Modération : Yann Mazens, Coordination TRT-5 & Emmanuel Cook, AIDES, TRT-5
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Nous sommes amenés à envisager enfin
l’éradication en 2011 car nous sommes à un
tournant de l’histoire des antirétroviraux, qui
ont atteint leurs limites d’efficacité. Nous
avons, ces dernières années, connu des
progrès incontestables qui ont permis à des
millions de personnes d’accéder aux
traitements. Néanmoins, même dans des
pays riches, les antirétroviraux ne restaurent
pas une espérance de vie normale et les
traitements doivent être pris à vie. Malgré ces
progrès considérables, nous n’avons pas
réussi à éradiquer le virus, ce qui se traduit
par une charge virale résiduelle persistante.
La question se pose donc d’intervenir sur les
facteurs responsables de cette virémie
persistante.
Pour envisager l’éradication, il faut dans un
premier temps en identifier les obstacles.
L’obstacle majeur est lié aux caractéristiques
mêmes du virus, en particulier à son cycle de
réplication. Envisager l’éradication, c’est traiter
le réservoir qui s’établit précocement au cours
de la primo-infection par intégration de l’ADN
viral dans le génome des cellules hôtes.
En effet, après une étape de rétrotranscription,
l’intégration de l’ADN viral au sein du génome
cellulaire est réalisée par l’intégrase.
L’intégration du virus aboutit à la constitution
du réservoir, qui est définit par les cellules
infectées contenant du génome viral inductible
et qui sont capables de produire du virus
infectieux avec une cinétique de
renouvellement plus lente. L’infection latente
peut s’établir dans les macrophages, les
progéniteurs hématopoïétiques, les
thymocytes2mais en majorité dans les TCD4
quiescents qui peuvent être isolés dans
différents compartiments. Un bon reflet du
niveau d’infection des réservoirs est l’ADN VIH.
Parmi les lymphocytes TCD4 quiescents, les
cellules centrales mémoires et
transitionnelles constituent les principales
cellules réservoirs capables de produire du
virus si elles sont à nouveau activées ; cela a
été montré chez des patients au stade
chronique de l’infection, traités ou non.
Les patients qui contrôlent naturellement
l’infection, patients asymptomatiques à long
terme (ALT), sont porteurs d’allèles
protecteurs HLA B27 ou B57. La population
de cellules T CD4 centrales mémoires est
spécifiquement moins fréquemment infectée
et le pool de ces cellules à longue durée de
vie est en partie épargné. Ces patients ont un
très faible réservoir viral.
Après introduction de HAART (higly activ
antiretroviral therapy), la virémie décline
rapidement, et une modélisation mathématique
a révélé quatre phases de décroissance virale
correspondant à la demi-vie de différentes
populations de cellules infectées, dont
principalement les sous populations
lymphocytaires que nous venons d’évoquer. Le
traitement par HAART évite de nouveaux cycles
infectieux mais n’a pas d’effet sur la mortalité
cellulaire et la production virale par ces cellules
Eradiquer le VIH
Médecin au sein du service universitaire des maladies infectieuses
et du voyageur à l’hôpital de Tourcoing et chercheur au Laboratoire
de virologie de l’hôpital Necker à Paris, Antoine Chéret est
l’investigateur coordonnateur de l’essai ANRS OPTIPRIM1.
Panorama des pistes de recherche.
Antoine Chéret