FRANÇOISE GRILLOT SUSINI L'ÉLAMITE ÉLÉMENTS .DE GRAMMAIRE GEUTHNEK MANUELS 10 L ' ^ 8U ^^ lF ^-^ ^U ^ ^^^ P^^ U U ^^^^^^^v^^^^^ ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE . -__- AVANT-PROPOS Couverture : Statuette d ' or sur socle de bronze Acropole de Suse, fin du II' millénaire Av. J.-C. Louvre, Sb 2758. Élam, Pierre Amiet, 1966, Archée Editeur. L'élamite peut être considéré comme étant un 'isola linguistique et son rattachement au groupe des langues dravidiennes, - plus précisément à une langue ancienne d'origine commune : le proto-élamo-dravidien, ainsi que le propose D.W. Mc ALPIN, - manque encore d'éléments probants. Oralement, l' élamite a sans doute disparu depuis longtemps et les derniers textes écrits en cette langue ont été gravés il y a vingt-quatre siècles environ. Le corpus des textes élamites, plus important que celui 'des textes vieux-perses, est dans son ensemble fort réduit par rapport aux données mésopotamiennes. © 2008, ' S.N. LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER S.A. 16 RUE DE LA GRANDE CHAUMIÈRE - 75006 PARIS ISBN : 97 8-2-7053-3797-0 Tous droits réservés Composition de la couverture : Vincent Castevert En dehors- d'un nombre relativement 'important d'unités lexicales dont la valeur est donnée par les les • versïons akkadiennes et vieux perses des inscriptions des rois achéménides, il n'existe qu'un texte bilingue (élamite-akkadien) d'époque méso-élamite qui permet d'établir ou de confirmer le sens d'une douzaine de mots seulement. Par conséquent, la situation documentaire et linguistique de la langue élamite rend son étude difficile, et les interprétations fondées sur le contexte du corpus méso- et néo-élamite et obtenues par recoupement ou rapprochement ne peuvent être à l'évidence qu'approximatives. De plus, la langue élamite comporte des différences dialectales, sa graphie est instable et les structures grammaticales présentes dans les textes sont en constante évolution. FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI Aussi, la contribution que nous apportons ici, qui en fait représente la version actualisée de la publication « Éléments de Grammaire Elamite » parue en 1987, ne prétend pas résoudre les nombreuses difficultés d'interprétation que pose la langue élamite, elle risque même de soulever de nouvaux problèmes. Il convient de rendre hommage à René LABAT dont l'enseignement a permis la mise en oeuvre de nouvelles recherches sur la langue élamite. De 1967 à 1973, René LABAT donna, au Collège de France, une série de leçons consacrées .à la langue élamite. Ces leçons portèrent notamment sur les inscriptions royales achéménides de Darius, Xerxès et Artaxerxès II. Une étude minutieuse de ces inscriptions pour la plupart trilingues et dont il avait travaillé les versions akkadienne et vieux-perse, lui avaient permis d'améliorer les traductions plus anciennes. Le temps lui étant compté, il ne put faire qu'une étude partielle des textes méso-élamites. L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE I - GÉNÉRALITÉS SUR LA LANGUE ÉLAMITE La langue élamite appartient au type que l'on appelait agglutinant et sa morphologie est suffixale.. La structure nominale qui la caractérisait se simplifia au cours du temps et tendit à disparaître, tandis que l'organisation de l'énoncé s'orientait progressivement vers le verbe. De ce fait, de nombreuses formations nominales se sont réduites et/ou figées,. donnant lieu finalement à de nouvelles catégories grammaticales comme celles des adjectifs, des adverbes, . des postposi = tions. Cette étude tentera de suivre leur évolution parfois jusqu'à l'époque achéménide. Le nom est marqué par l'opposition animé / inanimé qui sont appelés «genres ». A ces genres correspondent des suffixes de classe ou classificateurs qui marquent un locutif, un allocutif ou un délocutif. Ces suffixes servent à la formation des dérivés nominaux et, dans l'énoncé; ils relient le nom à ses expansions qui lui sont généralement postposées. La langue atteste une syntaxe de position des compléments de circonstance placés en début de phrase et dès pronoms de rappel placés devant la forme verbale qui indiquent grâce à leur position respective la fonction des éléments nominaux qu'ils représentent. Elle utilise plusieurs groupes .nominaux introduits par un pronom anaphorique: le groupe nominal à « valeur adverbiale » qui comprend un complément de circonstance et qui précise- le sens d'un élément nominal en indiquant la manière, le lieu, le temps ; les deux groupes nominaux dits de « relation » qui. mettent en rapport de subordination un élément nominal à un autre, tout en indiquant la nature spatiale ou temporelle du rapport subordination. 6 7 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI Le verbe présente une seule conjugaison proprement verbale attestant la désinence de personnes (lé" personne, 2ème personne, Sème personne), deux. participes de sens passifs invariables et trois conjugaisons 'de sens actif ayant un caractère nominal. Deux de ces conjugaisons sont issues des participes de sens passif, elles sont marquées par l'un des suffixes animés de classe représentant. un locutif, un allocutif ou un délocutif. La troisième, construite sur la base verbale, se réduit au délocutif. Les différentes formes du verbe indiquent seulement deux aspects, l'accompli et 'l ' inaccompli-duratif. La conjugaison verbale se dote au cours de l ' époque méso-élamite d'un suffixe marquant l'antériorité. Le prédicat verbal ou nominal est normalement situé à la fin de la proposition. Si l'énoncé de la période ancienne ou paléo-élainite, hélas ! peu documenté, juxtapose les propositions ou les coordonne, en revanche l'énoncé - méso-élamite est plus complexe. Aux propositions . coordonnées viennent 's'ajouter les propositions relatives qualificatives et déterminatives qui se pourvoient peu à peu d'un pronom relatif, puis les propositions subordonnées à valeur circonstancielle. Enfin, aux propositions subordonnées viennent s'adjoindre des sous-subordonnées. L'ordre des diverses propositions, est le suivant : la proposition principale est normalement placée en fin de phrase, la proposition subordonnée, précédée ou non de sa sous-subordonnée, est placée devant elle. Le verbe qui clôt la proposition subordonnée est suivi par l'enclitique de subordination -a. L'évolution de 'la langue conduisit à la simplification, voire à la disparition, de l'ancienne structure nominale. La syntaxe de position des pronoms de rappel renvoyant à un animé ou à un inanimé se perdit, les suffixes nominaux classificateurs tendirent vers une uniformisation, le mécanisme des groupes nominaux à « valeur adverbiale » ou de « relation » dont la formation n'était plus réellement comprise, se réduisirent et se figèrent. La langue élamite se laissa influencer,,à l'époque achéménide, par le vieux perse. Et,. elle développa alors de nouveaux outils grammaticaux, comme les postpositions, les adverbes et les conjonctions. 8 L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE II - GRAPHIE On suppose sans pouvoir le démontrer jusqu'à ce jour que l'écriture proto-élamite qui comprit dès la fin du IVè millémaire des notations numériques puis des pictogrammes et sans doute des syllabogrammes'nota la langue élamite, mais ce système est encore indéchiffrée au plan linguistique, 'La langue élamite actuellement déchiffrable a été transmise par la graphie cunéiforme 'akkadienne d'origine mésopotamienne qui - fut vraisemblablement adoptée au 23 ème siècle avant notre ère, voire peu après l'invasion de l'Elam par Sargon d'Akkad (24 èrne siècle avant notre ère). Cette graphie qui eut cours jusqu'à la fin du 4ème siècle avant notre ère, fut éclipsée durant une courte période ' par l'écriture syllabique élamite dite « linéaire » élaborée semble-t-il à partir d'un choix de signes du système protoélamite et cè, au 22 ème siècle avant notre ère. La graphie akkadienne des textes élamites anciens est celle du syllabaire paléo-babylonien. Mais rapidement, elle amorça sa propre évolution en s'éloignant quelque peu de son modèle. Cette évolution du syllabaire tend à une certaine simplification. La graphie cunéiforme élamite atteste l'usage d'un petit nombre de logogrammes suméro-akkadiens et de quelques pseudo-logogrammes élamites. Elle fait usage de déterminatifs pour préciser la catégorie dans laquelle entrent certains mots. Ainsi, DINGIR (représenté par d.) précède les noms divins, DIS(= v.) et BAD (= w.) à l'époque tardive sont placés devant les noms d'hommes, MUNUS (= f.) précède les noms de femmes, AS (= h.) marque les noms de lieux et les ethniques à l'époque tardive, GIS précède les noms d'arbres ou d'objets en bois, MES (= 1g) signale que le mot qui le précède est un logogramme, GAM marque un début de ligne à la période tardive ; il paraît aussi séparer les différentes parties d'un texte. FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI Le système d'écriture syllabique akkadien n'est pas adapté à la phonologie de la langue élamite ; elle ne 'permet pas l'établissement rigoureux des formes lexicales et grammaticales élamites.. Cette inadaptation est pour partie à l'origine des variations graphiques : ainsi le mot mussi/mazzi est écrit ma-assi, ma-az-zi, nids-zi (notons que F.-W. Konig rend, le signe syllabique CVC nuis' par mas dans EKI). Les syllabogrammes élamites CVC n'attestent pas de voyelle e en position centrale. De plus, la voyelle centrale qu'ils indiquent peut prendre un timbre différent. Les graphies rompues de voyelles (CV 1 V2 C, par exemple : 'pi-el, mi-ul, pourraient rendre des sonorités proprement élamites, préciser le timbre de la première voyelle par la seconde, voire noter des diphtongues. Par ailleurs, les , consonnes géminées peuvent apparaître en graphie défective, représentées par une simple consonne, tandis qu'inversement la gémination graphique de consonnes n'est pas forcément significative au niveau de la langue. L'adjonction d'un suffixe vocalique, quel qu'il soit, à ,un monosyllabe CVC peut provoquer le. redoublement de la consonne finale, par exemple : hal-i > halli, kik-i > kikki, tah-i/a > tahhi/tahha. Ces divers éléments montrent bien la difficulté à distinguer les problèmes d'écriture de ceux que pose la langue élamite ellemême. L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE III - PHONOLOGIE Les textes élamites dans leur ensemble sont le reflet d'une langue transmise par une graphie mal adaptée à sa phonologie. De plus, ils montrent que cette langue évolua au cours du. temps et comporta des différences dialectales. ' Il-est donc très difficile de définir les phonèmes de l'élamite. On proposera donc pour le méso-élamite la liste des phonèmes suivants, liste qui ressortit de l'écriture de la langue -et '. non d'une analyse liguistique - les voyelles, a, u, i, e ; ces deux dernières voyelles. pouvant être graphiques ou linguistiquement significatives. - les consonnes p, b, t, d, k; g, 1, r, m, n; s, s, z, h ; cette dernière consonne tendit à s'amuïr à la période tardive, aussi bien à la finale qu' à l'initiale et parfois même en position intervocalique, par exemple : huttah > hutta, hiyan > iyan, duhin > duin. L'existence d'autres phonèmes proprement élamites n'est pas' à exclure. Certains auteurs ont pensé que l'opposition sourde / sonore n'avait pas systématiquement de réalité" en élamite. En effet, certaines racines montrent une indifférenciation des couples p/b, t/d, k/g (pah/bah, ta/da, tu/du, kiti/giti). Pourtànt une opposition. apparat bel et bien dans le lexique car certaines racines s'écrivent toujours avec la sourde (puhu « enfant », te « faveur », kiri « déesse »), d'autres, plus' rares, avec la. sonore (bali « homme, mâle »; duhi « personne », igi « frère ». Mis à part quelques exceptions qui peuvent être d'ordre graphique; les morphèmes grammaticaux attestent la consonne sourde. On observe dans les textes. médio-élamites certaines transformations phonétiques l'absorption de i paru et a, par exemple ni+a > na, 10 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI l ' assimilation régressive de n devant certaines consonnes, par exemple.: in li-na > il-li-na, Mine >'imme, in dune > id-du-ni-is (époque achéménide), - le traitement régressif de n en m devant p/b, par exemple : in pi > inï-pi, tahhanpi > tahhampi, - les alternances m/p (temt(i)/tept(i)), es (silha/silha, kusi/kusi, pepsi/pepsi), z/s (zunkir/sunkir, zit/sit, zukka/sukka, zuhmutu/suhm'utu), w/m (siwe/sime, suhterwe/suhterme) ; . certaines alternances pourraient être graphiques ou rendre des différences dialectales. - la chute possible de m, par exemple : tumpa > tupa, Humban > Huban ; de 1, par exemple : Haltamti > .Hatamti ; et de n, par exemple : zunkir/sunkir > zukir/sukir, in/i (pronom de rappel). Développement d'une voyelle d'appui i quelque fois e, cf. X, Enfin signalons quelques emplois de la consonne h pour rendre le suffixe nominal du locutif -k à l'époque néo-élamite, cf. X. L'alternance entre .1 et r, relevée à propos de nom divin Lakamal/Lakamar, provient du passage au monde élamite de l'ancien dieu, akkadien ' « Lâgamâl » ; la même ' alternance se constate; mais de façon inverse, à propos du nom divin élamite « Ruhuratir » qui devient Lahuratil dans la langue akkadienne. Enfin, l'alternance entre 's et 1 reposant sur un cas isolé (nus ki/nulki) ne peut être,prise en considération. - L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIaE première consonne géminée peut être remplacé par =h, par sahs i/i, ou par exemple : muea/i >, muhsa/i ; sassai > ' voyelle, l'élargissement de la première voyelle par une seconde par exemple : marri > tnauri. La graphie donne encore à penser que l'élamite connut un accent tonique sur la première syllabe, que l'on aperçoit dans la syncope affectant la voyelle de la seconde syllabe dans des unités trisyllabiques, par exemple gilihuna > gilhuna, hapuhu > haphu, kutika > kutka, pahasi > pahsi, puluhu > pulhu. ' Enfin, l'élamite connut, outre l'agglutination, une sorte de sandhi. Ces phénomènes affectent surtout les pronoms de rappel groupés devant la forme verbale ; ainsi : i+i>l, i+in>in, i + i r > ir, i + ip > ip, u+in>un, u+ u + in > ip > up, u + ir > ur, num +u + in > nu-mu-un, ap + a-pu-un. Ajoutons que le syntagme li-na suivi des pronoms ap + u +in est écrit li-na-pu-un et que ce même syntagme précédé des pronoms u + in est écrit ul-li; na. Par ailleurs, on constate le passage de i à u pour la finale de mots dissyllabiques dont la première syllabe est vocalisée en u, par exemple : muhti/u, purki/u, ulhi/u, passage du sans doute au phénomène d'harmonie vocalique. En revanche, la voyelle finale u d'unités dissyllabiques tend à prendre le timbre i, cet affaiblissement pourra affecter plus tard la première syllabes vocalisées en u, par exemple : puktü > pukti > pikti, turu > tari > tiri. Enfin, on peut observer un certain flottement de la voyelle finale des bases verbales dissyllabiques , à l'époque tardive. . Il est possible que les voyelles aient connu une opposition dans la 'langue parlée. Dans certaines graphies, la consonne géminée de mots dissyllabiques CVCCV semble témoigner d'une première voyelle longue. En effet, le redoublement de la 12 13 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI L'ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE 1. Les racines IV LES MOTS RACINES, LES BASES ET LES DÉRIVÉS Les unités lexicales ont le plus souvent pour composants soit une racine, soit une base munie d ' un suffixe formateur, plus rarement une base nue. La racine est irréductible. Elle est'nominale, verbale ou nominoverbale, c'est-à-dire commune au nom et au verbe. Le nom-racine à voyelle finale peut produire une base mais le nom-racine à consonne finale doit être suivi d'un élargissement vocalique pour servir de base. La base est un thème vocalique qui sert à la formation de dérivés'. Elle est nominale, nomino-verbale ou verbale. Cette classification repose sur la nature des suffixes qui marquent la base. 1.1. Les noms-racines Un grand nombre de noms appartenant au genre animé et inanimé ainsi que des pronoms, notamment ' ceux de personnes, sont des racines. Ces noms-racines sont 'généralement employés à la forme nue, sans marque, de classe. Exemples d'animés : nap « dieu, divinité », pak «fille. », par « progéniture », ruh « homme », sak « fils », igi « frère », amura « mère », . atta/adda puhu z< enfant », ritu/rutu/riti kiri « déesse », père », « épouse », sutu « soeur », zana « dame .» . Les racines et les bases sont monosyllabiques ou . dissyllabiques (VC, CV, CVC et VCV, VCCV, CVCV, CVCCV, CVCVC) ; seuls les éléments corhposés sont trisyllabiques. , L'importante publication de W. HINZ et H. KOCH, « Elamischés Wor-terbuch » permettrait de faire une étude approfondie du lexique élamite. Mais cette étude, qui rapprocherait les diverses formes nominales et/ou verbales issues d'une même racine ou d'une même base, tout en tenant compte de l ' instabilité graphique et des différences dialectales, reste à faire. Aussi, le sens attribué, ici, ' à certains éléments du lexique n ' est pas assuré et ce d'autant plus qu'il repose souvent sur l'interprétation des textes royaux ét administratifs. élamites de l'époque aciaéménide, alors que les textes méso-élamites leur sont antérieurs de près de, mille ans. Le propos de ce chapitre est de mettre en évidence les divers procédés qui ont contribué à la formation du lexique élamite ; cette étude ne concerne pas les nombreux mots empuntés au vieux-perse à l ' époque achéménide. Exemples d' inanimés el « oeil, regard, ouverture, attaque », ir «parties, division, tranche », ki « un, seul, unique », me « arrière, derrière, suite », si « avant devant, face », te « faveur, bienveillance,. grâce », hal « pays », hih « force(s), puissance(s), pouvoir », -his « nom », (h)un « juste, égal, pareil, même, équivalent, équitable, justice, égalité, équivalence, équité », hit « troupe, armée », hut « matériel, ouvrage, matériaux, éléments, denrées », kan « proximité, près, proche », ühi «pierre »,.kap « trésor », kat « siège, trône », kik « ciel », kur « main, poignée », giri « gratitude, hommage », lins « flamme; flambeau, lumière », luk « feu, brasier », men « couronne », mer « sceptre », p/bat « pied, bas », pet combat », sah « bronzé, pointe de flèche; trait », sap « copie », z/sir « contrepartie,' poids, valeur, reconnaissance, dédommagement, représailles », z/sit «bien être, bonheur, bien-fait, avantage », sam. « lien, cordon », tiya/daà « étranger, autre », tuk/tik . « forme, . aspect, plan, projet, dessein, intention, volonté », tur « durée, continuité, éternité », zap « tribut », zak « prix, valeur i>, zul «éclair, éclat, rayonnement », ' hiyan « base, fondement, estrade, terrasse », hiel « grande porte », husa « bois, bosquet », hisi «brillance, splendeur », lani « argent », siri « oreille, vrai, vérité », sali. 14 15 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI « pal », suru/ suri/ siri « salut, fortune, chance », ukku « tête, haut », kassu « corne », upat.