FRANÇOISE
GRILLOT SUSINI
L'ÉLAMITE
ÉLÉMENTS .DE GRAMMAIRE
GEUTHNEK
MANUELS
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ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE
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Couverture :
Statuette d
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or sur socle de bronze
Acropole de Suse, fin du II' millénaire
Av. J.-C.
Louvre, Sb 2758.
Élam,
Pierre Amiet, 1966, Archée Editeur.
© 2008,
'
S.N. LIBRAIRIE
ORI
ENTALISTE PAUL GEUTHNER S.A.
16 RUE DE LA GRANDE CHAUMIÈRE - 75006 PARIS
ISBN :
97
8-2-7053-3797-0
Tous droits réservés
Composition de la couverture :
Vincent Castevert
AVANT-PROPOS
L'élamite peut être considéré comme étant un 'isola
linguistique et son rattachement au groupe des langues
dravidiennes, - plus précisément à une langue ancienne d'origine
commune : le proto-élamo-dravidien, ainsi que le propose D.W.
Mc ALPIN, - manque encore d'éléments probants. Oralement,
l
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élamite a sans doute disparu depuis longtemps
et
les derniers
textes écrits en cette langue ont été gravés il y a vingt-quatre
siècles environ.
Le
corpus des textes élamites, plus important que celui 'des
textes vieux-perses, est dans son ensemble fort réduit par rapport
aux données mésopotamiennes.
En dehors- d'un nombre relativement 'important d'unités
lexicales dont la valeur est donnée par les les • versïons
akkadiennes et vieux perses des inscriptions des rois aché-
ménides, il n'existe qu'un texte bilingue (élamite-akkadien)
d'époque méso-élamite qui permet d'établir ou de confirmer le
sens d'une douzaine de mots seulement. Par conséquent, la
situation documentaire et linguistique de la langue élamite rend
son étude difficile, et les interprétations fondées sur le contexte
du corpus méso- et néo-élamite et obtenues par recoupement ou
rapprochement ne peuvent être à l'évidence qu'approximatives.
De plus, la langue élamite comporte des différences dialec-
tales, sa graphie est instable et les structures grammaticales
présentes dans les textes sont en constante évolution.
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ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE
FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI
Aussi, la contribution que nous apportons ici, qui en fait
représente la version actualisée de la publication « Éléments de
Grammaire Elamite » parue en 1987, ne prétend pas résoudre les
nombreuses difficultés d'interprétation que pose la langue
élamite, elle risque même de soulever de nouvaux problèmes.
Il convient de rendre hommage à René LABAT dont
l'enseignement a permis la mise en oeuvre de nouvelles recher-
ches sur la langue élamite.
De 1967 à 1973, René LABAT donna, au Collège de France,
une série de leçons consacrées .à la langue élamite. Ces leçons
portèrent notamment sur les inscriptions royales achéménides de
Darius, Xerxès et Artaxerxès II. Une étude minutieuse de ces
inscriptions pour la plupart trilingues et dont il avait travaillé les
versions akkadienne et vieux-perse, lui avaient permis d'amé-
liorer les traductions plus anciennes. Le temps lui étant compté,
il ne put faire qu'une étude partielle des textes méso-élamites.
I - GÉNÉRALITÉS SUR LA LANGUE ÉLAMITE
La langue élamite appartient au type que l'on appelait
agglutinant et sa morphologie est suffixale..
La structure nominale qui la caractérisait se simplifia au cours
du temps et tendit à disparaître, tandis que l'organisation de
l'énoncé s'orientait progressivement vers le verbe. De ce fait, de
nombreuses formations nominales se sont réduites et/ou figées,.
donnant lieu finalement à de nouvelles catégories grammaticales
comme celles des adjectifs, des adverbes, . des postposi
=
tions. Cette étude tentera de suivre leur évolution parfois jusqu'à
l'époque achéménide.
Le nom est marqué par l'opposition animé / inanimé qui sont
appelés «genres ». A ces genres correspondent des suffixes de
classe ou classificateurs qui marquent un locutif, un allocutif ou
un délocutif. Ces suffixes servent à la formation des dérivés
nominaux et, dans l'énoncé; ils relient le nom à ses expansions
qui lui sont généralement postposées.
La langue atteste une syntaxe de position des compléments de
circonstance placés en début de phrase et dès pronoms de rappel
placés devant la forme verbale qui indiquent grâce à leur
position respective la fonction des éléments nominaux qu'ils
représentent.
