L3 - 2016/2017 - TD5 Mercredi 12 octobre Mathématiques discrètes
Relations d’ordre
Monoïdes libres.
Soit Σun alphabet fini.
Exercice 1.
Soient uet vdeux mots de Σ. Démontrer par récurrence sur |u|+|v|que uv =vu ⇒ ∃w| {u, v} ⊂ w.
Si |u|= 0, on pose w=v. Sinon, supposons par exemple que uest un préfixe de v; alors v=ut
et uut =uv =vu =utu donc ut =tu avec |u|+|t|<|u|+|v|, donc par hypothèse, w| {u, t} ⊂ w.
Comme v=ut,vw.
Exercice 2.
Soient met ndes entiers naturels >0. Résoudre dans Σl’équation um=vn.
On pose w=um=vn.
Supposons |u|et |v|premiers entre eux. On peut supposer |v|>|u|. Il existe une relation de Bezout
1 = a|v| − b|u|avec aet bentiers naturels, a < |u|et b < |v|. Alors soit s=|w|=m|u|=n|v|, avec
mmultiple de |v|et nmultiple de |u|. Alors pour tous ientre 1et s, si wi=wi+k|u|=wi+l|v|tant
que 1i+k|u| ≤ set 1i+l|v| ≤ s. Pour i≤ |v|,i+a|v| ≤ (a+ 1)|v|≤|u||v| ≤ m|u|=s
wi=w1+a|v|=w1+a|v|−b|u|=wi+1. Ceci démontre que vdonc wdonc us’écrit sur une seule lettre.
Le cas général s’en déduit en considérant l’alphabet Σddest le pgcd de |u|et |v|.
Exercice 3.
Soit Σun alphabet fini. Deux mots uet vde Σsont dits conjugués s’il existe deux mots xet ytels
que u=xy et v=yx. Démontrer que les mots uet vsont conjugués si et seulement si il existe un mot
ztel que uz =zv.
Supposons qu’il existe un mot ztel que uz =zv. Si |z|≤|u|, il existe wtel que u=zw. Donc
uz =zwz =zv et wz =v. Sinon, |z| ≥ |u|, il existe wtel que uw =z. Alors zv =uwv =uz donc
wv =z; ainsi uw =wv avec |w|<|z|, on conclut par récurrence.
Réciproquement, s’il existe deux mots xet ytels que u=xy et v=yx,ux =xyx =xv.
Exercice 4.
Si Mest un monoïde et K, L deux parties de M, on note L1K={xM;yL|yx K}.
1. Soit Lun sous-monoïde de Σ. Démontrer que Lest un monoïde libre si et seulement si L1L
LL1=L.
Supposons que Lest libre de base B. Soit mL1LLL1; il existe pet qdans Ltels que
pm Let mq L. En décomposant pet pm sur la base B, on obtient que mL.
Réciproquement, supposons que L1LLL1=L. Soit Bla partie génératrice minimale de L(les
éléments de Lqui ne sont pas des produits de deux éléments distincts de 1. Soient u1...um=v1...vn
avec les uiet vjdans B. Posons par exemple dans Σ,um=wvn, alors u1...um1w=v1...vn1,
donc wL1LLL1=L. Par minimalité des éléments de Bdans L,w= 1. On conclut par
récurrence.
2. Soit Lun sous-monoïde de Σ. On définit par récuurence : M0=L,Mn+1 =Mn1MnMnMn1.
Démontrer qu’on définit ainsi une suite croissante de monoïdes et que NMnest le plus petit
sous-monoïde libre contenant L.
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On remarque que pour tout monoïde M,MM1MMM1(uM, 1uMet u1M)
donc la suite (Mn)nest bien une suite croissante et donc M=NMnest un monoïde.
Démontrons que M1MM M 1M: soit uΣtel qu’il existe vet wdans Mtels que vu M
et uw M.M=NMn, donc il existe des entiers let mtels que vMlet wMm. Pour
n= max(l, m),vet wsont dans Mk, donc uMn1MnMnMn1=Mn+1 M.