« brique, briquetage ». Certains pronoms sont des racines : u « moi », ni/nu « toi », nuku/nika « nous », nom « vous », ap/api «eux », i « ce, ceci », akka « qui », appa « que ». 1.2. Les racines verbales : Les racines, verbales - sont des thèmes vocaliques. Elles . servent de bases auxquelles s'ajoutent directement les flexions et les morphèmes verbaux qui leur sont propres. Certaines bases verbales dissyllabiques classées ici comme étant des racines, donc irréductibles, pourraient dériver d'un nom-racine à consonne finale non encore identifié (VC, CVC) que suit un élargissement. vocalique. Cette remarque concerne notamment les bases. qui présentent un ' redoublement de la seconde consonne, l'élargissement provoquant souvent le redoublement de la dernière consonne du nom-racine, cf. IV.3. Exemples ; hi- « obtenir, acquérir, connaître », ki- suivre, la- « envoyer, faire aller, (a)cheminer, faire route », na- « dire », n'i- exister, être, naître », pe- « créer, susciter », ma- « déclarer, décréter, pretendre,_decider, arrêter, vouloir », pu- « coupeir, découper, trancher, taillader », ru- « fendre, casser, rompre, briser », sa(écrit sec) « se. trouver, être », ta/da- «placer, mettre », tu/du« prendre, recevoir », uri- « croire, prendre pour vrai », z/siya« voir »,. Bali- « élaborer, mettre en oeuvre, peiner, exécuter, concrétiser »; hani- « aimer, désirer », hapi- « presser, pressurer », hapu- « écouter, entendre, prêter attention, comprendre », huma- « enlever », hupa- « accompagner, suivre, poursuivre, , continuer », hotu- « briser, détériorer », katu- « vivre », kiti- « équilibrer, régulariser, établir fermement/durablement, perpétuer »,• kutu/kuti- « porter, garder, préserver,. conserver, transporter, conduire, guider », la(k)ki«passer, passer outre, traverser, transférer », lilu- « s'écarter, s'éloigner, quitter », lipu/lupu- « arriver, parvenir, atteindre, 16 L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE entrer », ma(r)ri- « saisir, (re)tenir, bloquer, arrêter, capturer », mite- « partir, aller », pa(k)ka/bakka- « extraire, arracher », pari- « se diriger, arriver, se rendre à, entrer, », pela- « dresser, ériger, instaurer », pera- « lire », pili- « conserver, préserver, épargner, sauvegarder », pitu/i/e- « égarer, perdre, oter, retirer, chasser », pulu- « casser, fraèasser, briser, mettre en pièces », sari- « détruire », sira- « fixer, sceller, accrocher, pendre, suspendre, figer, immobiliser », suku- « effacer, gratter, supprimer, oblitérer, annuler », suda- « demander, implorer, solliciter, réclamer, estimer, évaluer », sara- « trancher, partager, distribuer, attributer », sera « ordonner », luta« fauter, pécher, s'égarer », danu/dani- « écouter, obéir », tela« adresser, vouer », tipu/tipi- « façonner, mouler », du(h)ha« prélever, arracher », tuni/duni/tunu/dunu- « donner, offrir », turu/turi/tiri- « parler, demander, faire savoir, . annoncer, indiquer, informer, divulger, diffuser », nuskï/nusgi- « couvrir, protéger, préserver », sinki- « cacher, dissimuler », tingi« apporter,( porter, transporter, envoyer », turna- « connaître, savoir », ipsi- « craindre », melka/milka « endommager, dégrader, détériorer », pitte- « placer à l'intérieur/au centre, introduire, incorporer, inclure, enclore, enfermer », putta- « fuir, s ' enfuir, abandonner », surru- « remplacer, restituer, réparer », uzzu/uzzi/izzu//izzi- « aller, cheminer, aller son chemin, zippi« lier, enchaîner ». 2. La base et ses dérivés. La base qu'elle soit nominale, nonüno-verbale, verbale, est un thème vocalique. Selon son caractère, elle est marquée par un suffixe nominal classificateur qui sert à la formation de dérivés nominaux, par les flexions de la conjugaison verbale èt par lés morphèmes participiaux. Le suffixe nominal classificateur s'ajoute à la base nominale ou nomino-verbale pour former un nom. Il peut cependant être omis lorsque cela ne nuit pas à la compréhension de l'énoncé, ainsi les dérivés inanimés de la classe -me en sont souvent dépourvus. La base verbale peut être employée nue. 17 L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI Si la racine verbale correspond toujours à une base verbale, en revanche, le nom-racine terminé par une voyelle et le nomracine à consonne finale suivie d'un élargissement vocalique peuvent servir de base nominale, nomino-verbale et/ou verbale. Des dérivés issus d'une même base, mentionnés dans les exemples des paragraphes suivants, ont été choisis pour illustrer le système de dérivation de la langue élamite, leur représentation n'est pas nécessairement exhaustive. 2.1. Noms-racines servant de basés nominales et nomino-verbales Bases nominales : Par exemple : - akti «émail » > aktip (akti-p animé délocutif pluriel) «émaillés, brillants, éclatants, prestigieux », hie «'spendeur, magnificence;» > hisip (hisi-p animé délocutif pluriel) «resplendissants, magnifiques », - anima « mère » > ammame (amura-me inanimé classe -me) « qualité de mère », puhu « enfant » > puhulpuhcwne (puhu(-me) inanimé classe -me) « descendance ». L'adjonction d'un suffixe classificateur animé du délocutif singulier ou pluriel à un toponyme , forme des noms ethniques, par exemple , hatamti-p (animé délocutif pluriel) « Élamites » < hatamti «Élam », babili-r (animé délocutif singulier) « Babylonien » < babili « Babylone ».Bases nomino-verbales Par exemple : - ki « un » > kir. (ki-r animé délocutif singulier) « unique, seul », ki- « unir, (rejoindre, accompagner ; me. « arrière, derrière, suite » > mer (me-r animé délocutif singulier) « successeur », me- « suivre, succéder, continuer » ; 18 si « avant, devant, face » > sir (si-r animé délocutif singulier) « aïeul », Si- « précéder » ; - duhu/i «' personne, personnel, propre » > duhir (duhi-r, animé délocutif singulier) « possesseur, propriétaire », '. duhu/i(me) (duhu/i(-me) inanimé classe -me) « possession, , bien, propriété », duin (du(h)i-n inanimé classe -n) pronom réfléchi neutre, duhu- « posséder, acquérir, recevoir, conserver » ; - giri « gratitude, ferveur » > girip (giri-p animé délocutif pluriel) « laudateurs,. dévots,. fervents dévoués » et > giri« louer, rendre grâce à, faire l'éloge de, féliciter » hati/(h)ati/u « intérieur, aire, place, enclos; milieu, coeur, préférence, conseil » > hatir/p (hati-r/p délocutif singulier/pluriel) « conseilleur(s), protecteur(s) », hati- « préférer, choisir, désigner, conseiller » - husu « vigueur, prospérité » > husûp (husu-p animé délocutif heu- « rendre pluriel) « vigoureux, prospères », vigoureux/prospère, accroître » ?ste « faveur, bienveillance, grâce » > ter (te-r délocutif singùlier) « favorable, bienveillant », te « accorder la faveur/la bienveillance, bien-faire, favoriser, prêter attention à ». - 2.2. Racines élargies servant de bases nominales, nomino-verbales et verbales La base peut être formée d'un mot-racine à consonne finale et d'un élargissement' vocalique ; l'élargissement de la syllabe fermée entraîne parfois le redoublement de la consonne finale. L'élargissement vocalique de là -racine en -i produit des bases nominales et des bases nomino-verbales, l'élargissement de la racine en -u ou -a produit des bases verbales. Ainsi, une rr'ême racine peut être élargie en -i pour produire une base nominale et être élargie en -u/-a pour produire une;base verbale ; l'élargissement vocalique en -i peut être soumis au phénomène d ' harmonie vocalique. 19 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE Parmi les bases nominales est généralement classé z/sunki-> sunkik « sunki-k anrné locutif singulier) « roi », sunkir (sunki-r animé délocutif singulier) « roi »," sunkip (sunkip animé délocutif pluriel) « rois », sunkzme (sunki-me inanimé classe me) «royauté ». Cette base pourrait dériver de sunk, nom racine non encore attesté. (base nomino-verbale) : ma(z)zir (ma(z)zi-r animé délocutif singulier) « tailleur » et ma(z)zi/ma(s)si- « couper, trancher, tailler, entailler, transpercer » ; - mer « sceptre ». > me(r)ri- (base nomino-verbale) :' me(r)rik « pasteur, conducteur, (me(r)ri-k animé locutif singulier) prendre soin, veiller sur, garantir, me(r)rihni(r)ri« maître » et assurer - mis/mus « mal, tort, mauvais, dommage, désastre » > misi(base nomino-verbale) : misir (misi-r animé délocutif singulier) « démolisseur, destructeur », minime (min-me inanimé classe me) « ruines, vestiges, restes » et min- « démolir, détériorer, détruire, endommager, ruiner » ; - pet « rébellion, combat » > peti- (base nomino-verbale) : petir/p (peti-r/p animé délocutif singulier/pluriel) « rebelle(s), ennemi(s) » et peti- « soulever, rendre ennemi » ; - sat « part, portion » > sati- (base nomino-verbale) : satin (satin inanimé classe -n) « partage » et sati- « partager » ; - ruh « homme » > ruhi/u- (base' nomino-verbale soumise au phénomène d'harmonie vocalique) : ruhu/ruhur (ruhu(-r) animé délocutif singulier) « rejeton » ruhu/ruhume (ruhu(-me) inanimé classe -me) «progéniture » et ruhi/u- « procréer, engendrer» ; - zak « prix, valeur, paie » > za(k)ki- (base nomino-verbale) : «payeurs» et za(k)kip (za(k)ki-p (animé délocutif pluriel) za(k)ki- « évaluer, payer, dépenser, délivrer ».. Bases . nomino-verbales issues d'un mot-racine avec élargissement en -i Bases nominales et verbales issues d'un même. mot-racine avec élargissement respectif en -i et u/--a Par exemple kan «proximité, près, proche, » > ka(n)ni(base nominoverbale) ka(n)nir (ka(n)ni-r (animé délocutif singulier) « ami », et ka(n)ni- « accompagner, (s')approcher, fréquenter, soutenir, approuver, admettre » ; - gil « ordre » > gili (base nomino-verbale) : gilir (gili-r animé délocutif singulier) « gouverneur, dirigeant (dirigeur), commandant (commandeur) » et gili- « ordonner, diriger, commander, gouverner » ; - maz/mas (nom non encore identifié en tant que racine et pouvant désigner une arme ou un outil) > ma(z)zi/ma(s)si Par exemple : - zit/sit « bien-être, bonheur, bénéfice » > siti- (base nominale) : sitin (siti-n inanimé classe -n) « contentement » et > situ- (base verbale) « rendre heureux, satisfaire » ; - kaz (mot-racine non encore attesté pouvant désigner un outil) > ka(z)zi- (base nominale) : ka(z)zir (ka(z)zi-r délocutif singulier) « forgeron » et > ka(z)za- (base verbale) « marteler, forger, souder, rendre solide, consolider » ; - p/bah « garde, protection » > p/bahi, (base nominale) p/bahir (p/bahi-r animé délocutif singulier) « gardien, protecteur » et > p/baha- (base verbale) « garder, protéger » ; 20 21 Bases nominales issues d'un mot-racine avec élargissement en -i Par exemple kik « ciel » > kiki- (base nominale) : kikip (kiki-p animé délocutif pluriel) « célestes » --p/bat « bas, pied » > p/bati (base nominale) : p/batip (p/bati-p animé délocutif pluriel) « inférieurs, serviteurs » - hun « égal, pareil, équivalent » > huni- (base nominale) : hunir (huni-r animé délocutif singulier) « image, figuration » - men « couronne » > meni (base nominale) : menir (meni-r animé délocutif singulier) « souverain, magnifique », menin (meni-n inanimé classe -n) « souveraineté, magnificence » ; - mur « lieu, sol, terre » > muri/u- (base nominale soumise au phénomène d'harmonie vocalique) murip (muri-p animé délocutif pluriel) . « souterrains, terrestres, murun (muru-n inanimé classe -n) « terre ». L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI tik/tuk, « forme, aspect, plan, projet, dessein, intention, volonté » > ti(k)ki-/tu(k)ki- (base nominale) : tu(k)kir (tu(k)ki-r délocutif singulier) « façonneur, dresseur/éleveur (animaux) » et > 'ti(k)ka-/tu(k)ka- (base verbale) « façonner, former, avoie en dessein, dresser/éduquer (animaux), vouloir, désirer » ; - tah «pacte, accord » > ta(h)hi- (base nominale) : ta(h)hir (ta(h)hi-r animé délocutif singulier) « partenaire, allié », tahhi(-me) «traité » et > ta(h)ha- (base verbale) « accorder, garantir, consentir, conseiller » ; - z/suk/zik «place, siège, emplacement » > z/sukki-/zikki- (base nominale) : z/sukkir/zikkir '(z/sukki-r/zikki-r animé délocutif singulier) « établisseur, régisseur, régent, gouverneur, mandataire » et > z/sukka-/zikka- (base verbale) «mettre en place, poser, établir, fixer, assurer, assigner ». Remarque : Il n'est pas aisé de reconnaître l'élargissement vocalique des bases verbales dissyllabiques, notamment en ce qui concerne l'élargissement en -u, d'une part, la voyelle finale des mots dissyllabiques tendant à s'affaiblir au cours du temps, l'élargissement vocalique -u peut être remplacé par le timbre -i, d'autre part, la syllabe finale fermée des formes. verbales dissyllabiques peut être indiquée par un signe CVC dont la voyelle manque de coloration. Il est donc possible que les bases verbales élargies Satu- « officier, exercer la fonction de prêtre », ta(l)lu- « écrire, inscrire, graver », titu-, « mentir » puissent correspondre de façon respective aux bases nominales élargies en -i, cati-, ta(l)li-, titi/e. 2.3. Bases verbales issues d'un nom-racine "avec élargissements en -i/-u/-a Exemples kuk «protection» > kuki-« protéger » ; kus .« conception, production,. construction » > kusi« concevoir, produire, construire » ; sap « copie, reproduction, figure » > sapi/e «copier, reproduire »; 22 zul « éclair, éclat, rayonnement », > zulu- « faire rayonner, rendre éblouissant » ; - kur « main » > ku(r)ra- « tenir, retenir, disposer, déposer » - kap « trésor » > kappa- « (r)assembler, (ré)grouper, enfermer» ; - lim « flamme, flambeau, lumière » > li(m)ma- « embraser, brûler, consumer » ; - rap « chaîne, lien » > rappa- « enchaîner, lier, enserrer, attacher, réunir, entasser » - car « image, représentation, restitution »' > carra « représenter, faire semblable, restituer, reconstituer ». - Certains de ces noms-racines ont pu produire une base nominale élargie en -i non encore identifiée. 3. Les dérivés issus du nom Pris isolément, le complément déterminatif marqué par un, suffixe du délocutif animé singulier ou pluriel a une valeur de mot, cf. X. Par exemple - kat-ri (délocutif singulier) « du-trône » > « potentat » ; - lin-ra (délocutif singulier) « du-don » > donateur » ; - tur-pe (délocutif pluriel) « de-continuité ;» « prolongements, lignage » ; - tiya-ra (délocutif singulier) « de l'étranger » > « étranger ». Exemples de l'époque achéménide : -v.istuk-ra (délocutif singulier) « (celui) de (la,chose) affaiblie » > « faible » ; - v. ippak-ra/i(p)pik-ra (délocutif singulier) « (celui) de (la « puissant, fort,» chose) élévée » > «(celui) de (la chose) mentie » (délocutif singulier) v.tituk-ra > « menteur » ; - v.dayauis-pe (délocutif pluriel) « des-pays » > «peuples » ; - un-ra (délocutif singulier) « d' égalité/équité, en égalité/ équité » > « chacun, tous ». 23 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI L ' ÉLAMITE :, ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE 4. Les noms verbaux Par exemple : - lin (li-n) « présent, don » < li- « délivrer, donner '» ; - mosan (musa-n) .« compte, décompte, comptabilisation » < musa- « compter, enregistrer, comptabiliser » ; - murtan (mairta-n) « mise 'en place, installation » < murta« mettre en place, installer ». La base verbale ainsi que les deux participes de sens passif, d'aspect accompli ou inaccompli, peuvent prendre la valeur d'un substantif. Les noms verbaux appartenant au méso-élamite représentent des inanimés de la classe -me. Base verbale employée substantivement Par exemple ; - hutta « exécution, réalisation » < hutta- faire, exécuter, réaliser » ; - kula «prière » < kula- « prier » ; - putta « fuite, perte » < putta- « fuir, s'enfuir, se perdre » ; - ti(k)ka/tu(k)ka « intention, désir, cause, raison » < ti(k)ka/tu(k)ka- « façonner, former,avoir en dessein, dresser/éduquer (animaux), vouloir, désirer » ; - tumpa « dispositions . » < tumpa- « disposer, déposer, établir, aménager » ; - gili « commandement » < gili- «< ordonner, commander, diriger, gouverner ». Participes de sens passif, d'aspect accompli, employé substantivement Par exemple : - hutlak (hutla-k) « messager » < hutla- « transmettre, dépêcher » , ; kullak (kulla-k) « supplique, requête » < kulla- « solliciter, supplier, faire un requête » ; - talluk (tallu-k) «. écrit, inscription » < tallu/i- écrire » ; - turuk (turc-k) « parole, . demande » < turu- « parler, demander »: Remarque : Étant donné que la base verbale radicale peut être prise substantivement et qu'inversement le nom-racine à voyelle finale peut produire une base verbale, il est parfois difficile de savoir lequel de ces deux termes dérive de l'autre. On peut donc douter parfois de l'existence d'une borne entre la racine nominale et la racine verbale. Par exemple : « présent, don » et li- « présenter, donner, livrer, ç céder » ; - sa/sa-, sa « marche » et sa- « marcher, faire mouvement, : se déplacer » ; - ta/da-, ta/da « place, (em)placement » et ta/da- « placer, mettre » ; hisafhisa , bisa « abandon » et hisa- « abandonner ». 5. Les mots composés Le vocabulaire élamite conïporte non seulement des dérivés mais aussi des composés. Il existe en effet des noms composés de formations diverses et des bases verbales composées. ' 5.1. Composés nominaux Participes de sens passif, d'aspect inaccompli, employé substantivement : Si le sens des composés nominaux copulatifs et appositifs peut être rendu de façon approximative, 'l'interprétation des ' composés nominaux par subordination, dont les formes sont asyntaxiques, reste conjecturale. Par ailleurs, pour classer un nom dissyllabique parmi les mots composés, il importe que ses deux composants soient attestés 24 25 ' FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI L ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE séparément. Aussi nombre de composés ne peuvent pas être reconnus comme tels. hun-pu « pareil-tailler » •> > « périmètre, parvis », « reproduction (bas-relief, sculpture) », ni-hupa « êtretuk-duhi formWaspectcontinuer » > « effigie, orant », personne » > « représentation humaine '», kun-tik «animalforme/aspect » > « représentation animale », ah(a)/aa-pe « làcréer/susciter .» > « manifestation, conception, création, origine, nature », his-ah(a)/aa-pe « nom-origine » > « titulature », ukku rap. « dessus-lien » > « ceinturon» , ukku=lakki « dessuspasser » > « manteau », huttak-halik « fait-travaillé » > « oeuvre, ouvrage ». Composés animés Par exemple : amena-sutu « mère-soeur » > « femmes », ruhu-pak « rejetonfille » > « descendante légitime », ruhu-sak « rejeton-fils » > « ' descendant légitime », rutu-sutu « épouse-soeur », tukli-huttip (hutti-p délocutif pluriel) « 'vêtements-faiseurs » > « tailleurs, confectionneurs ». 