Introduction
On s’accorde à penser que le champ magnétique terrestre d’origine interne est produit par une
dynamo magnétohydrodynamique. Le noyau externe est constitué d’un alliage métallique en fusion
(Fe et Ni) animé de mouvements de convection rapides (∼km.an−1), turbulents et organisés par les
forces de Coriolis et de Laplace. Ce liquide conducteur en mouvement et le champ magnétique associé
forment un système magnétohydrodynamique : ils sont complètement couplés par l’intermédiaire de
l’induction (production d’un champ magnétique par le mouvement d’un conducteur en présence d’un
champ magnétique) et de la force de Laplace. La présence de ce système nous est révélée par la
composante externe (globalement dipolaire et instationnaire) du champ magnétique auto-induit.
Ce schéma global d’explication est aujourd’hui admis par la communauté scientifique, néanmoins
les mécanismes en jeu restent mystérieux et les modèles actuels de dynamo terrestre ne reproduisent
que partiellement la géométrie et la dynamique du champ terrestre. L’effet dynamo est à l’oeuvre sous
d’autres formes dans de nombreux autres objets célestes : satellites des géantes gazeuses, planètes,
étoiles (dont le soleil) et galaxies.
Malheureusement, son étude en laboratoire est difficile, et ce n’est que très récemment que des
expérimentateurs ont réussi à mettre en oeuvre des systèmes dynamos, d’abord très contraints (mouve-
ments solides et courants contraints) puis un peu moins (courants non-contraints ou mêmes dynamos
fluides à mouvements contraints, comme celles de Riga et de Karlsruhe). Néanmoins, malgré tous les
efforts entrepris (par exemple dans l’expérience dynamo VKS), on n’arrive pas à créer une dynamo
fluide complètement non-contrainte.
Le rôle des fluctuations de vitesse sur l’effet dynamo est peut-être plus important qu’on ne l’a
cru et on doit s’y intéresser de manière plus approfondie. Le but de ce stage était de se doter d’un
outil d’étude des phénomènes liés à l’aspect fluide des dynamos (rôle des fluctuations de vitesse et
saturation fluide). Nous avons pour cela mis en oeuvre une dynamo fluide à mouvement complètement
non-contraint et turbulent. Nous l’appellerons dynamo de Bullard-Von Kármán gallium.
Une première partie présente la théorie de la magnétohydrodynamique et l’effet dynamo fluide.
L’expérience est décrite dans la seconde partie et les résultats sont présentés, analysés et interprétés
dans la troisième et dernière partie. Deux annexes closent ce rapport, la première sur une étude ex-
périmentale des mesures de potentiel en mhd et la seconde sur un modèle très simple du phénomène
observé.