économique économie principales

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Albert ONDO OSSA est Agrégé des Facultés de Sciences Economiques et de Gestion, il est
Professeur à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Libreville et Directeur du
Laboratoire d’Economie Appliquée.
© Institut africain de développement économique et de planification, 2011
Dakar, Sénégal
ISSN 2279-4476
Tous droits réservés.
Le texte de la présente publication peut être cité ou reproduit sans autorisation. Il est toutefois
demandé que référence soit faite de la source de cette information et de faire parvenir à l'IDEP un
exemplaire de la publication.
Promesses, bienfaits et mécontentements du
développement postcolonial
Série de l’IDEP Documents de réflexion pour le Cinquantenaire de l’Afrique 4
Cinquante Ans de
Développement au Gabon
Postindépendance: Une Analyse
Critique
Albert Ondo Ossa
Série de l’IDEP Documents de réflexion pour le
Cinquantenaire de l’Afrique
Rédacteur en chef de la Série: Adebayo Olukoshi, Directeur, IDEP
L’année 2010 a été marquée par l’anniversaire des 50 ans de l’indépendance de nombreux pays
africains. Dix-sept d’entre eux se sont libérés du régime colonial en 1960, ce qui créa un élan nouveau
vers la libération à l’échelle nationale et continentale. Au regard du nombre de pays ayant acquis leur
indépendance en 1960 – le nombre le plus élevé au cours d’une même année-, de l’impulsion positive
au processus de libération nationale envoyée aux territoires encore colonisés en Afrique – ainsi
qu’ailleurs, et de l’idée générale d’un renouveau national et continental associée à l’indépendance, à
l’intérieur comme en dehors du continent, l’histoire a retenu cette année comme étant
symboliquement celle de l’indépendance africaine. La Série de l’Institut africain de développement
économique et de planification (IDEP) Documents de réflexion pour le Cinquantenaire de l’Afrique
se compose de de notes rédigées spécialement pour une Conférence et dialogue politique de haut
niveau convoquée par l’IDEP en septembre 2010, à Abuja (Nigeria), et co-organisée par la
Commission nationale nigériane de planification (NPC), dans le cadre de leur contribution
considérable à la commémoration du 50e anniversaire de l’indépendance des pays ayant obtenu leur
libération nationale en 1960.
Les dix-sept pays à avoir acquis leur indépendance au cours de cette année sont : Bénin,
Burkina Faso, Cameroun, Cote d’Ivoire, Gabon, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria,
République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, République du Congo, Sénégal,
Somalie, Tchad et Togo. La Série Documents de réflexion est disponible en ligne en accès libre. Les
documents composant la Série ont bénéficié de la contribution de plusieurs personnes, notamment
celle des pairs examinateurs, à l’égard desquelles l’IDEP est très reconnaissant. Des remerciements
particuliers sont adressés à Dr. Shamsudeen Usman, Ministre de la Planification à la Présidence
Nigériane et Vice-Président de la Commission nationale de la planification du Nigeria, pour le
soutien moral et l’assistance matérielle que lui et son équipe ont apportés à l’occasion de la
Conférence et dialogue politique de haut niveau qui s’est tenue à Abuja en septembre 2010 et au
cours desquels les documents de la Série ont été présentés pour la première fois. Les lecteurs sont
invités à faire part à l’IDEP de leurs remarques sur ces rapports, qui constitueront une contribution
importante aux réflexions et aux débats en cours sur les 50 premières années de l’indépendance
africaine – ainsi que sur ce que les 50 prochaines années pourraient réserver au continent, à l’heure
où d’importants efforts sont déployés pour faire du XXIe siècle celui de la renaissance africaine.
Cinquante Ans de Développement au Gabon Postindépendance: Une Analyse Critique
Résumé
Comme la plupart des pays africains, le Gabon est devenu indépendant en 1960, plus précisément le
17 août 1960. Cinquante ans après, bien qu’intégré dans les principaux ensembles régionaux et
considéré comme un pays à revenu moyen intermédiaire, le Gabon doit faire face à des défis liés à la
nature rentière de son économie qui affecte les principaux secteurs macroéconomiques.
La présente étude se veut une analyse à la fois rétrospective et prospective. Elle entend contribuer à
une meilleure lecture de l’évolution économique, politique et sociale du Gabon au cours des
dernières décennies, d’une part, et permettre de tirer les leçons de ces différentes expériences afin de
durablement trouver des solutions aux multiples défis du pays en matière de développement, d’autre
part.
Mots clés : Indépendance, État, Rente, Programmes d’ajustement structurel (PAS), Plan.
Série de l’IDEP Documents de réflexion pour le Cinquantenaire de l’Afrique 4
Introduction
L’analyse critique de l’évolution du Gabon depuis son indépendance pourrait, soit relever de la
statique comparative, soit procéder de l’usage des instruments de la prospective.
C’est la seconde démarche que nous empruntons, parce qu’elle nous paraît plus pertinente. Elle
conduit en effet à se demander si, objectivement, le Gabon a exploité au mieux les ressources dont il
dispose, au regard de ses contraintes spécifiques.