Enfin, si NPest une inclusion de sous-monoïdes, avec Plibre, on a : N1NN N 1
P1PP P 1=P, donc si Pcontient L, il contient tous les Mnet donc M.
Monoïdes finis.
Exercice 5.
Un monoïde fini est le quotient d’un monoïde libre. Soit Σun alphabet en bijection avec M(par une
application φ). Alors le morphisme de monoïdes ˆ
φqui prolonge φest surjectif.
Σφ
M
& % ˆ
φ
Σ
Exercice 6.
Soit Mun monoïde fini et soit xM.
1. Démontrer qu’il existe deux entiers naturels met navec m<net xm=xn.Principe des tiroirs.
2. On choisit alors lminimal parmi les entiers ntels qu’il existe m<nvérifiant xm=xn.
(a) Démontrer que 1, x, ..., xl1sont des éléments distincts. Supposons xh=xkpour h<k<l
alors ln’est pas minimal.
(b) Démontrer que le monoïde <x>est de cardinal l.Soit k < l tel que xl=xkSi il,
xi=xk+ildonc par récurrence sur i,xi∈ {1, ..., xl1}. Donc < x >={1, ..., xl1}est de
cardinal l.
(c) Soit k < l tel que xk=xl. Soit rl’unique entier compris entre ket l1divisible par lk.
Démontrer que {xk, ..., xl1}est un groupe cyclique d’ordre lkd’élément neutre xr.
Pour in, soit jle reste positif et qle quotient, de la division euclidienne de ipar lk.
Alors xi=xk+q(lk)+j== xk+j. Donc {xk, ..., xl1}est multiplicativement stable et xrest
élément neutre. de plus xi.x(q+1)(lk)i=x(q+1)(lk)=xr, donc {xk, ..., xl1}est un groupe.
(d) Démontrer que xadmet une puissance qui est un idempotent(i.e. un élément ytel que y2=y).
Y-en a-t’il plusieurs ? Avec les notations précédentes, xrest idempotent. Soit stel que xsest
idempotent. Alors x2s=xsdonc 2sl. Donc xs=x2s=x3s=· · · =xrs =· · · =xr.
Monoide syntaxique et Langages sans étoile
Exercice 7 - Définition du monoïde syntaxique :.
Soit LΣun langage. Il définit une relation d’équivalence sur Σ:
wLw0⇔ ∀u, v Σ, uwv Luw0vL.
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Justifier que Lest une congruence sur Σ.
Soient w, w0tels que wLw0. Soient s, t Σ.u, v Σ, u(swt)v= (us)w(tv)donc u(swt)v
L(us)w0(tv)L. Comme (us)w0(tv) = u(sw0t)v, on a u(sw0t)vL. Par symétrie, u(swt)vL
u(sw0t)v, donc swt Lsw0t.On définit alors le monoïde syntaxique MLcomme le quotient Σ|L
Exercice 8 - Langage reconnu par un monoïde :.
Soit LΣun langage. Soit Mun monoïde. On dit que le langage Lest reconnu par Ms’il existe
un morphisme de monoïdes ϕde Σdans Met une partie Xde Mtels que L=ϕ1(X).
1. Démontrer qu’un langage reconnu par un monoïde fini est rationnel.
Soit Lest reconnu par Mà l’aide du morphisme de monoïdes ϕde Σdans Met une partie X
de Mtels que L=ϕ1(X). Alors Lest le langage reconnu par l’automate dont les états sont les
etiquetés par les éléments de M, l’at initial est 1. les états finals sont ceux de Xet les transitions
sont
mM, aΣ, m a
(a)
2. Démontrer qu’un langage Lest reconnu par son monoïde syntaxique.
Soit ϕla surjection canonique de Σsur Σ|L. Alors L=ϕ1(ϕ(L)).
