S ÉMINAIRE N. B OURBAKI L UC I LLUSIE Contractibilité du groupe linéaire des espaces de Hilbert de dimension infinie Séminaire N. Bourbaki, 1964-1966, exp. no 284, p. 105-113 <http://www.numdam.org/item?id=SB_1964-1966__9__105_0> © Association des collaborateurs de Nicolas Bourbaki, 1964-1966, tous droits réservés. L’accès aux archives du séminaire Bourbaki (http://www.bourbaki. ens.fr/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/legal.php). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright. Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques http://www.numdam.org/ Séminaire BOURBAKI année, 1964/65, 17e Février 1965 n° 284 CONTRACTIBILITÉ LINÉAIRE DU GROUPE DES ESPACES DE HILBERT DE DIMENSION INFINIE par Luc ILLUSIE (d’après [4]) base A , qui pourra être R , H . Quand on parlera d’espaces (resp. fibrés) vectoriels, il sera sousqu’il s’agit d’espaces (resp. fibrés) vectoriels sur A. exposé, Dans cet C , N. KUIPER ou entendu on suppose choisi corps de un théorème de N. KUIPER. 1. Le [4J, Dans N. KUIPER le résultat suivant : prouvé a THÉORÈME. - Soit H un espace de Hilbert de dimension infinie. Soit L(H) l’espace des opérateurs linéaires continus de H , mini de la topologie de la norme. Alors le groupe GL(H) des éléments inversibles de L(H) , muni de la topologie L(H) , induite par celle de Voici les est contractile. principales étapes faible. - GL(H) 1° Réduction à la contractibilité lemme 1 ci-dessous montre (i. tractile (cf. IEMME 1 MILNOR U - N m :: N de que tous métrisable convexe nue e. telles [7]). - une réel bre Soit r > un un 0, 1. - Choisissons B(x, r) notons un c étant ouvert dans U est faiblement N -~ U E sur une affine de U. une métrique Pour tout convexes. la boule ouverte de centre pour tout L(H) , le con- ouvert d’un espace vectoriel localement recouvrement ouvert de B(x. , 3r.) théorème. complexe simplicial N , laquelle les boules soient u = telles que U application continue, ~, : homotope à l’identité Démonstration du lemme lation et pour Soit soit que ce qu’il suffit de prouver que GL(H) ses groupes d’homotopie sont nuls). E . Il existe et démonstration de de la U i e 1 . par des boules u jouit alors application contisur les simplexes invariante par transx E x E et tout nom- et de rayon r . U. = B(x. , r.) de la propriété suivante : (1) de Si U. (io , u ... ... , u U. iest) est un simplexe du contenue dans U . 105 nerf N de u , l’enveloppe convexe Soit U ~ N maintenant 03C6 : l’unité (~p.). -r l’application subordonnée à U sur U . continue définie par une partition de Définissons d’autre part, grâce à (l)~ application continue ~ : N -~ U en posant ~r(i) xi si i est un sommet de N et en prolongeant ] de manière affine aux simplexes de N Alors 03C803C6 est homotope à l’identité de U , car, en vertu de (1), le segment joignant x à est contenu dans U pour tout x E U , ce qui démontre le lemme 1. une = ., (Remarque : aurait pu montrer aussi que on Réduction à (a). - Soit 2° alors homotope P triangulation une à Sn GL(H) f : de Sn et une et telle que la restriction f est homotope à l’identité de N .) application continue. Il existe application continue f1: Sn GL(H) , de fl à chaque simplexe de P soit une linéaire affine. effet, avec les notations du lemme 1, où E L(H) et U GL(H) , soit P formé par les une triangulation finie de Sn telle que le recouvrement de Sn Choisissons pour chaque sométoiles des sommets de P soit plus fin que met p de P un indice i(p) tel que l’image par f de l’étoile de p soit contenue dans L’application fi : Sn GL(H) , définie en posant Ui (p) f1 (p) xi(p) si p est un sommet de P et en prolongeant de manière affine aux simplexes de P, répond à la question. En = = . = fl(S) Comme un sous-espace vectoriel de dimension finie de donc démontré si l’on prouve l’assertion suivante : le théorème sera Soit sous-espace vectoriel de dimension finie de L(H) , (a) est contenu dans V un jection canonique V n GL(H) -~ GL(H) est L(H) . Alors l’in- homotope à l’application constante séparable. - On remarque qu’il suffit de démontrer (a) lorsque H est séparable (i. e. de dimension K ). En effet, si A est la sous-*algèbre unitaire engendrée par V , il existe