Par ailleurs, s’il est utile de revenir sur les causes profondes et lointaines du sous-développement des
pays africains (colonisation et néocolonialisme), cela ne suffit cependant pas à tout expliquer et à tout
justifier. L’enlisement actuel de l’Afrique dans le sous-développement incombe nécessairement aussi
aux Africains eux-mêmes. Et c’est sur cet aspect que repose la présente communication, dont le
principal objet est d’analyser les différentes stratégies mises en œuvre au cours des dernières années.
Pour ce qui est précisément du Gabon, force est de reconnaître que l’État, bien souvent sur la base
de mauvais choix sectoriels opérés sans la prise en compte du niveau d’endettement supportable, a
initié des projets coûteux dont la rentabilité financière n’était pas assurée, ce qui l’a contraint depuis
le milieu des années 1990 à un vaste programme de restructuration, appuyé par la dévaluation du
franc CFA et la réforme fiscalo-douanière.
Notre intervention suivra le schéma suivant :
1. Le cadre d’analyse ;
2. La présentation des stratégies politiques ;
3. L’analyse des résultats obtenus ;
4. Les enseignements.
I.
Le cadre d’analyse
Le Gabon occupe un territoire relativement petit (267 000 kilomètres carrés), couvert à 75 % par la
forêt. Il a une population de 1 200 000 habitants.
En raison de ses nombreuses ressources naturelles et de sa faible population, le Gabon est classé par
les Nations unies comme un pays à revenu intermédiaire. L’activité économique de ce pays est
centrée sur l’exploitation des ressources naturelles extraites du sol et du sous-sol. La production
d’uranium ayant pris fin le 1er juillet 1999, il ne reste plus aujourd’hui que trois grands produits
d’exportation : le pétrole, le bois et le manganèse.
Le Gabon est membre de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC)
et sa politique monétaire est mise en œuvre par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC),
Cinquante Ans de Développement au Gabon Postindépendance: Une Analyse Critique
qui émet le franc CFA (franc de la coopération financière en Afrique centrale), monnaie des pays de
la CEMAC, liée par un taux de change fixe à l'euro (1 euro = 6,667 francs CFA).
Dans tous les cas, l’économie gabonaise se présente fondamentalement comme une économie de
rente, fragilisée et en proie à des crises permanentes. De ce fait, une analyse fine visant à apprécier sa
nature rentière rend nécessairement compte de son évolution depuis le début des années 1960, ce qui
permet de mettre en évidence de grands déséquilibres macroéconomiques sur la base du
comportement de quatre secteurs :
 Le secteur réel ;
 Le secteur des finances publiques ;
 Le secteur monétaire ;
 L’extérieur.
Mais il apparaît judicieux de passer préalablement en revue les stratégies mises en œuvre au cours des
cinquante dernières années, de manière à mieux apprécier par la suite leur efficacité. Fondée
essentiellement sur l’exploitation pétrolière, l’économie gabonaise n’a jamais pu devenir une véritable
économie de production capable d’impulser une croissance régulière et pérenne, même si les revenus
tirés de l’exploitation des ressources naturelles ont permis à l’État d’améliorer le niveau de l’emploi,
grâce à la création de nombreuses entreprises publiques, d’une part, et à la mise en place d’un vaste
programme d’investissement public en infrastructure, d’autre part.
II. La présentation des stratégies politiques mises en œuvre
Les différentes politiques mises en œuvre depuis les années 1960 par l’État gabonais ont été conçues
et entreprises dans le cadre du plan jusqu'au début des années 1980 et dans le cadre des programmes
d'ajustement structurel (PAS) à partir de 1986.
2.1.
Du plan quinquennal au programme triennal
Dès les premières années de l'indépendance, le Gabon a, à l’instar des autres pays africains, eu
recours à la planification. Plusieurs plans, essentiellement quinquennaux, ont alors été élaborés :
-
Le premier plan de développement économique et social (1965-1970) ;
-
Le deuxième plan (1971-1975) ;
-
Le troisième plan (1976-1980) ;
-
Le plan intérimaire (1980-1982) ;
Série de l’IDEP Documents de réflexion pour le Cinquantenaire de l’Afrique 4
-
Le cinquième plan (1984-1988).
Le deuxième plan de développement économique et social (1971-1975) reprend, dans ses
grandes lignes, les objectifs arrêtés dans le premier plan de développement (1971-1975). Il
privilégie deux options :
1.
L'intégration politique, administrative, économique et sociale du pays ;
2.
Le choix réfléchi d'une économie libérale tournée vers l'extérieur.
Ces options visent à réaliser deux équilibres fondamentaux :
-
L'équilibre ville-campagne ;
-
L'équilibre intérieur et extérieur.
Le deuxième plan retient ainsi quatre objectifs essentiels :
-
La poursuite de l'extraction des matières premières ;
-
Le développement de l'économie rurale ;
-
L’accroissement de la valeur ajoutée des productions des secteurs forestier, industriel et
énergétique ;
-
Le renforcement de l’unité économique du pays par la mise en oeuvre d’un réseau
d’infrastructures cohérent.
