villages. L’intuition musicale Adolescent, c’est en recopiant les grands airs d’opéras de Haydn et de Mozart que Rossini apprend la musique en autodidacte. Il développe un tel sens musical qu’il est capable, après l’écoute d’un opéra, de transcrire de mémoire plusieurs des airs qu’il vient d’entendre. Il compose son premier opéra à 14 ans puis part étudier au Lycée musical de Bologne. Il suit des cours de chant, de cor d’harmonie, de violoncelle, de piano et de composition. Rapidement, ses œuvres font le tour de l’Italie (Venise, Rome, Milan, Naples...). Une célébrité à 21 ans À 21 ans, Rossini est une vedette, ses airs sont sifflés partout dans la rue. Il se marie avec sa plus grande interprète, la cantatrice Isabel Colbran. Recevant un accueil triomphal à Paris, il y prend la direction du Théâtre Italien en ayant pu imposer des conditions financières intéressantes. Décrit comme paresseux, il est capable d’écrire deux à trois opéras par an mais recycle volontiers la matière musicale d’œuvres qu’il a composées précédemment. Il écrit Le Barbier de Séville en 14 jours seulement, d’après un livret adapté d’une comédie française de Beaumarchais ; c’est un triomphe, l’œuvre devient emblématique de l’Opéra-bouffe. Il y laisse son empreinte caractérisée par un rythme effréné, une attention constante au crescendo et au bel canto et une importance donnée à la musique plutôt qu’au texte. Il compose par ailleurs Guillaume Tell, L’Italienne à Alger et Otello. C’est en 1817 qu’il compose La Cenerentola, dernier opéra-bouffe destiné au public italien. De la musique et du bon vin Rossini n’a que 37 ans lorsqu’il décide de mettre un terme à sa carrière. Pendant près de quarante ans, il ne composera plus que quelques œuvres sacrées et préfèrera s’adonner à ses autres passions, la gastronomie fine et les bons vins. Rossini meurt en 1868 des suites d’une pneumonie. Il partira couvert de succès, ses œuvres étant considérées comme les derniers et les meilleurs opéras-bouffes italiens, dont la musique est empreinte de bonne humeur et de vivacité. Le bel canto Tout juste sorti de ses récents succès de L’Italienne à Alger ou du Barbier de Séville, Rossini en reprend avec brio les ressorts dans La Cenerentola : rythme endiablé, mélodies énergiques et surtout usage du bel canto avec des mélodies brillantes que les chanteurs interprètent avec expressivité. Le bel canto (le « beau chant ») désigne une technique italienne de chant fondée sur la recherche du timbre et de la virtuosité. C’est, du XVIIe siècle jusqu’au milieu du XIXe, la technique préférée pour chanter en Europe. Rossini est le dernier compositeur à utiliser le bel canto. Le principe consiste à sublimer la réalité concrète par les raffinements et ornements d’un chant virtuose. Le chant est donc premier, c’est-à-dire qu’à cette époque l’orchestre est réduit au rang d’accompagnateur et les tentatives de « mise en scène » ne sont faites que pour mettre en valeur la voix. L’exemple le plus saisissant de cette primauté de la beauté vocale est le recours aux castrats qui, jusqu’au XIXe siècle, se voient confier les rôles de héros jeunes et amoureux. Les voix aigües sont privilégiées et ne doivent pas chercher à imiter le langage parlé mais à créer des images musicales. Par exemple, le compositeur traduira le sentiment d’inquiétude par d’amples vocalises figurant les vents en fureur et la mer déchaînée. Pour exprimer le désespoir, le chanteur déroulera de longues phrases en demi-teintes, prodiguant un son d’abord très doux puis progressivement enflé, et de délicats ornements. Le crescendo Un autre des secrets de composition de Rossini réside dans l’emploi qu’il fait du crescendo, c’est-à-dire la montée en intensité d’un thème repris en boucle, soit par l’augmentation progressive de la puissance d’un même groupe d’instruments, soit par l’adjonction, elle aussi progressive, de nouvelles sonorités au chœur de l’orchestre. Ce n’est pas lui qui a inventé ce procédé mais il en est devenu l’un des maitres incontestés. Omniprésent dans son œuvre, le crescendo est utilisé dans 18 de ses 25 ouvertures, les plus belles illustrations figurant dans les ouvertures de L’Italienne à Alger (1813), Le Turc en Italie (1814), Torvaldo et Cristina (1815), La Cenerentola (1817), La Pie voleuse (1817), Bianca et Falliero (1819) et Maometto II (1820). Grâce au mouvement élancé qui en résulte, le crescendo parvient à emporter littéralement ses auditeurs, mais aussi les musiciens de l’orchestre, eux-mêmes saisis par la frénésie de sa musique. Fiche pédagogiquep. 