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La DÉMARCHE et l'APPORT de Ferdinand de SAUSSURE
* *
*
s l'Introduction, le Cours de Linguistique de Ferdinand de Saussure permet de comprendre la portée de sa démarche.
L'objet est de constituer la Linguistique comme science en définissant son objet.
1) 1ère condition : Eliminer le problème philosophique du langage en distinguant la langue et la parole
La démarche de Ferdinand de Saussure commence par la distinction entre la Langue et la Parole : Distinguer la langue (toutes les langues humaines
naturelles) qui est une réalité objective, sans aucun doute un produit social et la parole qui est un acte individuel par lequel un sujet parlant utilise un code
(la langue) pour exprimer sa pensée grâce à un mécanisme psychophysique qui lui permet d'extérioriser les combinaisons de ce code.
Mais, pourquoi cette distinction ? - Il va de soi que ce qu'on appelle habituellement langage, c'est l'acte par lequel le sujet -l'individu-, trouvant à sa
disposition une langue, c'est-à-dire un sysme de signes, utilise ces signes en les combinant pour exprimer sa pensée, et cela grâce à un mécanisme
psychophysique.
De cette définition commune, que résulte-t-il, si l'on ne fait pas la distinction de la langue et de la parole ?
1) D'une part on suppose -et c'est le sens commun- "que le lien qui unit un mot à une chose est une opération toute simple, ce qui, précise immédiatement
Ferdinand de Saussure, est loin d'être vrai".
2) D'autre part, et c'est la position du philosophe : il pose immédiatement un problème qui lui est propre : celui de l'origine ou du fondement : - D'où vient
que l'homme puisse avec des mots exprimer sa pensée et représenter les choses ?
Par cette distinction -condition de la constitution de la linguistique comme science-, l'objectif de Ferdinand de SAUSSURE est de mettre entre parenthèses
le problème philosophique du langage.
Quand j'emploie un mot comme le mot “ table ”, pour désigner telle ou telle table (guéridon, table de salle à manger, table de nuit) il me semble qu'il y a un
lien direct entre le mot, c'est-à-dire le signifiant, et la chose que je désigne par ce mot. Or, quand je réfléchis, je constate qu'il n'y a aucun lien direct entre
le mot “ table ” et l'objet concret qu'il désigne ; à preuve :
Le mot table ne renvoie pas directement à la chose, comme s'il était fait à sa ressemblance mais il est lié à une idée générale et abstraite, ce qu'on
appelle un concept.
Ferdinand de Saussure tranche ici le problème posé par Platon dans le dialogue de Cratyle.
Dans ce dialogue, Platon poursuit l'interrogation qui est au coeur de la réflexion philosophique :
Constatant que l'on ne peut expliquer les idées que nous avons dans la tête (-les concepts-) à partir des images que nous donnent les sens, il pose la
question de savoir d'où viennent ces idées, d'vient que les choses se présentent à nous non pas comme un chaos de sensations, mais bien comme un
monde ” ordonné, structuré ou “ cosmos ” (en grec Cosmos désigne à la fois l'ordre et l'univers).
Le langage est au centre de cette interrogation : n'est-ce pas par l'intermédiaire des mots que les choses ont un “ sens ” (logos) ?
Mais, comment comprendre le rapport des MOTS et des CHOSES ? - Comment expliquer que tel mot désigne une chose, tel autre mot une autre chose ?
C'est la thèse de Cratyle, dont le dialogue porte le nom, qui est discutée : selon ce philosophe -déjà un philologue-, les mots désignent les choses parce
qu'ils ont été créé à leur ressemblance.
Mais, lui objecte Socrate après une longue étude des noms, tout montre qu'il n'en est rien : les noms propres comme les noms communs par lesquels on
désigne les choses semblent bien arbitraires.
Faut-il donc adopter la thèse d'Hermogène, second interlocuteur du dialogue ? - Les mots sont pure convention et ne correspondent à aucune réalité.
