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52es JOURNÉES DE BIOLOGIE CLINIQUE NECKER – INSTITUT PASTEUR
Une exception importante concerne les tumeurs germina-
les non séminomateuses. Le taux d’AFP et /ou de B-HCG
est un facteur pronostique indépendant qui rentre dans la
dénition des formes de mauvais pronostic [12].
Dans les carcinomes pancréatiques, un taux supérieur à
1 000 U/ml de CA 19-9 en l’absence d’ictère est très sou-
vent associé à une tumeur avancée non résécable même
si une telle extension n’est pas retrouvée sur l’imagerie.
Dans ce cas là, une cœlioscopie est recommandée à la
recherche d’une carcinose péritonéale [13].
6. Évaluation de l’efficacité
des traitements
C’est dans cette situation que l’utilité des marqueurs tumo-
raux est la mieux établie. Une diminution signicative du
marqueur sous traitement (un seuil de 50 % est générale-
ment retenu) comparativement au dosage pré-thérapeuti-
que est corrélée à une réduction tumorale radiologique et
à une augmentation de la survie globale dans le cancer du
pancréas (CA 19-9), de l’ovaire (CA 125), du côlon (ACE),
du sein (CA 15-3), de la prostate (PSA) ou des testicules
(AFP, B-HCG) [2-5, 7]. Le dosage régulier des marqueurs
offre ainsi une alternative moins onéreuse et totalement
sans risque à la répétition des examens radiologiques
pour évaluer l’efcacité de la chimiothérapie en situation
de maladie métastatique. L’intérêt du marqueur paraît par-
ticulièrement important lorsque la maladie est difcilement
évaluable par les examens radiologiques, comme c’est le
cas par exemple en cas de métastases osseuses de can-
cer de prostate ou de carcinose péritonéale. Ainsi, dans
le cancer de l’ovaire, la décroissance du CA 125 semble
avoir une meilleure valeur pronostique que la réduction
radiologique des masses tumorales [14].
Dans les tumeurs germinales, la demi-vie de décroissance
du marqueur évaluée après le deuxième cycle de chimio-
thérapie est corrélée à la survie et pourrait permettre de
modier rapidement le traitement en cas de décroissance
insufsamment rapide [15].
En l’absence de standardisation dans les techniques de
dosage de la plupart des marqueurs, il est cependant
fondamental que ceux-ci soient toujours réalisés dans le
même laboratoire.
Il faut enn noter que l’intérêt des marqueurs comme cri-
tère d’efcacité des thérapies ciblées (anti-angiogénique,
anti-EGFR, inhibiteurs de tyrosine kinase) reste à démon-
trer dans la mesure où il théoriquement possible que ces
thérapeutiques puissent moduler l’expression du marqueur
indépendamment d’un quelconque effet anti-tumoral.
7. Surveillance post-thérapeutique
La normalisation du marqueur après un traitement à visée
curative est un critère fondamental pour apprécier son
efcacité. La persistance d’un taux supérieur à la limite
supérieur de la normale à distance du traitement est géné-
ralement l’indication de la persistance d’un reliquat tumoral
et d’un risque élevé de reprise évolutive à court terme.
Plusieurs études ont montré que le taux de marqueur
tumoral augmentait précocement en cas de rechute métas-
tatique. Son élévation précède généralement de quelques
mois l’apparition des signes cliniques et des anomalies
radiologiques [2]. Sa surveillance régulière présente donc
l’avantage théorique de permettre le diagnostic de rechute
asymptomatique dont le traitement serait moins lourd et
plus efcace. Cependant, ce bénéce n’est réellement
démontré que dans les situations où le traitement de la
rechute peut être curatif : cancer du testicule ou de la
thyroïde, par exemple. Il est également possible que le
diagnostic précoce d’une métastase hépatique unique d’un
cancer du côlon favorise son opérabilité. Dans les autres
situations, le dosage régulier du marqueur peut être sour-
ces d’angoisses importantes pour le patient sans impact
signicatif sur la qualité de vie et l’espérance de vie. Ainsi,
dans le cancer de l’ovaire, un essai randomisé récent n’a
montré aucun avantage en survie d’une surveillance du
CA 125 assortie d’une reprise de la chimiothérapie en cas
de réascension conrmée, par rapport à une initiation du
traitement uniquement en cas de signes cliniques [16].
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