Le troisième plan de développement économique et social (1976-1980) repose sur le slogan « Le
progressisme démocratique et concerté », dont la finalité est le mieux-être, autrement dit l’élévation
du niveau de vie et la promotion de toute la population gabonaise (rurale et urbaine). Aussi, le
troisième plan envisage-t-il de supprimer les principaux goulots d'étranglement, qui sont entre
autres :
-
La précarité des moyens de communication ;
-
La cherté des moyens de transport.
Il arrête donc les grands objectifs suivants :
1. L’augmentation des revenus nationaux ;
2. La promotion des Gabonais au rang d'entrepreneurs et d'actionnaires, grâce à la mise en
oeuvre d'une politique adaptée aux besoins de l'économie, afin qu’ils deviennent maîtres du
développement de leur pays ;
Cinquante Ans de Développement au Gabon Postindépendance: Une Analyse Critique
3. L’amélioration des conditions d’existence de l’ensemble de la population gabonaise, grâce à
une politique de développement régional, d’aménagement du territoire et à une meilleure
répartition des revenus.
La stratégie qui en découle repose par ailleurs sur une idée maîtresse : « Le pétrole, moteur de la
croissance économique au Gabon, est une ressource temporaire dont l’avenir est incertain. Les
revenus tirés du pétrole doivent donc servir à préparer l'ère de l’après-pétrole. »
Les priorités que retient le troisième plan sont notamment :
-
Le développement des activités nationales tournées vers l'exportation (agriculture, bois, etc.) ;
-
La suppression des goulots d'étranglement qui entravent le développement économique,
notamment les moyens de communication (avec la remise en état du réseau routier, la
construction et l'extension d'installations portuaires) ;
-
La meilleure répartition des fruits de la croissance de manière à ce qu’elle profite à l’ensemble
de la population.
Les actions préconisées dans le cadre de ces priorités sont :
-
L’amélioration de la compétitivité des entreprises ;
-
La diminution des coûts des investissements publics ;
-
Une plus grande participation des Gabonais.
Le plan intérimaire (1980-1982) procède de la même “idéologie” : « Le progressisme démocratique
et concerté », qui se définit à la fois comme un projet de société et un modèle de développement.
Cette idéologie est, semble-t-il, rendue nécessaire parce que, d'une part, la voie du capitalisme ne peut
mener seule à la réalisation d'une société satisfaisante et que, d'autre part, le socialisme dit scientifique
est contraire aux traditions africaines. La finalité de la politique économique du gouvernement est
alors « l’élévation du niveau de vie, l’amélioration des conditions d’existence et la promotion de tous
les Gabonais ».
Les objectifs du plan intérimaire sont donc de deux ordres :
1. Économique et financier tout d’abord, avec notamment la reprise d’une croissance
économique régulière et durable (agriculture, pêche, forêt, etc.) et la consolidation du
redressement de la situation financière ;
2. Social ensuite, grâce à une juste répartition des fruits de la croissance.
Les moyens d’une telle politique sont :
-
La compétitivité des entreprises ;
Série de l’IDEP Documents de réflexion pour le Cinquantenaire de l’Afrique 4
-
La mise en oeuvre des mesures d'incitation et d'orientation des activités du secteur privé ;
-
La promotion des petites et moyennes entreprises (PME).
Le cinquième plan de développement économique et social (1984-1988) repose sur les options
et orientations principales suivantes :
-
Le maintien de l’option libérale et de l’ouverture de l’économie sur l'extérieur ;
-
Le développement de la coopération régionale ;
-
La recherche d’un développement mieux équilibré de l’ensemble du territoire national ;
-
La participation de tous au développement du pays.
Globalement, deux idées maîtresses émergent de ces différents plans, d’une part, l’utilisation des
ressources temporaires tirées du pétrole pour un développement sain et la diversification de
l'économie grâce à une politique de substitution aux importations et, d’autre part, l’amélioration du
niveau de vie des Gabonais.
Malheureusement, les résultats obtenus laissent penser que les objectifs du plan n’ont nullement été
atteints, ce qui a finalement conduit à l'abandon de la planification quinquennale pour la
programmation triennale glissante.
Cependant, les lois-programmes des investissements publics et parapublics, couvrant les
périodes 1991-1993 et 1993-1995, n'ont pas donné de meilleurs résultats. On retient globalement
que :
2.2.
-
Le déséquilibre villes-campagnes subsiste aujourd'hui, avec une accélération de l'exode rural ;
-
Les conditions de vie des Gabonais n'ont cessé de se détériorer depuis 1986 ;
-
La répartition des revenus reste inéquitable ;
-
Les infrastructures (et notamment les infrastructures de transport) restent à ce jour la grande
préoccupation des Gabonais.
De l’étude prospective Gabon 2025 à la loi de développement
La recherche d’une meilleure articulation entre ajustement et développement, marquée par l’exigence
d’intégrer les horizons temporels de court, moyen et long terme, a conduit à la mise en œuvre de
deux instruments :
1. Une étude prospective ;
2. Une loi de développement à l’horizon de six à sept ans, fixant les objectifs intermédiaires à
mettre en œuvre pour évoluer progressivement vers La vision définie par l’étude prospective.