Mais alors, lui oppose Socrate, celui qui parle -l'orateur qui, sur l'agora, invoque “ la justice ” pour demander un châtiment ou proposer une loi- ne dit que
des mots et tout dialogue -la communication humaine- est privé de sens : La réalité à laquelle nous avons affaire se réduit à notre expérience sensible,
semblable à un chaos de sensations, au flux héraclitéen.
Le dialogue s'achève par une question de Socrate : Pour que, par l'intermédiaire des mots, les choses aient un sens, ne faut-il pas imaginer qu'ils ont été
créés non pas à la ressemblance des choses, comme le voudrait Cratyle, mais plutôt en conformité, en liaison avec les idées que nous avons des choses ?
Il va de soi que le sujet, c'est-à-dire l'individu, trouvant à sa disposition une langue c'est-à-dire un système de signes, utilise ces signes en les combinant
pour exprimer sa pensée et cela grâce à un mécanisme psycho-physique. Face à cette évidence naturelle, la philosophie pose une question qui lui est
propre qui est celle de l'origine ou du fondement : - D'où vient que l'homme (l'homme en général et non plus l'individu) ait la facul, la possibilité
d'exprimer un sens ?
Ferdinand de SAUSSURE met en oeuvre la démarche qui préside à son époque à la constitution des sciences humaines : mettre entre parenthèses le
problème philosophique de la raison ou des conditions de possibilité de toutes manifestations humaines pour les considérer comme des phénones ou des
faits dont il faut rechercher les lois de fonctionnement et d'évolution.
2)La Sémiologie : Une science des signes
Cet objectif principal de Ferdinand de SAUSSURE, l au grand mouvement de constitution des sciences humaines, explique qu'au terme de cette
Introduction du "Cours de Linguistique", il établit la distinction de la langue et de la parole, le dernier paragraphe (limité à deux pages) s'intitule : "
Place de la langue dans les faits humains : La Sémiologie ".
Venant de montrer que la "langue" doit être étudiée comme un phénomène objectif, en l'occurrence un produit (-Ferdinand de SAUSSURE dit : une
institution-) social, il doit en même temps déterminer sa place parmi les autres faits humains.
encore, dans la démarche de Ferdinand de SAUSSURE, aucune interrogation philosophique sur la nature des faits humains : phénomènes psychiques
ou institutions sociales par exemple.
Partant d'une définition -non problématique- de la langue comme un "système de signes exprimant des idées", la seule question est de savoir ce qui la rend
"comparable" à d'autres faits humains. Et, la réponse est elle-me sans ambiguïté dans l'esprit de Ferdinand de SAUSSURE : L'aspect par lequel elle est
comparable à d'autres faits humains, ce n'est point qu'elle exprime des idées, c'est qu'elle est un système de signes.
Et Ferdinand de SAUSSURE cite "pêle-le" un certain nombre de faits (qu'on appelle depuis lors "sémiologiques") entre lesquels les progrès mêmes de
la science -de la linguistique et de la sémiologie- ont montré qu'il convenait d'établir des distinctions rigoureuses.
- Certains faits : les écritures (alphabétiques, pictographiques et idéographiques) ne méritent-ils pas d'être considérés comme des phénomènes proprement
linguistiques. Et Derrida a légitimement posé la question de la raison de l'exclusion par Ferdinant de SAUSSURE de l'écriture hors du champ de la
linguistique.
-D'autres faits sont des procédés de signalisation substitutifs du langage partel "le langage" des sourds muets ou dérivés de l'écriture idéographique,
telles les enseignes ou certains panneaux du "code" de la route.
A côté de ces exemples, qui ne sont qu'une partie de ce qui constituera l'objet de la recherche sémiologique, Ferdinand de SAUSSURE fait allusion dans
ce même texte aux rites symboliques et aux formes de politesse, et par ailleurs, à la pantomime, aux coutumes, et à la mode, c'est-à-dire aux significations
spécifiques de certains faits sociaux ou esthétiques, qui en toute rigueur, relèvent, suivant l'expression de Prieto, d'une sémiologie de la signification.