une famille (H.). Ide sous-espaces séparables de H , stables par A et deux à deux orthogonaux, telle que H = EB H.J. 3 ° Réduction au cas (somme hilbertienne). (Hi)lE 1 naux. Pour le de sous-espaces voir, on séparables de Ordonné par inclusion, c’est maximal, et soit est stable par séparable base algébrique H’ un et H’ AH" dénomhrable était de serait comme H stables par A et deux à deux ensemble inductif. Soit de la l’orthogonal A . Si considère l’ensemble des familles somme hilbertienne dimension o , un sous-espace espace vectoriel ~) H.. il existerait orthogoélément un Alors un séparable (puisque sur A ) orthogonal H’ sous-espace A admet une à tous les qui contredirait le caractère maximal de la famille H’ est donc de dimension finie, et l’on obtient la décomposition annonremplaçant l’un des H. par H. 1 e,H’ . Hi et stable par cée en A, 4° Un lemme déjà LEMME 2. - Soient ce connu sur H les espaces de Hilbert espace de Hilbert un GL(H, H’) de dimension infinie. Notons ments est qui induisent 1’identité à homotope l’application séparable H’ et sous-espace de 1 E H’~ Posons maintenant H" ® H" ® . ~ . s (g) = g ~ g ® g - g e 1 e I e ce ... Le lemme 2 montre Soient H mension finiede V ... qu’il suffit, un espace L(H) . généralité, GL(H) n 5° Dernière pour prouver l’assertion V de GL(H) V n (a) dans le dimension et V un sous-espace vectorielde dü sous-espace H’ de H de dimension infinie GL(H) dans GL(H) soit homotope à une appli- l’image soit contenue dans posé, nière à avoir contienne n + on commence Kl ai GL(H , H’) . (b). - Supposons, ce qui ne restreint pas la l’identité, et soit n = dim V . Il existe alors une démonstration de 1 et de H, deux à deux une suite orthogonaux tels de sous-espaces que c S; par déformer pour tout K = V n GL(H) i. Considérons en en KI effet pour tout i. Va. (La construction par récurrence de ces deux suites est immédiate teur.) Choisissons de plus, pour chaque i, un sous-espace Fi sion n contenant Va.. Enfin, notons S. la sphère unité de Cela sé- H cas un dont de vecteurs unitaires de séparable de Hilbert Alors ilexiste dans étape : que suite H H’ à la somme hilbertienne H" , termes).’ L’application s : GL(H’~ ) -~ GL(H) définie par est homotope (par rotations), d’une part à l’injection g I~-~ l (f) I ® ... , , et d’ autre part à l’application constante et identifions = l’injection canonique cation de de rétraction de prouver l’assertion suivante. parable, tel que une IH, . x le lemme 2. qui démontre (b) GL(H’.J..) sur des élé- H’ , les et l’appli- (a ~) ~) ~ 0~: t~ 1 , GL(H , H’~) par déformation de H GL(H) . Démonstration du lemme 2. - Par rapport à la décomposition H = éléments de GL(H, H’) s’expriment par des matrices du type définit associe c ation qui, à (~ ~) (b). l’injection canonique GL(H, H’ ) -~ constante un GL(H) formé le sous-groupe de H’ . Alors sur et réduction à séparables et laissée de Ei au lec- de dimen- F.. dans GL(H) de l’application ma- X K t (0 , x de la somme pcur (v, t) Alors ~ : soit GL(H) iéN Ei ) hilbertienne K (0 , 1) , E K x (0 , 1~ .~ GL(H) x et va K2 ai = maintenant déformer E LEMME 3. - Soient un est application une 1)ai c Si pour tout K~ dans K~ ~ ~(K , 1) va espace de Hilbert de dimension F . Notons S(E) non donc, d’une s ( a) == Ip, ~ telle que f = situé sr : GL(H) un f(x, E unitaire satisfaisant isométrie application définie par a. x pour tout alors à la aux de sur E par telle que x E a = U (E ) -~ S(E) p : S(E) dans d’un de point S(F) . S(E)’ dé- Il existe telle que S (F) (0 , 1 ) S(E)’ S(F) . L’application ~ - x question. f : conditions du lemme 3. (v , t~ E K~ x (0 , l)et l’application définie F, e t r :i E application et f(x, 1)x au-dessus de espace de Hilbert de dimension un vecteur p application continue x E. pour une de s hyperplan, une 0) _ IE complémentaire un sphère unité de E . Il existe alors que F finie, est contractile et contient = de une S(E)1 S(E)’ le r(x, 0) = a et r(x , 1) S(F) (0 , 1~ -~ U(E) répond application l’ part de manière que (resp. S (F) ) la S(E) section continue une et d’autre Soient donc a F . Alors sur part Soit ~( , 0) i. Démonstration du lemme 3. - Considérons le fibré principal u-~ . l’orthogonal utiliser pour cela le lemme suivant : x f ini par p(u) est continue telle que y (resp. F ) et U(E) le groupe unitaire de continue f : S(F) (0 , 1~ -~ U(E) telle pour tout x E S (F ) . = E’ et en un vecteur unitaire de (où t)E, _ IE, ~,(K , i. On pour tout ai 03BB(v , et posons y l’injection canonique On a définie par a. (F.) n + 1~ F un hyperplan, S(F) x (0 ~ 1~ -~ U(E) Donnons-nous, = F et pour a.