économique / JEAN GARON L’INDUSTRIE DE LA CONSTRUCTION PÈSE LOURD DANS LA BONNE MARCHE DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE. industrie de la construction a toujours été considérée comme un puissant levier économique au Québec. Et pour cause, la nature même de ses activités fait tourner l’économie par un important apport d’investissements dans des infrastructures, des routes, des usines, des commerces, des bureaux et des habitations qui génèrent à leur tour des revenus d’emplois, de taxes et d’impôts. Ce moteur économique entraîne avec lui plusieurs autres industries, telles que l’exploitation des ressources naturelles, la transformation et la fabrication, le transport et la distribution, etc. Statistique Canada établit actuellement à 50 milliards de dollars les investissements dans la construction au Québec. Cela représente environ 15 % du produit intérieur brut de la province (PIB). À lui seul, le bâtiment résidentiel (construction et rénovation) génère près de la moitié de ces dépenses d’investissement. En termes d’emplois, Statistique Canada estime à 260 000 le nombre de Québécois qui tirent un revenu de l’activité construction, soit environ 6,4 % de la main-d’œuvre totale. De ce nombre, 160 000 travailleurs sont des gens de métier couverts par les conventions collectives de l’industrie de la construction et par conséquent, par la loi R-20. Les autres personnes qui y œuvrent sont des travailleurs rémunérés par des municipalités ou autres organismes publics, les travailleurs d’entretien, les installateurs de certains matériaux et équipements, les architectes, les technologues, les ingénieurs, etc. À cela, il faut ajouter de nombreux emplois indirects relevant d’autres industries. En fait, chaque million de dollars d’investissement génère environ cinq emplois directs dans la construction et 2,5 emplois indirects, pour totaliser 7,5 emplois. Les heures travaillées et les salaires versés sont de bons indicateurs de cette activité. Les quelque 25 000 employeurs assujettis aux dispositions de la loi R-20 ont déclaré à la Commission de la construction du Québec (CCQ) quelque 156 millions d’heures travaillées en 2013, un nombre qui devrait se maintenir à peu près au même niveau en 2014. Ce volume d’heures marque une baisse d’environ 5 % de l’activité par rapport au sommet atteint en 2012. En termes de masse salariale, cela tourne autour de 6 milliards de dollars, et ce, seulement pour les salariés assujettis à la loi R-20. Le salaire annuel moyen d’un travailleur frôle les 40 000 de dollars. Selon les données compilées par la CCQ, l’industrie de la construction en était à sa seizième année consécutive de croissance en 2012. Depuis 1996, le nombre de travailleurs actifs a presque doublé, passant de 85 000 à 160 000 et le nombre d’heures travaillées a plus que doublé pour culminer à 165 millions au cours de la même période. Les prévisions de la CCQ pour 2014 laissent entrevoir un léger repli L’ de l’activité, lequel sera imputable en grande partie au secteur résidentiel. Comme le mentionne Louis Delagrave, directeur de la recherche et de la documentation à la CCQ, le volume d’activité sera comparable à celui de 2013. « On sent un certain ralentissement, mais rien de catastrophique. Jusqu’en 201718, précise-t-il, on prévoit environ 150 millions d’heures travaillées. On a quand même pas mal d’espoir pour le secteur du génie civil avec les travaux prévus pour le pont Champlain et l’échangeur Turcot. On s’attend aussi à des bonnes années des LOUIS DELAGRAVE, DIRECTEUR DE LA RECHERCHE ET DE LA DOCUMENTATION secteurs industriel, commercial et institutionnel. » / PHOTO : DENIS BERNIER En dépit des risques de fluctuations cycliques de l’activité dans les quatre grands secteurs de la construction, cette industrie n’en demeure pas moins un moteur important de l’économie. Louis Delagrave rappelle que même en temps de crise, la construction a servi de levier pour contrer un ralentissement économique. Les gouvernements successifs en ont profité pour lancer des programmes incitatifs comme Corvée habitation, Mon taux mon toit, ou encore, en devançant ou en accélérant les investissements publics pour stimuler l’économie. La raison en est simple : ce secteur est facile à stimuler et entraîne des impacts indirects profonds, rapidement et dans tout le Québec. Il y aura toujours des besoins à combler qui nécessiteront des interventions en construction, en rénovation, en réhabilitation et en entretien. Ultimement, de conclure le spécialiste, l’importance de cette industrie se mesure aussi par le rôle vital qu’elle joue dans l’économie en créant des actifs qui favorisent justement la croissance et la création de richesses. 50 ANS ET TOURNÉ VERS L’AVENIR 73