Dans la démarche de Ferdinand de SAUSSURE, loin qu'il s'agisse d'étendre la linguistique à l'ensemble des sciences humaines, il s'agit de délimiter, par
rapport à une science générale, (à constituer) de tous les systèmes de signes, l'objet spécifique de la linguistique.
L'extension qu'il donne à cette nouvelle science "la sémiologie" - tant dans les exemples algués que dans la définition qu'il en donne, montre qu'il s'agit
pour lui d'une science qui dépasse largement l'objet de la linguistique au point qu'il faut la concevoir comme "une partie de la psychologie sociale et par
conséquent de la psychologie générale" : ce serait "une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale".
3)La démarche épistémologique
Pourquoi rattacher la langue à une science qui n'existe pas, programmée comme une science générale des systèmes de signes ? - Parce que, répond
Ferdinand de SAUSSURE, c'est la seule méthode pour "étudier la langue en elle-même" alors que "jusqu'ici on l'a presque toujours abordée en fonction
d'autres choses, à d'autres points de vue."
Quels sont ces autres points de vue ? - Par exemple celui du psychologue qui, se proposant d'étudier le mécanisme de la langue chez l'individu, cherche à
expliquer la langue à partir de la parole ; et l'exemple inverse : reconnaissant que la langue est un produit social, "on ne retient de la langue que les traits
qui la rattachent aux autres institutions."
Dans tous les cas, on manque "le caractère essentiel" qui permet de découvrir " la nature véritable de la langue".
Comment découvrir "le caractère essentiel" ? En la rattachant à la sémiologie
Dans le dernier paragraphe de ce chapitre (III) "Place de la langue dans les faits humains. La Sémiologie", Ferdinand de Saussure accomplit le second
mouvement de sa démarche : une fois éliminé le problème philosophique en mettant hors circuit le sujet parlant, encore faut-il que l'on définisse sous quel
aspect objectif se présente le langage ?
La réponse est sans ambiguïté : " On ne peut assigner à la linguistique une place parmi les sciences qu'à condition de la rattacher à la sémiologie ", c'est-à
-dire une science générale des systèmes de signes, qui reste à constituer.
Mais, Saussure fait immédiatement remarquer qu' "on tourne dans un cercle : d'une part rien n'est plus propre que la langue à faire comprendre la nature
du problème sémiologique mais pour poser convenablement le problème, il faut étudier la langue en elle-même."
Autrement dit, si l'on veut aborder la langue comme une réalité objective, il faut la considérer comme un système de signes.
Mais il faut pouvoir étudier la langue pour comprendre ce qu'est un système de signes.
L'objection est imdiate : - Ne risque-t-on pas de la confondre avec les autres systèmes de signes ?
- Comment sortir de ce cercle ?
En rattachant la langue aux autres systèmes de signes, on "attribue" au langage une réalité objective, qui évite sans aucun doute de le confondre avec le
mysre de la parole (objet de la réflexion philosophique), mais on soulève un nouveau problème, auquel vont achopper tous les successeurs de Ferdinand
de Saussure :
Si l'on appelle langage un système de signes quelconques, tout est "langage", mais alors, quelle est la différence "spécifique" entre la linguistique, science
du langage, et la sémiologie, science des systèmes de signes en général ?
On sait comment de cette ambiguïté vont ntre les tentatives de faire de la linguistique la thode de toutes les sciences humaines, et la tentation plus
grave encore de définir tous les faits humains comme des faits de langage. (*)
On ne peut faire porter à Ferdinand de Saussure la responsabilité de l'errance de ses épigones.
A peine a-t-il prescrit que la linguistique doit " d'abord prendre la langue dans ce qu'elle a de commun avec les autres systèmes de signes", qu'il affirme
qu'on ne connaîtra "la nature véritable de la langue" qu'après avoir mis à jour "les traits linguistiques très importants (par exemple : le jeu de l'appareil
vocal) qui servent à distinguer la langue des autres systèmes" .
