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Sécurité alimentaire, productivité agricole et investissements publics au Burkina Faso:
une analyse à l’aide d’un modèle d’Équilibre Général Calculable dynamique et
stochastique
Résumé : Le Burkina Faso, avec plus de 20% de la population souffrant de sous-alimentation (FAO) est
confronté à une forte insécurité alimentaire à l’instar d’autres pays d’Afrique subsaharienne. Ce pays a mis en
place, depuis son accession à l’indépendance en 1960, des politiques contrastées, d’abord interventionnistes au
lendemain de l’indépendance, puis libérales depuis les années 90 dans le cadre des programmes d’ajustement
structurel avec le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale. Différentes stratégies de lutte contre
la pauvreté ont été mises en place depuis les années 2000 : des Cadres Stratégiques de Lutte Contre la Pauvreté
entre 2000 et 2010 (CSLP) ont précédé à une Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable
(SCADD) depuis 2011. Mais les résultats sont restés très mitigés en termes de réduction de la pauvreté et de
l’insécurité alimentaire. Cette thèse tente d’analyser les dynamiques à l’œuvre expliquant la faiblesse des progrès
au niveau des indicateurs sociaux, notamment la pauvreté et la sécurité alimentaire en dépit des performances
macroéconomiques enregistrées depuis quelques décennies. Un modèle d’Équilibre Général Calculable (EGC) est
utilisé et calibré sur les grandes tendances de l’économie burkinabè. Il sert ainsi, d’une part, à analyser les
mécanismes explicatifs à l’œuvre, et d’autre part, à tester deux types de scénarios, le premier supposant une
dégradation de la productivité agricole qui découlerait d’une dégradation des ressources naturelles et du
changement climatique, mis en évidence dans la littérature. Le second teste un vaste programme d’investissement
public dans l’agriculture. Les résultats montrent que la dynamique actuelle est conforme aux analyses en termes
de piège à pauvreté : les contraintes naturelles (faible dotation en ressources naturelles) et la forte croissance
démographique, renforcées par la faiblesse des biens publics se traduisent par une faible productivité du travail et
donc des revenus et une épargne faibles impliquant peu d’investissement à l’origine de la faiblesse de la
productivité du travail. La dégradation de la productivité agricole augmente considérablement l’insécurité
alimentaire des pauvres et diminue fortement la croissance économique globale tandis que des investissements
publics efficaces dans l’agriculture peuvent permettre des progrès importants et rapides et résoudre le dilemme de
la politique agricole : ils sont bénéfiques aux ruraux et encore plus aux urbains pauvres.
Mots Clés : Sécurité alimentaire, Pauvreté, Burkina Faso, Équilibre Général Calculable, Investissement
public, productivité agricole
Food security, agricultural productivity and public investment in Burkina Faso: a
dynamic and stochastic computable general equilibrium model analysis
Abstract: Burkina Faso, with more than 20% of the population suffering from undernourishment (FAO), is
facing severe food insecurity like other sub-Saharan African countries. This country has implemented, since its
independence in 1960, contrasting policies, initially interventionist policies in the aftermath of independence, and
then liberal policies since the 90s as part of structural adjustment programs with the International Monetary Fund
(IMF) and the World Bank. Different strategies against poverty have been implemented since the 2000s: Poverty
Reduction Strategy Plans (PRSP), from 2000 to 2010, preceded a Strategy for Accelerated Growth and Sustainable
Development (SAGSD) since 2011. But the results remained much mitigated in terms of poverty and food
insecurity reduction. This thesis attempts to analyze the dynamics at work behind the weak progress in social
indicators, including poverty and food security, despite macroeconomic performance recorded in recent decades.
A Computable General Equilibrium Model (CGE) is used and calibrated on the major trends of Burkina Faso
economy. It serves thus, on the one hand, to analyze explanatory mechanisms at work, and on the other hand to
test two types of scenarios, the first assuming a decline in agricultural productivity that would result from a
degradation of natural resources and climate change as highlighted in the literature. The second tests a large
program of public investment in agriculture. The results show that the current dynamics can be analyzed in terms
of poverty trap: natural constraints (poor endowment in natural resources) and high population growth, reinforced
by weak public goods result in low labor productivity causing low revenue, low savings and then low investments
behind the low labor productivity. A degradation of agricultural productivity significantly increases food insecurity
of the poor and greatly reduces overall economic growth, while efficient public investment in agriculture can
provide significant and rapid progress and solve the dilemma of agricultural policy: they are beneficial to rural and
much more to urban poor populations.
Key words: Food Security, Poverty, Burkina Faso, Computable General Equilibrium, Public Investment,
agricultural productivity