(a.) = une chaque a . iy Notons Alors g(v , t) définie par (b) 2. de K H engendré K par le soit et de KI l’injection canonique l’image laisse fixe 1) , K~ _ en de dont système l’injection ca- i. Kl en entre continue g( , 0) est telle que GL(H) dans l’application pour tout ai homotopie une de application H’ t)v les déformations de composant rable f(v, = et continue, = obtient finalement une est et que nonique En f l’application K dans on GL(H) et sépa- le sous-espace orthonormal qui démontre ce "" et achève la démonstration du théorème. Applications. 1° Contractibilité de finie, En son U(H) . U(H) groupe unitaire Si H espace de Hilbert de dimension inest contractile. U(H) s’identifie à effet, est endomorphismes hermitiens définis positifs un P(H) , P (H) désignant x de H ~ l’ensemble des résultat, puisque P(H) d’où le est contractile. 2° Trivialité de t o u t fibre mou E principal est trivial. En compacte est fibrés. - Si effet, (DIXMIER-DOUADY, n° H est un séparable, la L’application bré le p : infinies, U(H) ~ G~ 11, lemme donc G a G Remarque. - Au contraire, la (H). - G (H) Si H est un des sous-espaces de est contractile. En définie par ~(H) de groupe le et de base paraE 4). principal ~(H)G~ ~ ~(H) ,type d’homotopie U(E) 2°, sur (resp. U(H) ) le faisceau des germes de sections continues de gras.3mannienne sion et de codimension GL(H) de groupe 3° Contractibilité de la grassmannienne Hilbert espace de Hilbert de dimension infinie, effet, p(u) = u(E) x U(El ) . de U(H) , . soit E espace de de dimen- H, E fait de G (H). U(H) Ce fibré est trivial 1. e. un fi- d’après est contractile. ° des sous-espaces de dimension grassmannienne mais est un espace classifiant pour le contractile, groupe unitaire U(n) . Cela résulte de la contractibilité de la variété de Stiefel des n-repères de H ;J cette propriété était déjà connue avant le théorème finie n de H Gn(H) n’est pas Vn(H) de Kuiper, c’est une conséquence facile de la contractibilité de U(H) pour la topologie simple 4° Type d’homotopie H suit, teurs désigne un de H compacts (cf. DIXMIER-DOUADY, [1], forte 11). n° opérateurs à indice de H . - Dans ce qui espace de Hilbert séparable. Soit C(H) l’espace des opéra(c’est un idéal bilatère fermé de L(H) ), et posons de l’espace des L’ (H) = L(H)/C(H) . L(H) -~ L’(H) l’épimorphisme canonique. Un théorème de E. MICHAEL, [6], (tout épimorphisme d’espaces de Banach admet une section continue) assure que p est une fibration. Notons F(H) l’espace des opérateurs à indice de H (i. e. dont le noyau et le conoyau sont de dimensions finies) et GL’(H) le groupe des éléments inversibles de L’(H) . On sait que Soit p : autrement GL’(H) . dit, n’est autre que le fibré induit par F(H) D’autre part, L(H) au-dessus de l’indice multiplicatif GL’ (H) dans le groupe additif composante connexe de l’éléGL’(H) = ment neutre dans GL’(H) , et GL’(H) s’identifie à Z x GL’(H) . o De plus, F (H) est l’ensemble des opérateurs d’indice nul, et la restriction de p à l’ouvert GL(H) c Fo(H) fait de GL(H) un fibré principal sur GL’(H) , passe au quotient et définit un homomorphisme Ker i’ Z . de fibre le groupe GC(H) = GL(H) n (I invariant le sous-espace engendré par du groupe C(H)) (PALAIS, [8]). -Soit (e ) + nEN GL(n , A) au sous -groupe de GL(H) PROPOSITION tifions + i’ est la une b ase orthonormale de laissant fixe ... , ei pour H . Ideni > n en . Posons Alors a. l’ adhérence de b. l’injection canonique dans GL(H) est égale à GC (H) ;9 GC(H) est une équivalence d’homotopie. et Démonstration Notons a. V H’ le sous-espace de L(H) formé le sous-espace de algébriquement engendré par les e. , et f E L(H) tels que f(H) c H’ et H des éléments f(e.) = 0 , pour tout i, sauf un nombre fini. Alors V est dense dans l’espace opérateurs de rang fini, qui, à