Dr. Denis Krause Presidente Sociedad Francesa de Radiología Profesor de Radiología Jefe de Servicio de Imagen Médica y Terapéutica Centro Hospitalario Universitario Dijon, Francia Infiltración de los forámenes raquídeos cervicales y lumbares guiadas por Tomografía Conputada: Experiencia de 15 años Les infiltrations cervicales sous scanner. Risque ou absence de risque? Expérience de 15 ans Introduction La névralgie cervico-brachiale chez l’individu plutôt jeune est essentiellement liée à une hernie cervicale (fragment mou qui va comprimer la racine dès l’entrée ou la partie moyenne du foramen cervical). La douleur est liée, comme à l’étage lombaire, au processus mécanique lié à la migration d’un petit fragment de disque mais aussi aux réactions locales inflammatoires qui sont en rapport des phénomènes de libération d’enzymes, de pro-enzymes et de facteurs pro-inflammatoires. Concernant la névralgie cervico-brachiale, la douleur est très souvent nocturne, difficile à supporter, beaucoup plus intense qu’une douleur de sciatique. Après un traitement médical bien conduit de 3 à 4 semaines en règle générale, il y a une indication pour une injection locale de corticostéroïde. Pour être très efficaces, cette injection doit se faire très proche de la racine ou plutôt du conflit disque –racine et en l’occurrence au contact du ganglion cervical incriminé. La majeure partie des voies d’abord consiste en une approche foraminale à son extrémité distale mais d’autres abords existent tels que l’abord transfacettaire en injectant le corticostéroïde dans l’espace synovial. Enfin, certains auteurs préconisent un abord interlamaire par voie postérieure stricte. De nombreuses publications ont rapporté des complications extrêmement sévères liées aux injections de corticoïdes à l’étage cervical. Ces complications comprennent des infarctus médullaires et éventuellement des infarctus au niveau de la fosse postérieure responsables d’un tableau clinique gravissime tel une paraplégie, une tétraplégie ou même le décès. En 2011, les complications neurologiques graves étaient de 14 en France et d’environ une soixantaine dans le monde entier. Le but de cette conférence est de démontrer sous scanner les conditions de sécurité absolue lors de l’instillation, de la mise en place de corticostéroïdes. En effet, la majorité des accidents est liée à des causes vasculaires par mise en place de corticoïdes au sein d’une artériole et/ou d’une artère plus volumineuse telle une artère vertébrale. Seront donc rappelés les principaux aspects observés en radio-anatomie à propos du foramen, de son contenu et également de l’importance des structures vasculaires. En effet, une petite artère radiculo-médullaire peut être ponctionnée de façon accidentelle et en cas de mise en place de corticoïdes, peut se produire une thrombose. Si en l’occurrence une branche à destinée médullaire est thrombosée, l’accident neurologique très grave est quasiment inévitable. D’autre part, les études radio-anatomiques ont démontré la présence de très importantes veines en foraminal, également en intracanalaire de part et d’autre de la moelle. Ces plexus veineux, beaucoup plus importants qu’à l’étage lombaire, communiquent également avec des veines au niveau périrachidien dans les muscles du cou comme dans les parties molles au contact du rachis cervical. Technique d’infiltration cervicale Le patient est installé en décubitus, une légère traction est exercée sur ses poignets. La procédure consiste à bien repérer, sous scanner, l’étage concerné, retenu, en grande majorité C5 – C6 et C6 – C7 (80% des cas). Certaines infiltrations peuvent concerner C4 – C5 et/ou C7-T1. Les coupes de repérage permettent de tracer une balistique entre la peau du patient en situation latérale en évitant bien entendu la veine jugulaire externe et les vaisseaux plus profonds du cou c’est-à-dire l’artère carotide et la jugulaire interne. Le marquage cutané est réalisé, puis une anesthésie locorégionale est faite au niveau des parties molles. Secondairement, une aiguille de 22 G est utilisée et qui va, en quelque sorte, « viser », atteindre le processus zygapophysaire. Le but est de pouvoir placer le biseau de l’aiguille immédiatement au contact, devant ce processus zygapophysaire toujours en arrière du ganglion et la règle est donc de contrôler la position de l’aiguille avec du contraste. En effet, l’injection de contraste va permettre de réaliser un certain nombre d’aspects morphologiques que nous allons décrire au cours de ce cours. Il est fondamental de démontrer que nous n’atteignons pas de structure vasculaire ni artériolaire ni veineuse. Il faut savoir que la contamination peut être mixte, elle peut être satisfaisante mais avec injection en quelque sorte de veines ce qu’il faut impérativement éviter. Seront donc décrits les aspects normaux, après mise en place de contraste, avec un aspect en motte, un aspect en pattes de crabe ou un aspect très particulier, autour du ganglion, de même un reflux peut être observé le long de l’aiguille. Enfin, cette injection de contraste de 1,5 ou 2 ml peut parfaitement mouler la capsule synoviale ce qui est une condition supplémentaire de sécurité. Après vérification des aspects strictement normaux observés sur console avec étude d’au minimum 6 coupes réalisées tous les 1,2 mm, il est alors autorisé et seulement à ce moment de mettre en place 2 ampoules de corticoïde retard. En France, nous utilisons l’Altim depuis des années. Ce corticoïde va littéralement mouler toute la région autour du ganglion et quelquefois même passer par le foramen en situation intracanalaire. Ce mode de réalisation technique est extrêmement sécurisant pour le radiologue interventionnel mais aussi et surtout pour le patient qui doit bien sûr garder l’immobilité. Ce geste est en fait relativement rapide ; installation et positionnement du patient ne nécessitant guère plus de 10 minutes. Nous insistons, bien sûr, sur le fait qu’il ne faut pas mettre d’anesthésie locorégionale en profondeur au niveau du foramen car les risques de spasmes vasculaires sont trop importants. Il faut enfin savoir que, sur le plan clinique, les résultats sont particulièrement satisfaisants. En effet, un fragment discal à l’étage cervical est de très petite taille et il est parfaitement habituel d’avoir une régression de la radiculalgie, de la névralgie dans les jours qui suivent. On peut considérer que le taux de bons résultats sur la douleur varie entre 75 et 85%. Actuellement, il y a très peu de patients opérés pour échec mais dans notre pratique, d’environ 70 à 80 infiltrations cervicales par année, le taux d’échecs opérés est inférieur à 5%. En conclusion L’injection de corticostéroïdes pour névralgie cervico-brachiale après traitement médical bien conduit (anti-inflammatoires ou Cortisone par voie orale) est parfaitement justifiée après 3 à 4 semaines en cas d’échec du traitement médical. Le geste est réalisé de façon systématique en conditions ambulatoires. Il est fondamental de réaliser une injection de contraste préalablement à l’infiltration par corticostéroïdes pour non seulement connaître les aspects normaux et habituels qui sont en fait représentatifs de l’espace de diffusion, mais aussi et surtout pour identifier une éventuelle cause de diffusion vasculaire qui pourrait être grave, potentiellement. L’expérience, les habitudes de l’équipe font que ce geste est très aisé, en routine quotidienne et est extrêmement rassurant pour le patient et surtout efficace.