
Dieu et César, un couple à repenser ?
Comment penser le retour en force de la foi sur la place publique, voire des institutions religieuses
sur la scène politique ? L’analyse de situations sociales concrètes, contemporaines ou historiques,
permet de saisir l’articulation du religieux et du politique au-delà des passions identitaires et des
emportements idéologiques qui tiennent le haut du pavé.
Les  deux  répertoires  s’imbriquent  souvent,  plutôt  qu’ils  ne  s’opposent  ou  n’entretiennent  des
relations d’extériorité. Ils partagent d’ailleurs une même ambition: celle de porter le bien commun.
Ils mêlent aussi, chacun, l’ordre de l’imaginaire et celui de la raison. Et pourtant le religieux et le
politique  ne  se  confondent  pas.  Ils  obéissent  à  des  logiques  intrinsèques  qui  garantissent  leur
autonomie mutuelle, y compris dans les sociétés dites islamiques, contrairement à l’idée reçue.
Dieu et César agissent souvent comme larrons en foire, une fois qu’on leur a rendu ce qui leur
revient. Pour en rendre compte, il s'agit de proposer un nouveau paradigme des relations entre
religion et politique : celui de la cité cultuelle, qui naît des pratiques rituelles, de plus ou moins forte
intensité religieuse, et parfois sécularisées, autant que des idéologies et des politiques publiques.
Le débat sur la laïcité s’en trouve éclairé d’un jour inédit et apaisant.
Le sacré camouflé
Malgré la sécularisation de nos sociétés contemporaines, le fond archaïque symbolique de l’être
humain n’a pas disparu. Ces traces du sentiment religieux se retrouvent aujourd’hui camouflées
dans nos pratiques quotidiennes.
Le symbolique est un des ressorts cachés du pouvoir.
Le désengagement des pratiques symboliques, comme celle des rites de la démocratie démobilise
l’élan  collectif  qui  cherche  alors  d’autres  voies  d’expression,  tels  le  communautarisme,  le
phénomène des bandes, la tribalisation, le repli identitaire.
Les intégrismes et fondamentalismes religieux
Les  notions  d’« intégrisme»  ou  de  «fondamentalisme »  renvoient  aujourd’hui  à  un  religieux
communautaire qui peine à composer avec les différends et les différences au sein de la société.
Notre  réflexion  portera  sur  un  opérateur  critique  de  la  religion:  la  culture.  Celle-ci  introduit
d’emblée  au  sein  d’une  communauté  religieuse  un  différentiel,  relatif  aux  variations  entre  les
groupes qui la composent ou à son histoire, les façons de faire ayant varié au cours du temps. On
retrouve alors, de façon embryonnaire, l’opération comparative et relativisante que l’anthropologie
exerce sur les groupes humains et l’historiographie sur la durée. Il n’est dès lors pas étonnant que
l’intégrisme ou le fondamentalisme tentent de neutraliser cette dimension critique en soustrayant
le religieux à la culture.
Section Sciences morales et politiques
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