M i s e a u p o i n t Le déficit androgénique lié à l’âge Androgen Deficiency of the Aging Male (ADAM) ■ J.M. Bohbot* RÉSUMÉ. Le déficit androgénique lié à l’âge (DALA) atteint 7 % des hommes de 40 à 60 ans, 20 % des hommes de 60 à 80 ans et 35 % des hommes de plus de 80 ans. Il est caractérisé par une diminution du taux de testostérone totale ou biodisponible sous le seuil de normalité. Les premiers symptômes du DALA sont sexuels, avec une diminution de la libido associée à des troubles de l’érection et de l’éjaculation. Ces troubles étant la résultante de multiples facteurs, il convient de rechercher d’autres pathologies associées (diabète, HTA, artériosclérose, etc.). D’autres symptômes plus généraux (morosité, dépression, changement de la composition corporelle, etc.) complètent le tableau clinique. La décision de traiter repose sur la seule preuve objective du DALA, la baisse du taux sérique de la testostérone, et sur l’absence de contreindications. Mots-clés : Andropause – Testostéronémie. ABSTRACT. Androgen Deficiency of the Aging Male (ADAM) or Partial Androgen Deficiency of the Aging Male (PADAM) can be identified in 7% of male from 40 to 60 years old, 20% between 60 and 80, and 35% over 80 years old. ADAM is characterized by a decrease of total or bioavailable testosterone levels under the threshold of normality. Sexual disorders are the first symptoms to appear: decrease of libido, erectile dysfunction and/or ejaculatory abnormalities. Many other pathologies such as diabetes mellitus, arterial hypertension, arteriosclerosis… are involved in the occurrence of these sexual problems. This is the reason why a complete evaluation of the patient must be performed before any androgenic supplementation. Other symptoms like sadness, depression, changes in morphology complete the clinical picture. Decision for treatment depends on the only objective proof of ADAM: the decrease of testosterone level, and the lack of contraindications. Keywords: ADAM – Testosterone deficiency. a notion d’andropause, apparue il y a une quinzaine d’années, a entretenu une ambiguïté dans l’esprit de nos patients en raison du parallèle fallacieux avec la ménopause. En premier lieu, si le terme de ménopause désigne une situation réelle, “l’arrêt des règles” (menos : “règles”), celui d’andropause est inapproprié, puisqu’il signifie littéralement : “arrêt de la masculinité” (andros : “homme”), ce qui ne reflète nullement le tableau clinique en cause. Ensuite, il n’y a aucun caractère inéluctable à l’andropause, contrairement à la ménopause, qui touche 100 % des femmes. Enfin, les mécanismes présidant aux deux situations semblent assez différents, même si l’étape finale est une diminution (voire un arrêt) de la production d’hormones sexuelles par les gonades. L * Institut Alfred-Fournier, Paris. E-mail : [email protected] 6 Actuellement, on tend à remplacer le mot “andropause” par l’expression “déficit androgénique lié à l’âge” (DALA) . Les auteurs anglo-saxons poussent la prudence jusqu’à n’évoquer qu’un déficit partiel : partial androgen deficiency of the aging male (PADAM). Cette nouvelle taxonomie fait apparaître clairement le principal responsable de l’andropause : le vieillissement. Celui-ci est aussi difficile à définir qu’à situer dans le temps. Quand commencet-on à vieillir ? Y a-t-il plusieurs formes de vieillissement ? Chaque fonction, voire chaque organe, connaît un processus de vieillissement différent. Qu’est-ce qui rythme le vieillissement de notre sexualité : nos gonades, nos commandes cérébrales, la diminution des stimuli extérieurs, les pathologies associées… ? Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005 Toutes ces interrogations montrent que le syndrome du DALA n’est pas aisé à définir. Un ensemble de manifestations cliniques, la plupart non pathognomoniques, constituent un faisceau de présomptions qui vont orienter vers la recherche de la seule preuve objective du DALA : la baisse du taux sérique de la testostérone. Mais, là encore, les opinions n’ont pas toujours été consensuelles : quelle testostérone doser ? Quand la doser ? Comment l’interpréter ? Une fois le diagnostic établi se pose l’épineux problème du traitement. Faut-il traiter ? Si oui, qui traiter ? Comment et combien de temps ? Reste