Cinquante Ans de Développement au Gabon Postindépendance: Une Analyse Critique
C’est en 1993 que le Gabon entreprend de mettre en oeuvre une étude prospective Gabon 2025 dont
les conclusions sont remises en 1996. Les objectifs assignés à cette étude sont les suivants :
1. La définition d’une vision à long terme du développement du Gabon qui prendrait en
compte les aspirations profondes des populations, les potentialités du pays et
l’environnement international ;
2. L’élaboration d’un guide à la décision et à la gestion du développement, à court et moyen
terme, à partir d’une vision claire du futur ;
3. Le renforcement des capacités de réflexion, d’assimilation et d’adaptation de la planification
du développement face aux incertitudes du futur.
L’enquête élaborée pour recueillir les aspirations des populations a révélé que la santé, l’éducation, le
réseau routier, la démocratie et le bien-être constituent pour les populations enquêtées les
préoccupations prioritaires.
Ainsi, le souhait des populations est que le Gabon assure le maximum de bien-être à ses habitants en
devenant :
-
Un modèle de démocratie ;
-
Un modèle de développement.
Les orientations prioritaires de la vision à l’horizon 2025 sont :
-
La consolidation du processus démocratique ;
-
La revalorisation du système éducatif ;
-
La restructuration de l’économie ;
-
La redéfinition de la politique diplomatique.
La loi de développement s’articule quant à elle autour des points suivants :
1. Établir une croissance durable sur une base économique diversifiée (passer d’une économie
de rente à une économie de production, passer d’un entreprenariat d’État à un entreprenariat
privé, investir dans les infrastructures économiques et le développement humain) ;
2. Résoudre les problèmes d’emploi ;
3. Améliorer le niveau de vie et lutter contre la pauvreté ;
4. Aménager le territoire et protéger l’environnement ;
5. Consolider la démocratie et réorganiser l’État.
Série de l’IDEP Documents de réflexion pour le Cinquantenaire de l’Afrique 4
La stratégie de développement humain, aspect essentiel de la loi de développement, suppose :
-
Une politique démographique ;
-
La revalorisation du système de l’éducation et de la formation ;
-
La politique sanitaire ;
-
La mise en œuvre d’une politique sociale et de lutte contre la pauvreté ;
-
La revalorisation du patrimoine culturel et le développement de l’information.
2.3. Des programmes d’ajustement structurel (PAS) au Document de stratégie de
réduction de la pauvreté (DSRP)
On peut classer les accords passés avec le Fonds monétaire international (FMI) en deux groupes : les
premiers accords, d’une part, et les derniers accords, d’autre part.
Concernant les premiers accords, ils sont au nombre de trois :
-
Celui qui couvre la période 1986-1988 ;
-
Celui qui couvre la période 1991-1993 ;
-
Enfin le troisième, qui concerne la période 1995-1998.
Ces différents PAS ont donné lieu à des politiques sectorielles, notamment financières et monétaires.
L’objectif principal de la politique financière est le retour à l'équilibre des finances publiques, grâce à
la maîtrise des dépenses et à une meilleure collecte des recettes fiscales hors pétrole. Elle répond
fondamentalement au souci de l’État de se désengager de la gestion économique des secteurs
d’activité, de mettre en place les réformes structurelles nécessaires en vue d’une meilleure insertion
dans la mondialisation.
La politique monétaire vise, quant à elle, une gestion plus souple et plus rationnelle des taux d’intérêt.
Elle se traduit notamment par :
1. L’unification des taux d'escompte de la banque centrale ;
2. L’introduction d'une plus grande flexibilité des taux d'intérêt qui sont fixés désormais par le
gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC).
Dans les derniers accords, le gouvernement gabonais, afin de convaincre les bailleurs de fonds, s’est
engagé pour le premier d’entre eux, durant quatorze mois, à mettre en œuvre les principales réformes
structurelles exigées par le FMI à savoir :
-
Une croissance réelle du secteur non-pétrolier de 3 % à la fin 2004 et de 3,5 % en 2005 ;
Cinquante Ans de Développement au Gabon Postindépendance: Une Analyse Critique
-
Une maîtrise de l’inflation à une moyenne annuelle de 2 % ;
-
La réduction de la masse salariale, le renforcement de la transparence et de la gouvernance ;
-
La diversification de l’économie grâce à l’essor du secteur privé et à l’amélioration du niveau
de vie des populations sur la base des politiques sectorielles décrites dans le Document de
stratégie pour la réduction de la pauvreté.
Cependant,le nouvel accord de confirmation pose problème. Deux raisons peuvent être évoquées à
cet égard :
1. L’application des conditionnalités auxquelles les autorités gabonaises sont soumises apparaît
difficile. La réduction du train de vie de l’État, la réduction de l’équipe gouvernementale, la
réduction de la masse salariale sont autant de mesures qui ont souvent fait l’objet de
résistance. Par ailleurs, annuler des surtaxes sur les produits avicoles signifie, pour les
autorités gabonaises, la réduction des recettes fiscales et donc l’aggravation du déficit public.
Cette conditionnalité compromet à terme la relance et le développement de la filière aviaire
locale déjà étranglée par une importation massive ;
2. L’éternel problème du rééchelonnement de la dette publique, car rééchelonner la dette dans
une optique intertemporelle revient pratiquement à reporter à plus tard son remboursement,
autrement dit à léguer aux générations futures la charge de cette dette.
