Modération :  Yann Mazens, Coordination TRT-5 & Emmanuel Cook, AIDES, TRT-5
44
Nous  sommes  amenés  à  envisager  enfin
l’éradication en 2011 car nous sommes à un
tournant de l’histoire  des antirétroviraux, qui
ont  atteint  leurs  limites  d’efficacité.  Nous
avons,  ces  dernières  années,  connu  des
progrès  incontestables qui  ont  permis  à  des
millions  de  personnes  d’accéder  aux
traitements.  Néanmoins,  même  dans  des
pays riches, les antirétroviraux ne restaurent
pas  une  espérance  de  vie  normale  et  les
traitements doivent être pris à vie. Malgré ces
progrès  considérables,  nous  n’avons  pas
réussi à éradiquer le virus, ce qui se traduit
par une charge  virale résiduelle persistante.
La question se pose donc d’intervenir sur les
facteurs  responsables  de  cette  virémie
persistante.
Pour  envisager  l’éradication,  il  faut  dans  un
premier  temps  en  identifier  les  obstacles.
L’obstacle majeur est lié aux caractéristiques
mêmes du virus, en particulier à son cycle de
réplication. Envisager l’éradication, c’est traiter
le réservoir qui s’établit précocement au cours
de la primo-infection par intégration de l’ADN
viral dans le génome des cellules hôtes.
En effet, après une étape de rétrotranscription,
l’intégration de l’ADN viral au sein du génome
cellulaire  est  réalisée  par  l’intégrase.
L’intégration du virus aboutit à la constitution
du  réservoir,  qui  est  définit  par  les  cellules
infectées contenant du génome viral inductible
et  qui  sont  capables  de  produire  du  virus
infectieux  avec  une  cinétique  de
renouvellement plus lente.  L’infection  latente
peut  s’établir  dans  les  macrophages,  les
progéniteurs  hématopoïétiques,  les
thymocytes2mais en majorité dans les TCD4
quiescents  qui  peuvent  être  isolés  dans
différents  compartiments.  Un  bon  reflet  du
niveau d’infection des réservoirs est l’ADN VIH.
Parmi les lymphocytes TCD4 quiescents, les
cellules  centrales  mémoires  et
transitionnelles  constituent  les  principales
cellules  réservoirs  capables  de  produire  du
virus si elles sont à nouveau activées ; cela a
été  montré  chez  des  patients  au  stade
chronique de l’infection, traités ou non.
Les  patients  qui  contrôlent  naturellement
l’infection,  patients  asymptomatiques  à  long
terme  (ALT),  sont  porteurs  d’allèles
protecteurs HLA  B27  ou  B57.  La  population
de  cellules  T  CD4  centrales  mémoires  est
spécifiquement moins fréquemment infectée
et le pool de ces cellules à longue durée de
vie est en partie épargné. Ces patients ont un
très faible réservoir viral. 
Après  introduction  de  HAART  (higly  activ
antiretroviral  therapy),  la  virémie  décline
rapidement, et une modélisation mathématique
a révélé quatre phases de décroissance virale
correspondant  à  la  demi-vie  de  différentes
populations  de  cellules  infectées,  dont
principalement  les  sous  populations
lymphocytaires que nous venons d’évoquer. Le
traitement par HAART évite de nouveaux cycles
infectieux mais n’a pas d’effet sur la mortalité
cellulaire et la production virale par ces cellules
Eradiquer le VIH
Médecin au sein du service universitaire des maladies infectieuses
et du voyageur à l’hôpital de Tourcoing et chercheur au Laboratoire
de  virologie  de  l’hôpital  Necker  à  Paris,  Antoine  Chéret  est
l’investigateur coordonnateur de l’essai ANRS OPTIPRIM1.
Panorama des pistes de recherche.
Antoine Chéret