par des Québécois plutôt que par des employés d’équipes itinérantes provenant de
l’extérieur et se déplaçant avec le chantier, ainsi que par des employés de
fournisseurs de matériaux et services du Québec. Une fois l’implantation terminée,
aucun de ces emplois ne subsistera. Pour connaitre la mesure de cet impact, il
faudrait donc connaitre le nombre de travailleurs issus du Québec et les salaires
versés. À plus long terme, TransCanada évalue à environ 50 personnes-année le
personnel nécessaire à l’entretien et l’opération de l’oléoduc. Le compte en sera donc
finalement modeste et très limité dans le temps, sauf si un déversement important
venait à survenir dans la vallée du Saint-Laurent et nécessiter des opérations de
nettoyage et de réhabilitation pouvant durer des années. Ce ne sont certes pas ces
emplois qui constitueraient une retombée positive pour l’économie du Québec. On
ne peut certes pas compter dans ce cas sur un effet de grappe ou de filière où
l’avènement de l’oléoduc déclencherait l’avènement d’une filière industrielle locale
survivant à la construction.
Cependant, l’impact structurel à long terme de la croissance de la production de
pétrole au Canada est souvent évacué du débat. L’expérience des dix dernières
années nous indique une étroite corrélation positive entre le prix mondial du baril
de pétrole et la valeur relative du dollar canadien. C’est-à-dire que lorsque les prix
du pétrole (Brent léger, West Texas Intermediate léger, et Western Canadian
Standard plus lourd et moins cher) remontent, la valeur relative du $CAN monte
aussi. En fait, les deux courbes graphiques sont presque jumelles. (voir graphiques
joints)
Ainsi, lorsque les prix et les expéditions de pétrole augmentent dans le monde, cette
augmentation entraine une appréciation de la monnaie canadienne et rend de ce fait
moins concurrentiels sur les marchés étrangers les secteurs exportateurs, comme le
manufacturier, l’agriculture et le tourisme. Or, ce sont justement ces secteurs qui
composent une part importante de notre activité (et de celle de l’Ontario), ce qui
induit un recul des emplois qui y sont liés. Pendant les 10 dernières années, ce
phénomène s’est observé au Québec. Ce n’est que depuis l’année dernière, à la faveur
de la baisse du $CAN résultant de l’effondrement du prix du pétrole, que les
exportations québécoises ont repris après des années de déclin. Ce phénomène
économique est connu depuis longtemps, on l’appelle le « syndrome hollandais »
parce qu’il a été identifié la 1ère fois aux Pays-Bas quand la découverte du pétrole
dans la mer du Nord avait provoqué une prospérité dans ce secteur, mais malmené
le secteur manufacturier. Déjà en juin 2012, l’OCDE prévenait le Canada que
l’explosion des produits de base (commodités dont le prix est fixé sur les marchés
mondiaux) avait renforcé le $CAN, ce qui avait nui à des secteurs vulnérables au
taux de change, comme le manufacturier et le tourisme. En novembre 2013, l’Institut
Pembina en venait à une conclusion similaire. En résumé, le développement des
capacités de production et de transport de l’industrie du pétrole bitumineux, à la
faveur d’une montée des prix du pétrole, auront plus vraisemblablement pour effet
d’affaiblir à long terme la structure économique et l’emploi au Québec, malgré les
quelques emplois éphémères issus de la construction de l’oléoduc.