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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005
qu’au cours d’un interrogatoire pour troubles de
l’érection. Enfin, certains hommes s’accommo-
dent très bien de cette situation, mais ce sont les
partenaires qui les incitent à consulter.
✓La dysfonction érectile (DE) se manifeste soit
par une difficulté à obtenir une érection, soit par
une difficulté à la maintenir. Dans d’autres cas,
c’est la qualité même de l’érection qui est en cause
(défaut de fermeté). La DE est très souvent multi-
factorielle et se situe au carrefour de pathologies
diverses : troubles vasculaires (artériosclérose,
HTA), métaboliques (diabète), neurologiques
(neuropathies périphériques), hormonaux, iatro-
gènes (rôle des antihypertenseurs, des hypolipé-
miants, des antidépresseurs, des neuroleptiques,
etc.) et psychologiques. Le DALA ne représente
qu’une cause parmi d’autres. L’interrogatoire
recherchera les signes d’une baisse de la libido.
L’un des signes orientant vers une hypoandrogé-
nie est la disparition ou la raréfaction des érec-
tions nocturnes automatiques.
✓Le retard à l’éjaculation est également un
signe fréquent de DALA. Au maximum, certains
patients rapportent une absence d’éjaculation.
L’éjaculation est perturbée qualitativement et
quantitativement : diminution des sensations
contractiles rythmiques participant à l’obtention
de l’orgasme, et diminution du volume éjacula-
toire avec modification de la consistance du
sperme.
Modifications du comportement
Le sujet hypogonadique exprime souvent une
asthénie physique et psychique, un manque
d’entrain, une difficulté à se concentrer, un désin-
térêt pour le monde qui l’entoure pouvant
conduire à un état dépressif vrai. Sont également
rapportés des troubles de la mémoire, une
insomnie, une irritabilité, etc.
Modifications physiques
Le schéma corporel de l’homme hypogonadique
change. On observe une diminution de la masse
musculaire, une augmentation de la masse grais-
seuse avec localisation abdominale, une gyné-
comastie, une diminution de la pilosité. Le patient
se plaint également de bouffées de chaleur, de
palpitations. Enfin, une déminéralisation osseuse
peut être objectivée par l’ostéodensitométrie.
Tous ces symptômes ne sont pas pathognomo-
niques du DALA. Le diagnostic ne peut être porté
que sur l’objectivation biologique du DALA,
c’est-à-dire sur une testostéronémie basse. Le
dosage doit être pratiqué le matin. On dosera la
testostérone totale. En l’absence d’anomalies
de ce taux chez un sujet symptomatique, on
dosera la testostérone biodisponible et la LH.
Certains laboratoires expriment leurs résultats
en fonction de l’âge. Cela n’a aucun sens, puis-
qu’on considère qu’il y a hypoandrogénie en
dessous des seuils suivants, quel que soit l’âge
du sujet :
– testostérone totale inférieure à 3 ng/ml ou à
10,4 nmol/l ;
– testostérone biodisponible inférieure à 0,7 ng/ml
ou à 2,45 nmol/l ;
– un taux de LH supérieure à 10 UI/l est consi-
déré comme élevé.
Une fois le diagnostic de DALA confirmé, et bien
que les bénéfices des traitements hormonaux
substitutifs aient fait l’objet de nombreuses
publications, il convient avant de les prescrire de
s’assurer de deux points essentiels :
– que le patient ne présente pas de contre-indi-
cation à ces traitements (cancer de la prostate
évolutif ou antécédents, cancer du sein, poly-
globulie, insuffisance cardiaque sévère, etc.) ;
– que le patient désire que l’on améliore son état.
La question importante à poser à son patient est :
“Avez-vous envie d’avoir envie ?” Certains
hommes porteurs de symptômes évocateurs de
DALA consultent “pour savoir”. Ils assument par-
faitement leur état, de même que leur partenaire,
et ne sont désireux ni l’un, ni l’autre de traiter le
DALA. L’abstention thérapeutique s’impose
alors. De même, il faut être très circonspect sur
l’intérêt d’une prescription hormonale unique-
ment motivée par le souhait de la partenaire
sexuelle. L’avis préalable du sexologue ou du
psychologue peut nous éclairer.
Finalement, le DALA est fréquent mais pas uni-
versel. Par ailleurs, il est perçu très différemment
d’un sujet à l’autre. Sa gestion nécessite un bilan
biologique sérieux et une évaluation des risques
du traitement substitutif. Cependant, les traite-
ments disponibles, par leur efficacité, leur bonne
tolérance et la rareté de leurs complications
(sous réserve d’une surveillance précise et régu-
lière) permettent d’obtenir une amélioration sen-
sible de la qualité de vie des sujets hypoandro-
géniques. ■
Mise au point
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