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Neurologies - Mai 2003 - Vol. 6
PRATIQUE
Si les aires du langage de manière
générale ont d’abord été proposées, il
semblerait, au vu des dernières
recherches, que le gyrus angulaire
gauche semble l’élément crucial pour
la prise en charge du code verbal des
nombres. Seul l’hémisphère gauche
serait donc capable
de reconnaître, de
traiter et de pro-
duire des numéraux
verbaux. En outre,
les faits arithmé-
tiques seraient enco-
dés sous la forme
d’associations ver-
bales et leur récu-
pération implique-
raient donc un
circuit cortico-sous-
cortical couvrant
les aires du langage,
le thalamus et les
noyaux gris centraux.
■
Traitement des nombres
arabes
Il implique quant à lui les aires occi-
pito-temporales inféro-médianes dans
l’hémisphère gauche et dans l’hémi-
sphère droit (en vert sur la figure 3).
■
Représentation analogique
des quantités et manipulations
associées
Le traitement de la représentation ana-
logique des quantités et les manipulations
associées impliquent des aires parié-
tales gauches et droites. Plus précisé-
ment, le sillon intrapariétal est associé
dans ce modèle à la représentation
analogique (en bleu sur la figure 3).
■
Arithmétique et résolution
des problèmes
Enfin, l’arithmétique plus complexe
et la résolution des problèmes feraient
intervenir, selon les modalités de pré-
sentation, différents composants de la
mémoire de travail et des mécanismes
de planification de contrôle localisés dans
les aires préfrontales.
■
Interrelations entre ces
différentes fonctions
Les différentes représentations com-
muniquent entre elles grâce à des méca-
nismes de “traduction” appropriés. Dans
l’hémisphère gauche (HG), les trois
types de représentations communi-
quent, alors que, dans
l’hémisphère droit
(HD), seules les repré-
sentations arabes et
analogiques coexis-
tent et peuvent donc
être associées. Les
communications
entre les représen-
tations de même type
présentes dans les
deux hémisphères
(représentation
visuelle arabe dans
l’HG et l’HD et repré-
sentation analogique
dans l’HG et l’HD) se feraient via le
corps calleux.
■
Cooccurrence des troubles
Outre l’avantage de ce modèle à prévoir
des corrélations anatomo-cliniques, il
permet également de raisonner en
termes de cooccurrence de troubles.
Ainsi, dans le cas d’une aphasie, liée à
une lésion des aires du langage de l’HG,
on rencontrera très probablement des
troubles isolés de la multiplication, les
autres fonctions numériques étant peu,
voire pas du tout touchées (7).
LE SYNDROME
DE GERSTMANN
La cooccurrence de l’acalculie avec
d’autres troubles nous amène à envi-
sager brièvement le syndrome de Gerst-
mann. Ce syndrome, décrit dès 1924,
correspond à une tétrade de symp-
tômes incluant : une acalculie, une
agraphie, une agnosie digitale et une
indistinction gauche/droite.
Si ce syndrome a été fortement décrié,
principalement durant les années 60
et 70, il revient aujourd’hui au devant
de la scène. La critique est principale-
ment liée au caractère syndromique de
la tétrade. En effet, les quatre symptômes
apparaissent rarement conjointement
et, pris isolément, sont aussi souvent
associés à des symptômes hors de la
tétrade (comme l’apraxie constructive
par exemple) qu’avec les symptômes
constituant la tétrade. Les essais d’ex-
plication des quatre symptômes par
un facteur psychologique commun
(gestion de l’espace par exemple) ont
assez largement échoué.
Aujourd’hui, ce syndrome est pris en
compte car, malgré son inconsistance
et notre incapacité à trouver un facteur
commun à ces différentes tâches, il
révèle une capacité localisatrice impor-
tante. En effet, bien que des syndromes
de Gerstmann aient été décrits suite à
de nombreuses localisations différentes
dans l’hémisphère gauche (lésions
pariétales, occipitales, temporales,
frontales postérieures, thalamiques),
la localisation pariétale semble pré-
dominer tant en regard des données chez
l’adulte que pour les études de syn-
drome de Gerstmann développemen-
tal.
Dans l’option d’une description com-
plète d’un patient acalculique, il sera
intéressant au vu de ces données, d’in-
clure la recherche du syndrome de
Gerstmann dans l’examen du calcul.
L’ EXAMEN DU CALCUL :
RETOUR AUX TÂCHES
Si nous reprenons les différents points
d’investigation évoqués plus haut, nous
pouvons partager un examen du calcul
en 4 portions distinctes.
11--Tout d’abord, et assez logiquement,
la demande sera faite au patient de lire
et d’écrire sous dictée quelques chiffres
et nombres. La performance du patient
s’étudiera de manière quantitative
comme de manière qualitative en envi-
sageant les différentes erreurs éven-
tuellement produites.
Dans l’examen des
opérations mentales
simples,
les soustractions et
les multiplications
renseigneront sur
les codes préservés
ou atteints.