Le dernier accord de confirmation triennal 2007-2010 est, quant à lui, un programme économique
axé notamment sur la diminution significative du déficit budgétaire hors pétrole pour se rapprocher
d’un niveau soutenable à long terme. Il portait sur environ 117,3 millions de dollars, soit près de
59 milliards de francs CFA. Il n’a pas eu meilleure fortune.
Globalement, l’échec des PAS a poussé le Gabon à confectionner un Document de stratégie de
réduction de la pauvreté (DSRP) auquel pourtant il n’était pas astreint, puisqu’il n’est pas éligible à
l’initiative pays pauvres très endettés (IPPTE).
2.4.
Le DSRP
Le Gabon a élaboré en septembre 2001 un programme de réduction de la pauvreté, à un moment où
les capacités d’investissement public étaient fortement hypothéquées par le poids du service de la
dette et le déclin de la production pétrolière.
Le défi consistait alors à tenir compte à la fois des objectifs de développement à long terme et de la
nécessité de trouver des ressources à court terme susceptibles de compenser la perte des revenus
pétroliers.
Le DSRP est un document qui précise les objectifs ciblés découlant des priorités de développement
fixées par le gouvernement. Il doit pour ce faire :
-
Dresser l’état de la pauvreté ;
Série de l’IDEP Documents de réflexion pour le Cinquantenaire de l’Afrique 4
-
Élaborer les politiques et stratégies adéquates pour la combattre ;
-
Bâtir des indicateurs de suivi et des plans et programmes d’action à financer.
Les objectifs et la stratégie de réduction de la pauvreté sont :
-
Réduire le chômage ;
-
Enrayer le déclin économique du monde et inverser la tendance ;
-
Améliorer l’accès aux services sociaux ;
-
Redynamiser les filets de protection sociale ;
-
Intégrer un programme centré sur le genre ;
-
Mettre en place une gouvernance efficace et intègre.
Le DSRP fait observer que les défaillances de gouvernance concernent aussi bien la gouvernance
économique que la gouvernance politique, notamment :
-
La mauvaise utilisation et allocation des ressources, la corruption et la fraude ;
-
La non-implication de la société civile dans la mise en œuvre des réformes économiques et
politiques ;
-
La faiblesse de l’État et l’insuffisance des politiques publiques qui se traduisent entre autres
par l’inadaptation des politiques, l’inefficacité de la dépense publique, l’insuffisance ou
l’absence de budgétisation ou de programmation des investissements dans le processus de
planification, ainsi que l’accumulation des arriérés intérieurs.
Étant donné que les principales orientations de la démarche planificatrice au Gabon intègrent la lutte
contre la pauvreté, le pays n’a pas eu de mal à s’engager dans une stratégie locale de réalisation des
Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), moyennant quelques aménagements.
2.5.
Les Objectifs du millénaire pour le développement
Le programme de réalisation des OMD, initié depuis quelques années, connaît malheureusement des
retards dans l’ensemble des pays de l’Afrique subsaharienne.
Au Gabon, plusieurs facteurs expliquent de tels retards :
-
Les défaillances en matière de gouvernance ;
-
L’existence des poches de pauvreté dans de nombreux quartiers sous-intégrés ;
-
L’inégale répartition des revenus ;
Cinquante Ans de Développement au Gabon Postindépendance: Une Analyse Critique
-
III.
La dette extérieure.
L’analyse des résultats obtenus
Les stratégies mises en œuvre au cours des cinquante dernières années n’ont donc pas permis à
l’économie gabonaise de devenir une véritable économie de production. Pour s’en convaincre, il
suffit de présenter les performances économiques de ces dernières années.
Ainsi que le montre le tableau ci-dessous, le Gabon connaît au cours de cette période un taux de
croissance négatif : -1 % en 2009 contre 2,3 % en 2008. Les principaux indicateurs
macroéconomiques ont fléchi, malgré les richesses et le potentiel dont le pays dispose.
Tableau 1: Les principaux indicateurs macroéconomiques
2008
2009(e) 2010(p) 2011(p)
Croissance du PIB
2.3
-1.0
3.0
3.2
Inflation
5.3
2.5
3.3
2.6
Solde budget % PIB
12.1
6.9
8.5
9.2
Comptes courants % PIB
21.4
7.4
11.4
14.8
Source : BEAC, Direction générale de l’Économie (DGE) ; estimations (e) et prévisions (p).
3.1.
Le secteur réel
La contribution des mines et du pétrole au PIB reste prépondérante, 60,7 %. Viennent ensuite les
services (28,1 %), le secteur secondaire (7,3 %) puis le secteur primaire (3,9 %).
Ainsi, la production pétrolière a légèrement augmenté en 2009 (0,9 %) alors que celle de manganèse a
baissé de 40,6 %, à cause notamment de l’atonie du marché sidérurgique mondial.
La morosité des marchés chinois et européen des bois tropicaux constitue un sérieux handicap pour
les exportations de grumes, qui se sont contractées de 19,4 % en 2009. En fait, l’exploitation
forestière a globalement connu une croissance négative en 2009. Sa contribution au PIB reste très
modeste (1 %).