Loin de se laisser aller à une définition du langage comme système de signes, Ferdinand de Saussure affirme qu'on ne connaît rien de la langue, de sa
nature véritable tant qu'on n'a pas découvert la spécificité du système.
En d'autres termes, après la distinction de la langue et de la parole, le rattachement de la langue aux autres systèmes de signes apparaît comme le
complément d'une me démarche épistémologique : Pour constituer la linguistique comme science -ce qui veut dire : éliminer le problème philosophique
du langage-, une double démarche est nécessaire : en premier lieu : exclure "le fait de parole" qui fait apparaître le langage comme une manifestation du
sujet parlant ; en second lieu : attribuer à la langue une réalité objective, extérieure et antérieure au sujet, donc indépendante de lui : - c'est cette seconde
exigence, méthodologique (-en apparence-), qui oblige à considérer la langue comme un système de signes "parmi" d'autres, quoique "le plus important".
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(*) Exemple :
Roland Barthes fait l'analyse ou la psychanalyse de tous les faits sociaux significatifs (la mode, le catch, etc) ou des faits esthétiques (textes littéraires où il
s'agit de découvrir "le système logique élaboré par l'auteur selon sa propre époque" ).
L'objectif de sa démarche est de mettre en lumière le procès proprement humain par lequel les hommes donne un sens aux choses, la liber qu'ont les
humains de faire signifier les choses : ni homo faber, ni homo cogitans, l'homme (qui est le véritable objet de la recherche de Roland Barthes,) se définit
comme homo significans.
C'est l'inversion complète de la démarche de Ferdinand de Saussure :
La linguistique n'est pas une partie même privigiée de la sémiologie, c'est la sémiologie qui est une partie de la linguistique . ”.
Rien ne permet de critiquer la démarche saussurienne, pas plus qu'on ne peut récuser le caractère méthodique du doute cartésien ; mais une démarche
épistémologique ne doit-elle pas être appréciée à son résultat ? - C'est ainsi qu'on découvre dès la fin de la seconde Méditation cartésienne, que l'artifice
mettant en doute l'existence des choses hors de nous avait pour but -en excluant de la pensée tout ce qui appartient au corps-, de découvrir l'essence de la
pensée comme "res cogitans". (*)
N'est-on pas en droit de se demander, si la démarche épistémologique -chez Ferdinand de Saussure comme chez Descartes- ne recouvre pas une démarche
ou une conviction "métaphysique" (expression employée par Jacques Derrida dans sa critique de Ferdinand de Saussure) : l'idée que le langage, s'il peut
être étudié dans la réali synchronique de la langue : comme système constitdans les langues naturelles, ne saurait être ni compris comme parole (par
le philosophe) ni expliqué diachroniquement par l'anthropologie, l'ethnologie et l'histoire ?
Notre interrogation n'est-elle pas d'autant plus pressante lorsqu'on connaît le résultat de la démarche de Ferdinand de Saussure : n'est-il pas paradoxal
qu'après avoir récusé la confusion du langage avec la parole, Ferdinand de Saussure découvre que le caractère spécifique de la langue, ce qui la distingue
de tous les autres systèmes de signes, c'est d'être une "LANGUE PARLEE" ?
S'il en était ainsi, cela voudrait dire que Ferdinand de Saussure, comme quiconque veut fonder une science, doit s'employer à définir le concept de son
objet, en l'apurant de tout le contexte idéologique du sens commun et de la philosophie :
- Ferdinand de Saussure a ainsi mis sur la bonne voie l'étude scientifique des langues humaines naturelles.
Mais, cela signifierait en même temps que, malgré les espoirs, les illusions et les erreurs qu'il a nourries, il n'est pas question d'attendre de la science, ainsi
fondée, qu'elle fournisse à la philosophie des concepts qu'elle pourrait reprendre à son compte comme argent comptant pour résoudre les problèmes
qu'elle pose.
