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Le double arc des Petites Antilles, né il y a 25 millions d’années, se situe sur la zone de subduction de
la plaque atlantique sous la plaque caraïbe. Les îles calcaires basses et tabulaires de l’arc externe (le
plus ancien), comme Barbade, Grande-Terre de Guadeloupe ou Anguilla s’opposent violemment aux îles
hautes, montagneuses de l’arc interne (Saint-Vincent, la majeure partie de la Martinique, la Dominique),
qui sont autant d’édifices volcaniques spectaculaires et souvent actifs. Le caractère montagneux très
prononcé de ces îles tient plus à la rareté des zones planes (10 à 15 % de la surface), à l’importance des
dénivelés et à la vigueur des pentes qu’aux altitudes somme toute modérées (1 500 m au maximum).
Un domaine chaud et humide. Le climat tropical régularisé par la masse océanique et le flux de l’alizé de
nord-est, qui soue plus de trois cents jours par an, donnent à l’ensemble du bassin une certaine unité.
Les températures sont élevées (25-27 °C) et les amplitudes thermiques faibles (quelques degrés). L’hu-
midité constitue aussi une caractéristique majeure de la région : on enregistre 2 000 mm de pluies par
an à Tobago, 3 700 mm à Cayenne, 1 500 mm à Camaguey (Cuba) ; seules quelques portions du littoral
mexicain, vénézuélien et colombien sont touchées par l’aridité.
L’année est rythmée par l’alternance d’une saison sèche, le « carême » (de janvier à avril), et d’une saison
des pluies (de juillet à novembre), séparées par des saisons intermédiaires.
Ces traits généraux se déclinent en une infinité de microclimats en fonction de la latitude, de l’altitude et
de l’exposition à l’alizé (côtes au vent ou sous le vent). En quelques kilomètres, les grands arbres et les
lianes de la forêt tropicale humide peuvent faire place à des formations herbacées sèches et parsemées
de cactées.
Une région à hauts risques.
La conjonction de la situation géographique et de la rencontre de quatre plaques tectoniques (nord-
atlantique, sud-atlantique, caraïbe, des îles Cocos) fait de la Caraïbe une des régions du monde les plus
exposées aux risques naturels. Il n’est pas d’année sans cyclone, séisme ou éruption. L’histoire régionale
est jalonnée de catastrophes naturelles dont la plus meurtrière reste la « nuée ardente » de la montagne
Pelée, qui détruisit le 8 mai 1902 Saint-Pierre à la Martinique et fit 25 000 victimes ; plus récemment,
l’éruption de la Soufrière de Montserrat a provoqué en 1995 l’évacuation de la majeure partie de la po-
pulation.
La nature de ces risques, leur fréquence et leur intensité sont cependant très variables. Les Petites
Antilles et l’Amérique centrale, espaces hyperactifs, sont concernées par les trois types de risques, alors
que les Grandes Antilles et le littoral nord-américain ne sont guère touchés que par les cyclones ; les
îles les plus méridionales et le littoral sud-américain sont quant à eux pratiquement épargnés. La terre
a cependant tremblé en Guyane le 8 juin 2006 pour la première fois depuis des siècles, et des coulées
de boue meurtrières emportent parfois quartiers ou villages bâtis imprudemment sur des versants ins-
tables ou au pied de cônes volcaniques.
Prévision et prévention sont en bonne partie aaire de moyens techniques et financiers, elles sont donc
liées au niveau de développement. Les catastrophes naturelles font surtout des victimes dans les pays
pauvres et principalement des dégâts matériels dans les pays riches. Cette relation est cependant à
nuancer, le cyclone Katrina en 2005 a fait beaucoup plus de victimes aux États-Unis qu’à Cuba dont
l’organisation planifiée s’est avérée très ecace.
Les trajectoires cycloniques sont suivies à la trace par les satellites météo et le centre de Miami (Natio-
nal Hurricane Center), mais l’ecacité de la prévention est très variable. Les volcans actifs des Antilles
françaises sont placés sous haute surveillance par des observatoires vulcanologiques, qui décèlent toute
modification de leur activité, mais ces équipements sont loin d’être généralisés. Le risque sismique est
le plus délicat à traiter : beaucoup plus rare, il n’en existe ni culture ni mémoire, et il n’est guère aisé d’y
sensibiliser les populations. Dans l’impossibilité actuelle de le prévoir, on ne peut s’en remettre qu’à la
prévention en imposant des normes de construction « parasismiques », en interdisant les constructions
dans les zones les plus exposées (pentes, littoraux), en éduquant les populations, en établissant des
plans de secours, mais beaucoup reste à faire.
Il appartient aux peuples caribéens de donner davantage vie et consistance au monde compliqué et
dangereux dans lequel s’inscrit leur destin commun.