3. Démontrer qu’un langage Lest reconnu par un monoïde Msi et seulement si MLest isomorphe à
un quotient d’un sous-monoïde de M.
Soit Lest reconnu par Mà l’aide du morphisme de monoïdes ϕde Σdans Met une partie Xde
Mtels que L=ϕ1(X). Soient w, w0dans Σ. Si ϕ(w) = ϕ(w0),alors, u, v Σ,uwv L
ϕ(uwv)Xϕ(u)ϕ(w)ϕ(u)(v)Xdonc uwv Lϕ(uw0v) = ϕ(u)ϕ(w0)ϕ(u)(v)Xet donc
uwv Luw0vL. On a montré : ϕ(w) = ϕ(w0)wLw0.
4. En déduire une caractérisation des langages rationnels portant sur leurs monoïdes syntaxiques.
Un langage est rationnel si et seulement si son monoïde syntaxique est fini.
Exercice 9 - Langages sans étoile.
Soit Σun alphabet fini. La famille des langages sans étoile est la plus petite famille contenant le
langage vide, les singletons et stable par union, passage au complémentaire et concaténation. .
1. Démontrer que l’intersection de deux langages sans étoile est sans étoile
LL0= Σ\\LΣ\L).
2. Démontrer que Σest sans étoile. Σest le complémentaire du langage vide.
3. Soient a, b Σdistincts. Démontrer que (ab)est sans étoile.
(ab)= (aΣΣb)\a2ΣΣb2Σ).
On dit qu’un monoïde fini est apériodique si le seul groupe qu’il contient est le groupe trivial {1}.
4. Soit Mun monoïde fini. Démontrer l’équivalence des assertions:
(a) Le monoïde Mest apériodique.
(b) Pour tout mdans M, il existe un entier naturel non nul ntel que mn+1 =mn,
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(c) Il existe un entier naturel non nul ntel que pour tout mdans M,mn+1 =mn.
(a)(b): il existe mdans Mtel que, pour tout entier naturel non nul n,mn+1 6=mn. Par le
principe des tiroirs, il existe des entiers 0< k < l tels que mk=ml. On choisit pour lle plus petit
entier tel qu’il existe un entier l > k et mk=ml. On prend alors kle plus petit possible et on pose
p=lk. Alors m, m2, ..., ml1sont des éléments tous distincts et {mk, ..., ml1}est un groupe
d’ordre p(d’élément neutre mr,rétant le multiple de pentre ket l1 = k+p1). L’hypothèse
assure que p2.
(b)(c): on prend le maximun sur les éléments de M.
(c)(a): S’il existe un entier naturel non nul ntel que, pour tout mdans M,mn+1 =mn, le
seul élément inversible de Mest 1donc Mest apériodique.
5. Soit Lun langage rationnel et soit MLson monoïde syntaxique. Par définition du monoïde syn-
taxique, on déduit de la question précédente que MLest apériodique si et seulement si, pour tout
mot u, il existe un entier naturel non nul ntel que pour tous mots v, w,vunwLvun+1wL.
dans ce cas, on appelle indice de Let on note i(L)le plus petit entier naturel non nul ntel que
pour tous mots v, w,vunwLvun+1wL.
(a) Démontrer les propriétés suivantes:
i. i({a})=1,
ii. i(LL0)max(i(L), i(L0)),
iii. i(LL0)i(L) + i(L0)+1,
iv. i\L) = i(L).
(b) En déduire que le monoïde syntaxique d’un langage sans étoile est apériodique.
6. Soit Mun monoïde fini apériodique. Démontrer les propriétés suivantes:
(a) Règles de simplification : Pour tous k, l, m dans M,
m=kml m=km =ml.
m=kml donc m=knmln; si nvérifie kn+1 =knet ln+1 =ln, on a m=km =ml.
(b) 1est le seul élément inversible à droite ou à gauche.
Soit minversible à droite d’inverse l.1 = ml = 1ml m=ml = 1.
(c) mM, (mM Mm)\ {kM|m /MkM}={m}.