Dans l’industrie, l’activité a reculé dans le raffinage, le caoutchouc, le bois et le secteur du Bâtiment et
travaux publics (BTP).
Série de l’IDEP Documents de réflexion pour le Cinquantenaire de l’Afrique 4
La part de l’agriculture dans le PIB est marquée par un léger accroissement, lié au regain de
dynamisme de l’activité maraîchère et de la culture du cacao et du café grâce à la restructuration du
secteur.
Le secteur secondaire contribue ainsi que mentionné plus haut à hauteur de 7,3 % à la formation du
PIB. Les industries chimiques, les matériaux de construction, l'agroalimentaire et l’industrie du bois
ont généré la part la plus importante de cette contribution (3,4 %), suivies par l’électricité, l'eau, le
raffinage et les services pétroliers (2,2 %). Le secteur du BTP a contribué à concurrence de 1,7 % au
PIB, mais s’est contracté de 0,4 % en 2009, alors qu’il avait connu une augmentation de 10,9 % en
2008. Cette régression s’explique notamment par les difficultés de financement des marchés publics
en cours.
Le secteur tertiaire a contribué au PIB à hauteur de 28,1 % en 2009. Les services publics ont généré la
part la plus importante de cette contribution, suivis par le commerce, les transports et les
télécommunications.
3.2.
Le secteur finances publiques
Le Gabon connaît une contraction budgétaire qui frappe durement le secteur réel et le commerce
extérieur. En 2009, il y a eu contraction des soldes budgétaires, à cause du repli de la part des recettes
pétrolières dans le PIB, passée de 21,1 % en 2008 à 17,7 % en 2009. Le tableau ci-dessous donne une
idée des opérations financières de l’État au cours de cette période.
Tableau 2 : Opérations financières de l’État (en pourcentage du PIB)
2001 2006 2007 2008 2009(e) 2010(p) 2011(p)
Recettes totales (avec dons)
34.0
31.7
29.9
32.2
30.0
30.2
30.2
Recettes fiscales
11.2
10.3
11.1
9.9
11.1
10.7
10.3
Recettes pétrolières
21.8
20.3
17.5
21.1
17.7
18.3
18.6
Autres recettes
1.0
1.1
1.3
1.2
1.2
1.2
1.2
Dépenses totales (et prêts nets)
30.7
22.5
21.3
20.1
23.1
21.7
21.0
Dépenses courantes
24.9
17.7
16.6
15.1
17.6
16.6
16.0
Sans les intérêts
16.1
15.4
14.4
13.4
16.0
15.4
15.0
Salaires
6.4
5.1
5.5
5.0
6.3
6.2
6.2
Cinquante Ans de Développement au Gabon Postindépendance: Une Analyse Critique
Biens et services
5.1
3.3
3.5
3.2
3.7
3.4
3.3
Paiements d'intérêts sur la dette
8.8
2.3
2.2
1.8
1.6
1.2
1.0
Dépenses en capital
4.7
4.8
4.5
4.6
5.3
5.0
4.8
Solde primaire
12.0
11.6
10.8
13.9
8.5
9.7
10.3
Solde global
3.2
9.2
8.6
12.1
6.9
8.5
9.2
a. Seuls les principaux postes de recettes et de dépenses sont détaillés.
Source : DGE ; estimations (e) - prévisions (p).
Ainsi, la part des recettes totales dans le PIB a diminué au cours de cette période, passant de 34 % en
2001 à 30 % en 2009. Les dépenses hors dette ont augmenté de 16,2 % en 2009 avec
1 373,2 milliards de francs CFA contre 1 181,9 milliards d’exécution en 2008. Les dépenses totales ont
augmenté pour atteindre 23,1 % du PIB en 2009. Les dépenses courantes, qui représentaient 30,7 %
du PIB en 2001 sont descendues à 23,1 % en 2009.
3.3.
Le secteur monétaire
La politique monétaire au sein de la CEMAC consiste depuis fin 2008 à freiner l’expansion de la
liquidité bancaire, à travers la réduction des taux directeurs, à consolider l’objectif de refinancement
et à raffermir la politique des réserves obligatoires.
Á cet égard, la liquidité bancaire s’est consolidée en 2009 grâce au surplus de trésorerie des
entreprises exportatrices de matières premières et au règlement régulier de la dette intérieure par
l’État.
La politique des taux d’intérêt n’a pas été stable au cours de l’année 2009. Le taux de pénalité
bancaire et le taux des avances au Trésor ont été maintenus au-delà des plafonds statutaires
(respectivement 12 % et 10 %). Les autres taux d’intérêt ont connu une relative baisse, en vue de
relancer l’économie. Le taux d’intérêt des appels d’offre (TIAO) est passé de 5,25 à 4,75 %, le taux
d’intérêt des prises en pension (TIPP) de 7 à 6,25 %, le taux créditeur minimum (TCM) de 4,25 à
3,25 % et le taux débiteur minimum a été supprimé. De même, le taux d’intérêt sur les placements a
été réduit afin de maintenir le volume des ponctions de liquidité à un niveau bas.
