COMPTESRENDUS
A
NDRÉ
TORRE (éd.), Le localàl’épreuvedel’économie spatiale.
Agriculture, environnement,espaces ruraux.
Paris,INRAÉditions, Collection Études et recherches surles Systèmes
Agraires et le Développement,n°33, 2002, 216 p.
Ce cahier,publié par l’INRA, illustre très bienlarichesse de la probléma-
tique et du courant de recherche sur le «local »enéconomie spatiale.Courant
de recherche en pleine éclosion depuisplus de deux décennies et qui atteint
une certaine maturitéscientifiquesil’onenjuge par cet ouvrage. Auxfacteurs
classiques facilement mesurables tels que la distance et la dotation en res-
sourcesnaturelles, la recherchesur la dimension locale des phénomènes spatio-
économiques désire parfaire nos connaissancessur des facteurs reliésaux rela-
tions de proximité, àl’atmosphère industrielle, àlacoordination des acteurs, à
l’appropriationcollective de fonctions stratégiques. Il va sans direque ces
nouveaux facteurs s’avèrent beaucoup plus difficiles àmesurer. Les sciences
humaines et socialespossèdent encore peu d’outils pourcettetâche,mêmesi
des gainsont été réalisés sousl’angle des «coûts de transaction », de «l’éco-
nomie des conventions », des «réseaux sociaux »etdes «institutions ». Dans
cetesprit, lescontributionsscientifiques livréespar cette publicationrecensée
offrent certes de nouvelles avancées méthodologiques, limitées cependant
devantles besoins, mais tout àfait réelles face aux acquisducorpus de
connaissances cumulées. Àcet égard, un chapitreintroductif de nature géné-
rale sur l’économie spatiale aurait bien servi les lecteurs peu familiers de cette
discipline en positionnant le courant concerné par ce cahier.
Deux textes majeurs d’unegrande valeur pédagogique ouvrent l’ouvragede
l’INRA, en offrant un cadre conceptuel très pertinent pourlesujet traité. Ces
textes inédits deviennent désormais des incontournablespour les chercheurs et
lesétudiants de cycles supérieurs en illustrant ce que l’ondésignecomme
étant «the state of the art».AlainRallet effectue la synthèsedelalittérature
très actuelle sur «l’économie de proximité », alors que Claude Courlet se
charge de présenter lesavancéesconceptuellesdelanotion de «systèmepro-
ductiflocalisé».Les deux auteurs nousconduisent au-delà de la présentation
fort bien articulée des composantes conceptuelles. La maturité de cescher-
cheursnousoffreune analyse critique qui bonifie substantiellementlecorpus
théorique traité en lui donnant de la perspective. Rallet démontre notamment
que la concentration géographiquedes agentss’explique davantagepar les
réseaux de relations économiques tissés au fil du temps que par les besoins
fonctionnelsdecoordination. Le contexte social et institutionnel qui sied sur
un territoire donné joue alors un rôle très important. Rôle qui n’estcertespas
facile àsaisiretàmodéliser. Comme unité d’analyse locale de ce contexte
social et institutionnel, le systèmedeproduction localisé (SPL) offre judicieu-
sement une forme d’organisationterritorialepertinente pourexpliquer les
avantages de la proximité. Il s’agit, en réalité,de«l’aire» des géographes qui
sert pertinemment àdécouper la réalité locale analysée,enl’occurrence,sous
l’angle du jeu relationnel entre les acteurs. Selon Courlet, cettenotion de SPL
tellequ’offerte parlalittérature scientifiquedemeure limitée au niveau
conceptuel. Elle ne propose pas réellement de nouveauxoutils. Il faut alors
s’en remettreaux autres sciences humainesetsociales pour saisir la dimension
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