5.2. Composés verbaux Un grand nombre de noms de métier figurant dans les textes administratifs de l'époque achéménide sont des composés. Par exemple : kap-nuskir (nuski-r délocutif singulier) « trésor-gardien » > « gardien 'du trésor, trésorier », roussin-huttir. (hutti-r délocutif singulier) ' « comptes-accomplisseur » > « agent comptable », roussin-zikkir (zikki-r délocutif singulier) « comptes-régisseur »> « teneur de comptes, comptable », UR.lg-v.tukkir (tukki-r délocutif singulier) « chien-formeur » > « dresseur , de chien », KÙ.GI.lg-ka(z)zir (ka(z)zi-r délocutif, singulier) « or-forgeron » >' «orfèvre », h.HAR.Ig-mazzip (mazzi-p délocutif pluriel) « pierre-tailleur » > « tailleur de pierre », GIS.MA.lg-gi(l)lir (gi(l)li-r délocutif singulier) «bateau-dirigeant/commandant» > « commandant de bateau ». Composés inanimés Par exemple : si-nie « devant-derrière » > « voûte céleste », kik-inurun « cielterre > monde,univers », GIS. kat-niurti « trône-emplacement » > « piédestal », tiui-tahhi « langùe-traité » > « serment », nziultahhi « rupture-traité » > « désordre, troubles », tunipa-sutur « dispositions-loi » > « décrets, ordonnances », tur-hih « continuité-pouvoir » > « règne », tur-z/Sahri « continuitépetits.» > « lignée », puhu-ruhu « descendance-progéniture « descendance légitime », men-pu « couronne-découper/tailler » 26 Exemples kuk-ta- «protection-placer » > « protéger, préserver », kuk-tiri« protection-parler » > « parler pour la protection de, intervenir, « regard-décider/déterminer » intercéder , »,. et-nia « considérer, penser », hal-sa- « pays-marcher » > « déplacer, déporter », hun-hi- « pareil-obtenir » > «' obtenir pareillement/de même », (h)un-sa- « égal-marcher» > «troquer, remplacer, ' < transmettre, matériel-(a)cheminer échanger », « s'installer, se fixer, dépêcher, envoyer», «aha-ni- «là-être « accès/entrées'approprier, profiter de, consommer », lûpu-rucasser » > « donner accès, aménager l' entrée », kur-ma- (maindécider) > « confier" », mur-ta/da- « lieu-placer » > « établir, asseoir, fixer», ta/da-nia- « emplacement-décider/déterminer »> « attribuer, affecter, expedier », ukku=ta- « dessus-placer » > « déposer », tippe-ta- « devant-placer » « avancer, présenter, envoyer », ikki-hutta- «vers-exécuter » > « ajouter », papa « protection forger/consolider » > « rendre kazzaindestructible/invulnérable/permanent », sari-paha « destruction protéger » > « sauvegarder », zukka/z czka-ta- , «mise en place placer » > « installer » ; pour les trois derniers exemples, " cf. XXI.10. 27 L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI V - LE NOM. Les suffixes de l'inanimé qui. différencient trois classes sont : -t -n -me. Le nom qu'il soit un mot-racine ou un dérivé appartient au genre animé ou au genre inanimé. À ces genres correspondent des suffixes dits «de classe » ou classificateurs. Le nom ne possède aucune marque de cas et aucun indice pouvant indiquer sa fonction dans la phrase qu'il soit sujet/agent, complément d'objet direct ou complément indirect . indiquant l'attribution, la destination. Cependant, ses fonctions peuvent être indiquées par des pronoms de rappel' placés devant la forme verbale. En effet, ces pronoms indiquent par leur position respective la fonction des noms auxquels ils renvoient. Par ailleurs, les éléments nominaux indiquant une circonstance et exprimant notamment la cause, l'instrument, le but, sont placés en début de phrase. Le nom est toujours suivi par les expansions qui le complètent ou le précisent, que celles-ci soient nominales, pronominales ou propositionelles. 1. Les suffixes nominaux classificateurs Ces suffixes classificateurs distinguent deux genres : l'animé et l'inanimé. Au genre animé les suffixes différencient la personne -grammaticale et le nombre (singulier, pluriel) uniquement pour le. délocutif. Les manifestations divines, les choses sacrées et les représentations divines ou humaines appartiennent au genre animé. Le genre inanimé qui comporte trois suffixes de classe n'a pas de marque spécifique pour indiquer le pluriel. Les suffixes de l'animé 'sont : -k marque un locutif (1 ère personne) -t marque un allocutif (2 ème personne) -r marque un délocutif singulier (3 ème personne du singulier) -p marque un délocutif pluriel (3 ème personne du pluriel). 28 Les inanimés appartenant aux classes anciennes ou dialectales -t et -n, sont attestés dans la documentation de l'époque paléo-élamite, leur présence se raréfie dans les textes méso-élamites actuellement connus pour faire place aux inanimés de la classe -me. Le suffixe de la classe -t marque une catégorie d'inanimés à laquelle appartiennent certains inanimés qui semblent représenter une totalité composée de plùsieurs unités. Parmi les inanimés de la classe -n se trouvent des noms de lieu et vraisemblablement des inanimés du genre neutre. En effet, , le suffixe -n remplace progressivement le suffixe -me dans son rôle syntaxique et à l'époque âchemenide, il relaye même les suffixes de P animé. Les inanimés de la classe -me représentent des noms de chose, des abstraits, des collectifs animés et inanimés et les dérivés qui désignent une qualité humaine ou une fonction. Rôle des suffixes classificateurs Les suffixes classificateurs sont formateurs, relationnels et ils servent à marquer la détermination nominale. En tant que morphèmes, ils s'attachent à la base nominale pour former un nom. Les morphèmes formateurs sont aussi des suffixes d'accord, ils relient au• nom ou au pronom, les mots qui le qualifient ou le déterminent de façon directe. Ils marquent le complément déterminatif pour le mettre en relation avec le mot dont il complète le sens. Ils 's'ajoutent au nom pour "le définir et lui donner un sens déterminé. Ils nominalisent les propositions qualificatives/déterminatives. 29 L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE FRANÇOISE GRILLOT-SUSÎNI 2. Les numéraux VI -LES PRONOMS DE PERSONNES Le seul numéral écrit syllabiquement dans le corpus actuel des inscriptions de l'époque méso-élamite est ki « un, unique, seul » > ki-me « unité ». Les expressions' X (nombre) ir-ma. ki et X (nombre) kur-ina ki largement employées dans les textes administratifs de l'époque achéménide contiennent le numéral ki (passim dans PF). Ces expressions ont pour rôle d' extraire une unité du nombre qui les précède. Ainsi, 20 ir-ma ki qui représente 1/20 ème peut être compris «dans 20 parts/divisions (mesures ?) 1 » (litt. « 20 parts (mesures ?)-dans 1 ». De même, 10 kur-ma ki qui représente 1/10 ème pourrait signifier « dans 10 poignées 1 ». Un autre numéral écrit syllabiquement est attesté à l'époque achéménide époque : titi « trois ». Comme tous les ' nominaux, les numéraux qualifient le nom auquel ils sont postposés, cf. IX. ET DE CHOSES Ces pronoms représentent des, animés et. des inanimés. Seuls les pronoms employés comme complément d'objet portent la marque de leur fonction. Utilisés comme pronom de . rappel devant la forme verbale, ils participent à la syntaxe de l'énoncé. Les pronoms animés : u ni/nu ir (i-r) nika/üuku num ap(i) «moi» « toi » « lui, elle » «nous» « vous » « eux, elles» . 18re et de 2ème personne sont autoLes pronoms de 3ème. personne sousréférentiels, alors que les pronoms de spécifiés . par nature se réfèrent à un nom. Les pronoms inanimés i (classe -me) « lui, elle, eux, elles'» « lui, elle, eux, elles ». in (classe -n) Le pronom correspondant à la classe -t n'est pas connu. Le pronom du délocutif singulier ir et les pronoms de l'inanimé i et in sont dérivés du pronom démonstratif i dont la forme est invariable et qui a une valeur neutre. Le pronom_ du délocutif pluriel ap a produit le pronom démonstratif api, cf. VII. Lorsque le pronom du délocutif animé singulier ir (i-r) et le pronom de l'inanimé in (i-n) sont employés comme complément déterminatif leur forme se réduit au thème i. 30 31 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE Par ailleurs, le pronom du délocutif animé singulier ir et les pronoms de l'inanimé i et, in sont à dissocier des pronoms anaphoriques qui ont une forme identique mais dont la fonction est différente, cf. XV. À noter l'emploi, à l'époque achéménide, du pronom 'réfléchi neutre duin (du(h)i-n). dérivé de duhu/i « personne, personnel, propre ». Par exemple ; [...]-mar sillaka duin ncisgis « protège-tpi avec force [du mensonge] ! », (DB III : 64). ^'. Les pronoms complément' d'objet direct Le suffixe -n marque` les pronoms animés et 'inanimés en fonction de complément d'objet direct. Cependant, dans cette fonction, le pronom de 3ëme personne ir (i-r) tend à garder son caractère d'animé marqué par le suffixe -r. Quant au pronom inanimé in (classe -n) il est déjà préassigné. Il est possible, en effet, que le suffixe -n marquant les pronoms compléments d'objet ne soit pas étranger au suffixe nominal delaclasse-n. Une voyelle de liaison relie le suffixe -n au thème pronominal çonsonnantique. Ces pronoms. compléments d'objet correspondent à des formes toniques, ils sont .donc, à traduire de même que les pronoms cidessus mentionnes. Ils se présentent sous les formes suivantes : Les pronoms de personnes complément d'objet direct : u-n nu-ri ir(i-r)/i-n ' nuku-n numu-n ap-(u/i)n (1 8re personne singulier) (2ème personne singulier) (3 èm e personne singulier) (1 ère personne pluriel) (2eme personne pluriel) (3 è' personne pluriel). Les pronoms inanimés complément d'objet direct : 2. Les pronoms de' rappel Utilisés comme pronoms de rappel devant la forme verbale, les pronoms indiquent par leur position respective la fonction des éléments de l'énoncé auxquels ils renvoient. Lorsque la compréhension de l'énoncé ne nécessite pas leur présence, ils peuvent être omis. Dans la graphie ces pronoms tendent non seulement à s'agglutiner entre eux, mais aussi à se. souder à la voyelle fmale ou initiale de l'élément qui les précède ou qui lei suit. Devant lés formes verbales actives, est généralement placé en tête le pronom qui représente le bénéficiaire (l'attribution, la destination), celui qui représente le sujet/agent est en deuxième position et le complément d'objet direct tient la troisième place devant la forme verbale. Exemples : ' ulhi-i ... ap u i-n (écrit a-pu-un) dunih « cette demeure ... moi, je la leur ai donnée », (litt. « cette demeure ... à-eux (les dieux) moi elle j'ai donnée »), (EKI 9' III c8), [d.insusinjak ... u ir turunra (écrit ur turunra) ... 1< (ainsi) qu' [Insusin]ak ... me (le) demandait ... », (litt. « à-moi celui-ci parlant/demandant »), (EKI 21 : 3). i-n (classe -me) in (classe -n). Les formes des pronoms inanimés peuvent se réduire au thème 'i lorsque cela ne nuit pas à la compréhension de , l'énoncé. Devant les formes verbales passives, est placé en tête le pronom qui représente le bénéficiaire (attribution ou destination), celui qui représente l'agent est placé en deuxième position et le sujet/patient tient la troisième place devant la forme verbale. 32 33 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DEGRAMMAIRE Exemples : huttak-halik-u-me li-na ap u i-n telakni (écrit li-na-pu-un) « que mon oeuvre, leur soit vouée en don pax moi ! », (litt. que mon oeuvre (oeuvre de moi) en-don à-eux (les dieux) par-moi elle soit vouée ! »), (EKI 10 B : 3), hict[t]ak-ha[l]ik-u-nie (d.)napirisa (écrit DINGIR,GAL) ak d.insusinak siyan-kuk-pa li-na num u i-n (écrit nu-m[u]-un) telak-ni « qu'à vous, Napirisa (et) Insusinak du siyan-kuk, mon oeuvre soit vouée en don par moi! », (litt. « mon oeuvre (oeuvre de moi), Napirisa, Insusinak du siyan-kuk, en-don à-vous parmoi elle soit vouée ! »),, (EKI 15 : 8-11). Exemples : takkime kiffs-huhun=nikaane (inanimé classe -me) « vie de notre famille (kid-huhun-nika) » (EKI 41 : 35-37), his-e d.nahhunte lahas-ni « que Nahhunte fasse disparaître son nom ! » (EKI 74 II : 22), his-apie ... tatalluh « leur nom . , .. j'ai réécrit » (EKI 35 : 15-17), PAP 20 siyan husa-me misirmak ak putta-e zukkana u v. silhakd. insusinak erientum-ia pepsih kusih « (au) total 20 « temples du bosquet» s'étaient fait détériorer. Et, leur perte (perte-leur) étant assurée, moi, Silhak-Insusinak en brique cuite j(e les) ai construits en renouvellement (j'ai renouvelé j ' ai: construit) » (EKI 48 : 273-278). Cette syntaxe de position des pronoms disparaît peu à peu pour finalement être remplacée par l'emploi de postpositions, cf. xVIIi: 3. Les suffixes possessifs Employés en suffixation d'un nom, les pronoms de personne et de chose ont une valeur d'adjectif possessif. Ils représentent les possesseurs des êtres ou des choses désignées par le mot qu'ils suffixent. Leurs formes qui se réduisent au thème sont parfois altérées et le suffixe -ni n'est attesté qu'à l'époque achéménide. Le rapport de possession est renforcé lorsque_ le suffixe possessif accompagne le mot duit-Vu « personne, personnel, propre » employé adjectivement. Par exemple « (celui) akka ... his duhi-e aha ir (écrit a-ha-ai) tata[l]lunra qui réécrirait là son propre nom ... » (EKI 45 VI : 6-7). Suffixes animés attestés : -ni -e qqf. -i -nika -api(e) « ton, ta, tes » « son, sa, ses » « nôtre, nos » « leur(s) ». Suffixe inanimé : -e qqf. -i. « son, sa, ses, leur(s) ». Le suffixe =e qui garde la valeur neutre du pronom démonstratif -i dont il est directement dérivé peut renvoyer à plusieurs possesseurs. 34 35 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI VII LES PRONOMS D ÉMONSTRATIFS Les pronoms démonstratifs sont i et api. - Le pronom . démonstratif i est invariable et a une valeur neutre, il peut représenter un inanimé « ce, ceci » et un anime : celui-ci, celle-ci ». Ce pronom pourrait concurrencer le pronom de rappel inanimé dans sa fonction de complément d'objet direct. . Exemple : ak kassu.lg maki-ia halih ak aha dattah ak d.pinigir ki(k)k-i (écrit ki-ik-ki) gili-(r)ra napir-u-ri i dunih « et (la) corne en albâtre j'ai élaborée et là j'ai déposée et j'ai donné celle-ci (ceci) à Pinigir ' (qui) dirigé ce ciel, ma divinité » (EKI,'71 A+B : 3-5), à propos de gili-(r)ra, cf. XXI.5. Du pronom démonstratif i sont dérivés le pronom de 3 ème personne du singulier, les pronoms de l'inanimé et les pronoms anaphoriques, cf. VI et XV. Le pronom démonstratif api représente un animé pluriel «ceux/ceux(-ci), celles/celles(-ci) ; il a vraisemblablement produit le pronom de 3 ème personne du pluriel, cf. VI. Exemple qui suit une citation de noms royaux : ap[i] sunkip ur(i)p-u-p-pi (écrit ur-pu-up-pi) (animé délocutif pluriel) , « ceux-ci, les rois mes prédécesseurs (antérieurs de moi) » , (EKI 48a : 23) . Remarque : Le pronom i prend la forme hi dès l'époque néo-élamite. Il s'oppose au nouveau démonstratif neutre huhpe. En effet, ainsi "que le montrnt les textes de l'époque àchéménide,le pronom hi correspond plus particulièrement à un démonstratif prochain, tandis que le démonstratif lointain est huhpe/hupe/hupi, 36 L' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE Le pronom huhpe/hupe/hupi est le seul à présenter des formes différenciées: hupi-(r)ri (animé délocutif singulier), hupi-pe (animé délocutif pluriel), hupe-ta (-ta suffixe généralisant écrit parfois -ti/te) « tout cela ». Exemples de l'époque achéménide : hi appa u hutta ,,. « ceci que j'ai accompli ... » (DB I : 21-22), hupe appa huttakka hupe marrita zaumin d.uramasda-na hutta « cela que j'ai accompli, cela en totalité j (e 1)' ai. accompli par le fait d'Ahuramazda » (DNa : 39), hupipe halpis « tuez celles-là (les troupes)! » (DB Il 15), hupete d. uramasda nuskis-ni « qu'Ahuramazda protège 'tout cela '! » (XPc : 13-14). Les suffixes démonstratifs Postposé à un nom, le pronom démonstratif , à une valeur d'adjectif démonstratif. Exemples : suhmutu.1g-i v.untas-d.napirisa (écrit v.untag-DINGIR.GAL) h.siyan-kuk tanra ... « cette stèle qu'Untas-Napirisa plaça dans le siyan-kuk... >», (EKI 21 2), hut-halikpi-i akka pulunra ,.. « ces effigies (celui) , qui (les) briserait ... » (EKI 44a : 25-27). Lorsque le suffixe démonstratif s'ajoute à un nom terminé par une consonne, celle-ci peut être redoublée, par exemple ha(l)l-i « cette ville, ki(k)k-i « ce ciel ». Exemple de l'époque achéménide : d. uramasda .... akka h.murun-hi pesta akka cl.kik-hupe pesta ... « Ahuramazda qui a créé cette terre-ci, qui a créé ce ciel-là ...» (XE : 3-4). 37 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE L'enclitique -a VIII LA CHAÎNE NOMINALE Le (pro)nom est suivi par les différents éléments qui le complètent ou le précisent. Les éléments qui font partie de la sphère d'un nom (ou d'un pronom) s'insèrent dans sa classe nominale. Ils sont : le qualifiant/déterminant, le complément déterminatif, la proposition qualificative/déterminative nominalisée. L' enclitique -a s'ajoute aux mots ou aux unités nominales qui déterminent le nom. Dans leur acception la plus forte, certains déterminants ainsi marqués équivalent à un prédicat, cf. VII. 13. Cet enclitique dit « relativisante/subordonnante » qui renforce la détermination nominnale deviendra la marque de subordination des. propositions relatives qualificatives/déterminatives puis circonstancielles, cf. XXI.1.3. La copule agi/ak. Les différents termes de la chaîne nominale peuvent, eux aussi, être complétés ou précisés. Une chaîne nominale peut donc contenir une chaîne nominale secondaire. Le suffixe de classe dit « de définition » qui s'ajoute à un nom pour, lui donner un sens déterminé peut aussi marquer son expansion ; expansion qui peut être une proposition. Les unités simples ou complexes faisant partie d'une chaîne nominale peuvent être reliées par la copule ak « et, alors » dont une graphie dialectale est agi. Dans une suite de plusieurs unités, elle peut ne coordonner que les deux dernières. Cette copule relie aussi les différentes chaînes nominales d'une même phrase. Le suffixe nominal classificateur « de définition » Exemples (d.)napirisæ (écrit DINGIR.GAL) ak d.insusinak siyan-kuk pa «Napirisa et Insusinak du siyan-kuk» (passim dans EKI), siyan d.damuzi ak d.pelilit-me kusih apun sarih apun ahan murtah « (le) temple de Damuzi et de Pelilit j'ai construit, je les ai façonnés, là, je les ai établis » (TZ 50 : 1-3), (d.)napirisa (écrit DINGIR.GAL) d.insusinak ak d.kiririsa siyan-kuk pa :« Napirisa, Insusinak et Kiririsa du siyan-kuk » (EKI 9111 b :.7-8), takkime-u-me takkime f d.nahhunte-utu rutu hanik-u-ri-me ak takkime kus-huhun-nika-me « ma vie, (la) vie de Nahhunte-utu mon épouse aimée (épouse aimée de moi) et (la) vie de notre' . famille » (passim dans EKI). Un nom représentant un animé, qu'il soit un mot-racine ou un dérivé, peut être suivi par son propre suffixe de classe. Ce suffixe., dit, « de définition » lui donne un sens déterminé. Il est rendu par un article défini. Exemples : puhu-r (animé délocutif singulier) « l'enfant » (puhu « enfant »), (pâssir i dans EKI), nap-(i)r (animé délocutif singulier) «le dieu » (nap « dieu »), (passim dans EKI), nappi-(i)p (animé délocutif pluriel) « les dieux » (nappi « dieux »), (passim^,dans EKI). Lorsque le nom est suivi d'une expansion nominale, ce suffixe s'ajoute à celle-ci, cf. VIII.1. 2. 38 La, copule agi/ak, relie aussi les propositions d'une même phrase et les phrases entre elles, cf. XXI.1.. 