son tour, est dense dans C(H) . L’assertion s’en déduit aussit8t, car coïncide avec l’ensemble des éléments inversibles des de l + V . b. C’est LEMME. - une conséquence E Soient un de la densité de V dans espace vectoriel localement espace vectoriel C(H) convexe et du lemme suivant : métrisable, E’ un E’ -~ E f : topologique, une application linéaire continue d’ mage dense. Alors, pour tout ouvert U de E , l’ application flu, : U’ -~ U , où U’ = f’"1(U) , est une équivalence d’homotopie. (La démonstration complexe simplicial telles que ~xp soit COROLLAIRE. - de ce N lemme se de 1, en construisant un N -, U’ flU, : Fo(H) U . Mais GL’(H) , celle du lemme applications continues 03C6: U ~ N , 03C8: inverse de U’ -~ U à homotopie près.) est Démonstration. - GL(H) motopie comme et des classifiant pour le groupe un . D’après F (H) , GL’(H) sur GL(H) -~ GL’(H) proposition, l’injection U-+GC(H) résulte (DOLD en fibré la infini unitaire étant contractile, le fibré principal est universel pour le groupe GC(H) est une équivalence d’homotopie. Il sifiant pour fait i- [2]) que de fibre GL’(H) C(H) , est a le un clas- type d’ho- d’où le corollaire. Pour tout couple d’espaces topologiques (X , Y) , notons (X , Y) l’ensemble des classes d’homotopie d’applications continues de X dans Y . Le corollaire précédent prouve l’existence d’un isomorphisme de foncteurs sur la catégorie des espaces compacts à valeurs dans la catégorie des ensembles ( , F(H)~ .~ K . Dans [3] et ~9~, on F(H) isomorphisme de plus que comment On on construit, est par un anneau une à méthode, homotopie un tel isomorphisme. près(1),et l’homomorphisme foncteurs à valeurs dans la catégorie des anneaux. On montre de construit est un Voici brièvement procède. considère, pour tout espace bornés de fibrés hilbertiens (au sembles de en (1) autre cohomologie sont, topologique X , sens de LANG catégorie [5], chap. 7) sur X , la Si le corps de base est R chaque point, des espaces vectoriels ou C . des complexes dont les en- de dimension quotient dans C (X) par la relation d’équivalence engendrée par déformation des complexes et addition de complexes acycliques, on obtient un groupe abélien noté I~°(X) . C’est même un anneau, le produit étant défini à partir du produit tensoriel des complexes. Une application continue de X dans F(H) définit canoniquement un objet de C~(X) réduit aux degrés 0 et 1 ;3 on obtient donc, par passage au quotient, une application naturelle (X , F(H)) -~ K(X) . Si X est paracompact, le théorème de Kuiper entraine que ~pX est une bijection. Grâce à cette bijection on peut munir F(H) d’une structure d’anneau à homotopie près (l’addition s’interprétant comme la composition des opérateurs). D’autre part, la catégorie C (X) contient la sous-catégorie C(X) des complexes de fibres de dimension finie. Passant au quotient dans C (X) par la relation d’équivalence engendrée par déformation des complexes et addition de complexes acycliques de C(X), on obtient le groupe usuel K(X) (tout au moins si X est paracompact). L’injection C (X) c C (X) définit par passage aux quotients un morphisme naturel ix: K(X) -~ I~(X) . On démontre que si X est compact, iX est un isomorphisme, l’isomorphisme inverse XX: I~(X) -~ K(X) correspondant, grosso modo, à une caractéristique d’Euler-Poincaré. On a donc finalement, pour tout X compact, un isomorphisme naturel finie. Passant au . les structures d’anneaux. respectant On laisse avec lecteur courageux le soin de s’assurer que cet au l’isomorphisme construit à partir isomorphisme coïncide du corollaire ci-dessus. BIBLIOGRAPHIE et DOUADY (A.). - Champs continus d’espaces hilbertiens et de -algèbres, Bull. Soc. math France, t. 91, 1963, p. 227-284. [2] DOLD (Albrecht). - Partitions of unity in the theory of fibrations, Annals of Math., Series 2, t. 78, 1963, p. 223-255. [3] JAENICH (K.). - Vektorraum Bündel und der Raum der Fredholm-Operatoren, Disser- [1] DIXMIER (J.) C tation Bonn, 1964. (N icolaas). - The homotopy type of the unitary group Topology (à paraître). [5] LANG (Serge) . - Introduction to differentiable manifolds. - [4] KUIPER science [6] t. 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