Le « Napoléon des Lettres », surnom que BALZAC s’était lui-même donné,
« (…) convient aussi bien à la puissance créatrice de l’auteur qu’à la passion et aux excès
de sa vie privée. »3
En année de licence4, nos travaux de recherches portaient sur la lecture de la
question de l’angoisse dans Le Père Goriot5. Ici, au regard de l’effroyable tragédie
parisienne que BALZAC décrit dans son livre, nous avons été amené à saisir dans le
corpus, non une tendance à l’optimisme ou au pessimisme, mais un état d’abandon, de
déréliction où prévaut le sentiment absurde.
Pour ainsi dire, cette vision de l’angoisse existentielle instituait une lecture
concordante entre le récit balzacien et l’acte d’invention de soi chez Jean-Paul SARTRE.
En année de Maîtrise6, notre projet s’est prolongé, qui a visé un certain
approfondissement de la question examinée. Aussi avions-nous pointé l’herméneutique
nietzschéenne pour produire cette fois une lecture variabiliste de notre thème. C’est que
cette notion du tragique, que nous avons réactualisée en année de D.E.A. (Diplôme
d’Etudes Approfondies)7, constituait l’autre nom de la littérarité8 chez BALZAC.
3 BRUNEL (P.) et al, Introduction à la littérature française, Paris, Fernand Nathan, 1969, p 132
4 EYI OBIANG (M.-M.) « L’Angoisse existentielle dans Le Père Goriot d’Honoré de BALZAC. Approche
sartrienne », rapport de Licence, département de Lettres Modernes, Université Nationale du Gabon
(abrégée U.N.G. tout au long de la dissertation), septembre 1998.
5 BALZAC (H. de), Le Père Goriot, (Préface de F. VAN ROSSUM-GUYON et M. BUTOR, commentaires
et notes de N. MOZET), Paris, Librairie Générale Française, coll. « Le Livre de poche classique », 1983 –
La plupart de nos citations renverront à cette édition. Néanmoins, nous convoquerons de temps à autre
d’autres éditions afin d’exemplifier notre lecture plurielle. Le choix de ce corpus n’est pas fortuit ici car,
dans la mosaïque balzacienne, Le Père Goriot surgit comme le centre, le carrefour, la matrice d’où rayonne
toute La Comédie humaine.
6 EYI OBIANG (M.-M.), « Lecture nietzschéenne du Tragique existentiel dans Le Père Goriot d’Honoré de
BALZAC », Mémoire de Maîtrise, département de Lettres Modernes, U.N.G., sept. 1999.
7 EYI OBIANG (M.-M.), « La Déréliction dans l’univers balzacien. Lecture nietzschéo-heideggerienne du
Père Goriot et de La Peau de chagrin », Mémoire de D.E.A., département de Lettres Modernes, Université
Paris XII, juin 2000
8 Dans la mouvance des formalistes russes, la « littérarité » désigne la spécificité voir l’essence de la
littérature qu’on décèle dans les « procédés » langagiers et formels de l’écriture. Cf. Textes des Formalistes