39 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE IX - LES QUALIFIANTS/DÉTERMINANTS quant au dérivé il s'intègre dans la classe du mot auquel il se rapporte. La langue ne possède pas d'adjectif proprement dit. Postposé à un'élément nominal, le nom prend la valeur d'un adjectif. Il en esf de même pour les deux participes de sens passif pris substantivement. Lprsque le nom postpose est un dérivé nominal son suffixe formateur adopte la classe du mot auquel il se rapporte. Exemples : his duhi-e (inanimé classe -me) « son propre nom (litt. nom personnel-son) » (EKI 45 VI : 6), lipak hanik (animé locutif) « serviteur aimé (participe en -k) » (passim dans EKI), sunkir peti-r (animé délocutif singulier) «roi ennemi» (TZ 2 : 6), temti rira-r (animé délocutif singulier) « seigneur grand » (EKI 44a : 2-3), nappi kiki-p ak mari p (animé délocutif pluriel) « dieux célestes et souterrains/terrestres » (EKI 73C : 1). Ajoutés au nom les numéraux ont eux-aussi une valeur d'adjectif. Exemples de l'époque achéménide : v.ruh ki-r (animé délocutif singulier) « un homme » (DB I : 60), v.parsir ki-r (animé délocutif singulier) « un Perse » (DB II : 13), piel ki (inanimé classe -me) « une année » (DB III : 66). 1. Le nom apposé Le nom . peut compléter un autre nom ou un pronom en le postposant tout en gardant son statut de substantif, il peut luimême être suivi d'un ou plusieurs éléments qui complètent son sens. Le mot-racine mis ainsi en apposition garde sa forme nue, 40 Exemples : fhuhin rutu- sutu (animé délocutif singulier) «Huhin épousesceûr » (EKI 76 : 7), u ... lipak (locutif) hanik (participe en -k) « moi, ... serviteur aimé », (passim dans EKI), f d.nahhunte-utu rutu hanik-u-ri (animé délocutif singulier) « Nahhunte-utu mon épouse aimée (épouse aimée de moi) » (EKI 45 II : 17-18), e d.kiririsa rutu risar (animé délocutif singulier) ahpi tur-na « ô Kiririsa, grande épouse (épouse grande); manifestation éternelle (d'éternité) » (Prière à Kiririsa.: 1-2). 2. L'adjonction de suffixes 2.1. L'adjonction du suffixe nominal « de définition » Le nom ou l'unité nominale marquée par le suffixe nominal dit « de définition » prend un sens déterminé. nap(i)-r « le dieu » (passim dans EKI), nappi-p « les dieux » (passim dans EKI), zana risar-r(i) (animé délocutif singulier) « la dame grande » (zana risar « dame grande »), (EKI 65 : 1), d.nap bahap-p(i) (animé délocutif pluriel) «les dieux. protecteur» (d.nap bahap « dieùx protecteurs »), (EKI 54: 10, 11), (locutif) « le serviteur lipak ... d.insusinak-ki-(i)k « serviteur d' Insusinak » (lipak ... d. insusinak-ki d'Insug inak»), (passim dans EKI), u v. silhak-d.insusinak sak v. Sutruk-d.nahhunte-ki-(i)k (locutif) « moi Silhak-Insusinak, le fils de Sutruk-Nahhunte » (passim dans EKI), (même titulature sans suffixe référentiel: u v. silhakd.insusinak sak v.sutruk-d.nahhunte-ki « moi Silhak-Ingusinak; fils de Sutruk-Nahhunte »), (passim dans EKI), e d.manzat zana risar-r(i) (animé délocutif singulier) « ô Manzat, la grande dame (la dame grande), (EKI 65 : 1), 41 FRANÇOISE GRILLOT-SÛSINI ap[i ] sunki-p ur(i)p-u-p-pi (écrit ur-pu-up-pi) (animé délocutif pluriel) « ceux-ci, les rois mes prédécesseurs (antérieurs de moi) », (EKI 48a : 23), e d.nap bahap-pi aktip nappi-p-pi (animé délocutif pluriel) «ô les dieux protecteurs, les brillants de (tous) les dieux » (EKI 54 I : 10-11). 2.2. L'adjonction de l'enclitique -a L' unité nominale marquée par l'enclitique -a correspond dans son acception la . plus forte à une proposition qualificative/déterminative ayant pour prédicat un nominal. Exemples : d.kiririsa rutu risar-r-a (animé, délocutif singulier) «Kiririsa, (qui est) la grande épouse » (EKI 45 VII : 17-18), d.beltia nap-(i)r risar-r-a (animé, délocutif singulier) « Beltia, (qui est) la grande divinité » (EKI 16 : 11-12), v. sutrùru ragipal-u-ri gilir-r-a (animé, délocutif singulier) fiutruru, mon ministre (ministre de moi), (qui est) le gouverneur » (EKI 76 : 12). 3. A propos des formes anciennes Postposé à un autre nom, le nom qui à l'époque méso-élamite a une valeur d'adjectif déterminatif peut semble-t-il équivaloir à un complément déterminatif dans les. textes de l'époque paléoélamite. Exemples : halat naurut (inanimé classe -t) « argile,du sol » (Simaski 1: 45), si-men kikin (inanimé classe -n) «voûte du ciel » (ibid., : 1-2). Cette construction„ survit encore dans les textes de l'époque méso-élamite. Par exemple : zul mûrun lini 'likun (inanimé classe -n) « éclat de la terre, lumière du royaume » (EKI 28A : 28), siyan limin (inanimé classe -me) « temple de lumière » (TZ 9 : 4). 42 L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE X LE COMPLÉMENT DÉTERMINATIF Les divers compléments qui déterminent un élément nominal ou pronominal s'insèrent normalement dans le-système nominal propre à la langue élamite, ils sont suivis par le suffixe de'classe de l'élément déterminé. Ce suffixe classificateur s'attache directement au complément déterminatif, qu ' il soit un motracine ou un dérivé muni de son propre suffixe de classe. Dans cet emploi, le suffixe classificateur est normalement suivi par la. voyelle d'appui i, écrite quelque fois e. Cette voyelle d'appui peut être omise, notamment à la , fin de groupes nominaux complexes. L'enclitique -a qui renforce la détermination nominale tient lieu de voyelle d'appui. La relation existant entre le déterminé et son complément déterminatif est de nature variée. Elle peut rendre l'appartenance . et ce, plus particulièrement, lorsque le complément déterminatif est un pronom de personne ou de chose. .^,, Exemples : u v. sutruk-d.nahhunte sak 'v.hallutus-d.insusinak-ki-k lipak hanik d. insusinak-ki-k (locutif) « moi Sutruk-d.Nahhùnte, le fils de Hallutus-Insusinak, le serviteur aimé d' ng usinak » (EKI 20 : . 1-2), d.insusinak :... pahir sunkip-ri (animé délocutif singulier) « Insusinak.... protecteur des rois » (EKI 45 : 8-9), e d.kiririsa ... anima nappi-pi-r(i) (animé délocutif singulier) «ô Kiririsa ... mère de (tous) les dieux » (EKI 54 : 3-4), siyan upat hussip-me (inanimé classe -me) « (le) temple en brique cuite » (passim dans EKI), husa-me (inanimé classe , -nie) d. insusnak=me siyan « (le) temple d'Insusinak du bosquet » (passim dans EKI 48), nap-(i)r-u-ri (animé délocutif singulier) « (le) dieu de moi » ou « mon dieu » (passim dans EKI), takkime-u-me (inanimé classe -nie) « (la) vie de moi » ou ma vie » (passim dans EKI), 43 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI r[it]e-ni-ri (animé; délocutif singulier) (époque paléo-élamite) « (1')épouse de toi » ou « ton épouse » (EKI 2 : VI : 13), d.insusinak napir-u-ri sunkir-u-ri ak pahir-u-ri (animé déloeutif singulier) «' Insusinak, le dieu de moi, roi de moi et protecteur de moi ». ou. , « Insusinak mon dieu, mon roi et mon protecteur » (EKI 66 : 9-11) , men-pu ... siyan-i-me (inanimé classe -me) kuksih huhun-i-me (inanimé classe -me) hulpah « (le) « périmètre sacré » ... es temples (temples de lui) j'ai construit, ses enceintes (enceintes de lui) j'ai érigé » ou «j'ai construit ses temples, j'ai érigé ses enceintes » (TZ 22 : 3-4). Dans certains textes de l'époque néo-élamite, Le suffixe classificateur du locutif -k qui marque le complément déterminatif est remplacé par -h. Par exemple : u atta-hamiti-d. insusnak sak hutran-tepti-h+a « moi Attahamiti-Insusinâk fils de Hutran-tepti » EKI, 87 : 1-4. Remarque : Bien qu'exprimant l'appartenance, le pronom marqué par le suffixe de classe du mot qu'il détermine ne représente pas un pronom possessif.' Ainsi dans le groupe hiyan ap-me « fondement d'eux » c'est-à-dire « leur fondement », (EKI 47 : 15-16), la possession est exprimée de . façon indirecte par le complément déterminatif ap. Alors que dans le groupe hiyanapie « leur fondement », (EKI 33 : 4), la possession est exprimée de façon directe par le pronom de personne employé en suffixation. Pris isolément le complément déterminatif peut représenter un nom, cf. IV.4. De plus, le groupe formé d'un nom et de son complément déterminatif peut servir de nom propre et de nom composé. Par exemple : f kiri-r-ci-me (animé délocutif singulier) « ma déesse (la déesse de moi) » (ElO, 20, 57), 44 L' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE «Bonheur juste • (bonheur zit-hun-te (inanimé classe -t) d'équité) », (MDP X, 1 : 3 et rev. : 1), d.nah-hun-te < nan-hun-te (inanimé classe -t) «Paroled'équité/de-justice » (nom du dieu Nahhunte). Ce goupe petit aussi correspondre à un mot composé. Par exemple : nahhante/i < nan-han-te (inanimé classe -t) «parole d' affection » ou « exhortation, encouragement, conseil » (EKI 76 : 32), irkinti < ir-kin-ti (inanimé classe -t) « part de providence » . OU « sauvegarde, continuité, avenir» (passim dans EKI), t/dusarama < t/du-Sara-ma (inanimé classe -me) «enlèvement de dessous » > « excavations, tranchées» (DSf : 21, DSz 24). ' L'adjonction de l'enclitique -a . L'enclitique -a peut s'ajouter au suffixe nominal classificateur marquant le complément déterminatif. Elle renforce alors l'état de subordination du complément déterminatif , qui, pris dans son acception la plus forte, peut équivaloir au prédicat d'une proposition qualificative/déterminative. Exemples : takkime puhu-nika-me-na (ni+a) (inanimé classe -me) « (la) vie de notre descendance (descendance de nous) » (EKI 47 14), puhu-ruhu sugir karintag-r-ra-me ak ritip-e turpi-i-pi «.(la) descendance légitime (qui est) du roi de Karintas, ses-épouses (épouses-ses), son lignage (prolongements de lui) » (EKI 51 : 9-12), u v.untas'-(d.)nap'irisa (écrit v.untas-DINGIR.GAL) sak d.humbannumena-ki sunkik antan Susun-ka « moi UntasNapirisa fils de Humbannumena, (qui suis) roi d'Anzan et de Suse » (passim dans EKI), takkime-u-me takki-me f d.nahhunte-utu rutu' hanik-u-ri-me ak takkime puhtii-nika-me-ma(me+a) kus-huhun-apie api-i-p (écrit a-pi-ip) ... « pour ma-vie (vie de moi), (la) vie deNahhunte-utu mon épouse aimée (épouse aimée-de-moi), (la) vie de notre descendance (descendance de nous), leurs parents (famille), ceux (les parents) de ceux-ci... » (EKI 47 : 12-14), 45 L' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI sunkir (écrit SUNKI) lahan ak puhu sunkir pé (écrit SUNKI-pe) GIS.GU.ZAag atta (écrit adda) api-ri-na-ina(me+a) inurdampi « (le) roi (est) disparu/mort alors (les) enfants du roi s'assoieront ((seront) s'installant) dans/sur (le) trône de leur père (du père d'eux) », (Présages 2 : 2-3), siyan d.insusinak-ni kizzum-na v.temti-agun kusis « (le) temple d'Insusinak, (qui est) du'kizzum, Temti-agun a construit », (EKI 38b:6-10), kukunnum d.insusinak-ni upat hussip-na agi upat aktip-na (inanimé classe -me) pepsih kusih « (le) kukunnum d'Insusinak (qui est) en briques cuites et en briques émaillées j'ai construit en renouvellement (j'ai renouvelé j'ai construit) » (EGE n° 9 : 28-36). 1. Le complément déterminatif lui-même déterminé Le complément déterminatif peut avoir son propre complément déterminatif. Ce dernier s'emboîte alors entre le complément déterminatif qu'il détermine et le suffixe classificateur qui subordonne celui-ci au premier élément déterminé. Exemples takkime igi-sutu-u-pe-me (unité inanimé classe -me) « (la) vie de mes frères et soeurs (vie des frère(s)-soeurs) de moi » (EKI 65 : 7-8), siyan d. insusinak nap-(i)r-u-ri-me aha kusih (unité inanimé classe' me) «(le) temple d'Insusinak mon dieu (le dieu de moi), là j'ai construit » (EKI 39 : 7-8). d.hutran ruhu d.kiririsa (d.)napirisa (écrit DINGIR.GAL)-ri ir sali-é-pe-ra massisni ! « que Hutran, rejeton de Kiririsa (et) de Napirisa, (le), transperce parmi les empalés ! », (litt. « que Hutran transperce celui-ci (qui est) de ceux de. son pal 1 »), (EKI 45, VI , : 18). Le complément déterminatif lui-même déterminé sert à la formation du groupe nominal de relation à régime interne, cf. XVI.2:2. 46 2. L'emploi préférentiel du suffixe -n Le suffixe inanimé de la classe -mé marquant le complément déterminatif est peu à peu remplacé par le suffixe de la classe -n' qui a une valeur neutre. Exemples à comparer : siyan d.humban-me upat hussip-me , kusih « (le) temple de Humban j'ai construit en brique cuite » (EKI 12D : 4), et siyan d. nsusnalc ni kumpum kidu-ia halat-ni kusik « (le) temple d'Insusinak, (le) kumpum kiduya (chapelle èxtérieure),. a été construit en argile » (EKI 47 : 9-10) ; takkime-u-me ... takkime igi-sutu-u-pe-me « ma ' vie (vie de moi) ... (la) vie de mes frères (et) soeurs (frères soeurs de' moi) » (EKI 65:7-8) et takkirze-u-me takkime igi-sutu-u pe-ni takkime ruhu4ak-u-pe-ni takkime ruhu-pak-u-pe-ni -« ma vie, (la) vie de mes frères . (et) soeurs, (la) vie de mes descendants-légitimes, (la) vie de mes descendantes-légitimes » (litt. « vie de moi, vie , de(s) frère(s)soeurs) de moi, vie de(s) descendant(s)-légitime(s) de moi, vie de(s) descendante(s) légitime(s) de moi ») (EKI 60 : 3-5). 3. La « postposition génitive » -na À l'époque achéménide, le suffixe neutre -n(i) marquant le complément déterminatif tend' à remplacer' les suffixes classificateurs de l'animé. Dans ce rôle syntaxique, il est suivi par l'enclitique -a qui renforce le statut 'du complément déterminatif et remplace la voyelle d'appui -i. Ainsi s' élabore la forme figée du suffixe composite -na (n+a) communément dit « postposition génitive ». Ce suffixe. peut prendre la forme élargie -inna, cf. X.4. Exemples d.uramagda akka irsar-r-a d.nappi-p-na (animé délocutif singulier) « Ahuramazda qui est le grand de (tous) les dieux », 47 ' FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI d.nappi p-na remplace ici la forme d.nappi-p-ra qui est présente dans XV : 2, (XE : 2-3), v.u v.dariyamauis ... v.sunkir (écrit v.SUNKI) v.dayauispe-na « moi,, Darius ... roi des peuples », (DPf : 1-3) v.dariyamauis .... sunkir sunkip-na (écrit v.SUNKI v.SUNKI-ipna) « Darius ... (le) roi des rois », (DPh : 1). Par ailleurs, le' complément déterminatif marqué par la suffixation -na est souvent introduit à l'époque achéménide par un pronom relatif qui souligne sa valeur de prédicat. Par exemple zaumin d. uramazda-na v. tassup appa V. unina v. tassup appa petip-na irsekki halpis « par le fait d'Ahuramazda, (les) troupes qui (sont) les miennes tuèrent en grand nombre (grandement) (les) troupes qui (sont celles) des ennemis » (passim dans DB). , 4. Les formes « adjectives » dérivées du complément déterminatif Certaines formes nominales correspondent à des formes élargies du complément déterminatif dont l'aspect semble s'être figé. Ces formes qui ont la valeur d'un adjectif déterminatif sont largement attestées au délocutif animé singulier et pluriel et à l'inanimé avec les suffixes suivants : -irra (animé délocutif singulier) -ippa (animé délocutif pluriel) -imma (inanimé classe -me) -inni (inanimé classe -n), écrit parfois -i-ni. Exemples d.Peldla lansitirra (lansiti-irra) ir krih « (la déesse) Pelala en or je l'ai façonnée » (EKI 10b : 3-4), d.his;nitik ak d.ruhuratir lansitippa (lansiti-ippa) apun ahan murtah «(les dieux) Hismitik et Ruhuratir en or je les ai déposéès là.» (EKI 7 IIb : 3), siyan d. insusinak-me upatimma (upat-imma) kusik « (le) temple d'Insusinak a/avait été construit en brique » (EKI 35 : 4-5), 48 L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE'GRAMMAIRE v.d.hubanumena siyan d.kiririsa ... halatimma (halat-imma) kusis «Hubanumena a/avait construit en argile (le) temple de Kiririga ... » (EKI 31 ': 2-3), suhmutu malsinni (malsi-inni) huttah «j'ai fait (une) 'stèle en albâtre (EKI 47 : 66-67), ' hinap uhinni (uhi-inni) huttah« « j'ai fait (une) crapaudine en pierre » (EKI 65 : 8), sunkime kittimma (kitti-imma) teimma '(te-imma) tur-hih sitiimma u in (écrit un) dunis « (une) royauté longue (de longueur), favorable (de faveur), (un) règne heureux (de bonheur).il (Insusinak) me les a donnés » (EKI 13 : 5-6). 5. Le suffixe -ia Le suffixe invariable -ia marque les compléments déterminatifs qui indiquent la matière dont une chose est faite. Les compléments déterminatifs ainsi marqués expriment aussi un état physique ou moral. Exemples : kukunnum , lansiti-ia aha kusih « (le) kukunnum en or là j.' ai construit », (EKI 13 B : 2), siyan d.insusinàk-ni erientum-ia pepsih kusih «(le) temple d' Insusinak en brique cuite j'ai construit en renouvellement (j'ai renouvelé j'ai construit) » (EKI 38 : 24-27), hisi-e (his-e) erientum pepsi-ia-ma tallith « j'ai écrit son nom dans/sur la brique cuite neuve (en'renouvellement) » (EKI 39 : 5-6), tenum nappi-ia damakra ... « (qui) a dispensé (la) loi divine (en divinité) » (EKI 73 C : 3). La forme marquée par le suffixe -ia tend à disparaître au profit des autres constructions déterminatives avec lesquelles elle alterne encore dans les textes de l'époque méso-élamite. Exemples « colonne en or » : tetin lansiti-ia, (EKI 48 :1.14-115), tetin lansiti-inni, (EKI 47 : 19-20), tetin lansitimma, ( EKI 35 : 8). 49 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI Exemples «j'ai construit en brique cuite » : erienturn-ia kusih, (EKI 29 : 3-4), erientûm-ma kusih, (EKI 32 : 3-4), erienturn-na kusih, (EKI 45 V : 14-15). 6. Le complément déterminatif inversé La construction déterminative peut être rendue par un schéma particulier, peu employé, qui inverse la suite habituelle des éléments « déterminé - complément déterminatif » en un nouvel ordre « complément déterminatif - déterminé. » Dans ce schéma, le, déterminé est suivi par un suffixe, possessif qui renvoi au complément déterminatif qui lui est préposé. En d'autres termes, cette construction est composée d'un nom représentant le possesseur et de l ' élément possédé qui est suivi par un suffixe possessif renvoyant au possesseur: Exemples fd.nahhunte-utu par-e « (la) semence/lignée de Nahhunte-utu (Nahhunte-utu semence/lignée-sa) » (EKI 54 : 62),. d.fïsusinak d.masti ak d.tepti sit-e «(le) bien-être d'InSuSinak, de Mati et de Tepti (Insusinak Mati et Tepti bien-êtreleur)'» , (Deylam : 2-3). ak irkinti nikamema sip huti-e d. insusinak napir-u-ri aha kusih « . , . et pour notre avenir, là j'ai construit l'appareillage de la porte pour Insusinak mon dieu.», (litt. « ... et pour notre avenir (avenir le nôtre) ' (1')appareillage de la porte (porte appareillage-son) pour Insusinak mon dieu,: là j'ai construit »), (EKI 40:, 17-19). 50 L' ÉLAMITE :'ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE XI - LE PRONOM POSSESSIF Le pronom possessif se résoud en un complément déterminatif représenté par un pronom de personne ou de chose et en un suffixe nominal de définition: Le suffixe nominal classificateur marquant le complément. déterminatif et le suffixe nominal de définition sont de la classe du mot déterminé, Par exemple : uane-mi qui renvoie à un déterminé inanimé de la classe -me (u-me « de moi » + mi « le/la/les ») signifie « le mien/la mienne/les mien(ne)s. Le suffixe de définition peut être remplacé par le suffixe de caractère neutre ai, par exemple : ume-ni, il peut aussi être marqué par l'enclitique -a, par exemple : nika-ine-mana. À l'époque, achéménidé le suffixe nominale classificateur -n marque 'aussi le . pronom complément déterminatif, par exemple : v.u-ni-ni/a. Exemples takkime umeni (u-me-ni, inanimé classe -nie) « la mienne vie) » (passim dans EKI), zalmu umeni (u-me-ni, inanimé classe -me) « la mienne statue » (EKI76 3), irkinti nikamema/üikamena (nika-me-m,a/nd, inanimé classe me) « le nôtre avenir » (passim dans EKI), puhu nikmnema/puhu nikamena (nika-me.-mana, inanimé classe -me) la nôtre descendance » (passim dans EKI), his untas-napirisa-me sukusa ak imeni (i-me-ni, inanimé classe -me) aha ir (écrit a-ha-ar) taira ... «_ (celui qui), a effacé le nom d'Untas-Napirisa et y placerait le sien (et le sien là celui-ci (serait) plaçant) ... » (TZ 2 : 7). 