La BEAC a réaménagé les coefficients et le taux de rémunération des réserves obligatoires en vue de
limiter l’expansion de la liquidité. Les coefficients applicables sur les dépôts à vue ont été de 11,75 %
au lieu de 10,25 % et ceux applicables sur les dépôts à terme sont passés de 8,25 à 9,25 %. Le taux de
rémunération des réserves obligatoires a été fixé à 0,15 % contre 0,35 % depuis 2009.
Série de l’IDEP Documents de réflexion pour le Cinquantenaire de l’Afrique 4
On a par ailleurs enregistré une baisse du niveau général des prix. Le taux d’inflation est ainsi passé
de 5,3 en 2008 à 2,5 % en 2009. Le faible relèvement des prix s’explique en grande partie par la baisse
de 6,6 % des prix des transports et du recul des articles d’habillement et de chaussures de 2,2 %.
3.4.
Le secteur extérieur
Les échanges du Gabon se sont soldés par un excédent commercial qui représente 38,8 % du PIB en
2009 contre 49,7 % en 2008. Cette baisse est due à un effondrement des exportations et à une
augmentation des importations, notamment des produits sidérurgiques, des achats des
consommations intermédiaires et des biens d’équipement des entreprises de construction et des
industries extractives.
Tableau 3 : Le compte courant (pourcentage du PIB)
2001
2006 2007 2008 2009(e) 2010(p) 2011(p)
Balance commerciale
37.5
47.1
47.0 49.7
38.8
41.2
42.7
Exportations de biens (f.o.b.)
55.5
63.4
61.9
64.3
54.2
56.0
56.9
Importations de biens (f.o.b.)
18.0
16.3
14.9
14.6
15.4
14.8
14.1
Services
-11.5
-11.4 -11.3 -10.0 -9.2
-9.0
-8.7
Revenus des facteurs
-14.0
-16.2 -15.7 -16.2 -19.6
-18.3
-17.0
Transferts courants
-1.7
-2.1
-2.2
-2.1
-2.6
-2.5
-2.3
Solde des transactions courantes 10.4
17.4
17.9
21.4
7.4
11.4
14.8
Source : BEAC, DGE - estimations (e) - prévisions (p).
Le repli du solde commercial s’explique également par le recul des exportations de pétrole (- 49,1 %)
et de manganèse (-73,7 %).
Le solde de la balance des services s’améliore mais reste déficitaire en 2009. La balance des revenus
présente également un solde structurellement déficitaire, qui s’aggrave par rapport à l’année
précédente (-19,6 % contre -16,2 %), à cause de la contraction de 51,1 % des revenus du capital.
Les mauvaises performances de l’économie gabonaise au cours de la présente décennie constituent
un révélateur de l’échec du système de rente et surtout de son incapacité à générer l’accumulation, à
promouvoir un secteur privé dynamique, à diversifier la production et à garantir de bonnes
conditions de débouchés. Cependant, on peut distinctement présenter les différents acquis et limites.
Cinquante Ans de Développement au Gabon Postindépendance: Une Analyse Critique
S’agissant des acquis, on relève tout d’abord les acquis politiques et sociaux, et ensuite, les acquis
économiques.
En ce qui concerne les acquis politiques et sociaux, on retient :
1. La consolidation de l’unité nationale. Le Gabon compte plus de quarante ethnies qui vivent
en bonne intelligence ;
2. L’accord tacite pour un idéal de paix. Le Gabon n’a jamais connu de guerre civile, malgré les
problèmes posés par la transition et les élections présidentielles au cours des années passées ;
3. La démocratie est en marche. Le Gabon est passé du système de parti unique à un système
multipartiste.
Pour ce qui est des acquis économiques, on retiendra la réalisation de plusieurs études et
programmes, notamment :
1. La définition d’une vision grâce à l’étude prospective « Gabon 2025 » ;
2. La mise en place du DSRP, même si le Gabon n’est pas éligible à l’initiative PPTE ;
3. Les efforts engagés pour signer des accords de confirmation avec le FMI ;
4. Le programme mis en place pour doter le pays d’infrastructures modernes.
Malheureusement, de tels acquis ne sont pas de nature à balayer ni à compenser les profondes limites
constatées.
En effet, les principales faiblesses du Gabon se situent sur le plan économique. Elles sont liées aux
contraintes spécifiques du pays, notamment :
-
L’étroitesse du marché ;
-
Le coût élevé des facteurs de production ;
-
La précarité des communications ;
-
L’environnement des affaires non propice ;
-
La répartition très inégale des revenus du pétrole ;
-
L’absence de compétitivité des PME/PMI ;
-
La précarité des infrastructures ;
-
La prépondérance des activités spéculatives et le développement du secteur informel.