Soit p(mM Mm)\ {kM|m /MkM}. Soient ket ldans Mtels que p=km =ml.
Comme p /∈ {kM|m /MkM},mMpM, donc il existe ret sdans M m =rps.
Ainsi, m=rps =r(ml)s=mls par simplification donc m=ps ;p=km =kps =ps par
simplification donc p=m.
L’inclusion inverse est évidente.
7. Soit Mun monoïde fini apériodique. Soit mM. On définit ρ(m) = |MmM |.
(a) Démontrer que le seul mtel que ρ(m) = |M|est m= 1.
ρ(m) = |M|si et seulement si M mM =Msi et seulement si 1M mM. Or 1MmM
implique 1 = mpar simplification.
(b) Si met nvérifient : mnM et n /mM, alors ρ(n)> ρ(m).
Comme mnM,MmM MnM. Si nMmM, alors il existe pet qtels que n=pmq ;
soit ktel que m=nk. Alors n=pnkq, par simplification n=nkq =mq mM. On obtient
une contradiction. L’inclusion MmM MnM est stricte.
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(c) Si met nvérifient : il existe a, b dans Mtels que mManM MnbM et m /ManbM, alors
ρ(n)> ρ(m).
De même, on écrit : m=panq =rnbs et n=umv (par l’absurde). Alors par simplification,
n=urnbs =nbs et m=panbsq MambM, ce qui est une contradiction.
8. Soit µun morphisme de Σdans un monoïde apériodique fini M. Soit mM. On pose :
U=[
(a, n)Σ×N
(a)M=mM
n /mM
µ1(n)a V =[
(a, n)Σ×N
Mµ(a)n=Mm
n /Mm
1(n)
W={aΣ|m /MaM} ∪ [
(a, b, n)Σ×Σ×N
mMµ(a)nM M(b)M
m /Mµ(a)(b)M
1(n)b.
(a) Soit mMtel que m6= 1. Soit xΣtel que µ(x)mM. Démontrer que xse factorise
sous la forme uay, avec µ(u)/mM, µ(ua)mM. On pose n=µ(u). Etablir une réciproque
Comme 1/mM (par simplification), on prend pour ule plus grand préfixe de mtel que
µ(u)/mM. Comme mmM, c’est un préfixe strict.
La réciproque est évidente : Si xadmet une telle factorisation, alors µ(x) = µ(ua)µ(v)mM .
(b) On démontre de la même façon que xΣest tel que µ(x)M m si et seulement si il se fac-
torise sous la forme u0a0v0avec µ(v0)/Mm et µ(a0v0)Mm . Démontrer que m /Mµ(x)M
si et seulement si x /ΣWΣ.
Soit xtel que m /Mµ(x)M. Soit yle plus petit facteur de xtel que mMµ(y)M.
Soit yest une lettre aet x=uav avec m /M µ(a)M, soit yse factorise azb avec m
Mµ(a)µ(z)MMµ(z)µ(b)M.
(c) Conclure par récurrence sur ρ(M).
On vient de montrer avec les notations précédentes que µ1(m) = UΣΣV\WΣ).
La question 7 ci dessus montre qu’on peut appliquer l’hypothèse de récurrence à chacun des
langages.
Exercice 10 - Groupes libres.
Soit Σun alphabet fini. On note ¯
Σune copie de Σ;¯
Σ = {¯a|aΣ}. Pour chaque lettre aΣ, on
note ¯
¯a=a. L’application (x¯xainsi définit une involution de Σt¯
Σqui échange Σet ¯
Σ.
On note Lle monoïde libre sur l’alphabet Σt¯
Σ.
On appelle opération élémentaire sur un mot w=u1u2...up, uiΣt¯
Σ:
Une insertion :u1u2..uiu¯u ui+1...uppour un ientre 0et pet uΣt¯
Σ.
Une suppression :u1u2..ui1ui+2...uppour un ientre 1et p1tel que ui+1 = ¯ui.
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