F. Le Corre, E. Rageot, C. Garreau de Loubresse
Le retentissement sur les racines nerveuses a fait aussi
l’objet d’études sur les conséquences entraînées par la
flexion, l’extension et la flexion latérale. Sur le cadavre,
la flexion complète retentit très faiblement sur la racine
L4, alors que pendant ce temps-là il existe une variation
de 2 à 5 mm pour les racines L1 et L2. En 1981, Louis
asignalé de son côté que les racines de la queue de che-
val se déplaçaient axialement et que leur direction se
modifiait lors de la flexion totale de la colonne verté-
brale, la racine L3 gardant la même longueur.
Les répercussions de la flexion latérale ont fait l’objet
de moins d’investigations. En 1978, Breig les a étu-
diées minutieusement sur des cadavres. En décubitus
latéral, il a remarqué notamment que tout dépendait de
la position du cou et du tronc. Si le tronc était fléchi
vers la gauche, la moelle épinière avait tendance à aller
vers la table, entraînant de ce fait une tension des raci-
nes sus-jacentes (opposées au plan de la table), et un
relâchement des racines situées du côté de la table. Les
racines de la queue de cheval situées du côté de la table
étaient détendues. L’inverse survenait en cas de flexion
du tronc vers le droite.
Conclusion
Même en ne méconnaissant pas les même modifica-
tions apportées par la laminectomie, et en sachant que
la dynamique des structures nerveuses intracanalaires
est deux fois plus importante chez le vivant comme les
travaux de Pennick et Wilmink cités plus haut l’ont
montré, l’intérêt de cette étude réside surtout dans
l'observation des répercussions engendrées sur ces
24
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Bibliographie
RACHIS - Vol. 14, n°1, Mars 2002.
dernières au cours des manœuvres les plus fréquem-
ment employées au niveau du rachis lombaire, en thé-
rapie manuelle vertébrale. Elle a permis également de
constater l’impaction et le verrouillage absolu des arti-
culaires postérieures en hyperlordose, l’absence de
mobilité longitudinale des radicelles lors de la flexion
antérieure du membre inférieur tendu sur le bassin, la
tension des radicelles lors de la position assise en
cyphose.
Elle nous amène dans notre domaine à formuler
quelques réflexions.
1) La première reflexion concerne le verrouillage
absolu des articulaires postérieures rapidement obenu
lors de la mise en position d’hyperlordose, renforçant
l’idée que le bruit sourd accompagnant généralement
la manipulation dans cette position est d’origine sacro-
iliaque. En 1963, c’était d’ailleurs son but, et elle était
répertoriée comme telle dans les milieux ostéopa-
thiques.
2) La deuxième réflexion concerne la tension des radi-
celles lombaires observée lorsque le bassin a basculé
en avant, apportant une explication plausible aux dou-
leurs dont nous font part nos patients en position assi-
se, et confirmant l’interêt de se tenir assis bien droit
légèrement cambré.
3) La troisième remarque est liée à l’absence visible de
tout déplacement longitudinal des dernières radicelles
lombaires lors de la manoeuvre effectuée en décubitus
latéral ou en amenant le membre inférieur en avant
comme celle pratiquée lors du Lasègue, en raison des
adhérences existants au niveau de l’orifice intracana-
laire de chaque foramen. ■