enfin la question éthique. L’avancée des recherches en matière de vieillissement et leur retentissement médiatique dans la population générale ne créent-ils pas un besoin ? Le DALA doit-il être considéré comme un état pathologique, ou comme une étape naturelle du vieillissement ? En un mot, les médecins n’ont-ils pas construit artificiellement une entité appelée DALA ? À cela, on peut opposer que de nombreux travaux montrent l’implication du déficit androgénique dans des situations pathologiques clairement identifiées. Dans ces méandres d’interrogations, la définition la plus actuelle du DALA a été donnée par l’International Society for the Study of the Aging Male Cholestérol (ISSAM) en 2002 (1) : “Le DALA est un syndrome Desmolase biochimique associé au Prégnénolone Progestérone vieillissement et carac17α-hydroxylase térisé par un déficit sérique en androgènes 17α-hydroxyprégnénolone 17α-hydroxyprogestérone avec ou sans diminution génétique de la sensibiDéhydroépiandrostérone Androstènedione lité aux androgènes. Ce 17-stéroïde réductase tableau conduit à des altérations de la qualité 5-androstènediol Testostérone de vie et agit de manière délétère sur de multiples Figure. Voies de la synthèse de la testostérone. fonctions organiques.” Tableau. Valeurs physiologiques de la LH, de la TeBG et des fractions de la testostérone. Taux plasmatiques Taux plasmatiques (ng/ml) (nmol/l) LH 1-7 UI/l Testostérone totale 3-10 10,4-34,7 TeBG (SHBG) 1,5-3,0 17-34 Testostérone biodisponible 0,7-3,4 2,4-11,8 Testostérone libre 0,07-0,42 0,24-1,46 RAPPEL PHYSIOLOGIQUE ✓ Au niveau testiculaire, c’est la cellule de Leydig qui synthétise les hormones sexuelles à partir du cholestérol soit produit in situ, soit capté Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005 dans la circulation générale. La première transformation conduit à la formation de prégnénolone. Puis, selon deux voies, l’une directe, l’autre indirecte et passant par la formation de progestérone, la testostérone est produite (figure). Un déficit en 17-stéroïde réductase est responsable d’un hypogonadisme. En effet, cette enzyme permet la transformation d’androstènedione, peu active, en testostérone active. L’hormone lutéinisante (LH) hypophysaire intervient en stimulant la transformation du cholestérol en prégnénolone. La production de LH n’est pas continue mais pulsatile, avec des pics toutes les 60 à 90 minutes (2). La testostérone exerce un rétrocontrôle de la sécrétion de LH. Le testicule produit 7 mg de testostérone par jour, en moyenne. Dans le testicule, la testostérone peut être transformée en 17ß-estradiol ou en dihydrotestostérone (DHT). Cette transformation est quantitativement faible au sein du tissu testiculaire et se fait préférentiellement dans des tissus périphériques. Ces deux produits de transformations exercent également un rétrocontrôle de la LH. ✓ La testostérone libérée dans la circulation sanguine se lie en grande partie soit à une protéine de transport appelée testosterone-estradiol binding globulin (TeBG), pour 43 %, soit à des protéines non spécifiques (albumine : 51 %, et cortisol-binding globulin [CBG] : 4 %). En fait, seuls 2 % de la testostérone sécrétée restent libres. Le taux de TeBG est sujet à de fréquentes variations, alors que l’albumine et la CBG fluctuent peu. La testostérone totale comprend donc : – la testostérone liée à la TeBG ; – la testostérone liée à la CBG ; – la testostérone liée à l’albumine ; – la testostérone libre. La testostérone biodisponible est la somme de la testostérone libre et de la testostérone liée à l’albumine. Elle est un reflet très fidèle de l’imprégnation androgénique, puisqu’elle échappe aux fluctuations de la TeBG. La sécrétion de testostérone connaît un cycle circadien et un cycle circannuel : le taux de testostérone plasmatique est maximal le matin et en automne. Les valeurs physiologiques des différentes fractions de la testostérone figurent dans le tableau. ✓ L’action périphérique de la testostérone est différente selon les organes. La grande majorité des récepteurs aux androgènes est située dans 7 M i s e a u les organes génitaux, mais il existe des récepteurs en nombre limité dans d’autres organes. Dans les muscles, par exemple, c’est la testostérone qui stimule directement la