tuer en trois jours, alors que quelques semaines d’assistance circulatoire permettent une récupération
suffisante pour assurer une survie normale. La persévérance et la ténacité sont donc des facteurs
essentiels dans la prise en charge de ces malades et dans le succès de l'opération.
La chirurgie
En chirurgie cardiaque, les périodes de stimulation sympathique et/ou douloureuse alternent avec des
périodes très calmes. Les principaux épisodes de stimulation sont les suivants.
Intubation endotrachéale (stimulation sympathique);
Désinfection (stimulation par la solution froide sur la peau);
Incision cutanée (stimulation douloureuse);
Incision et écartement du sternum (stimulation douloureuse);
Dissection péri-aortique et canulations (stimulation sympathique, arythmies);
Refroidissement en CEC (stimulation sympathique);
Sortie de CEC (stimulation sympathique);
Relâchement de l'écarteur sternal (stimulation douloureuse);
Pose des drains (stimulation douloureuse);
Pose des fils métalliques sternaux (stimulation douloureuse);
Mise au lit (changement brusque de position).
Pour maintenir la stabilité hémodynamique et freiner la poussée hypertensive associée à la
tachycardie, les moments de stimulation sont gérés par approfondissement de l'anesthésie (stimulation
sympathique) ou de l'analgésie (stimulation douloureuse). A d'autres moments, comme lors de la
canulation et de la décanulation aortique, il est au contraire recommandé de maintenir un certain
degré d'hypotension artérielle (PAM 60-70 mmHg).
La chirurgie cardiaque évolue actuellement dans plusieurs directions différentes.
Le vieillissement de la population et la tendance à prendre en charge des patients de plus en
plus lourds nécessitent une technologie complexe et des investissements importants. Reculer
les limites du faisable peut être fascinant pour les médecins et nécessaire aux progrès de la
médecine. Cependant l'énergie et les dépenses qui y sont investies laissent parfois planer un
doute sur leur pertinence en terme de santé publique.
Les avancées technologiques et le manque de donneurs d’organes ont poussé à utiliser de plus
en plus fréquemment des systèmes d'assistance ventriculaire à moyen et à long terme.
Les succès de la cardiologie invasive ne laissent au chirurgien que les échecs des dilatations
et les patients coronariens les plus gravement atteints parce qu'au-delà des possibilités
techniques de la PCI (Percutaneous coronary intervention).
Depuis quelques années, la possibilité de créer un circuit rapide (Fast-track anaesthesia) pour
les patients qui subissent une intervention bien codifiée et peu invasive permet de réduire
l’équipement et la durée de la ventilation mécanique postopératoire, et d’appliquer des
techniques nouvelles comme l’anesthésie loco-régionale. Le but est d'offrir les mêmes
prestations tout en réduisant les investissements et la durée des séjours hospitaliers.
Dans la même optique, les endoprothèses vasculaires aortiques, l'implantation valvulaire
endocavitaire (TAVI: transcatheter aortic valve implantation) ou la plastie mitrale percutanée
(Mitraclip™) visent à simplifier la prise en charge et à offrir des thérapeutiques
minimalement invasives à des malades dont la mortalité en CEC serait excessive.
Ces nouvelles voies de développement sont autant de défis pour l'anesthésiste, mais elles lui offrent
d'innombrables possibilités de s'investir dans des domaines qui lui sont inconnus et dans lesquels ses
connaissances hémodynamiques et ses prestations échocardiographiques deviennent capitales pour la
réussite de l'entreprise. De simple service de soutien, l'anesthésie acquière ainsi un nouveau rôle dans
la thérapeutique.