51 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI XII. - LA PROPOSITION QUALIFICATIVE/DÉTERMINATIVE . De même; que le suffixe nominal classificateur dit « de définition » s' ajoute aux . expansions nominales du nom, il marque la proposition qualificative/déterminative qui précise ou complète' le sens' d' un nom. Ce suffixe de classe est suivi par la voyelle d'appui'i. Exemples murti d.takmidirsu=me halat-ni kusik-ni u erientum-ia pepsih kusih « (la) chapelle de Tasmidirsu qui avait été construite en argile, moi en brique cuite j (e 1)' ai construite en renouvellement (j'ai renouvelé, j'ai construit) » (EKI 33 : 5), u v. silhak- d.insusnak melku tukik nappip ' hatamti<p>.ki likame d. insu[sn]ak ir h[a]nis-ri « moi, Silhak-Jnsusinak , prince choisi des dieux élamites, lui qu' Insusinak aime pour (son) royaume » (EKI 541: 18), siyan d.insusinak d.masti ak d.tepti sit-e-me muhduh-nie kusih « j'ai construit (le) temple du bien-être d'Ingusinak, de Masti et de Napir que j'ai consacré (par le sacrifice) » (Deylam: 2-3), e d.nap kikip nappi-p hatamti[p] ak nappe p h. su en-pi zuluh lahluh-[pi] ... « ô dieux célestes, les dieux élamité[s] et les dieux de Suse que j'ai rendus rayonnants (j'ai fait rayonner j'ai changés) ... » .(EKI 54 I : 11-.12) . L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE Exemples : kukunnun sunkip urip-u-pi imme kusihs-a u [kusih] « (le) kukunnum que (les) 'rois mes prédécesseurs (antérieurs de moi) n'ont pas construit, moi j(e l)'ai construit » (EKI 13 A :3). Cette nouvelle construction se dotera bientôt d'un pronom relatif introducteur Par ailleurs, l'enclitique relativisante/subordonnante -a est parfois ajoutée au suffixe de classe qui' nominalisait la proposition, d'où la concomitance des deux éléments subordonnants. Exemples : siyan d.upurkupak-me sunkip urip-u-pi h. susun imme kusihsima (me+a) u alimelu kusih « (le) temple d'Upurkupak que (les) rois mes prédécesseurs (antérieurs de moi) n'ont pas construit à Suse, moi j(e l)'ai construit dans (la) Ville-Haute », (litt. « (le) temple d'Upurkupak que (les) rois mes prédécesseurs (antérieurs de moi) à Suse n'ont pas construit, moi (dans .la) «' Ville-Haute » j'ai construit »), (EKI 14 : 2-3), zunkip urip-u-pi siyan (d.)napirisa (écrit DINGIR.GAL)-<me> imme kusihsi-ma (me+a) u kusih « moi j'ai construit (le) temple de Napirisa que (les) roi mes prédécesseurs (antérieurs de moi) n'ont pas construit », (litt. « (les) rois mes prédécesseurs (antérieurs de moi), (le) temple de Napirisa qu'ils n'ont pas construit, moi j'ai construit »), (TZ 56 : 4-7). . L'adjonction de l'enclitique -a L'enclitique relativisante/subordonnante -a tend à marquer le verbe de la proposition qualificative/déterminative et à remplacer le ,suffixe classificateur dit « de définition » qui nominalise. la proposition. 52 53 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI XIII - LES PRONOMS RELATIFS Les deux pronoms relatifs akka (animé) et appa (inanimé) apparaissent au cours de l'époque méso-élamite. Ils introduisent la proposition relative qui auparavant était seulement nominalisée et/ou marquée par l'enclitique relativisante/subordonnante -a. Exemples : suhmutu-i ... sunkir akka tasta (tas-ti-a) irone turnah «je ne connais pas (le) roi qui avait placé cette stèle » (EKI 20 : 5-7), akka salmu-u-me humanra (humanri-a) akka hutunra (hutunria) akka tuppime 'inelkanra (nielkanri-a) akka his-u-me sukunra (sukunri-a) ...«< (celui) qui enlèverait ma statue, qui (la) briserait, qui endommagerait (l')inscription, qui mon nom effaceràit ... » (EKI 16 : 4-7), akka •ulhi-i melkanra (inelkanri-a)` ak upatip-e lani-e pakanra (pakanri-a) ... « (celui) qui endommagerait cette demeure et arracherait (1')argent de ses briques (briques-ses argent-son) »(TZ4A`6), [...]akka hutunra (hütunri-a) akka humas ak hal=i tiyara temnzenra ` (temmenri-a)... « [nia statue:..] (celui) qui (la) briserait, (celui) qui (1')ayant enlevée (qui a enlevée) et, étranger à ce pays, l'emmènerait ... » (EKI 50 : 5-6), sunkip ur(i)p-u-p-pa (écrit ur-up-up-pa) siyan ... akka kuksifta (kuksis-ti-.a) imme tur[nah] « (parmi) les rois (qui ont été) mes prédécesseurs je ne conn[ais] pas (celui) qui avait reconstruit le temple ... », (lita.. « les rois (qui ont été) les antérieurs de moi, (le) temple ... (celui) qui (P)avait 'reconstruit (ceci) je ne con[nais] pas »), (EKI' 34 : 3-4), sunkip akka appup [... ] « (les) rois qui (ont été) mes ancêtres [. J » (EKI 89 : 112), ha(l)l-i appa kusiha (kusih-a) luppuruh « j'ai donné accès à cette ville que j'ai construite '» (TZ 32 A : 6); tetin-i his umeni ak his appa aha talluha (talluh-a) akka melkar.(ra) ak sukunra (sukunri-a) ak his duhi-e aha ir tallunra 54 L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE (tallunri-a) d. insusinak ir si-ra ani uzzun « le mien nom et les noms que j'ai écrits sur cette colonne, (celui) qui (les) abimerait et (les) effacerait et son propre nom là écrirait, qu'il n'aille pas devant Ingusinak ! » (EKI 45 VI : 1-9). Au cours de la période néo-élamite le pronom animé akka se dotera de la forme de pluriel akka-p(e). Le large emploi des pronoms relatifs à l ' époque achéménide affaiblit le rôle de l'enclitique -a. Exemples : v.nu v. akka messin h.tuppi-hi pepranti appa v.hutJta hi appa' h.tuppi-hi-ma tallik huhpe uris « toi qui plus tard' reliras cette inscription, (ce) qu[e j'ai] fait, ceci qui est écrit dans cette inscription, crois cela ! » (DB III : 66-67), v.tassup v.madape akkape v.ûnina inni ti.rinnaüpi hupipe halpis « (les) trôupes mèdes qui ne, se proclamënt pas les miennes, tuez-les (celles-là) ! » (DB II : 14-15). . v.tassup irsekki halpis akkàpe sassa v.birtiya ir turnas-ti «il tua en grand nombre (les) troupes qui auparavant avaient connu Birtiya », (litt. « (les) troupes en grand nombre (grandement) il tua, (celles) qui auparavant Birtiya l'avaient connu »), (DB I : 39). 55 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI XIV- LES PRONOMS INDÉFINIS Le pronom indéfini akkari/a Le thème akka a donné le dérivé akka-ra/i, pronom indéfini animé singulier qui signifie « quelqu'un, quiconque ». Il est attesté à l'époque méso-élamite sous la forme akkara avec la négation préverbale qui -porte sur lui. Il est alors à traduire par « aucun ne », « personne ne ». Exemple sunkip ur(i)p-u-p-pa (écrit ur-pu-up-pa) akkara upat aktippa inr. i huhtanra u huhtah «j'ai fait des briques émaillées (ce) qu'aucun des rois (qui ont été) mes prédécesseurs, ne faisait », (litt. «les) rois mes prédécesseurs (les antérieurs de moi) aucun ne faisant des briques émaillées, moi j'ai fait »), (EKI 17 : 1-3). Le pronom indéfini unra Le pronom indéfini un-ra (animé délocutif singulier) «chacun », « tous », qui- est largement attesté dans les textes économiques de l'époque achéménide, représente un complément déterminatif pris. isolément. Il peut se résoudre en - (h)un suivit du suffixe classificateur du délocutif singulier -ra (-ri+a) marquani le complément déterminatif d'un animé et avoir pour . sens d'origine , «d'égalité/équité » ou « en égalité/équité ». L' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE (Deylam 4-5) dont la forme ancienne écrite sude-t 'sade-t (inanimé classe -t), (EKI 2 : 10), pourrait être traduite par « nuit (et) jour », c'est-à-dire «l'ensemble des nuits et des jours ». Cette expression , rendrait solidaires les notions ' d'unité, d'ensemble, dé totalité. Quant au mot aski, écrit âs-ki, attesté à l'époque achéménide, il pourrait se résoudre en as (inanimé) « partie/portion soustraite, retrait », suivi du numéral ki « un, unique seul ». Cet ensemble figé signifierait alors « une partie, un peu, peu de chose ». Construit avec la négation préverbale, il peut , alors être rendu à cette époque par le pronom indéfini « rien ». Exemples meni tassup appa unina as-ki inni hutte « alors (les) troupes qui (étaient) les miennes ne firent rien » (DB II : 19-2121), akkari as-ki v.gammatta v.makus-tupaka inni lilmak ,« par quiconque rien ne fut témoigné/manifesté envers Gammatta, (le) mage » ((DB I : 40-41). Dans cet exemple, la négation inni qui précède une forme verbale passive porte dur le sujet as ki 'et non sur akkari. Bien qu'étant de graphie et de forme différentes, aski pourrait être rapproché du mot as/az-kit (groupe inanimé classe -t) attesté dans les textes méso-élamites et qui peut se résoudre en « retrait un/seul ». Construit avec la négation préverbale, ce groupe pourrait être rendu par « aucun retrait », (litt. « ne pas un retrait »). Par exemple : az-kit tur-sahri husu-ia ingi (= inki) hinka ... «pour) que je ne connaisse aucun retrait (litt. pas un retrait) à une lignée prospère ...» (passim dans EKI). '. Exemple : . 10 v.puhu un-ra 1 QA dus « 10 enfants ont reçu chacun 1QA (de farine) .», (PF 1263 : 6-7. Le numéral ki « un, unique, seul » semble avoir la valeur d'un adjectif indéfini : « chaque », dans l'expression sut-ki-me §at-ki-me (inanimé classe -me) « chaque nuit, chaque jour » 56 57 FRANÇOISE GRILLOT-SÙSINI L' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE XV - LES PRONOMS ANAPHORIQUES XVI - LES GROUPES NOMINAUX Les pronoms anaphoriques sont des pronoms dérivés du pronom démonstratif i. Ils représentent un nom antécédent avec lequel ils s' accordent. Ces pronoms qui appartiennent au délocutif sont : 1. Le groupe nominal de circonstance ir (i-r' animé singulier) « celui(-ci), celle(-ci » ip (i -p animé pluriel) « ceux(-ci), celles(-ci) » i (inanimé classe -me) «, ce(ci) » in (i-n inanimé classe -n) « ce(ci) ». Les pronoms anaphoriques servent à la formation de syntagmes nominaux. Outre leur présence dans -les formes des deux conjugaisons nominales du verbe construites au délocutif, cf. XXI.3., ils introduisent notamment les groupes nominaux de circonstance, les groupes nominaux de relation à régime externe et interne, cf. XVI.1., 2.1., 2.2. Le groupe nominal de circonstance détermine un antécédent par l'intermédiaire d'un pronom anaphorique en indiquant une circonstance. Il est formé d'un pronom anaphorique introducteur et d'un complément déterminatif qui exprime la manière, le lieu 'ou le temps. Les mots indiquant la valeur spatiale ou temporelle sont identiques à ceux employés dans les groupes nominaux de relation, cf. XVI.2. Cette construction qui tend à se rapprocher du verbe prend progressivement une forme neutre en s'insérant dans la classe nominale -n. Par exemple (formation du groupe) : suhmutu (inanimé classe -me) ... i giri-ma(me+a) « stèle ... celle-ci (ceci) en- gratitude », i si-mâ(ine+a) « stèle ...cellesuhmutu (inanimé classe -me) ci (ceci) en avant/devant », huttak=halik-uane (inanimé classe -me) .:. in.li-na(ni+a) « mon oeuvre ..: celle-ci (ceci) en-don ». Exemples [suhmutu] ... huttah-ni ak na[ppipj (nappi-p).. giri-ma tah-ni « j'ai assurément fait [(la) stèle] ... et aux di[eux] ... `je l'ai assurément placée en gratitude », huttah-ni ét tah-ni sont dés formes optatives ayant ici valeur d'assertif, (EKI 54 IV : 5), suhmutu v.naram-d.sin-irra hurrah d.insusinak napir.'u-ri i si-ma tah «j'ai enlevé (la) stèle de Naram-Sîn ... à Insusinak mon dieu je l'ai offerte », (lits. « à Insusinak mon dieu celle-ci devant j'ai placée »), (EKI 22 : 5-6), huttak-halik-u-me d. insusinak napir-u-ri in ai-na telak-ni .« que mon oeuvre à Insusinak mon dieu soit adressée en don ! », (lita. «celle-ci en-don qu'elle soit adressée ! »), (EKI 18 : 5). 58 59 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI L ' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE huttak-halik-u-me d.Nahhunte siyan-kuk-ra u in li-na (écrit un li-na) telak-ni « que mon oeuvre' à Nahhunte du siyan-kuk par moi soit adressée en don ! », (litt. « par moi celle-ci en-don qu'elle soit adressée! »), (EKI 10 : 4-5). appuka « anciennement, auparavant; autrefois » ( < . appu« éloigner, être ancien »). Certains adverbes sont marqués par le suffixe généralisateur -ta, par exemple : marri-ta « en'totalité, totalement, entièrement » d'où la traduction « tout, tous, toutes » (< marri- « (re)tenir, bloquer ») ; autres exemples : am-ta, sassa-ta, appuka-ta. Ce suffixe édit parfois -te n'est peut-être pas étranger au suffixe nominal de l'inanimé -t. À côté de ces nouveaux adverbes subsistent les formes réduites et parfois altérées d'anciens groupes nominaux de circonstance, par exemple : menti ( < me-ma) « derrière, après, ensuite», hati/u(-ma) (< hati-ma qui équivaut à §À-ma) « à l'intérieur, au milieu >), sir(-na) (< sir-ma/sir-na) « en valeur, en équivalence, en considération/estimation, en estime/reconnaissance », . Le groupe, dont la construction n'est plus réellement cômprise, fait l'économie du pronom anaphorique introducteur. Prenant peu à peu la valeur d'un adverbe, il tend à perdre son caractère nominal pour finalement se réduire au mot indiquant la circonstance. Exemples : e d.insusinak napir-u-ri huttak-halik-u-me li-ma nu telak-ni « ô Insusinak mon dieu que mon oeuvre te soit adressée en don ! » (EKI 30 : 4-5), huttak-halik-u=nie (d,)napirisa (écrit DINGIR.GAL) ak d. insüsinak siyan-kukpa li-na telak-ni « que mon oeuvre soit adressée en don à Napirisa et Insusinak du siyan-kuk » (passim dans EKI), zalmu-u-me tippa tak kitenuh inni peranmanka Sara tak kitenuh « j'administre (les) interdits (kitenuh) à ma statue (qui est) placée devant, j'administre les interdits (kitenuh) à ce que je ne veux pas qui soit lu (qui est) placé en dessous » (EKÏ 76 : 5-6): 2. Les groupes nominaux de relation Les ' groupes nominaux de relation subordonnent à un pronom anaphorique introducteur 'un nom ou un pronom en indiquant la nature du rapport de subordination qui est spatial ou temporel. La nature du rapport de subordination est exprimée par des mots tels que : ukku « sur », zur « haut », Sara « sous, dessous », pat « bas », Si « avant, devant, face », me « arrière », hati/SÀ « intérieur, milieu », kan « proche, près ». 1.1. Les adverbes 2.1. Le groupe nominal de relation à régime externe A l'époque achéménide apparaît un grand nombre de nouveaux adverbes de formations variées, qui s'ajoutent à ceux déjà en usage à l'époque neo-elamite. L'origine et la formation de ces nouveaux adverbes n'apparaissent pas toujours clairement. Par exemple : am « maintenant, à présent », meni « alors », hamer « à l'époque; à ce moment là, en ce temps là », sassa « autrefois» , messin « après, plus tard, zila « ainsi », hi zila '« comme ceci, ainsi » ; d'autres sont dérivés de participes passifs' d.' aspect accompli, par exemple : kappaka « ensemble » ( < kappa- « (r)assembler, (re)grouper »), sillaka « fortement, avec' force, beaucoup » ( < cilla- « renforcer, rendre fort »), 60 Ce groupe nominal subordonne au pronom anaphorique qui l'introduit un nom qui lui est directement préposé. Il est formé d'un pronom anaphorique et de son complément déterminatif qui exprime la nature du rapport de subordination. Par exemple (formation du groupe) : d. insicsinak ir si-ra « (le destructeur) . Insusinak celui-ci en-avant/face de » ou « (le destructeur) ... devant Ing usinak », d.nahhunte ir sara-rtl « (le destructeur) ... Nahhunte celui-ci en-dessous de » ou « (le destructeur) ... sous Nahhunte », 61 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI' kitin .:. zalmu-u-me in ukku-na (écrit nu-uk-ku-na) « kiten ..:celui-ci au-dessus de ma statue » ou « le kiten sur ma statue ». Exemples : d.insusinak ir si=ra ani izzun «,(le destructeur) ... puisse-t-il ne pas aller devant Insusinak ! », (litt. « que celui-ci en-avant d'Insusinak n'aille pas ! »), (EKI, 45 V : 8-9) », kitin ..., zalmu-u-me in ukku-na (écrit nu-uk-ku-na) tak-ni « que le kiten (interdit protecteur)... soit placé sur ma statue ! », (lift. « que (le) kiten ... celui-ci au-dessus de ma statue soit placé ! »), (EKI 75:21), , ... d.nahhunte ir gara-ra par ani kutun « (le destructeur) , , , que sous Nahhunte (= Soleil), sa semence ne soit pas préservée !», (litt. « que celui-ci sous Nahhunte (la) semence ne soit pas' préservée ! »), (EKI 9 III b : 9). De même que le groupe nominal de circonstance, les groupes nominaux de relation tendent à faire l'économie du pronom anaphorique introducteur et à perdre leur caractère nominal. Par exemple : sa-e d.sîn ak d.UTU (= Soleil/Nahhunte) sara-ma înassik-ni « que sa marche soit interrompue sous Sîn (=Luné) et Nahhunte (=Soleil) », (litt. « que sa marche (celle-ci) en-dessous de Sîn et dé Nahhunte soit tranchée/interrompue ! »), (EKI 76 : 36). Les groupes nominaux de relation à régime externe qui parfois sont réduits au mot indiquant la nature de la relation, vont s'ajouter aux nouvelles postpositions utilisées à l'époque achéménide, cf. XVII. Exemples meni h.tuppime amminnu v.dayauis. marrita hati-ma v.u tingiya v. tasguppe sapin « alors les gens copièrent cette inscription-là que j'ai envoyée dans tous les pays » (litt. « alors cette incription-là qu'à l'intérieur (hati-ma) des pays en totalité, moi, j'ai envoyé, les gens (la) copièrent » (DB IV : 8-9), 6 marris GESTIN.lg ... 2 d.ITU.lg hati-ana « 6 marris dé vin ... pour deux mois (à l'intérieur de deux mois), (PF, 810: 1-6), 62 L' ÉLAMITE : ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE [dattam appa v.u]nina v:dayauis-hi hati kuktak «[(la) loi qui (est) la m]ienne a été préservée dans (à l'intérieur de) ces paysci » (DB i :18-19), v.sunkir (écrit v.SUNKI) h.murun-hi ukku-ra/ickku «roi sur cette terre-ci », (passim dans les textes de l'époque achéménide), h.siut-hupe ukku h:ulhi.lg zikkak « (le) palais a été établi sur ce gravier-là » (DSf : 23). 