transcription génique de certaines protéines au niveau nucléaire. Dans la majorité des tissus (prostate, foie, peau, etc.), la testostérone joue le rôle de pro-hormone, l’activité directe étant dévolue aux produits de transformation comme la DHT ou le 17ßestradiol. Ces transformations se produisent à l’intérieur des cellules. Sous l’action d’une 5αréductase, la testostérone se transforme en DHT (prostate, vésicules séminales, foie). Liée à une protéine cytoplasmique, la DHT pénètre dans le noyau, se fixe sur un récepteur (le même que celui de la testostérone, mais la DHT a une affinité supérieure pour ce récepteur), puis module la synthèse protéique. Sous l’action d’une aromatase, la testostérone se transforme en 17ß-estradiol. Ce processus, principalement hépatique, est augmenté dans certaines conditions pathologiques (hépatite, cirrhose, etc.). EFFETS DES ANDROGÈNES Effets sur les organes génitaux ✓ Développement embryonnaire : sous l’influence de la testostérone et de la DHT ont lieu un développement, à partir de la huitième semaine, des canaux de Wolff pour donner l’épididyme, le canal déférent et le canal éjaculateur, et une régression des canaux de Muller. ✓ Stimulation de la spermatogenèse : bien que la production des spermatozoïdes soit sous la dépendance de la FSH (Follicle-stimulating hormone), elle ne peut se dérouler harmonieusement sans l’action des androgènes (action de la testostérone sur la méiose et sur la transformation spermatide-spermatozoïde). ✓ Développement des voies séminales : les androgènes, et plus particulièrement la DHT, jouent un rôle fondamental dans la croissance prostatique postpubertaire. Notons également une action sensible sur les tubes séminifères et les vésicules séminales et, bien entendu, sur la verge et les testicules. ✓ Le tissu prostatique croît avec l’âge, essentiellement sous l’influence de la DHT. Les estrogènes, quant à eux, initient une hyperplasie fibromusculaire. L’utilisation de médicaments inhibant la 5αréductase, enzyme de la conversion testostérone- 8 p o i n t DHT, permet de stabiliser l’hypertrophie bénigne de la prostate. Les androgènes sont également impliqués dans la progression des cancers prostatiques. En revanche, des études ont montré qu’il n’y avait pas de corrélation entre le taux d’androgènes circulants et le déclenchement des pathologies bénignes ou malignes de la prostate (3). De même, la supplémentation hormonale des sujets hypoandrogéniques n’accroît pas l’incidence de ces pathologies (3). Cependant, l’existence d’une lésion cancéreuse de la prostate contre-indique formellement le traitement androgénique. Effets sur les caractères sexuels secondaires Sont notés les effets suivants : développement du larynx, pigmentation cutanée, stimulation de l’unité pilo-sébacée au niveau du cuir chevelu, du visage, du cou, de la partie supérieure du thorax et du périnée, avec, comme conséquence pubertaire, l’hyperséborrhée responsable de l’acné. Effet sur le sein La stimulation de la croissance des canaux galactophores aboutit chez certains adolescents à une légère gynécomastie de la zone sous-aréolaire, généralement spontanément résolutive après 1 à 3 ans. Effet stimulant sur la libido ✓ Les zones cérébrales impliquées dans le déclenchement du désir sexuel, et plus particulièrement l’hypothalamus et la zone préoptique, possèdent des récepteurs pour les androgènes (testostérone, DHT) mais aussi pour les estrogènes (on sait que la testostérone peut être aromatisée en 17ß-estradiol au niveau du cerveau). Les androgènes stimulent ces centres, entraînant une excitation sexuelle. Cette excitation androgéno-dépendante est à l’origine des érections nocturnes automatiques, alors que les érections d’origine psychogène (stimulations sensorielles ou affectives) sont moins tributaires de l’imprégnation androgénique. La disparition ou la moindre fréquence des érections automatiques est un indice orientant vers une hypoandrogénie. ✓ Les centres médullaires de l’érection et de l’éjaculation sont également andro-sensibles. La testostérone stimule les neurones moteurs du système nerveux autonome. ✓ Enfin, les androgènes ont une action directe sur les corps érectiles péniens (4). Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005 Effets métaboliques ✓ Action anabolisante : rétention d’azote, de sodium, de calcium, de phosphore, d’eau. ✓ Action sur les lipides : les androgènes ont longtemps eu la réputation d’avoir une action très défavorable sur le métabolisme lipidique. En réalité, plusieurs études concordantes incriminent l’hypoandrogénie dans l’athérogenèse (5, 6). Un taux bas de testostérone se traduit par une élévation du LDL-cholestérol et des triglycérides. A contrario, l’administration de testostérone à des sujets hypoandrogéniques a permis de diminuer le taux de cholestérol total et de réduire la proportion de LDL-cholestérol. ✓ Action sur la composition corporelle : les androgènes (essentiellement la testostérone) augmentent la masse musculaire par stimulation de l’anabolisme protéique (7). Concomitamment, ils réduisent la masse graisseuse. L’hypoandrogénie liée à l’âge s’accompagne d’une fonte musculaire squelettique associée à une augmentation de l’adiposité abdominale et viscérale. L’adiposité viscérale est un facteur de risque cardiovasculaire connu (8) et de diabète non insulinodépendant. À cet égard, on sait qu’un taux bas de testostérone peut induire une résistance à l’insuline (7). ✓ Effet sur les composants sanguins : • En ce qui concerne les facteurs de la coagulation, il semble que les androgènes n’aient pas d’influence délétère, ce qui est confirmé par la rareté des accidents vasculaires rapportés sous androgénothérapie comparée à l’estrogénothérapie. • Il convient d’insister sur le fait que les androgènes favorisent la production d’érythropoïétine, stimulent l’érythropoïèse et élèvent l’hématocrite. Il s’agit d’un facteur de surveillance biologique important au cours des traitements androgéniques. ✓ Action sur la minéralisation osseuse : un déficit androgénique réduit la minéralisation osseuse, pouvant aboutir à l’ostéoporose. Cependant, il semble que ce soit par l’intermédiaire des estrogènes que les androgènes favorisent cette minéralisation osseuse. Il est donc nécessaire, en cas de traitement substitutif, d’utiliser des androgènes aromatisables. Au moment de la puberté, ce sont bien les androgènes qui sont responsables de la croissance par développement des os longs. Cette action est régulée vers l’âge de 18 ans par la fusion des cartilages de conjugaison, elle aussi sous la dépendance des androgènes. Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005 LE DÉFICIT ANDROGÉNIQUE LIÉ À L’ÂGE Baisse de la testostéronémie Naturellement, et en dehors de tout contexte pathologique, la sécrétion d’androgènes diminue avec l’âge. Cette diminution, pour constante qu’elle soit, est très variable d’un homme à l’autre. La testostéronémie est maximale entre 20 et 30 ans et décroît ensuite régulièrement. La testostérone totale commence à baisser de manière significative entre 60 et 70 ans. Cependant, la fraction biologiquement active (testostérone libre) diminue plus précocement (dès 50 ans), et de façon plus marquée. À 80 ans, la valeur moyenne de la testostérone plasmatique totale a diminué de 25 % par rapport à celle de l’adulte jeune, alors que celle de la testostérone libre a diminué de 50 %. Cette diminution élective de la testostérone libre est due à l’augmentation avec l’âge de la TeBG (protéine de liaison des androgènes). La décroissance de la testostérone biodisponible suit celle de la testostérone libre. Son dosage (aisé) est donc un fidèle reflet des variations de l’imprégnation androgénique du sujet. Épidémiologie du DALA Cette diminution sérique n’aboutit pas toujours à un syndrome de DALA. Tout dépend du niveau d’imprégnation “basique” de l’individu considéré. D’après A. Vermeulen (9), il atteint 7 % des hommes de 40 à 60 ans, 20 % des hommes de 60 à 80 ans et 35 % des hommes de plus de 80 ans. Comme nous l’avons vu, les androgènes exercent des actions multifocales au sein de l’organisme. Il est donc logique que l’hypoandrogénie s’accompagne de symptômes variés, pas toujours pathognomoniques. Nous insisterons essentiellement sur le retentissement psychosexuel du DALA. Symptômes sexuels Ce sont les plus fréquemment retrouvés et les plus précoces. ✓ La baisse de la libido est le principal motif de consultation. Elle se concrétise par un désintérêt pour la sexualité, une raréfaction des rapports sexuels, une diminution des réactions aux stimuli sexuels fantasmatiques (films ou écrits érotiques, etc.). C’est souvent le patient lui-même qui, spontanément, place ce tableau au premier plan. Parfois, le manque de libido n’apparaît 9 M i s e RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Morales A, Lunenfeld B, International Society for the study of the Aging Male. Investigation, treatment and monitiring of late-onset hypogonadism in males. Aging Male 2002;5(2): 74-86. 