5 Opéra de Rouen Haute-Normandie La Cenerentola LA MISE EN SCÈNE Pour l’équipe artistique réunie par Sandrine Anglade, metteure en scène, Claude Chestier son décorateur et costumier et Eric Blosse qui assure la lumière, cette Cenerentola est l’histoire d’une rêverie vers un ailleurs à la fois drôle et cruel. La prouesse est de mélanger le comique et le sérieux avec finesse. Ainsi passe-t-on de la truculence de la Commedia dell’arte avec des comiques de situation sans temps mort, des travestissements et des quiproquos à la profondeur de thèmes comme la justice, le pardon et la délicatesse des sentiments qui prennent forme comme de la dentelle. S’il y a une métamorphose dans cette mise en scène, ce n’est pas celle d’une citrouille en carrosse mais bien celle de la conscience d’une jeune femme qui s’affirme et prend son destin en main. Le décor Pour le décor, l’équipe a imaginé des modules de boîtes comme des mini-maisons. Elles peuvent pivoter sur elles-mêmes et laisser apparaître des faces aux aspects différents. Par exemple, un des côtés d’une boîte évoque la maison de Magnifico : elle est couverte de suie, salie par le temps et par la ruine dont Magnifico et ses filles sont responsables. Tout est cassé ou abîmé. Sur les étagères sont placés des accessoires et des costumes qui entrent en jeu dans la mise en scène. On trouve, entre autres, un vaisselier, un placard à balais et un portrait de la mère de Cenerentola en deuil. La face opposée laisse au contraire apparaître les splendeurs du palais du prince, avec un décor similaire mais plus prestigieux, évocation de la maison au temps de la présence maternelle, de la douceur du cocon familial, avec le même portrait de la mère, mais cette fois en robe de mariée. Les modules peuvent s’allumer ou s’éteindre et délimiter des passages différents. Le plancher a un aspect crasseux lui aussi, mais Cenerentola tente de lui redonner du lustre : on y voit des traces de nettoyage. Les fauteuils ont une forme hexagonale et peuvent s’imbriquer pour former une assise à trois côtés. Les costumes Les costumes sont bigarrés et figurent différentes époques, ce qui crée une impression de fantaisie et de variété. Certains sont équipés de systèmes lumineux, notamment les fraises que portent les membres du chœur. Lorsqu’elles s’éclairent, c’est que l’on passe du quotidien à la magie du conte. Pantoufle de verre ou de vair ? La question a fait couler beaucoup d’encre ! Quelle était donc la matière des chaussures de Cendrillon, du verre ou du vair (désignant la fourrure d’un écureuil gris) ? Dans le conte de Charles Perrault, l’écrivain mentionne distinctement du verre. C’est Honoré de Balzac qui, le premier, introduira la version du vair deux siècles plus tard, en 1841, expliquant qu’une chaussure de verre, trop fragile et dangereuse pour le pied, ne peut exister. La chaussure en fourrure est plus souple. Mais alors, comment expliquer que de toutes les prétendantes du royaume, seule Cendrillon puisse mettre le pied dans sa chaussure ? Il faudrait pour cela un matériau indéformable, à l’inverse de la fourrure. De plus, Charles Perrault était membre de l’Académie Française. Difficile dès lors d’imaginer qu’une telle erreur d’homonymie, répétée à de nombreuses reprises dans le texte, lui ait échappé. Dans l’opéra de Rossini, pas de controverse puisqu’il n’y a pas de pantoufle mais des bracelets. Sandrine Anglade conserve néanmoins dans les accessoires sur scène (bracelets, fraises lumineuses ou carrosse transparent) la symbolique du verre et de la transparence des valeurs et des sentiments. Photos Alain Kaiser Fiche pédagogiquep. 