2.2. Le groupe nominal de relation à régime interne Ce groupe nominal subordonne un prdnom au pronom, anaphorique introducteur qui est directement suivi d'un complément déterminatif à valeur spatiale ou temporelle indiquant la nature de la subordination. Alors que le groupe nominal de relation à régime externe est précédé du nom qu'il subordonne, le pronom que subordonne le groupe nominal de relation à régime interne se trouve à l'intérieur même du groupe nominal. En d'autres termes, le groupe nominal de relation à régime interne comporte une première unité nominale composée d'un pronom anaphorique et de son complément déterminatif. Et, cette unité nominale est elle-même déterminée par le pronom qu'elle subordonne. Le pronom subordonné peut être un pronom de personne ou un pronom représentant un inanimé. Par exemple (formation du groupe) : petir-u-ri (animé délocutif singulier) ir pat=ri=u-r(i) (écrit ir paat-ru-ur) « : mon ennemi (ennemi de moi) celui-ci en-bas-demoi » ou « mon ennemi sous moi », hat (animé délocutif singulier) ... ir ukku-ri-i-r(i) (écrit ri-uk-kuri-ir) « (la) terreur ... celle-ci au-dessus-de-lui » ou («la) terreur ... sur lui », hih (animé délocutif pluriel) ....ip ukku-pi-i-p(i) (écrit pi-uk-kupi-ip) « (les) puissances ... celles-ci au-dessus de lui » ou « (les) puissances .... sur lui ». Exemples : petir-u-ri ir pat-ri-u-r (écrit ir pa-at-ru-ur) tat-ni« place mon ennemi sous moi ! », (litt. « mon ennemi celui-ci en-bas-de-moi que tu places ! » ), (EKI 45 IV : 9), 63 FRANÇOISE GRILLOT-SUSINI L ' ÉLAMITE :ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE li`at (animé-délocutif singulier) (d.)napirisa (écrit DINGIR.GAL) d.insusinak .... ir ukku-ri-i-r (écrit ri-ukku-ri-ir) tak-ni « que la XVII - LA POSTPOSITION terreur de Napirisa (et) d'Insusinak soit placée sur lui ! », (lift. « (la) terreur ..: celle-ci au-dessus-de-lui qu'elle soit placée ! »), (EKI 9 III c : 6), hih (animé délocutif pluriel) d.Beltiya ... ip ukku-pi-i-p (écritpiuk-ku-pi-ip) met(i)k-ni (écrit mg-it-ki-ni) « que (les) puissances de Beltiya ... aillent sur lui ! », (litt. « (les) puissances ...celles ci,au-dessus de lui qu'elles aillent ! »), (EKI 16 : 11-13). Ce groupe nominal fera lui-aussi l'économie de son pronom anaphorique introducteur. Par exemple : hal happatis ...v.untas-(d.)napirisa (écrit DINGIR.GAL) ukkuriz-r murtan « Untas-Napirisa s'est établi sur (le) pay de Haptis », (litt. « (le) pays de Haptis ... Untas-Napirisa au-dessus de lui s'est établi »), (EKI 7 III : 3). Le groupe de relation à régime, interne est encore employé dans les textes de l'époque achéménide. Par exemple [meni v.jmi[mana v.tassup]-itaka me-ri-i-r (écrit me-ri-ir) taka sak « [alors] Mi[mana] (qui) s'était placé derrière lui (Misdatta) avec (les) [troupes], marcha », (litt. « [alors] Mi[mana] (qui) avec (les) [troupes] en-arrière de lui (Misdatta) s'était placé, marcha »), (DB III . : 32). Les postpositions sont des mots invariables qui introduisent un élément en le subordonnant par tel ou tel rapport à. un autre élément de l'énoncé. Elles sont directement placées après le mot . qu'elles subordonnent. La seule postposition attestée dans-les textes méso-élamites est -ma « dans, sur, au cours de ».. Exemples : ak sunkip ... his-apie erientum pepsi-ia-ma tatalluh «et, j ' ai réécrit dans la brique cuite neuve le nom des rois », (litt. et (les) rois ... leur nom dans la brique cuite en renouvellement j'ai réécrit » (EKI 35 : 14-17), ak hinap uhinni huttah ak siyan d.manzat-me ak d.simutta d.hatamtir-me=ma tattah « et j'ai fait' (une) crapaudine en pierre et dans (le) temple de Manzat et de Simut (l')Élamite j(e 1)' ai déposée » (EKI 65 : 8-12). Les noms indiquant. une localisation ne sont pas nécessairement suivis par cette postposition. Par exemple : siyan d.upurkupak-me ... u alimelu kusih « (le) temple d'Upurkupak ... moi (dans la) Ville-Haute j'ai construit » (EKI 14 : 2-3). La destructuration des groupes nominaux de relation fayorise l'emploi de postpositions dès l'époque néo-élamite. Par exemple : d.masti zana h.tarrisa-ra-ikki hahpuhu « vers/en direction de Marti, dame de Tarrisa, nous prêtons attention » (EKI 76 : 7-8). L'emploi des postpositions se généralise à l'époque achéménide. La postposition -ikki/ikka y est largement représentée. Elle indique la direction, l'attribution, le 64 65 FRANWISE GRILLOT-SUSINI rapprochement et s'attache surtout ä des animes et ä des noms de mois personnalises. Elle exprime aussi la destination et la localisation notamment lorsqu'elle fait pendant ä-ikkimar/ ikkamar (-ikki/a+mar), postposition qui indique la provenance, l'origine, 1'eloignement, l'opposition et marque l'agent des formes passives .du verbe ; cette dernire postposition peut etre simplement representee par -mar. Ces deux postpositions, - ikki/ ikka et; ikkinxa7/ikkamar, eclipsent les pronoms de rappel places devant la forme verbale, qui indiquaient le beneficiaire et 1' agent: Exemples : v.hassiiza hupirri marrika rappaka v.ü-ikki tingik meni hupirri halpi « Hassina, celui-ci qui avait ete pris (et) enchaine, me (litt. vers-moi) fut envoye. Alors je tuais celui-ci » (DB I: 64-65), appa anka v.u=ikkimar ap tirikka huhpe hut[tas] «quoi qu'ils leur a ete dit par moi, cela il (le) font », (litt. «(ce) que si parmoi ä-eux a ete dit, il font cela »), (DB I: 19). Un grand nombre de postpositions utilisees ä 1'epoque achemenide sont issues de participes passifs d'aspect accompli. Par exemple : -.lak(i)ka ( < la(k)ki-) « au/par-delä, », -pirka (< pari-) « ä 1' arrivee, lors de », « -tupaka (< tu(p)pa-) « envers, •ä 1' egard de », -idaka ( < i d/ta-) « avec ». Parmi ces nouveaux outils grammaticaux se trouvent des postpositions qui ne sont que les formes reduites d'anciens groupes nominaux de relation ä regime externe dont le mecanisme n'est plus compris. Par exemple :-hati/u(->na) (< hati/ic-ma; equivaut ä SA-nia) « ä ' 1'interieür de, au milieu de, parmi ». 66 L ' ELAMITE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE XVIII - LA NEGATION La negation se composait'ä 1' origine de l'e1ement de negation in- et d'un suffixe nominal classificateur correspondant ä la classe du nom ou du pronom qu'elle concernait. Pour les animes : locutif allocutif delocutif singulier delocutif pluriel in-ki *in-ti (non atteste) in-ri im=pi ( < in-pi) Pour les inanimes : classe -t classe -n classe -me *in-ti (non attest6) in-ni im-me. (. < in-me) Exemples : akka zalmu v.sutruk-d.nahhunte-na in-ki dununku mar ak turunra :.. « (celui) qui declarerait (mar « (serait) declareur ») que la statue de Sutrük-Nahhunte je ne l'ai pas offerte et (le) ferait savoir... » (EKI 74 II : 18-19), sunkip ur(i)p-u p pa (6crit ur-pu-up-pa) äkkarci upat aktippa inri huhtanra u huhtah . « j ' ai fait des briques mailles (ce) qu'aucun des rois qui etaient mes predecesseürs ne faisait », (litt. «les rois (qui' etaient) mes predecesseürs (les' anterieurs de moi) aucun ne faisant des briques email1ees, moi j ' ai fait »),. (EKI 17 : 1-3). akka ... his-aci (P)p e aha tak-ni lahhis in-ni kitinri... «(celui) qui.... la titulature qui est placee lä (P)ayant changee ne (la) perpetuerait pas , . . »; (litt: « (celui) qui . . . (la) titulature qui est placee lä a changee, ne (la) perpetüerait pas .::»), (EGE n° 9 : 54-57). ' Au cours de la periode meso-elainite lä fornie üeutre iri-üi tend ä remplacer la forme im-me representant la classe -'nie de 1'inanime, puis les diverses formes de 1' anime: Devenue figee, la forme neutre inni est comprise cdmme un adverbe de negation. Elle se maintiendra ä 1'epöque achemenide. 67 FRANGOISE GRILLOT-SUSINI L ' $LAMITE : irI,EMENTS DEGRAMMAIRE ^IX - LA LOCALISATION XX- DITTOLOGIE DES SUFFIXES De meme que la negation, le mot aha indiquant le lieu « ici/lä » presentait ä l'origine un caractere nominal differencie. Il etä.it suivi du suffixe nominal classificateur de l'element auquel il se rapportait. Ce suffixe nominal representait soit un 0elocutif anime singulier ou pluriel, soit un inanime. Pour les animes : delocutif singulier delocutif pluriel aha-r aha-p Pour les inanimes : classe -t classe -n classe -me aha-t aha-n aha Exemples : d.nabu lansiti-ra ir aha-r murtah « (le dieu) Nabu en or celui-ci lä j' ai etabli »(EKI'7. Ia :3-4), suhterwe lansitüni (=lansitinni) haltit-e (haltit inanime classe -t) lanüni (laninni) lan[si]ti[ini](=lansitinni) aha-t sirah mirrih «(1a) porte (vantaux) en argent (et) en or du suhter d'or (suhter ,,. sa•porte ..:) lä j'ai assure (le) scellement (j'ai scelle j'ai assure) » (EGE n°9 ; 37-46): D'es 1'epöque meso-elamite le mot aha qui tend ä prendre un caractere indifferencie ou neutre, apparait soit sous la forme nue aha, soit sous la neutre fige ahan. A 1'epoque neo-elamite il devient ah et prend ,une valeur adverbiale. Son emploi se rarefie dans les textes de 1'epoque achemenide. Remarque ; Les nom's indiquant un lieu peuvent etre dispenses de tout indice indiquant une localisation. 68 Certaines desinences consonantiques finales sont redoubles dans la graphie. sans raison grammaticale apparente; et ce, notamment ä 1'epoque tardive. Ce redoublement affecte plus particulierement les suffixes nominaux classificateurs et les morphemes participiaux. Le redoublement suffixal peut parfois etre confondu avec le suffixe nominal classificateur « de definition ». Exemples des poques meso- et neo-elamites : suhmutu v.naram-d.sin-irra humah « j'ai enleve (la) stäle de N aram- S in »(EKI 22 : 5-6), u v.silhak-d.insusinak sak v.sutruk-d.nahhunte-ki-ikki «moi Silhak-Insusinak, le fils de Sutruk-Nahhunte »(EKT 56 :1-3), [u v.s]utur`d.nizhhunte sak v.d.hicbanimena-ki-ikki sunkik-ki h.anzan h.susun-ka « [moi S]utur-Nahhunte, le fils d'Hubanimena, le roi d'Anzan (et) de Suse » (EKI 71 A+B-: 1), u d.tepti-d.hu [ban-d.insusinak §ak silh]ak-d.insusinak-ikka « moi Tepti-Hu[ban-Inslasinak (qui suis) le fils de silh]akInsusinak » (EKI 83 : 1-2), sunkir kitin ir sara-irra « roi (qui est) sous (le) kiten (interdit protecteur) » (EKI 75 : 7), PAP hw.sunkir-ter (ecrit SUNKI-ter) hw.madris hw.rakap(e)ippa duhs (ecrit duhis") «(le)•total Sunkir-ter (et) Madris, les Rakkaeens, (1')ont re^u » (MDP IX 93 rev. : 5-6). Exemples de 1' poque achemenide : v.dariyamauis ... v.sunkir sunkip-irra (ecrit v.SUNKI v.SUNKI= ip-ir-ra) « Darius ... (le) roi des rois », (DNa : 7), v.dariyamauis ... v.sunkir sunkip-inna (ecrit v.SUNKI v. SUNKI-ip-in-na) « Darius ... (le) roi des rois. »,(DB I: 1), d.uramazda ... akka irsara d.nappi-inna « Ahuramazda ... qui (est le) grand des dieux »,(DPh : 6), 69 L ' $LAMITE : LL$MENTS DE GRAMMAIRE FRANGOISE GRILLOT-SUSINI meni v.datursis sak sap v.hanninuiap-ikki ir parikka ... «alors Daturgis fit mouvement ; lorsqu'il fut arrive chez les Arminiens », (DB II : 23-24), [me]ni v.hatamtip v.u-ikkimar peptippa v.hassina hupirri-ikka paris « alors les Elamites qui s'etaient souleves contre moi se rallierent ä(litt. se dirigerent vers) ce Hassina-lä »,(DB 1: 5859), hi appa h.tuppi-hi-ma tallik huhpe uris anu titkimTne (inanime classe -me) el[man]ti « ceci qui est ecrit dans cette inscriptionci, crois cela, puisses-tu ne pas pe[n]ser ä un mensonge »,(DB III : 67-68), (v.has]sina his-e v.hatamtirra (ecrit v.ha-tam-tar-ra) hupirri v.hatanitip appin pept[as] « (un) du nom de [Has]sina (qui etait) Elamite, celui-lä, les Elamites, il les souleva », (DB III : 50-51). s XXI - LE VERBE Les formes du verbe n'expriment aucune valeur teinporelle. Elles indiquent un aspect qui est soit accompli soit inaccompliduratif. L'opposition de ces deux aspects permet d'introduire un rapport temporel entre deux propositions juxtaposes ou coordonnees, cf. XXII.1.1: L' optatif se construit avec des formes verbales d'aspect accompli suivies par la particule -ni qui peut prendre des valeurs diferentes,' et le prohibitif utilise des formes verbales d'aspect inaccompli que precede la .particule ani/u: La notion d'imperatif, d'ordre, peut s'exprimer par des formes verbales differentes. Le verbe peut etre compose, cf. 1V.6.2: La base verbale est alors precedee du terme qui forme avec elle une unite verbale ; ce terme presente toujours une forme nue. D'autre part, il existe des formes verbales corTiposees dans lesquelles certains verbes sont utilises coinme_ verbes auxiliaires, cf. XXI.1.2. Etant normalement placees en fin de proposition, les formes verbales portent les suffixes d'ordre syntaxique inherents ä 1'enonce : les suffixes de classe qui nominalisent les propositions qualificatives/diterminatives et l'enclitique relativisante/subordonnante -a qui. marque les predicats des propositions , relatives et circonstantielles ; seul l'infinitif que represente la forme nue du verbe echappe ä ces suffixations, Ä 1'epoque achemenide, le verbe ne porte pas toujours la marque de l'enclitique -a, celle-ci, etant concurencee par l'emploi abondant de pronoms relatifs et de conjonctions. La base verbale ä redoublement La base verbale est soit une racine ä voyelle finale soit une racine consonantique elargie en. -i , -u, -a ; l'elargissement vocalique produit parfois le redoublement de la consonne finale. 70 71 L ' $LAMITE : $L$MENTS DE GRAMMAIRE FRANfflISE GRILLOT-SUSINI Les valeurs apportes par ces elargissements n'apparaissent pas de fa9on claire, notamment .en ce qui concerne les morphemes uniquement verbaux -u et -a. La base verbale a la valeur d'un infinitif, par exemple : hutta(-) « faire ». ° La base verbale monosyllabique peut etre redoublee. S'agissant des bases dissyllabiques, ce redoublement se manifeste par la duplication du debut de sa premiere syllabe et plus couramment par la. simple duplication de la premiere consonne de cette syllabe ; ce redoublement partiel a sans doute pour origine le redoublement de la premiere syllabe. Ces formes ä redoublement correspondent ä un intensif, un iteratif, ou sont utilisees lorsque le complement d'objet direct est un pluriel. Pä.r exemple (forniation presumee du redoublement) : li « donner » > lili ! ru- «feridre; casser, rompre, briser »> rurar✓itctllu- « ecrire » > tatallu- ( < taltallu), hapu- « ecol,ter; entendre, preter . attention ä» > hahpu(<hahapu). La base verbale presente differents suffixes : les flexions de la conjugaison verbale auxquelles s'ajoutera le suffixe temporel -ti/ta, les morphemes des- participes de sens passif, les suffixes nominaüx• de personne des conjugaisons nominales qui s' ajoutent aux participes et ä 1' infinitif pour former des noms d'action utilises comme predicats. Les participes et1'infintif peuvent produire des noms verbaux. Le verbe hutta- ^s faire » a ete choisi pour servir de mod'ele aux differen.tes formes du verbe prises en exemple dans les paragraphes suivants ; ces formes issues de la base verbale hutta- ne sont pas necessairement attestees. 72 1. La conjugaison verbale Le verbe ne possede qu'une conjugaison dötee de flexions. Elle comporte l'expression du sujet et s'accorde avec lui. Ces desinences qui representent 1'agent du proc.es exprime par le 1ere et de verbe correspondent ä un sujet anime : les pronoms de personne, et pour la 3eme personne, un nom divin, un nom propre ou commun de personne, voire itn element susceptible d' agir, de participer ä une action (par exemple :luk limmcis « feu a brüle », voir aussi V.1:) ; le pronom de personne etant sous-specifid par nature. Cette conjugaison qui est active et transitive peut etre intransitive notamment avec les verbes de mouvement. Elle represente un aspect accompli : 1 e`e p1. hutta-hu sg. hutta-h hutta-ht 2`T1e 2' sg. hutta-t hutta-hs. me sg. hütta-s 2n'e l^re pl. 3^me 3^ pl. Ces formes verbales peuvent correspondrent ä un passe simple ou compose. Par exemple : hutta-s « il/elle a fait, fit, avait fait ». Exemples : suhmutu malsinni hutta-h «(lä) stele en albätre j'ai fait », (EKI 47 : 66-67), tus pitteka appa sunkip urip-u-pi imme huttahsa (hs+a) u küsi-h « la demeure qui (est) enclose, que les r' ois mes predecesseurs a: 2-3). n'ont pas fait, moi je (1')ai faite »,(EKI 13 Les formes de la conjugaison verbale peuvent aussi etre rendues par un present lorsqu'elles rapportent un fait vrai quel que soit le moment de la duree, ou lorsque la notion d'accomplissemment est inherente au sens du verbe, par exemple : turna- « connaitre, savoir », elma- «considerer, penser ». 73 FRANGOISE GRILLOT-SUSINI Ä 1' epoque achemenide, . le phoneme h des flexions verbales s'amuit. Par exemple : hi appa u hutta ... « ce(ci) que j' ai fait ...(DB III : 52), appa u ap turrirahupe huttas «(ce) que je leur dis, ils font cela >}, (litt. « (ce) que moi ä-eux (suis) diseur, cela ils font) >»; (DNa : 30-31). Le suffixe -ti/ta ä valeur temporelle. Au cours de 1' epoque meso-elamite, apparait le suffixe -ti qui s'attache aux formes de la conjugaison verbale pour preciser le pässe eloigne. Ces formes ainsi suffixes qui generalement regissent des propositions subor.donnees sont suivies par l'enclitique relativisante/subordonnante -a, d'oü le suffixe -ta (ti+a). Ces formes verbales, qui indiquent le plus. souvent une anteriorite par rapport ä un fait accompli, sont rendues par un plus-que-parfait. Par exemple : > hutta-s-ti(+a) « il/elle avait fait ». Par exemple : ah sunkip ... siyan kusis-ta his-apie erieia.tuni pepsiya-ma tätalluh « et, j'ai reecrit dans la brique:.cuite neuve le nom des rois . .. (qui) avaient construit le temple », (litt. « et, (les) rois :. . (qui) avaient construit le temple, leur nom sur (la) brique cuite neuve (en renouvellement) j'ai reecrits »), (EKI, 35 : 14-17). 2. Les participes L ' ELAMITE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE Le participe en -k Ce partieipe represente un passif d'aspect accompli (= temps passe). Par exemple : hutta-k «(a ete, fut, avait ete) fait ». Exemples : ' siyan d: insusinak-me upatiTnnia kusi-k «(le) temple d'Insusinalc avait ete construit en argile » (EKI 34 : 4), mürun (ecrit KI.lg) ir ukku-ra (ecrit ru-uk-ku-ra) pitu-(k)ka (k+a) d.UTU (=Soleil/Nahhunte) ir scira-ra anu izzu-n « (le destructeur) ... ayant ete chasse sur terre, qu ' il ne cheinine pas sous Nahhunte (le Soleil) ! » (litt. (le destructeur) . . . . (qui) sur terre a ete chasse, qu'il ne chemine pas söüs Nahhunte »); (EKf 75. : 23-24). A noter que la langue de l' epoque achemenide emploie parall'element ä la forme participiale en =k, une forme plurielle s marquee par le morpheme p. Par exemple : hupirri; v.u-ikkimar peptukka :.. '« celui-lä (qui) s ' etait souleve contre moi ... », (DB II : 58-59) [me]ni v.hatarntip v.u-ikkiinar peptippa ... «älors (les) Elamites qui s'etaient souleves contre moi ... » (DB I:.58-59). Le participe en -n Ce participe represente un passif d'aspect inaccompli-duratif (= temps present, futur). Par exemple : hutta-n « (est, sera, etait) fait ». 11 peut aussi etre traduit par un conditionnel «(serait) fait ». De la base verbale sont issus deux participes invariables (singulier et pluriel) de sens passif. L'un est marque par le suffixe -k, l'autre par le suffixe -n. Ces morphemes sont l'un et 1» autre employes sans acception de personne et de nombre. Leur sens est passif pour les verbes transitifs, quant aux verbes intransitifs, ils gardent leur valeur intransitive initiale. Ces deux participes recouvrent le temps dans sa totalite. Exemples : zana menin-e (&rit me-en-ni-e) .sap sunkippe inni sape-na (n+a) « dame dont la magnificence (est telle) qu'une copie/ 74 75 FRANWISE GRILLOT-SCJSINI L' ELAMITE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE reproduction par les rois n'est pas reproductible (n'est päs copide/reproduite) » (Priere ä Kiririsa : 4-5), tah appa kutusta sit-e (ecrit si-it-ti) ani halin « que les avantages des . accords (les accords ...avantages-leurs) qu'il avaient preserves ne soient plus exdcutes » (EKI 45, 8: 15-17). 