Libérale Traitement hormonal substitutif (THS) Pour les hommes aussi Si le suffixe “pause” est utilisé pour dénommer les déficits hormonaux, la comparaison entre les déficits masculins et les déficits féminins semble inadaptée. Pour l’homme, les spécialistes préfèrent diagnostiquer un “déficit androgénique lié à l’âge” (DALA). 34 P ourquoi ce changement de cap ? Parce que les études s’affinent et qu’elles montrent que la comparaison andropause/ménopause n’a pas de sens. En effet, « la ménopause se caractérise par une disparition brutale et définitive de la fonction de reproduction, avec arrêt pratiquement complet de la sécrétion ovarienne de progestérone et d’estrogènes. Or, “l’andropause” correspond à une diminution progressive de la sécrétion de testostérone avec, pour certains, conservation de la fonction de reproduction jusqu’à un âge avancé », souligne le Pr Pierre Costa, urologue-andrologue au CHU de Nîmes. Et cette diminution, sans cassure brutale, connaît des variations importantes selon les individus. lules de l’organisme. Ainsi la fréquence du DALA est différente selon que l’on considère la testostérone totale ou la testostérone biodisponible. L’évaluation est indispensable ». Cependant, il n’est pas facile de déterminer la valeur du seuil de testostérone en deçà de laquelle il est judicieux de traiter. L’objectif du traitement est de ramener la testostéronémie au plus proche de la physiologie. L’étude Matsuoto (2001), démontre la diminution des symptômes du DALA et l’amélioration, de ce fait, de la qualité de vie des patients traités. Ce qui est appréciable, notamment en gériatrie, où le rééquilibrage hormonal permet à des patients asthéniques de reprendre des activités physiques et d’éviter l’alitement et ses conséquences fâcheuses. Conséquences cliniques du DALA Les troubles sexuels ne sont pas les seules conséquences liées à une diminution de la principale hormone mâle : la testostérone. Insomnie, fatigue, irritabilité, manque de motivation sont les troubles les plus gênants pour la moitié des 6 millions de Français de plus de 50 ans et qui pourraient être concernés par un traitement hormonal substitutif. Ce dernier est suivi en France par seulement 30 000 hommes. Outre les symptômes fonctionnels cités, la modification du schéma corporel comme la diminution de la masse et de la force musculaires, l’augmentation de la masse grasse, la dépilation pubienne et axillaire, l’hypotrophie testiculaire, voire l’accélération de l’ostéopénie et le développement de l’ostéoporose, dans certains cas, peuvent faire diagnostiquer un DALA. Certains facteurs aggravants sont l’alcoolisme, un traitement corticoïde au long cours, l’obésité, des antécédents de pathologie testiculaire (tumeur). Il est à noter que les troubles sexuels étant complexes et multifactoriels, ils ne peuvent être imputables uniquement à une baisse de la testostérone. Pour confirmer le diagnostic, un dosage de la testostérone est nécessaire. « Un double dosage, précise le Pr Costa, car une grande partie de l’hormone ne sert à rien, sauf la testostérone biodisponible qui correspond à la fraction liée à l’albumine et à la fraction libre. C’est la fraction de testostérone utilisable par les cel- Contre-indications et traitements Cependant, le traitement hormonal peut présenter des contre-indications (cancer de la prostate) et certaines précautions d’emploi (apnées du sommeil). En revanche, rien ne permet d’affirmer que l’hormonothérapie favorise de nouveaux cancers. La surveillance régulière du patient s’impose. Si l’hypertrophie bénigne de la prostate ne présente pas de contre-indication, quelques données convergentes (à approfondir) vont dans le sens d’un effet protecteur quant aux risques cardiovasculaires, d’un effet favorable sur le cholestérol total et d’une amélioration de l’insulinorésistance. Il existe plusieurs traitements plus ou moins bien tolérés et pratiques d’emploi. Les injections huileuses intramusculaires (énantate ou heptylate de testostérone) ont pour avantage une injection toutes les trois semaines, mais elles sont douloureuses et entraînent une fluctuation des taux. Le traitement per os est facile, mais il exige trois prises quotidiennes. La voie percutanée et transdermique comprend les patchs (difficiles d’application) et le gel, présenté sous forme de gel hydroalcoolique, peut-être très simple d’emploi et bien accepté, mais très cher et non remboursé par la Sécurité sociale. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 42 - décembre 2002 L.G. 96e Congrès français d’urologie, novembre 2002, Paris.