6 Opéra de Rouen Haute-Normandie La Cenerentola UNE CENDRILLON, DES CENDRILLONS Une histoire à travers les siècles et les cultures De Charles Perrault (1697) à Walt Disney (1950) en passant par les frères Grimm (1812-1814), le personnage de Cendrillon fait partie aujourd’hui de nos rêves d’enfant et de notre imaginaire collectif. C’est dans la Grèce Antique que l’on retrouve les premières traces de l’histoire d’une jeune femme qui passe des cendres au trône. Ainsi, le récit du géographe grec Strabon, mort entre 21 et 25 après JC, nous livre : « Un jour, comme elle était au bain, un aigle enleva une de ses chaussures des mains de sa suivante, et s’envola vers Memphis où, s’étant arrêté juste au-dessus du roi qui rendait alors la justice en plein air dans une des cours de son palais, il laissa tomber la sandale dans les replis de sa robe. Les proportions mignonnes de la sandale et le merveilleux de l’aventure émurent le roi ; il envoya aussitôt par tout le pays des agents à la recherche de la femme dont le pied pouvait chausser une chaussure pareille ; ceux-ci finirent par la trouver dans la ville de Naucratis et l’amenèrent au roi qui l’épousa et qui, après sa mort, lui fit élever ce magnifique tombeau. » (Traduction de G. Perrot, extrait de Géographie, XVII, I, 4) Des trames semblables sont également retrouvées dans les légendes d’Asie, telle l’histoire de Chūjō-hime, surnommée la Cendrillon japonaise, ou d’Amérique, telle la légende d’Oochigeas. Perrault versus Grimm C’est en 1697 que Charles Perrault publie Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre. Reprise et encore popularisée par les frères Grimm en 1812, l’histoire apparaît plus cruelle. Si le thème de la justice se retrouve bien, celui du pardon est mis de côté : chez Perrault, Cendrillon pardonne à ses sœurs. Chez les frères Grimm, les deux sœurs de Cendrillon sont doublement punies. Rendues aveugles par des oiseaux amis de Cendrillon, elles sont en plus mutilées, s’étant toutes deux taillé les pieds dans l’espoir de rentrer dans la chaussure de verre. Par ailleurs, contrairement à Charles Perrault, les frères Grimm ne précisent pas que l’héroïne doit à tout prix quitter le bal avant minuit et ne lui font pas emprunter une citrouille transformée en carrosse, conduite par un rat transformé en cocher, tirée par six souris transformées en chevaux et entourée par six lézards transformés en laquais. À l’époque de Charles Perrault, les laquais étaient souvent sujets de plaisanterie à cause de leur paresse. C’est donc avec ironie que l’écrivain les transforme en cet animal qui adore se dorer la pilule au soleil ! lui, commande la musique à Fitinhof-Schell en 1893. Quant à Rudolf Nureev, il la présente sur une version composée par Prokofiev, représentée d’abord au Bolchoï en 1945 puis à l’Opéra de Paris en 1986. Plus récemment, Jean-Christophe Maillot crée son ballet en 1999.Des films, enfin, seront réalisés, notamment un premier par Georges Méliès en 1899. Il reprend, là encore, la version écrite par Charles Perrault, et narre en 6 minutes et en muet l’histoire de Cendrillon. Le film est célèbre pour être le premier à utiliser une technique de fondu pour passer d’une scène à une autre lors de la transition vers le bal. Il en tournera une nouvelle version en 1912, l’un de ses tout derniers films. À noter que la metteure en scène de cet opéra, Sandrine Anglade, a également imaginé le spectacle Il était une fois... une petite Cenerentola dans lequel elle s’amuse à rendre compte, en une forme courte et accessible à tous, de la légende de Cendrillon et de l’aura rossinienne qui lui est attachée. La fille des cendres Cendrillon n’est que le surnom de l’héroïne, dérivé du fait qu’elle s’assoit dans la cendre une fois son travail fini. On ignore son nom réel. Dans la version de l’opéra de Jules Massenet, le père de Cendrillon l’appelle Lucette. On suppose alors que c’était son vrai prénom, celui donné par ses parents. La cendre a toujours été symbole d’humiliation et de pénitence : la Bible et l’Odyssée font mention de Jérémie se roulant dans les cendres et d’Ulysse assis dessus. Quant aux Pères de l’Église, ils nous montrent les pénitents se couvrant la tête de cendres ou vivant dans la cendre. Sur scène encore et toujours De nombreuses versions du conte ont été données à l’Opéra. Jules Massenet présente son adaptation en 1899. Pauline Viardot, qui avait chanté dans La Cenerentola de Rossini, écrit une opérette de chambre sur le sujet en 1904. Beaucoup de ballets s’inspirent également de l’œuvre, à l’image de ceux de Louis Duport en 1813, mais également d’Albert sur une musique de Fernando Sor en 1823. Marius Petipa, Fiche pédagogiquep. 