3. Les conjugaisons nominales issues' des participes Remarques : Lorsque l'agent d'un participe passif n'est pas exprime, ni ,connu, le sujet/patient de ce participe peut etre aussi celui de qui 6mane 1' action. Par exemple : ruru-k « avait ete fissure » ou « s'etait fissure » (EKI 4 C 5), ruri-n « est/etait fissure » ou « s'est/se sera/se serait fissure » (EKI 9 IIZ b : 10). Exemples : siyan purki-me racruk .. « le temple d'antan s'etait fissur6 ....» (EKI 4 C : 8), hal happatis ...v.Lantas-(d.)napirisa (Ecrit v.untasDINGIR.GÄL) ukkuri-i-r murtan « Untas-Napirisa s'est 6tabli sur (le) pays de Haptis ... »(EKI 7 III : 3). Par ailleurs, les deux participes de sens passif peuvent etre emplöyes comme substantifs et prendre la valeur de ' qualificatifs lorsqu'ils sont postposes ä un nom ou un pronom, cf. IV.4. et IX. Par exemple : e d.masti .:. turuk-u-me . huttat-ni « 6 Mati .. . r6alise ma demande ! » (EKI, 76 : 8-9), u... lipak hani-k « moi ... serviteur aim6 »(passim dans EKI), lin-ri seiri (ecrit sä-ri) lin kiten-i-na (ecrit ki-te-en-ni-na) «... il est- (le) donateur du don de son kiten (interdit protecteur) » (EKI, 75 : 2). Les formes de ces deux. conjugaisons nominales presentent un participe de sens passif en -k ou en -n marque par un suffixe nominal animE. Elles peuvent etre comprises comme d'anciens complements d6terminatifs de pronoms animes (pronom de personne pour le locutif et l'allocutif, un pronom anaphorique renvoyant ä un nom anime pour le de1ocutif). Dans leur fonction de cornplement determinatif, ces deux participes de sens paSsif devaient alors reprdsenter le probes que contrölait le pronom de personne, determine. Ce participe passif portant la marque du pronom de personne (agent) qui contrölait son procs aurait pu s'individualiser et se separer du pronom de personne qu'il determinait. Par leur nature meme, ces deux conjugaisons nominales ont pour sujet un anime et elles representent sduvent le predicat de propositions subordonnees. La conjugaison nominale d'aspect accompli : locutif (u, nika/nuku) allocutif (ni/nu, num) d61ocutif sg. (ir) d61ocutif pl. (ip) huttak-ki huttak-ti huttak-ri huttak-pi La conjugaison nominale d'aspect inaccompli : locutif (u, nika/nuku) allocutif (ni/nu, num) ddlocutif sg. (ir) d61ocutif pl. (ip) huttan-ki . huttan-ti huttan-ri huttan-pi Les interpretations suivantes sont proposees pour des formes construites au d61ocutif singulier. Par exemple (formation des deux conjugaisons nominales) : 76 77 FRANgOISE GRILLOT-SUSINI L ' ELAMITE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE (ir) huttak-ri « (celui(-ci)/celle(-ci)) du fait accompli » ^ «(celui(-ci)/celle(-ci)) ayant fait » ou « (il/elle) a fait, fit, avait fait», (ir) huttan-ri « (celui(-ci)/celle(-ci)) du fait inaccompli-duratif » > « (celui(-ci)/celle(-ci)) faisant » ou « (il/elle) fait, faisait, fera ». Par exemple : . sunkir (6crit SUNKI) lahan ak puhu sunkir-pe (6crit SUNKI-pe) GIS.GU.ZA .Ig atta (6crit adda) api ri-na-nia(me+a)' murdampi « (le) roi (est) disparu/mort alors (les) enfants du roi s'assöierönt ((seront) s'installant) sur/dans (le) tröne de leur pere (du pre d'eux) » (Presages 2 : 2-3). Exemples : u'v.silhak-d.insusinak ... likanie risak-ki «moi Silhak-Insusinak j'ai agrandi (le) royaume », (litt. «moi ... (le) royaume (suis) ayant agrandi »), (passim dans EKI), e d:insusinak ... nu u tenti «ö Insusinak, tu m'accordes la bienveillance », (litt. « toi (es) m' accördant la bienveillance »); (EKI 541: 42-43), e(d.)Napirisa (6crit DING1R.GAL) d.kiririsa d.insusinak nuni u ten-ti (6crit te-ini-ti) « ö Napirisa, Kiririsa, Insusinak, vous m'accordez la bienveillance », ('litt. « . . . vous (etes) m' accordant la bienveillance »), (EKI 47 : 68-69). Ä 1' epoque achemnide, pour ' mieux exprimer le report de 1'action du verbe sur le sujet, la langue fait usage du pronom reflechi neutre duin (du(h)i-n) qui est derive 'de duhu/i « personne, personnel, propre », cf. VI.1. : Les pronoms anaphoriques, qui relayent le nom determine, se maintiennent parfois dans les 'textes de 1'epoque. mesoE1amite. La forme dite « infinitive » que represente base verbale nue est surtout atteste dans les formes verbales compose'es, cf. XXI.11. Elle exprime un ordre g6n&al et impersonnel. Par exemple : tunzpa-sutur (d.)napirik (Ecrit DINGIR-GAL) ak d.insusinaknie ahan nima « (les) ordonnances de Napirisa et d' Insusinak devront etre lä ! » (EKI 13 Aa : 4-5). Par exemple : d.insusinak napir-u-ri u ir tahhanra (6crit ur tah-ha-an-ra) h.akkatu halpuh «(comme) Insusinak mon dieu me (F)accordait (ä moi celui-ci (etant) accordant) j'ai massacre Akkad » (EKI 24 a : 4-5), (d:).napirisa (ecrit DINGIR.GAL) ak d. insusinak (Ecrit d.NINNI.LAM) u ip tahharnpa (6crit up tah-ha-am-pa) hal.lg balahuteppe ak lallarippe ... sir-ma halpu-h «(comme) Napirisa et Insusinak ine (l')accordaient (ä moi ceux-ci (etant) accordant ) j'ai massacre en represailles le pays des Balahutep et des Lallarip ... » (EKI 79 : 6-7). Par exemple v.nc v.sunkir (6crit SUNKI) v.akka messin sartikti titkinüme-mar sillaka düin nusgis « toi qui plus tard deviendras roi, protge-toi fortement du mensonge » (DB IIt : 63-65). , 4. La forme « Ä 1'epoque achemenide la forme nue de la base verbale est . employee pour exprimer un ordre, elle equivaut ä un impiratif. Par exemple : hi zila hi tiri niite v.tassup v.appa v.petip v.unina inni tiriinanpi hupipe halpis « j ' ai par16 ä celui-ci cqmme ceci: va ! (les) troupes qui, ennemies, ne 'se pröclament pas les miennes, tuezles (celles-lä) ! », (DB II : 39). Remarque : Lorsque les formes de ces conjugaisons nominales ne presentent pas de comp1ement direct, l'action peut se reporter sur le sujet lui-meme. 78 infinitive » 79 FRAN(<OISE GRII.LOT-SUSINI L' $LAMITE : $LEMENTS DE GRAMMAIRE 5.. La conjugaison nominale issue Exemples : (d)napirisa (ecrit DINGIR.GAL) d.kiririsa ak d.bahahutippe dakkime kittimma u dicnihsi-ni sunkime tur-hih ,sitimma' u in (dcrit un) sammehsi-ni « que Napirisa, Kiririsa les (dieux) Bahahutep me donnent une vie longue ! une royaute, un regne heureux, qu'ils me les attribuent! » (EKI 5 : 7-8), e d.insusinak napir-u-ri huttak-halik-u-me li-ma telak-ni «6 Insusinak mon dieu que mon ceuvre te soit adresse en don !» (EKI 30 : 4-5). e d.insusinak ... petir-u-ri ir pat-ri-u-r (ecrit ir pa-at-ru-ur) tat-ni « 6 Insusinak ... place mon ennemi sous moi f»(EKI 45 IV : 9), e d.masti napir-u-ri kullak-u-me haput-ni turuk-u-me huttat-ni « 6 Mati ma divinite 6coute mes requetes ! rdalise ma demande ! », (EKI 76 : 8-9), ulhi-i aha kusih ... sunkir hatamtir anka ... his v:untas= (d)napirisa (ecrit v.untas-DINGIR.GAL)-nie aha tas-ni «lä, j'ai construit cette demeure ... (le) roi elamite au cas ... puisse-t-il y placer (le) nom d'Untas-Napirisa ! » (EKI 9 III b : 4-10). de la bäse verbale La base verbale marquee par l'un des deux suffixes nominaux classificateurs du delocutif produit un nom d'agent de valeur intemporelle. • Ce derive. issu de la base verbale est souvent employe comme predicät de propositions subordonnees. Pär exemple (forrnation de la conjugaison nominale) : (delocutif singulier) hutta-r « (a etd, fut, est, &ait, sera) faiseur » (delocutif pluriel) hutta-p « (ont &6, furent, sont, etaient, seront) faiseurs ». Les noms d' agent, dont la traduction reste difficile,. sont rendues ici par une forme, verbale. Exemple : e d.insusinak :.. tepti kizzum-use paha-(r)ra «6 Insusinak ... seigneur (qui) protege (le) kizzum-icse », (litt. « kizzum-use (qui est) protecteur »), (EKI 44 a 1), d.pinigir ki(k)k-i gili-(r)ra « Pinigir (qui) dirige ce ciel », (litt. « Pinigir ce ciel (qui est) dirigeuse »), EKI 71 A+B : 4). Exemple de 1'dpoque achdmdnide : appa ucip turrira hupe hicttas «(ce) que je leur dis, cela ils (le) font », (litt. «. (ce) que moi ä-eux (suis) diseur, cela il (le) -font »), (DNa : 30-31). 6. L'optatif La particule -ni, dont la forme ancienne ou dialectale est met' le verbe ä l'optatif. Elle s'ajoute ä des formes verbales d'aspect accompli. Le verbe construit ä l'optatif exprime un souhait, une priere, une exhortation, i1 rend aussi un assertif. Par exemple : huttas-ni «qu'il/elle fasse ! »,;« puisse-t-il/elle faire ! », huttak-ni « qu'il/elle soit fait(e) !», « puisse-t-il/elle etre fait(e) ! ». 80 Exemples rendant un assertif : erientum tipuh ak siyan d.pinigir napir-u-ri-na ah kusih-ni «j'ai moule des briques cuites et, lä, j' ai effectivement construit le temple de Pinigir ma divinitd »(EKI 80 : 3-4), [suhmutu lik]un huttah-ni ak nap[pip hatamti]p nappip h.an'sanpi nappi[p h.susenpi] i giri-ma tah-ni «j'ai assur6ment fait (la) stele du royaume et aux dieu[x, 61amite]s, aux dieux d'Ansam, aux dieu[x de Suse], j(e 1)'ai effectivement place en gratitude » (EKI 54 IV : 2-6), (suhm]utu likun talluh ak nappi[p] [hatamti]p nappip h.ansanpi nappi[p] [h.s]usenpi giri-ma ap u(dcrit gi-riana-pu) tattah= . ni-ma (me+a) akka ... « (la) stele du royaume que j'ai ecrite et qu'aux dieux [61amite]s, aux dieux d'[An]san, aux dieux de [S]use, j'ai effectivement insta116e en gratitude (celui) qui ... » (EKI 54 IV: 11-13) ; le suffixe nominale -me et l'enclitique -a concernent l'ensemble des deux propositions subordonn6es qui determinent suhmutu likun (« stele du royaume ») bien que suffixant seulement le verbe de la seconde subordonnde. 81 FRAN(rOISE GRILLÖT-SUSINI Le verbe construit ä l'optatif est bien atteste ä l'epoque achemenide. Par exemple : v.u d.uramasda v.un nusgis-ni n2usnuka-ikkarnar « moi, qu'Ahumasda me protege loin de (ce) qui est mauvais !» (DNa : 41-43), v.hutlak hupirri-ikki tingiya nanki (ecrit nangi) Init(i)ki-ni (ecrit mi-ut-kia2i) v.tassup appa v.petip v.unina inni tirimanpi hupipe halpis-ni «au messager (que) j'ai envoye vers celui-lä, je dis : qu'il aille ! (les) troupes qui, ennemies, ne se proclament pas les miennes, celles-lä qu'il tue ! » (DB II : 8-82), anka arak libnin hi tarti[n]ta v.tassup inni ap in tirinti d.ürainazda nun halpis-ni «... si autrement, ayant cache ce temoignage-ci aux troupes/gens tu ne leur en parles pas, qu'Ahurarrlazda te tue !» DB 111 : 75-76), [v.]u [in]ni kani appa v. istu[k]ra v. i(p)pikra [in tuk]kiine surak-ni[rnaJk-ni ak [in]ni kani appa v.i(p)pikYa v.istukra [in t]ukkinie surakni « moi, je n'admets [p]as pour [cette rai]son que le faible puisse etre determine ä etre opprime par le fort, et, je,n'adlnets [p]as pour [cette r]aison que le fort puisse etre opprime par le faible » (DN b: 5-7). La eonsequence. L,a particule marquant l ' optatif peut etre suivie par 1'enclitique -a. Le verbe suivi par cette particule ecrite alors -na (ni+a) donne ä la proposition une valeur consecutive en exprimant une intention, un but ä atteindre. Cette proposition suit la proposition dont elle depend, cf. )0(II.1.4. Exemples : e d. insusnak ... muhti nun kullah kul[la]k-u-[me] hapti turuk-itirne. h[u]tt[at] .:. f.d.nahhunte-utu par-e hal=naa kukit-na «6 Insususiüak te sollicite 'par (le) sacrifice, 6coute ma requete ! realise ma demande !:.. de sorte que tu proteges la semence/progeniture de Nahhunte-utu dans le pays !»(EKI 541: 56-59, 62-63). u ak f.d.nahhauzte-utu guru-nikaane nappip liatamtip nappip h.ansanpi nappip h.susenpi i huttak-na «... de sorte que notre, :. 82 L ' ELAMITE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE salut soit realise pour moi et pour Nahhunte-utu par les dieux elamites, les dieux d ' Ansan, les dieux de Suse !»(EKI 54 1: 91-93). petip luk linzrna-s-pi tar[i]p sali siras-pi ... pat-p-u-p(i) (ecrit pa-at-pu-up) rappak-na « de sorte que (les) ennemis que (le) feu a brüles, (les) coalises/allies que le pal ä fixes , soient entasses sous moi ! » (EKI 3 : 30-31). 7. Le prohibitif Le prohibitif est indique par la particule ' ani/anu. Cette particule precede des formes verbales d'aspect inaccompli. Le prohibitif exprime la defense, la crainte: Par exemple avec un sujet au singulier :, ani huttan « qu'il/qu'elle ne soit pas fait(e) !» ani huttanrj « qu'il/qu'elle ne (soit) pas faisant !» ou « qu'il/qu'elle ne fasse pas ! ». Exemples : nahhunte ir gara-ra liis ani pilin par ani•»kutun « que sous Nahhunte (= Soleil) le nom ne (lui) soit pas conserve ! que la semence/lignee ne (lui) soit pas gardee !»(EKI 16 : 9-11), pissi appa aha talluka d.insusiriak napir-u-ri ani un hisanti « pour (la) dedicace qui, lä, a ete ecrite, Insnsinak, mon dieu, puisses-tu ne pas m' abandonner ! » (EKI 45, V, 15-18), d.nahhunte ir sara-ra ani uzzun ak kik-nzurun k.utir e-me (ecrit ku !-ut-ri-me) ha[l]-ma his [ani] kutun « que sous Nahhunte (= Soleil) il ne chemine pas ! et que dans (le) monde de son gardien/guide (et) dans (le) pays (son) nom ne soit pas garde !» (EKI 48 b : 66-69). A 1'epoque achemenide la particule du prohibitif est anu. Par exemple : v.nu v.sunkir (ecrit SUNKI) v.akka messin sanikti v:ruhirra (ecrit LÜ.lg-irra) titukra hupirri änu in kanninti «töi quz,plus tard deviendras roi, l'homme qui est menteur, celui; Tä ne l'approche pas ! » (DB III : 83). 83 FRtiN(<OISE GRILLOT-SUSINI 8. L'imperatyf Le verbe representant un imperatif impose un ordre qui peut rendre Je commandement, l'exhortation, la priere. 11 est ä la 2me personne de la conjugaison verbale (aspect accompli) dans les textes paleo- et meso-elamites. Exemples : e/d. insusnak .... muhti nun kullahu kullak-nika-me hapti «6 Insusinak .., nous te sollicitons par le sacrifice, 6coute notre requete ! » (EKI 54, I: 71): e d.insusnak .... rnuhti nun kullahu kullak =nika-ine hapti turuk= nika-me huttat «6 Insusinak ... par (le) sacrifice nous te sollicitons, 6coute notre requete ! realise notre demande "! » (EKI, 54 I ; 71-72) , Bien qü'attestees dans des contextes tres lacunaires, les formes imperatives du verbe paraissent etre emplöyees sans distinction de singulier ou de pluriel. Par exemple : hap[ti] «ecoutez !:.. » suivi d'une liste de dieux, (EKI 2: 1) e (l)napirisa (ecrit DINGIR.GAL).d.kiriri[s]a d.i[ns]usn[a]k... [muhtu] numun kull[a]h kullak-u-me ha[p]ti « ö Napirisa, Kiriri[s]a, I[ns]usinak. ... je vous sollicite [par le sacrifice], ecoutez ma requete !»(EKI 47 : 86-91). L'exhortation ,peut aussi etre exprimee par les verbes de la , conjugaison yerbale (aspect accompli) construits ä l'optatif, cf. XXI. 6. Ä 1'.epoque ach6meriide, l'imp6ratif est exprime par la 3 eme personne de la donjugaison verbale qui ne differencie pas le singulier du pluriel. Par exemple : hi zila ap tiriya mites v.tassicp v.madape akkape v:unina inni tirimanpi hupipe halpis « comme ceci je leur ai parle : allez ! 84 L ' ELAMITE: : ELEMENTS DE GRAMMAIRE (les) troupes rnedes qui ne se proclament pas les miennes, tuezles (celles-1ä) ! », (DB II : 14-15), v.nu v.siinkir (ecrit SUNKI) v.akka messin v.sanikti titkime-mar sillaka duin nusgis .« toi qui plus tard deviendras roi, protege-toi fortement du mensonge ! », (DB 1I1:63-64), zila anka krak elmanta appä hamak v.dizyaias-hupe appa v.dariyamaus v.sunkir (ecrit SUNKI) marrista nanta v.zalman zig akkape GIS.kat kutmanpi hami turnanti ... « ainsi, si tu penses autrement, tu (te) dis qu' excessifs (sont) ces pays-lä que Darius, (le) roi, a pris, regarde les figures qui supportent le tröne (= qui sont assujettis) ! lors tu sauras ... » (DNa : 31-35). 9. L'iriterpellatiön La voyelle e « 6» est une interjection qui exprime une interpellation, une invocation. Elle introduit un enonce qui se termine par un souhait, une priere, une exhortation. Exemples : e d.insusinak napir-u-ri u v.silhak-d.insusinak ... az-kit tur= zahri husu-ia ani hinki « 6 Insusinak mon dieu, moi SilhakInsusinak, ... , que je n'obtienne aucun retrait ä une lignee prospere ! » (EKI 45 III : 17, IV : 1-7), e d.masti ... nanhanti-ni (ecrit nah-ha-an-ti-ni) te-na u tiiruk-ni « 6 Mati ... que tes conseils favorables (de faveur) me soient indiques ! » (EKI 76 : 51). e (d.)napirisa (ecrit DINGIR.GAL) d.kiriri[s]a d.i[ns]usn[a]k [n]um u te[n]ti u v.silhak-d.[i]n[s]usnak [muhtu] numun kull[a]h kullak-u-me ha[p]ti « 6 Napirisä, Kiririsa, Insusnalc, vous, vous m'accordez la bienveillance, moi, Silhak-Insusnak, je vous sollicite [par le sacrifice], dcoutez ma requete !»(EKI. 47 : 86-91). 10. Les verbes couples Une meme proposition peut comporter deux verbes de forme identique qui se suivent. Ils forment une sorte d'unit6 syntaxique dans laquelle le premier verbe compl&e le sens du second. 85 FRANCOISE GRILLOT-SUSINI L ' ELAMITE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE Exemples : pepsih kusih « j'ai renouvele j'ai construit »>« j'ai construit en renouvellement », «j' ai construit ä. nouveau » ou « j'ai reconstruit », (passim dans EKI), sirah mirrih «j'ai scelle j ' ai veille sur/j'ai pris soin de/j'ai assure »>« j'ai . assure (le) scellement » ou « j' ai pris soin de sceller (la porte) », (EGE9 : 45-46), zuluh lQhlüh « j'ai fait rayonner j'ai change » > « j'ai rendu rayonnant », (EKI 5.4 I : 12), huttah halih « j'ai fait j'ai peine »>« j'ai peine ä faire »,« j'ai ceuvre » (TZ 54 : 12), pepsi(h) huttah « j' ai renouvele j' ai fait »>« j' ai fait en reiiouvellement » ou « j'ai refait », (EKI 38 : 11). zukka/zuzka-tah « mise en place-j'ai place »>« j'ai installe » (EKI 45 II : 14 ; 46 : 48). Bien que l'ensemble verbal de ce dernier exemple, ecrit pepsi huttah, presente une forme tronquee; il peut etre- classe dans les verbes couples. Le meine phenomene: se retrouve dans hutdahalik (EKI 76 : 30), dont la forme pleine est huttak-halik « faittravaille »>« ceuvre, ouvrage »,(passim dans EKI). Cependant, interpreter le groupe pepsi huttah comme etant un verbe compöse dont le premier terme serait un nom verba1 n'est pas ä exclure, voir IV.5.2. Les formes verbales composees sont constituees d'une forme nominale du verbe et d'un verbe, voire parfois de deux verbes, ayant la fonction d' auxiliaire. Les formes nominales du verbe construites avec un verbe auxiliaire sont : 1' infinitif, la forme du delocutif singulier de la conjugaison nominale issue de l'infinitif, les deux participes de sens passif. Ces formes nominales du verbe ont ' un caractere impersonnel. L'ensemble verbal hudda tanna (DNa : 4) atteste ä 1' epoque achemenide peut correspondre ä un verbe couple « j'ai fait j'ai acheve »>« j'ai paracheve », il peut aussi etre compris «. j'ai acheve1' execution »>« j'ai parachev6 ». Le verbe le plus employe comme auxiliaire est le verbe declaratif ma- « declarer, decider, determiner, pretendre, vouloir ». 11 peut rendre une notion de futur. Au passif, il peut signifier « etre decide/determine ä, devoir ». Moins attestes comme verbes auxiliaires, sont le verbe ni« exister, etre, naitre » et le verbe . nu. Le verbe nä- semble exprimer une action qui est envisagee, previsible, probable, possible. 11 pourrait signifier : « envisager, avoir l'intention de; souhaiter », et au passif « etre en conditiori/en. situation de/en mesure de, pouvoir ».. .Par ailleurs, le premier verbe d'un couple verbal pouvant avoir une forme tronquee, il serait donc possible de classer les exemples cites ci-apres parmi les verbes couples. Cependant, ces exemples semblent plutöt correspondre. ä des verbes composes se resolvant en un nom verbal issu de la base verbale (inanime classe -me) et un verbe. Verbes presulnes composes : paha-kazzah « protection-j'ai forge/consolide/ »>« j'ai rendu indestructible/invulnerable » (EKI 54 I : 13), sari-pahah « destruction-j'ai protege »>« j' ai sauvegarde » (EK172 : 10), 86 Exemple : e d.nap bahappi aktip nap[p]i-pi-ip e d.nap kikip nappi-p hatamti[p] ak nappi-p h.susen-pi zuluh lahluh=[pi] nappi in tur-na baha-kazzah-pi ... « ö les dieux protecteurs, les resplendissants des dieux, 6 dieux celestes; les dieux elalnite[s] et les dieux de Suse [que] j'ai rendus rayonnants, que j'ai rendus indestrüctibles eternellement (in tur-na « ceci en duree ») !... » (EKI 54 I : 10-13). 11. Les formes verbales composees Essai d'interpretation des formes verbales composees de 1'epoque meso- et neo-elamite. Par exemple : ni-ma « ä etre-ä decider l »> doit/devra etre !»