Réfléchissant sur la linguistique comme science, ne doit-on pas aller plus loin pour comprendre le langage humain ?
En raison des illusions suscitées par la découverte de Ferdinand de Saussure, il nous faut apporter réponse à notre interrogation,
Avant que ne commence la première PARTIE de l'Ouvrage dont le Chapitre sur la Nature du Signe Linguistique est sans doute le plus connu et le plus
exploité, l'Introduction comprend encore, outre la démarche épistémologique (sur laquelle nous nous sommes attardés) une étape de la démarche
saussurienne, dont Jacques Derrida a souligné l'importance : c'est la dénonciation du "Prestige de l'Ecriture", qui est en réalité l'exclusion de l'écriture
de l'objet linguistique conduisant à définir le langage humain comme LANGUE PARLEE.
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(*)
Chez Descartes, comme l'a montré Martial Guéroult, l'on a affaire à une double exclusion - attribution : après avoir exclu de la pensée toutes les images
sensibles en les attribuant au corps pour définir l'essence de la pensée (comme raison), Descartes, dans un mouvement inverse, exclut du corps toutes les
qualités sensibles pour définir le corps comme pure étendue : res extensa. Le résultat de la démarche, c'est bien que le monde sensible (-pierre
d'achoppement de la philosophie parce qu'elle ne peut pas expliquer la genèse-) reste "inexpliqué", "incompréhensible", sinon par la mystérieuse union de
l'âme et du corps garantie par la véraci divine.
Lorsque Ferdinand de Saussure définit la langue comme système de signes, il est naturel de penser aux signes mariels : au graphisme de l'écriture. Quel
n'est pas notre étonnement quand nous lisons :
" Langue et écriture sont deux systèmes distincts ; l'unique raison d'être du second est de représenter le premier. ... Le mot écrit se mêle si intimement au
mot parlé, dont il est l'image, qu'il finit par usurper le rôle principal. ... (Mais) la langue est indépendante de l'écriture. ...
L'objet linguistique n'est pas défini par la combinaison du mot écrit et du mot parlé : Ce dernier (le mot parlé) constitue à lui seul l'objet de la
linguistique. "
S'imaginait-t-on que la réalité objective de la langue - le système de signes qui la constitue - était une réalité "matérielle" : la "trace" des signes graphiques
; Ferdinand de Saussure affirme que le lien entre le son -image auditive- et l'écrit -image visuelle- n'est qu' "une unité purement factice " : "le lien naturel, le
sens véritable est celui du son."
Il s'agit bien d'un présupposé : à l'appui de la thèse, Ferdinand de Saussure n'apporte qu'un seul argument - tout à fait contestable et maintenant contesté,
selon lequel il existe des peuples qui n'ont qu'une tradition orale. Et il s'emploie surtout à démontrer les raisons de l'illusion, du prestige usur de
l'écriture, dont les principales seraient la force des impressions visuelles plus vives que les impressions auditives et l'existence d'une langue et d'une
tradition littéraire.
Il est évident que cette pétition de principe trouve sa raison ailleurs ; on peut citer l'analyse de Jacques Derrida :
" La voix, immédiatement entendue de celui qui l'émet, produit un signifiant qui semble ne pas tomber dans le monde, hors de l'idéalité du signifié, au
moment il atteint le système audiophonique de l'autre ... ; et ainsi l'extériorité du signifiant paraît absolument réduite. ... Le monde reste le dehors de
la voix. ... "
La voix, (signe vocal) et la conscience de voix (image auditive)", c'est-à-dire, ajoute Jacques Derrida, "la conscience tout court comme présence à soi. "
De même, "le colloque est une communication entre deux origines absolues qui, si l'on peut risquer cette formule, s'auto-affectent réciproquement,
répétant en écho immédiat l'auto-affection produite par l'autre."
Autrement dit : le signe vocal entendu imdiatement par celui qui l'émet et recueilli en écho par l'autre, ce n'est rien d'autre, écrit Jacques Derrida, que
"le mythe de la conscience tout court comme présence à soi."
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