6 Opéra de Rouen Haute-Normandie ROSSINI LA CENERENTOLA SAISON 14-15 Côté élèves Fiche pédagogique Opéra de Rouen Haute-Normandie Avant le spectacle LA CENERENTOLA Dans la peau de Cendrillon Dans ma propre maison, mon beau père D............. M....................................… et mes deux sœurs me traitent comme leur s.............................… . Lorsque j’ai fini de nettoyer et d’astiquer les murs et les sols, je m’en vais me reposer dans un tas de c...........................…, d’où le surnom que l’on m’a donné : C.............................… Dans cet opéra de R...........................… composé en ...........… et inspiré du conte de P…....................., il n’y a ni enchantement ni m...............................… En effet, ce n’est pas grâce à une bonne fée que je vais réaliser mes rêves mais grâce à un m............................…. et à ma propre volonté. De même, ce n’est pas grâce à une p............................… de v..................… que le prince me retrouvera mais grâce à un b........... ........................ Ma vie est un mélange de comique et de sérieux : on rit, par exemple, du t............................… de certains personnages qui échangent leur rôle, mais on s’interroge aussi profondément sur l’h................................… sociale de mes sœurs et sur l’importance de la t..............................… des sentiments. Le compositeur R...........................… me donne les plus beaux airs vocaux de son opéra où je chante avec v............................…. C’est qu’il était le maître italien du ................ .......................…. ! À la fin du deuxième a..............…, c’est-à-dire au dénouement de l’œuvre, j’épouse le p...................…. grâce à ma sincérité et, dans ma grande bonté, je pardonne la méchanceté de mes sœurs. Écoute Chanson de Cendrillon, « Una volta c’era un re », Acte I, scène 1, n°1 Cette chanson ressurgit fréquemment dans l’œuvre (exemple : Acte II, scène 5, n°12). Écoute comme les graves de la voix de Cenerentola sont ronds et chaleureux et les aigus brillants et agiles. La mélodie a un caractère épuré et émouvant, et son accompagnement, par ses accords répétés, évoque les battements du cœur. Air de la scène finale « Non più mesta », Acte II, second finale, n°16 1. Quelles différences remarques-tu entre cet air et la Chanson de Cendrillon? 2. En quoi l’air nous renseigne t-il sur les états d’âme ou les sentiments du personnage ? Réponses 1. L’air est ici caractérisé par la virtuosité de la technique vocale : arpèges et vocalises en quadruples, croches ultra rapides, trilles, notes piquées et utilisation de toute la tessiture du grave à l’aigu. Quant à la Chanson de Cendrillon, elle est davantage fondée sur la recherche de l’émotion, du timbre (couleur) et des subtilités de nuances, le tout pour valoriser les qualités d’expression et suggérer l’émotion. 2. L’air commence de manière timide pour évoquer les malheurs passés de Cendrillon et surtout le manque d’amour de son père : thème chanté en nuance piano avec rythmes lents. Dans une deuxième phase, l’air symbolise la joie et le bonheur du personnage. Ceci est représentatif de l’art du bel canto rossinien. Photos Alain Kaiser Opéra de Rouen Haute-Normandie Les infos à retenir sur le spectacle que tu vas voir PHOTOC’OPÉRA… une photocopie dans la poche ! Quelques infos à grignoter à l’entracte > Rossini fut l’un des rares compositeurs du XVIIe siècle qui connut le succès de son vivant. Souvent, le génie des compositeurs était