Elle utilise plusieurs groupes .nominaux introduits par un
pronom anaphorique:
le groupe nominal à « valeur adverbiale » qui comprend un
complément de circonstance et qui précise
-
le sens d'un élément
nominal en indiquant la manière, le lieu, le temps ; les deux
groupes nominaux dits de « relation » qui. mettent en rapport de
subordination un élément nominal à un autre, tout en indiquant
la nature spatiale ou temporelle du rapport subordination.
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ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE
FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI
Le verbe présente une seule conjugaison proprement verbale
attestant la désinence de personnes (lé
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personne, 2
ème
personne,
Sème
personne), deux
.
participes de sens passifs invariables et
trois conjugaisons 'de sens actif ayant un caractère nominal.
Deux de ces conjugaisons sont issues des participes de sens
passif, elles sont marquées par l'un des suffixes animés de classe
représentant. un locutif, un allocutif ou un délocutif. La
troisième, construite sur la base verbale, se réduit au délocutif.
Les différentes formes du verbe indiquent seulement deux
aspects, l'accompli et 'l
'
inaccompli-duratif. La conjugaison
verbale se dote au cours de l
'
époque méso-élamite d'un suffixe
marquant l'antériorité. Le prédicat verbal ou nominal est
normalement situé à la fin de la proposition.
Si l'énoncé de la période ancienne ou paléo-élainite, hélas !
peu documenté, juxtapose les propositions ou les coordonne, en
revanche l'énoncé - méso-élamite est plus complexe. Aux
propositions . coordonnées viennent 's'ajouter les propositions
relatives qualificatives et déterminatives qui se pourvoient peu à
peu d'un pronom relatif, puis les propositions subordonnées à
valeur circonstancielle. Enfin, aux propositions subordonnées
viennent s'adjoindre des sous-subordonnées. L'ordre des
diverses propositions, est le suivant : la proposition principale est
normalement placée en fin de phrase, la proposition
subordonnée, précédée ou non de sa sous-subordonnée, est
placée devant elle. Le verbe qui clôt la proposition subordonnée
est suivi par l'enclitique de subordination -a.
L'évolution de 'la langue conduisit à la simplification, voire à
la disparition, de l'ancienne structure nominale. La syntaxe de
position des pronoms de rappel renvoyant à un animé ou à un
inanimé se perdit, les suffixes nominaux classificateurs tendirent
vers une uniformisation, le mécanisme des groupes nominaux à
« valeur adverbiale » ou de « relation » dont la formation n'était
plus réellement comprise, se réduisirent et se figèrent. La langue
élamite se laissa influencer,,à l'époque achéménide, par le vieux
perse. Et,. elle développa alors de nouveaux outils grammati-
caux, comme les postpositions, les adverbes et les conjonctions.
II - GRAPHIE
On suppose sans pouvoir le démontrer jusqu'à ce jour que
l'écriture proto-élamite qui comprit dès la fin du IVè millémaire
des notations numériques puis des pictogrammes et sans doute
des syllabogrammes'nota la langue élamite, mais ce système est
encore indéchiffrée au plan linguistique, 'La langue élamite
actuellement déchiffrable a été transmise par la graphie
cunéiforme 'akkadienne d'origine mésopotamienne qui - fut
vraisemblablement adoptée au 23
ème
siècle avant notre ère, voire
peu après l'invasion de l'Elam par Sargon d'Akkad
(24
èrne
siècle
avant notre ère). Cette graphie qui eut cours jusqu'à la fin du
4ème
siècle avant notre ère, fut éclipsée durant une courte période '
par l'écriture syllabique élamite dite « linéaire » élaborée
semble-t-il à partir d'un choix de signes du système proto-
élamite et cè, au 22
ème
siècle avant notre ère.
La graphie akkadienne des textes élamites anciens est celle
du syllabaire paléo-babylonien. Mais rapidement, elle amorça sa
propre évolution en s'éloignant quelque peu de son modèle.
Cette évolution du syllabaire tend à une certaine simplification.
La graphie cunéiforme élamite atteste l'usage d'un petit
nombre de logogrammes suméro-akkadiens et de quelques
pseudo-logogrammes élamites. Elle fait usage de déterminatifs
pour préciser la catégorie dans laquelle entrent certains mots.
Ainsi, DINGIR (représenté par d.) précède les noms divins,
DIS(= v.) et BAD (= w.) à l'époque tardive sont placés devant
les noms d'hommes, MUNUS (= f.) précède les noms de
femmes, AS (= h.) marque les noms de lieux et les ethniques à
l'époque tardive, GIS précède les noms d'arbres ou d'objets en
bois, MES (= 1g) signale que le mot qui le précède est un
logogramme, GAM marque un début de ligne à la période
tardive ; il paraît aussi séparer les différentes parties d'un texte.
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