Lalésion responsable de la mal-
adie de Parkinson est une
dégénérescence du locus niger,
situé dans la partie haute du tronc
cérébral, dont les neurones dopa-
minergiques inhibent les neuro-
nes cholinergiques du noyau
caudé et du putamen (ou stria-
tum). Dans la maladie de
Parkinson, l’altération des pre-
miers entraîne une libération
accrue d’acétylcholine par les
seconds. Quand apparaissent les
premiers signes de la maladie, il
existe déjà une baisse de 80% de la
dopamine nigro-striatale. En
réalité, les lésions sont plus diffu-
ses, touchant le locus coeruleus
(rôle dans la régulation de la TA et
de la fréquence cardiaque), le
noyau dorsal du vague (motricité
digestive et vésico-sphinctérien-
ne, salivation), l’hypothalamus
(température, poids), les gan-
glions sympathiques. On peut
donc résumer en disant qu’il y a
trop d’acetylcholine par manque
de dopamine.
La maladie de Parkinson est asso-
ciée à un taux important de trou-
bles mictionnels. 50% des parkin-
soniens auraient des troubles mic-
tionnels et ces troubles urinaires
seraient révélateurs de la maladie
dans 10% des cas. En cystomano-
métrie, il existe une hyperactivité
du détrusor dans plus de 60%
des cas.Il peut donc être parfois
utile de traiter cette hyperactivité
vésicale et on serait tenté de pres-
crire un anticholinergique chez
ces patients.
Cependant, quelques précautions
doivent être prises :
•S’agissant de patients âgés, la
recherche d’une obstruction
sous vésicale,diagnostiquée
par une diminution du débit
mictionnel maximum contras-
tant avec une forte contraction
vésicale, doit inciter à la pru-
dence du fait des risques de
rétention urinaire. De plus,
l’obstruction en elle même
peut être responsable des
signes irritatifs indépendam-
ment de la maladie de
Parkinson. C’est dans cette
situation que la mise en place
d’une prothèse uréthrale pro-
statique permettra de lever
l’obstruction mais risque de
démasquer alors une inconti-
nence par impériosité. L’essai
d’anticholinergiques avec pro-
thèse en place peut alors être
justifié.
•Les effets des anticholiner-
giques sur le système nerveux
central sont nombreux et s’ex-
pliquent par la richesse de
neurones cholinergiques au
niveau du cerveau, particuliè-
rement dans les zones impli-
qués dans la mémoire et la
cognition. Ces effets sont plus
ou moins sévères, et beaucoup
plus fréquents chez les sujets
âgés :(Tableau 1)
•Le risque de syndrome confu-
sionnel provoqué par les anti-
cholinergiques est important
chez le parkinsonien, surtout
s’il s’agit d’un patient âge ou
présentant des troubles
congnitifs, et théoriquement, il
convient de préférer ceux qui
ont moins d’effet central :
Le passage de la barrière
hémato-encéphalique dépend
en grande partie de la liposu-
lubilité de la molécule. A ce
titre, le chlorydrate de
trospium, est une amine qua-
ternaire qui est peu liposoluble
comparé aux amines terciaires
que sont la toltérodine et sur-
tout l’oxybutinine (1). Cela est
conforté par les études cli-
niques. En comparant les effets
électroencéphalographiques
de l’oxybutinine et du chlory-
drate de trospium (Ceris®)
chez des volontaires sains, on
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AVIS D’EXPERT
Maladie de Parkinson et
Anticholinergiques
➢
➢Dr Loïc Le Normand Urologue, CHU Nantes
N°3 Novembre 2005