reconnu après leur mort. Ainsi, lorsque ses amis et admirateurs firent une collecte pour élever une statue à sa gloire, il répondit avec un ton amusé : « Donnez-moi donc directement l’argent et je m’installerai moi-même sur le socle ! » > Rossini était gourmand et bon vivant. Il organisait des soirées culinaires où il invitait le tout Paris. C’est ainsi qu’on créa pour lui le fameux tournedos Rossini. Il dira à ce sujet : « Manger, aimer, chanter et digérer sont les quatre actes de cet opéra de fantaisie qu’est la vie. » > La Cenerentola est un opéra bouffe composé par Gioacchino Rossini pour le public italien en 1817 à Rome > Rossini n’a que 25 ans lorsqu’il compose cet opéra > Rossini est un grand compositeur d’opéra du XIXe siècle. On lui doit notamment Le Barbier de Séville, La Pie voleuse, L’Italienne à Alger ou Guillaume Tell > La Cenerentola est créée d’après le conte Cendrillon ou la petite pantoufle de verre de Charles Perrault et raconte en deux actes l’histoire d’une jeune fille considérée comme une servante par ses sœurs et son beau père, mais qui va conquérir le futur roi et devenir son épouse. > La psychologie s’est intéressée au conte de Cendrillon qui met en scène le besoin de reconnaissance paternelle qu’éprouve un enfant, auparavant rejeté, grâce à une action montrant au grand jour ses qualités. C’est en soi l’histoire toute banale d’enfants se disputant la préférence parentale, en essayant de se surpasser. Le « complexe de Cendrillon » désigne par ailleurs le désir inconscient de certaines personnes d’être pris en charge par autrui. > « Trouver chaussure à son pied », voilà une expression qui convient parfaitement au conte de Cendrillon ! Dans certains villages, des pratiques superstitieuses étaient en rapport avec cette idée : dans les Pyrénées centrales par exemple, les jeunes filles venaient mettre leur pied dans l’empreinte de saint Aventin de Larboust pour trouver un mari. > Dans cette version, le conte se détache du merveilleux : pas de carrosse ni de citrouille, des bracelets remplacent la pantoufle de verre et un mendiant la bonne fée > L’opéra renferme des passages comiques (quiproquos, travestissements..) et sérieux (profondeur des sentiments, réflexion sur les apparences, l’hypocrisie, la justice et le pardon …) > La musique comporte des passages de bel canto, technique musicale utilisée en Italie au XVIIe qui met en valeur la virtuosité de la voix > Pour cette version, la metteure en scène Sandrine Anglade a souhaité un décor avec des boîtes comme des maisons miniatures qui pivotent sur scène et laissent apparaitre des façades tour à tour différentes Photos Alain Kaiser Opéra de Rouen Haute-Normandie Après le spectacle LA CENERENTOLA Quels sont ton avis et tes impressions sur l’opéra auquel tu as assisté ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................… As-tu été surpris(e) par quelque chose en particulier ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................… La Cenerentola est un opéra bouffe, à la fois comique et sérieux. Qu’est-ce qui t’a semblé drôle d’une part et plus profond d’autre part ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................… Quel est le personnage que tu as préféré ? Pourquoi ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................… Qu’as-tu pensé de la mise en scène ? T’a-t-elle semblé moderne, étrange, vivante ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................… Comment étaient les décors et les costumes ? Qu’en as-tu pensé ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................… As-tu été sensible à la voix d’un chanteur en particulier ? Au jeu d’un chanteur ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................… As-tu pu remarquer des passages de bel canto ? Des crescendo ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................… As-tu eu le sentiment que cette musique avait été composée il y a presque 200 ans ? Pourquoi ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….............................… Opéra de Rouen Haute-Normandie