Série de l’IDEP Documents de réflexion pour le Cinquantenaire de l’Afrique 4
IV. Les enseignements
Globalement, le Gabon présente toutes les caractéristiques d’une économie de rente, entre autres:
gaspillage, mauvaise gestion, faible compétitivité des entreprises avec un secteur PMI/PME peu
performant, ce qui a comme autres conséquences un chômage croissant et la paupérisation d’une
frange de plus en plus grande de la population. En fait, si le Gabon connaît un niveau de
développement qui n’est pas conforme à ses potentialités, s’il n’a pas objectivement réussi à renverser
la tendance, c’est essentiellement à cause de nombreux facteurs internes, notamment :
1. La non-mise en œuvre de la vision arrêtée de commun accord (Gabon 2025) et la pratique
permanente de l’improvisation et du pilotage à vue ;
2. Une gestion non transparente des ressources et une utilisation non rationnelle de la manne
pétrolière, qui a plutôt servi à financer des dépenses courantes improductives, des projets
d'investissement mal inspirés ;
3. Une répartition inégalitaire des revenus reposant non pas sur l’efficacité et la productivité
mais sur la plus ou moins grande allégeance au pouvoir, ce qui a conduit à entretenir la
médiocrité ;
4. De mauvais choix de politique économique se traduisant, entre autres, par la mise en œuvre
des politiques commerciales introverties, reposant sur une stratégie de développement
autocentré, visant la substitution des productions locales aux importations. Les restrictions au
commerce ont plutôt contribué à élever le coût des facteurs de production ;
5. Une faible formation du capital humain, qui a accentué la forte contrainte humaine qualitative
que connaît le pays ;
6. l’émergence d’une économie fictive et spéculative faite de corruption et soutenue par les
hauts responsables politiques.
Á ces différents facteurs il convient d’ajouter :
-
L’intervention massive de l’État dans l’économie ;
-
La faiblesse des infrastructures, entre autres, l’inefficacité du système de transport et de ses
services publics de distribution ;
-
Les avatars d’une transition politique mal négociée et la dégradation générale de la gestion des
affaires publiques.
Il apparaît dès lors important de tirer quelques leçons de l’expérience passée :
1. L’évolution du Gabon au cours des cinquante années d’indépendance montre que les
ressources naturelles ne suffisent pas à développer un pays ;
Cinquante Ans de Développement au Gabon Postindépendance: Une Analyse Critique
2. La planification comme soutien au développement n’a résolu aucun problème. Elle s’est
révélée un cuisant échec ;
3. L’intégration n’est pas une panacée. Elle apparaît davantage comme un moyen d’ajustement
externe pour appuyer les mesures d’ajustement prises sur le plan interne ;
4. Le fait de remplacer un monopole public par un monopole privé ne conduit pas
nécessairement à plus d’efficacité, de même que le changement de partenaire ne suffit pas à
promouvoir le développement ;
5. Il faut se débarrasser de certaines idées reçus qui font partie des généralisations commodes :
ce n’est pas parce que le FMI intervient en Afrique que le continent a des problèmes, c’est
plutôt parce que le continent a des problèmes que le FMI intervient ;
6. Ce sont essentiellement les entreprises (autrement dit le secteur privé) qui créent de la
richesse, le secteur public a dans la plupart des pays africains montré son inefficacité ;
7. La privatisation n’est pas la cause des problèmes économiques que connaît le Gabon mais le
résultat de la mauvaise gestion de l’État.
Conclusion
L’évolution récente de l’économie gabonaise, qui repose essentiellement sur l’exploitation pétrolière
(la part relative du pétrole dans le PIB reste sensiblement la même depuis 1974 : elle varie entre 45 %
et 49 %), révèle qu’elle n’a jamais pu devenir une véritable économie de production, capable
d’impulser une croissance régulière et pérenne.
Des études sur les déterminants de la croissance (Banque mondiale 1993) montrent que les pays qui
ont connu une croissance rapide sont précisément ceux qui ont pratiqué de bonnes politiques
macroéconomiques, à savoir : maintien d’une faible inflation, des taux de change réalistes, une
prudence budgétaire, autrement dit un déficit peu élevé et un faible ratio consommation des
administrations publiques/PIB.
Or, le modèle de développement du Gabon s’est articulé depuis cinquante ans autour de l’État qui
est devenu, au fil du temps, le principal employeur et le premier investisseur du pays. Il en résulte une
superstructure administrative coûteuse, doublée de l’inefficacité d’un grand nombre d’entreprises
publiques et parapubliques non rentables.
C’est à ces différents maux que doivent s’attaquer les politiques volontaristes à mettre en œuvre dès à
présent.
Série de l’IDEP Documents de réflexion pour le Cinquantenaire de l’Afrique 4
Bibliographie
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Gabon sur la gouvernance, Rapport national », ISTA, mars 2004.
Direction générale de l’Économie
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« Tableau de bord de l’économie, situation 1995 perspectives 1996 », n° 26 mars 1996.
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Ministères des Finances, de l’Économie, du Budget et des Participations,
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« Rapport économique et financier accompagnant la loi des Finances 2003 ».
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« Rapport économique et financier accompagnant la loi des Finances 2004 ».
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« Rapport économique et financier accompagnant la loi des Finances 2005 ».
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Ministère du Plan, du Développement et de l’Aménagement du territoire, « Troisième plan de
développement économique et social 1976-1980 ».
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économique et social 1980-1982 ».
Ministère de la Planification et de l’Aménagement du territoire,
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Ministère de la Planification, de l’Environnement et du Tourisme, « Réflexion stratégique à long
terme », juin 1996.
République Gabonaise, « Deuxième plan de développement économique et social 1971-1975 ».
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