C
h
a
p
itre
1
R
ep
é
ra
g
e des troubles
d
u comportement a
li
menta
i
r
e
La prévalence des troubles du comportement alimentaire
serait en au
g
mentation
d
ans
l
es
p
a
y
s in
d
ustria
l
isés :
p
armi
l
es 12-2
5
ans, elle se situe actuellement autour de 0,
5
à 1 %
p
our l’anorexie mentale, entre 2 et
5
% pour la boulimie e
t
usquà 14 % selon les études pour les troubles des conduites
alimentaires non spécifiés. Ces troubles sont une cause
sérieuse
d
e morbi
d
ité et même
d
e
m
orta
l
ité c
h
ez
l
’a
d
o
l
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-
cent et le
j
eune adulte. Cependant, la plupart des études
r
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l
e
d
e
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p
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p
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î
t pas
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f
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e en raison
d
e
l
a
f
réquence
d
es attitu
d
es
de déni, en
p
articulier dans l’anorexie. Ainsi, le nombre de
p
ersonnes concernées par les troubles alimentaires reste une
a
pp
roximation. La
p
rati
q
ue
d
e ré
g
imes restricti
f
s, consi
-
dérée comme étant un facteur de risque dans le dévelop
-
p
ement
d
e ces trou
bl
es, est é
g
a
l
ement
l
ar
g
ement ré
p
an
d
ue
dans la population occidentale : selon les études, 30 à 77 %
d
es a
d
o
l
escentes auraient
d
éjà
f
ait un régime. La p
l
upart
d
e
ces ré
g
imes évoluent s
p
ontanément de manière favorable
p
ar un retour à une alimentation normale. Cependant, un
certain nom
b
re
d
e ces a
d
o
l
escentes
d
éve
l
o
pp
ent, souven
t
au décours de leur régime, un trouble du comportemen
t
a
l
imentaire. Ce trou
bl
e
p
eut
p
ren
d
re
pl
usieurs
f
ormes
q
ui
sont exposées dans ce chapitre.
L
ES TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIR
E
12
I
.
C
LA
SS
IFI
C
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O
N DE
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TR
OU
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S
1
. L
a
n
o
r
e
xi
e
Il existe au
j
ourd’hui ps de 40 000 anorexiques en France
au sein de la population des 12-19 ans, ma
j
oritairemen
t
des femmes (90 %), les deux pics d’apparition du trouble se
situant autour de 13-14 ans et 17-18 ans. Le taux de mor
-
t
alité, plus précoce qu’attendu par rapport à l’âge du su
j
et,
est important en raison
d
es conséquences
d
e
l
a
d
énutrition,
d
es vomissements, ou encore
d
u suici
d
e. P
l
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l
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l
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l
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p
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-
t
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d
é
p
assant
l
es 20 %
p
our
l
es étu
d
es
d
é
p
assant 20 ans
d
e
suivi
,
dont 5-10 % de suicides
.
L’anorexie « menta
l
e » se
d
i
ff
érencie
d
e
l
’anorexie
(
ou perte
d
’appétit
)
secon
d
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l
a suite
d
e
l
a prise
d
’un mé
d
icament ou au cours
d
’une ma
l
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n
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x
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l
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l
on
-
t
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l
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a sévérité ont
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q
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l
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g
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l
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e trou
bl
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q
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l
s
q
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y
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p
ulsif ou encore
d’un trouble de la
p
ersonnalité
p
lus
g
rave, im
p
li
q
uant une
perte de contact avec une partie de la réalité (le corps) et un
déni massif des besoins fondamentaux.