2. Veldhuis JD, Evans WS, Johnson ML, Rogol AD. 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Le DALA ne représente qu’une cause parmi d’autres. L’interrogatoire recherchera les signes d’une baisse de la libido. L’un des signes orientant vers une hypoandrogénie est la disparition ou la raréfaction des érections nocturnes automatiques. ✓ Le retard à l’éjaculation est également un signe fréquent de DALA. Au maximum, certains patients rapportent une absence d’éjaculation. L’éjaculation est perturbée qualitativement et quantitativement : diminution des sensations contractiles rythmiques participant à l’obtention de l’orgasme, et diminution du volume éjaculatoire avec modification de la consistance du sperme. Modifications du comportement Le sujet hypogonadique exprime souvent une asthénie physique et psychique, un manque d’entrain, une difficulté à se concentrer, un désintérêt pour le monde qui l’entoure pouvant conduire à un état dépressif vrai. Sont également rapportés des troubles de la mémoire, une insomnie, une irritabilité, etc. Modifications physiques Le schéma corporel de l’homme hypogonadique change. On observe une diminution de la masse musculaire, une augmentation de la masse graisseuse avec localisation abdominale, une gynécomastie, une diminution de la pilosité. Le patient se plaint également de bouffées de chaleur, de palpitations. Enfin, une déminéralisation osseuse peut être objectivée par l’ostéodensitométrie. Tous ces symptômes ne sont pas pathognomoniques du DALA. Le diagnostic ne peut être porté p o i n t que sur l’objectivation biologique du DALA, c’est-à-dire sur une testostéronémie basse. Le dosage doit être pratiqué le matin. On dosera la testostérone totale. En l’absence d’anomalies de ce taux chez un sujet symptomatique, on dosera la testostérone biodisponible et la LH. Certains laboratoires expriment leurs résultats en fonction de l’âge. Cela n’a aucun sens, puisqu’on considère qu’il y a hypoandrogénie en dessous des seuils suivants, quel que soit l’âge du sujet : – testostérone totale inférieure à 3 ng/ml ou à 10,4 nmol/l ; – testostérone biodisponible inférieure à 0,7 ng/ml ou à 2,45 nmol/l ; – un taux de LH supérieure à 10 UI/l est considéré comme élevé. Une fois le diagnostic de DALA confirmé, et bien que les bénéfices des traitements hormonaux substitutifs aient fait l’objet de nombreuses publications, il convient avant de les prescrire de s’assurer de deux points essentiels : – que le patient ne présente pas de contre-indication à ces traitements (cancer de la prostate évolutif ou antécédents, cancer du sein, polyglobulie, insuffisance cardiaque sévère, etc.) ; – que le patient désire que l’on améliore son état. La question importante à poser à son patient est : “Avez-vous envie d’avoir envie ?” Certains hommes porteurs de symptômes évocateurs de DALA consultent “pour savoir”. Ils assument parfaitement leur état, de même que leur partenaire, et ne sont désireux ni l’un, ni l’autre de traiter le DALA. L’abstention thérapeutique s’impose alors. De même, il faut être très circonspect sur l’intérêt d’une prescription hormonale uniquement motivée par le souhait de la partenaire sexuelle. L’avis préalable du sexologue ou du psychologue peut nous éclairer. Finalement, le DALA est fréquent mais pas universel. Par ailleurs, il est perçu très différemment d’un sujet à l’autre. Sa gestion nécessite un bilan biologique sérieux et une évaluation des risques du traitement substitutif. Cependant, les traitements disponibles, par leur efficacité, leur bonne tolérance et la rareté de leurs complications (sous réserve d’une surveillance précise et régulière) permettent d’obtenir une amélioration sensible de la qualité de vie des sujets hypoandrogéniques. ■ Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. V - janvier/février/mars 2005