
III.- de l’autorégulation ou l’éthique codiée
Nous n’abordons pas la régulation dans son sens économique mais simplement dans son aspect
sociétal qui prend en compte l’ensemble des règles et des institutions favorisant l’émergence
d’un cadre de vie en société ordonné et paisible. Pour l’autorégulation, nous retiendrons la
dénition de Pierre Trudel qui la dénit comme «le recours aux normes volontairement développées
et acceptées par ceux qui prennent part à une activité».17 Il s’agit donc d’une élaboration de règles
formulées et respectée par les acteurs eux-mêmes sous la forme de codes de bonne conduite18 ou
de bonnes pratiques relevant de la pure éthique, et dont ils assurent eux-mêmes l’application.
Ce système apparaît alors comme «décentralisé, non hiérarchique et confère aux normes un
caractère d’auto-exécution».19
Ces codes,20 parfois volontairement dictés par les prestataires de service Internet (ISP) se
caractérisent par leur nombre relativement élevé qui tantôt s’entrecoupent, tantôt s’en
éloignent. Dans cette panoplie de codes, il en existe même ce qu’on pourrait appeler des
micro codes que les universités ou les grandes entreprises par exemple, édictent à l’endroit de
leurs étudiants ou de leurs collaborateurs, tels que; la charte pour l’utilisation des ressources
informatiques du Crous de la Réunion, le code de bonne conduite de GDF-Suez (éthique de la
gestion d’information), le guide d’utilisation du site internet-charte de bonne conduite de la
fédération française des producteurs des végétaux d’ornement…
Contestée dans les années 9021, l’autorégulation est aujourd’hui largement admise dans son
principe auprès de la majorité des acteurs du réseau.22 Diverses études ont été menées sur cette
question. La plus importante nous semble-t-il est celle réalisée par le Internet Action Plan CODE
Projet (IAPCODE) du Programme in Comparative Media and Law Policy (PCMLP, 2003-2001) de
l’Université d’Oxford.23 Ces programmes ont débouché sur la nécessité de contrôles la conduite
(17) Pierre Trudel, « Les eets juridiques de l’autoréglementation », Revue de Droit de l’Université de Sherbrooke,
(1989, vol. 19, n° 2), 251.
(18) Tels que les chartes, déclarations de droits, commandements, principes, codes de déontologie etc. Voir en
France par exemple, La charte française de l’Internet (1997), la charte d’édition électronique…
(19) Cf., Bertrand du Marais, « Analyses et propositions pour une régulation de l’Internet .» Revue électronique du
Centre de recherche en droit public (Université de Montréal, Regroupement droit et changement, Lex Electronica, vol.
7, n°2, Printemps/Spring 2002 http://www.lex-electronica.org/articles/v7-2/dumarais.htm.
(20) Il faut entendre par code le sens qui renvoie «davantage à une certaine manière de se comporter, propre à un groupe
social ou à une classe, dont les membres se reconnaissent entre eux par l’adhésion et la pratique de ce code et qui relève donc de
l’éthique, voire de l’étiquette, plutôt que du droit au sens strict.» Benoit Frydman et Gregory Lewkowicz, « Les codes de
conduite: source de droit global? » Working Papers du Centre Perelman de Philosophie du Droit, 2012/02, http://
wwwphilodroit.be consulté le 5 nov. 2013.
(21) Flichy, L’imaginaire d’Internet, 56.
(22) Jose Do-Nascimento, L’Internet entre acteurs publics et privés: Vers une régulation centrifuge ou centripète ? (Paris:
L’Harmattan, 2007), 34.
(23) Des questionnaires envoyés par les promoteurs de ce programme aux ns d’élaborer le schéma des attitudes
par rapport aux activités illégales (la limitation de l’accès aux publications préjudiciables aux mineurs, les propos
incitant à la haine, le multipostage par voie électronique, la protection des données et de la vie privée, les modali-
tés prévues pour les plaintes, la coopération avec les autorités chargées de l’application des lois et avec les tierces
parties, ainsi que les mécanismes de sanction).
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