Les
p
remières
d
escri
p
tions
d
e con
d
uites anorexi
q
ues
d
aten
t
d
e
l
A
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p
remières
d
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p
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p
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(
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steria a
p
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p
si
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)
et Lasè
g
ue
(
a
norex
i
a ner
v
os
a
)
. De
p
uis les années
q
uarante, nombre
d’hypothèses psychogénétiques ont été formulées (Bruch,
Selvini-Palazzoli, Kestemberg, Jeammet, etc.). Si l’étymo
-
l
ogie du mot « anorexie » fait référence à la perte d’appétit,
l
origine du problème ne réside pourtant pas dans l’absence
d
e sensation
d
e
f
aim. En e
ff
et,
l
oin
d
’avoir per
d
u
l
’appétit,
l
a personne anorexique
l
utte activement contre
l
a sensa
-
t
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d
e
f
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,
d
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b
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l
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l
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p
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p
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l
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p
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p
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d
e
f
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p
ara
î
t. Les mécanismes
b
iolo
g
i
q
ues de la faim et de la satiété se dérè
g
lent, mais la
f
aim re
p
rend souvent le dessus, entra
î
nant dans 50 % des
R
EP
É
RAGE DES TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE 1
3
©
Dunod - La
p
hotoco
p
ie non autorisée est un délit.
cas
d
anorexie restrictive un
p
assa
g
e à
d
es com
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ortements
b
oulimiques.
Critères dia
g
nostique
s
L’anorexie se déf init
g
énéralement
p
ar la triade s
y
m
p
to
-
mati
q
ue
d
es trois «
A
» : anorexie, amai
g
rissement et a
-
n
orrhée. Lanorexie et l’amaigrissement font référence à la
d
is
p
arition
d
e
l
’a
pp
étit et au re
f
us
d
e s’a
l
imenter su
ff
isam
-
ment pour maintenir le poids corporel au niveau ou au
-
dessus d’un
p
oids minimum normal
p
our l’
âg
e et la taille.
D’après
l
e Manue
l
Diagnostique et Statistique
d
es Trou
bl
es
M
entaux dans sa
q
uatrième version révisée
(
DSM-IV-TR,
A
merican Ps
y
c
h
iatric
A
ssociation –
A
P
A
, 2000
)
,
l
’anorexie
est évoquée
l
orsque la perte de poids conduit au maintien
d’un
p
oids inférieur à 85 % du
p
oids attendu. Cet amai
g
ris
-
sement est rapide et important (entre 10 % et
5
0 % du poids
n
ormal pour la taille et l
â
ge du sujet),
l
’In
d
ice
d
e Masse
Corpore
ll
e
(
IMC
)
d
evenant in
f
érieur à 17. L’IMC
(
poi
d
s
divisé
p
ar la taille au carré
)
ada
p
té se situe autour de 20. En
dessous de 17,5 le
p
oids est considéré comme insuffisan
t
et participe à l’identification de l’anorexie. À partir d’un
IMC in
f
érieur à 14,
l
e pronostic vita
l
est en jeu et
l
h
ospi
-
talisation pour réalimentation est recommandée. De plus,
c
h
ez
l
es
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p
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p
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ée survient,
c’est-à-
d
ire
l
’a
b
sence
d
au moins trois cyc
l
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l
s
consécutifs
.
Le refus alimentaire est lié à une peur intense de prendre
d
u
p
oi
d
s, a
l
ors
q
ue
l
e
p
oi
d
s est in
f
érieur à
l
a norma
l
e. On
constate donc une altération de la perception du poids ou
d
e
l
a
f
orme
d
e son
p
ro
p
re cor
p
s avec un
d
éni
d
e
l
a
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-
vi
d
e
l
a maigreur actue
ll
e. On o
b
serve para
ll
è
l
ement une
i
nfluence excessive du
p
oids ou de la forme cor
p
orelle sur
l
’estime
d
e soi. Lattitu
d
e
d
e
l
’anorexi
q
ue
f
ace à
l
a
p
erte
d
e
p
oids est caractérisée par une banalisation de l’amaigrisse
-
ment ou une dissimulation de celui-ci
p
ar le
p
ort de vête
-
ments amples. Cette perte de poids spectaculaire entra
î
ne
souvent,
d
ans un
p
remier tem
p
s,
d
es
b
éné
f
ices secon
d
aires
comme
l
’a
d
miration,
l
’attention et
l
es
f
é
l
icitations
d
es
p
roches.
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