(EKI 13 Aa : 5), 87 FRAN(;OISE GRILLOT-SUSINI misi-man(a) « (qui) ä detruire/demolir,(etait) decide » > « (qui) devait etre detruit/demoli » öu «(qui) devait se demölir/se ruiner » (EKI 9 III : 10), (u) si•lha-manki « renforcer/consolider-declarant » > « je declarais consolider » (EKI 72 : 13), misit--mak « au destructeur/demolisseur-(avait ete) decide: » « s' etait fait detruire/demolif »(EKI 42 : 9; 48 : 274), misir-man(a) «(qui) au destructeur/demolisseur-(etait) decide » >, «(qui) se faisait detruire/demolir » (passim dans EKI), (u) balik/-manki ,« a ete elabore-,decidant »>« je decidais ce qui a ete elabore » (EKI 72 : 12), (u) inni peran-rriank(a) «(ce que) ne pas sera lu-voulant »>«(ce que) je ne voulais pas qu'il soit lu »(EKI 76 : 6), (nuku) hi-nLmk(a) « (que) avoir/obtenir-envisageant » > « (que) nous envisageons d'avoir » (passim dans EK1), tak-ni-ma « (a ete) place-ä etre=ä decider » > « devra-etre-avoir ete place » ou « aura " ete place » (EKI 45 VI : 8-9): L ' ELAMITE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE hutti-manri « faire-voulant » > « il voulait faire/livrer (bataille) » (passim dans DB), inni tiri-manpi « ne pas ä annoncer-voulant » > « (les troupes qui) ne veulent pas. s'annoncer » ou « (qui) ne se proclament pas » (passim dans DB), (nuku) tiri-ma-nti « ä annonce`r-ä decider-sommes en mesure de » > « nous pouvons devoir etre annonces » ou « nous potivons nous proclamer ». (DB I: 5-6), ' hutti-nun hupa « ä faire-(etait) envisage-ä suivre » > « il s'ensuivait (qu'une bataille) pouvait etre faite » (DB II : 25 ; 29.; 45), surak-ni-[m]ak-ni « (est) opprime-ä etre-puisse etre deterrnine »>«(que le faible) puisse etre determine ä etre opprime » (DNb : 6) ; le suffixe optatif -ni parait rendre ici une eveiltualite. Essai d'interpretation des formes verbales composes de 1' epoque achemenide. ' Par exemple : (u) ni-man « ä etre-suis declare »>« je suis confirme » (DB II: 60), (u) ni-manki « etre-declarant »>« je declare etre » (DB II ; 1011), (nu) sa(ecrit sä)-nikti « a etre-ayant ete »>« deviendras (roi) » (DB III : 64), • Exemples : v.nu v.sunkir (ecrit SUNKI) v.akka messin sanikti titkimme; mar sillaka duin nusgis « toi qui plus tard deviendras roi, protege-toi fortement du mensonge », (DB III : 63-65), v.pirrumartis hupirri sinnuk akka nanri v.u v.sunkime (ecrit v.SUNKI-me) v.madape-na hutta mara sapar'rakumn'ie huttimanra meni saparrakumme huttahu «.. Phraorte, qui disait :« j'exerce la royaute des Medes »,.celui-lä vint, il voulait faire une bataille, alors nous avons livre bataille », (DB II :51.52), hi zila ap tiriya mites v.tassup,v.madape akkape v.unina inni tirimanpi. hupipe halpis « comme ceci je leur ai parle : allez i (les) troupes medes qui ne se proclament pas (etre) les miennes, tuez-les (celles-lä) ! », (DB II : 14-15). PAP 3-pe-udda-na musin hu[t]tuk 92 w.irdumaum SE.BAR.1g mazzis meni SE.BAR.lg hupe v.zizza his-e ...v.hupirri mazzis pir tuka meni v,z[i]zza v.hupirri as inni kitis appa sut huddamanra meni hi parimak 1 sirimassi 60-na 1 ME 60 w.saumarras « pour un total de 3 (personnes) (le) compte a ete fait, ils ont retire 92 irtiba de .grain. Alors ce grain-1ä, le nomme Zizza ... celui-lä a retire (1')ensemble preleve. Mais ce Zizza-lä n'a pas regularise (le) disponible (la partie) qu'il prevoyait (voulait faire) en depense. Alors ceci a dü etre rendu (en) 1 sirimassi (contenant) 88 89 Exemples : siyan d.insusinak üpatimma kusik ak misirmana u erientutnimma kusih «(le) temple d'Insusinak avait ete construit en brique crue, et, (comme) il se faisait detruire, moi je l'ai construit en brique cuite (EKI 35 : 4-6), '': balikmanki ak imme turuh nu u silhamanki ak imme huhtah « je decidais ce qui a ete elabqre mais je n'(en) ai pas parle ; pour toi, moi, je declar.ä.i.s consolider (le temple) mais je ne (1') ai pas fait » (EKI 72 : 12-13, variante). inni peranmanka , gara tak « (ce) que je ne voulais pas qu'il soit lu aete place en-dessous (de Masti) »(EKI 76 : 6). 1 FRANGOISE GRILLOT-SÜSINi de 60 irtiba, 160 sau»2arras (contenants de 1/5 irtiba) », (PF 1980 : ,14-19). hi h.zalnian harinna appa v.dariyaniauis v.sünkir (ecrit SUNKI) serasta liuttamana h.muizra « ceci (est) (la) statue en pierre qui devait: &re faite en Egypte, comme Darius, roi, (1')ava'it ordonne », (DS ab : 1-2). [v.]u [in]ni kani appa v.istu[k]ra v.ipikra [in tuk]kime surakni[nia]kaii ak [in]ni kani appa v.ipikra v.istukra [in t]ukkinze sürak-ni « moi, je n'admets [p]as pour [cette. rai]son que le faible puisse etre determine ä etre opprime par le fort, et je n'admets [p]as pour, [cette r]aison que le fort puisse &re opprime par le faible » (DN b: 5-7). L ' $LAMITE : $LEMENTS DE GRAMMAIRE XXII - LA SYNTAXE. L'essai d'interpretation de la syntaxe e1amite propose ici, est surtout base sur les textes royaux et sur les quelques textes laisses par de grands dignitaires. L' enonce de ces textes debnte par la mention du locuteur. Lorsque l'enorice comporte plusieurs parties, cette mention initiale est generaleinent repetee: Au cours de 1' epoque meso-elamite, la phrase s' eläsgit et 1' enonce relie. et subordonne les propositions entre elles: 1. La phrase La phrase est simple ou complexe. Elle peut comprendre une seule proposition ou presenter un systeme 'de propositions. Les propositions de la phrase complexe sont placees dans un ordre hierarchique. L'elargissement de la phrase s'est effectue peu ä peu et de fnon sporadique. Les propositions de 1' enonce peuvent etre soit juxtaposes ou cöördonnees par la copule agi/ak « et, alors », soit lices par un rapport de dependance. Leur predicat qu ' il soit nominal ou verbal est toujours place ä la fin la proposition. Quant aux actants nominaux qui , sont generalement au nombre de deux dans la proposition, aucun, ordre, ni morpheme, ni postposition ne semble preciser leur fonction dans la proposition, seuls les pronoms de rappel et la forme du verbe peuvent y contribuer. 1.1. Les propositions juxtapos6es et coor'dönnees ; A cöte des propositions represeritant uz1e phrase simple, 1'enonce medio-elamite presente des propositions juxtapos&es qui ont un lien entre elles et des propositions coordonnees: Exemples : u v.d.hubalznumena ...amina tur-na (d.)napirFsa ^(ecrit DINGIR.GAL) un hanig un hahpus « moi, Hubannumena ... comme une mere (litt. en «qualite de mere ») durablement Napirisa m'aime, me comprend »(IRS 59, 21 : 3), 90 91 I'RANVOISE GRILLOT-SlJSdNI d.pelala lansitirra ir sarih ir siyan-kuk-ra ir murtah « (la statue de) Pelala en or je l'ai fnonnee, (en tant que) celle du siyan-kuk je l'ai etablie » (EKI 10 b : 3-5), u v.untas-(d.)ncipirisa (ecrit v.untas-DINGIR.GAL) sak v.d.humbannumena-gi zunkik" anzan susun-ka siyan d.pinigir upat hussip-me kusih d pinigir lansitira ir ahar murtah huttakhalik-u-rrte d.pinigir siyan-kuk-ra li-na telak-ni « moi, UntasNapirisa fils de Humbannumena, roi d'Anzan (et) de Suse, j'ai construit (le) temple de Pinigir en brique cuite, (la statue de) .Pinigir en or, 1ä, j(e 1)' ai etablie, que mon ceuvre soit adressee en don ä Pinigir du siyan-kuk » (EKI, 7 y :1-4), kumpum kiduya upat-ma kusik ak ... sarih ak erientum-ma kusih ak insusinak napir-u-ri i si-ma tah « le kumpum, kiduya (chapelle exterieure) avait ete construit en brique (crue) et ... j(e 1)'ai detruit, et j(e1)'ai construit en brique cuite et j(e 1)'ai offert (litt. celui-ci devant j'ai place) ä Insusinak mon dieu » (EKI, 32 : 2-4),' zalmu v,manisduzztc,rne humah ak hal-hatamti tengih « j'ai enleve (la) statue de Manistuzu et j(e 1)'äi emportee en pays d'Elam» (EKI 24a : 4-5). siyan d.damuZi ak d.pelilit-me kusih apun sarih apun ahan murtah « (le) temple de Damuzi et de Pelilit j'ai construit, je les ai faconnes,lä, je les ai 6tablis » (TZ 50 : 1-3), agi siyan upat hussip=me kusih d.kiririsa siyan-kaik-ra in ticnih «... et j'ai construit (un) temple en brique cuite, ä Kiririsa du siyan-kuk je l'ai donne » (EKI, 12 B : 3-5). L' ELAMITE ELEMENTS DE GRAMMAIRE Les pronoms de rappel s'inscrivent dans une syntaxe de position. Ils indiquent par leur position respective la fonction des elements qu'ils representent : beneficiaire (attribution, destination), sujet/agent, complement d'objet direct. Rappelons ici que les ele.ments nominaux indiquant une circonstance (par exemple : la cause, l'instrument,' le but), sont places en debut de phrase. Exemples : upat lansitippa tepuh ulhi-i aha kusih (d.)napirisa (ecrit DINGIR.GAL) ak d.insusinak siyan-kuk-pa ap u(ecrit a-pu-u) dunih «j'ai moule des briques d'or, cette demeure, lä, j(e 1)'ai construite, ä Napirisa et Insusinak du siyan-kuk je leur ai donne »,(litt. « ä-eux moi j'ai donnee »), (EKI 9 III b : 1-4), ulhi i lani-ia kusih (d.)napirisa (ecrit D]NGIR.GÄL) ak d. insusinak siyan-kuk-pa ap u in (ecrit a-pu-un) dunih «, j'ai construit cette demeure en argent, ä Napirisa et Insusinak du siyan-kuk moi je la leur ai donnee », (litt. « ä-eux moi elle j'ai donnee »), (EKI 9 III c var. 8 : 2-3), kukunnum zunkip urip-u-pi imme kusihsa u kusih (d.)napirisa (6crit DINGIR.GAL) ak d.insusinak siyan-kuk-pa dunih hicttak; halik.u.me li-na ap u in (ecrit li-na-pu-un) telak-ni «(1e) kukunnum que le rois mes predecesseurs (anterieurs de moi) n'avaient pas construit, moi j(e 1)'ai construit, ä Napirisa et Insusinak du siyan-kuk j(e 1)' ai donne, que rnon ceuvre en don elle leur soit vouee par moi !»,(litt. « que mon ceuvre en-don äeilx par-moi elle soit vouee !»),.(EKI, 13 B : 3-5). Les sequences propositionnelles de ces enonces sont relativement courtes et comportent un ou deux actants, alors que 1'enonce peut en comporter trois. Ces actants peuvent etre repris au cours de 1' enonce par- un pronom qui rappelle leur fonction au niveau du proces verbal. Ces pronoms qui relient ainsi les seql.iences propositionnelles, apportent une cohesion ä 1'enonce notamment lorsque, groupes devant la forme verbale qui clöt ' l'enonce; ils representent les trois actants mis en scene tout en indiquant leur fonction. Les pronoms de rappel sont normalement places devant la forme verbale apres le groupe nominal indiquant la circonstance. Cependant, celui-ci qui tend dejä ä prendre une valeur adverbiale peut preceder directement le verbe. Par exemple : ' huttak-halik-u-me ... u in li-na (6crit un li-na) telakni « que mon ceuvre soit vouee en don par moi !»,(litt. « que mon ceuvre ... par-moi elle en-don soit voue !»), (EKI, 9 IV a :4-5). 92 93 PRANWISE GRILLÖT-SUSINI 1.2. La subordination implicite , Certaines propositions juxtaposees ou coordonnees peuvent etre liees par un rapport de subordination. Ces propositions ont alors un sujet commun et sont regies par des verbes d'aspects differents, le verbe de la premiere proposition etant ä 1' aspect accompli et le verbe de la seconde, ä 1' aspect inaccompli. Par exemple : kiten .:. akka ... humas ir lienra «(le) kiten (interdit protecteur) (celizi) qui ... (P)ayant enleve (le) livrevrait », (litt. «.... a enleve celui-ci (serait) livrant ») ,(EKI 74 recto 2: 17-18), ka,ssu.lg ... akka ... humas ak lierzra «(la) corne ... (celui) qüi (l')ayant enlevee (la) livrerait », (litt. « ...a enleve et (serait) livrant »), (EKI 71 A+B : 5). Cette succession d'aspects accompli et inaccompli place, la premiere proposition, en apparence non-subordonnee, en rapport de subordination avec la proposition suivante. Exemples : salmüi-ume ... akka hutunra akka humas ak hal-i tiyara teininenra :.. « ma statue ... (celui) qui (la) briserait, (celui) qui (P)ayant enlevee et, etranger ä ce pays, (1')emmenerait ... », (litt. k< ma statue.... (celui) qui (serait) brisant, (celui) qui a enlevee et, «etant) etranger ä ce pays, (serait) emmenant .:. »); (EKI 50 : 3-4), ulhi-i aha kukih ... sunkir pitir ak tarir akka melkanra hattanra ak lansiti-e dunra ak his v.untas-d.napirika (ecrit v.untasDINGIR.GAL) sukus ak imeni aha ir tanra ,.. «lä j'ai construit cette demeure (le) roi ennemi ou coalise/allie qui (P)endommagerait, (1') aneantirait et son or prendrait, et ayant efface (le) nom d ' Untas-Napirisa alors le sien lä placerait (celuici (serait) pla9ant) . . . », (litt. « : : . et (le) nom d ' Untas-Napüisa i1 a efface et le sien läcelui (serait) plarant ... »), (EKI 9111 b : 7). L ' $LAMITE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE akka sabnu-u-me milkainanra. hig-u-me piptusci his duhi-e aras pittemanra :.: «(celui) qui deciderait d'endommager ma statue, (qui) ayant retire (a retire) mon nom, son propre nom deciderait d'y introduire (celui-ci (serait) decidant d'y introduireG. ,» (EKI 76 : 30-32). 1.3. Les propositions subordonn6es Mises ä part les propositions indiquant la cons6quence, les diverses propositions de la phrase sont - placees dans un ordre hierarchique. La proposition principale qui normalement termine la phrase est precedee par la proposition qu'elle subordonne, celle-ci etant elle-meme precedee par la proposition qui lui est subordonnee (ou proposition sous-subordonnee). Les propositions subordonnees qui ont acquis une valeur circonstantielle expriment souvent la cause. Leur verbe place en fin de proposition est normalement marque par relativisante/subordonnante -a. Exemples siyan d.insusinak-me upatimüna kusik ak müsirmana u erientuminima kusih «le temple d'Iizsusi,Iiak avait 6t6 construit en brique (crue) et (comme) il se faisait deteriorer, moi je (l')ai construit en brique cuite »(EKI, 35 : 4-6), suhniutu.lg-i v.untai-d:nap'irisa (ecrit v.untas-DINGIR.GAL) h.siyan-kuk tanra u sutruk-d.nahhunte d.insusinak napir-u-ri u ir (ecrit ur) turunra huinah ... « cette stele qu' iJntas-Napirisä avait placee (litt. pla9ait) dans le siyan-kuk, moi, Sutiuk-Nälzlituite j(e 1) ' ai enlevee comme Insusinak mon dieu me (le) demandait,» (EKI 21: 2), PAP 20 siyan husa-me inisirniak ak putta-e zukkana u v.silhale , d. insusinak erieiatum-ia pepsih kusih « (au) total 20 « temples du bosquet » s' etaient fait deteriorer, et, (comme) leur perte etait etablie, moi, Silhak-Insüsinak ,- en brique cuite je (les) ai construit(s) en renouvellement (j'ai renouvele j'ai construit) » (EKI48:273-278); ' Dans l'exemple suivant l'enclitique relativisante/subordonnante -a remplace la copule ak qui, dans les deux propositions precedentes, reliaient les verbes d' aspect different (humas ak ... teiizmenra et sukus ak ... ir tanra). siyan d.insusinak-nie upatünma kusik ak niisirinmicc u erientumimma kusih ak sip huti-e upat akti-ia-ma küsih ak tetin larisitinirna-ma rarbah « (le) temple d' Insusinak avait ete 94 95 FRAKOISE GRILLOT-SUSINI construit en brique crue et, (comme) il se faisait deteriorer, moi j(e 1')ai construit en brique cuite, puis j'ai bäti (1')appareillage de la por.te"(porte appareillage-son) en brique emai1lee (litt, en brique en email) et j(e 1')ai enserre dans des colonnes d'or » (EKI 35 : 2-4), dnahhunte kullanka kula-a u--ir (&rit ur) tumpanra ak turunka huftanra siyari-kuk siyan-i-me upat hussip-me kusih «(puisque) sollicitant Nahhunte, il accomplit (litt. celui-ci (etant) accomplissant) p9ur moi cette priere et (comme) il fait ce que je demande; j'ai construit son temple du siyan-kuk en brique cuite » (EKI 10 a:2-3); 1.4. La proposition subordonne ä valeur consecutive La proposition qui implique une ide de but ou de finalit6 presente un verbe suivi du suffixe -na (-ni+a). Ce suffixe compose de la particule de 1' optatif -ni suivie de 1' enclitique -a, s'ajoute ä des formes verbales d'aspect accompli. berogeant ä l'emplacement habituel des propositions subordonnees, la proposition exprimänt le but ou la finalite se place ä.pres la proposition principale dont elle depend, Exemples : sunkip urip-u pe imine huhtahsa kukunnum ikku tepta siyan-kukme dah d: insusinak i dunih sunkime kittimma teimma tur-hih sidimma un (u. in) dunis sut m,e 'sat me kittin meluk-ma teimma -giri-na, hcin-hih-na dans (le) kukunnum, j'ai place des ex-voto (depöts) pour la preeminerice du siyan-kuk, (ce) que les rois, mes predecessse.urs (anterieurs de moi) ne firent pas, j'ai donne ceci ä Insuginak, une röyaute longue, favorable (et) un regne heureux il me les a(dejä) donne, de sorte que (maintenant) j'obtienne de meme (hun-hih) en gratitude des nuits (et) des jours d'une etendue illimitee, favorables » (IRS, 31, 9 : 3-7) ; e d.insukinak ... u v.Silhak-d.insusinak muhti nun kullah kullaku-me hapti ... f.d.nahhunte-utu par-e hal-ma kukit-na «ö Insusinäk• .... moi, Silhak-Insusinak, je te sollicite ' par (le) sacrifice, ecoute ma requete ! afin que tu proteges la semence/progeniture de Nahhunte-utu dans le pays » (EKI 54 I: 71). 96 L ' ELAMITE : EL$MENTS DE GRAMMAIRE 2. Les conjonctions La conjonction proprement dite n' apparait pas dans les textes connus avant 1'epoque neo-e1amite. La particule de coordination ak « et, alors » est une copule,dont une forme dialectale est agi. Elle n'est pas atteste dans la documentation de la periode ancienne oü les elements de l'enonce sont juxtaposes. 11 est vrai que cette documentation est d'une grande pauvrete. Ä 1'epoque meso-elamite; la copule ak, qui relie des noms et des' unites nominales, relie aussi les propositions d'une meme phrase et les phrases entre elles, cf. VIII, XXII.1. Par exemple : zalmu v.manisduzzu-me humah ak hal-hatamti tengih «j'ai enleve (1a) statue de Manistuzu alors j(e 1)'ai emporte en päys d'Elam » (EKI 24a : 4-5). Le terme anka est atteste dans un texte de 1'epoque meso- . elamite, mais il n'a pas encore la valeur d'une conjonction qü'il prendra ä 1'epoque neo-elamite, (Presages, R 2: 11). Plaee au debu.t de 1'enonee, il pourrait signifier « au cas, dans le cas »(> « Si » voire « lorsque »). Par exemple : sunkir hatamti[r] ank[a] rurina ak misimana surrus[ni ak] (ä: lire sac !-ur ric is [ni akJ) his v.untas-(d.)napirisa (ecrit DINGIR.GAL)-me aha tasni « (un) roi e1ämite, au cas qu'elle (la demeure) se serait fissure et devrait se detruire, puisse-t-il (la) remplacer ! et puisse-t-il y placer (le) nom d'UntasNapirisa !»(EKI 9 III b 9-10). Les conjonctions proprement dites apparaissent d'es 1'epoque neo-elamite avec anka (Presages, R 2: 11) et avec kui (Nin. 5: 33). Elles sont d'un emploi courant dans les textes de 1'epoque achemenide mais leur traduction qui n'est pas toujours assure d6pend souvent du contexte. Parmi les plus attestes citons : kudda « et, puis, alors », anka/anqa « si, lorsque », kus « jusqu'ä, pendant que, tandis que », sap « comme, ainsi que, lorsque, de 97 FRANCOISE GRILLOT-SUSINI L ' ELAMITE ELEMENTS DE.GRAMMAIRE sorte que ». Certaines conjonctions sont des composes dont le sens reste imprecis, par exemple : sap appa, sap appa anka. XXIII - LE DISCOURS Exemples : am v.nu uris appa v.u hutta hi zila v.tassuppe v.ap turus anu tartinti ak anka, lilmin hi inni tartinti v.tassup ap in tirinti d.uramazda v.nun kanisni «... maintenant, toi, crois ce que j'ai fait ; comme ceci, aux troupes/gens, parle-leur l puisses-tu ne pas (1e) cacher ! et si tu ne caches pas ce temoignage, aux troupes/gens tu le fais savoir, qu'Ahumazda t'accompagne !»(DB III : 73-75), ak dusara-ma h.murun maszik kus sillaka sap h.murun maszikka tarmak rneni h.siut ha zikkak «.,. et, par excavations, la terre fut entaillee jusqu' au « sol ferme »(jusqu' a ce qu' elle ait ete solide), lorsque la terre ayant ete entaillee fut prete (achevee/terminee), alors (les) galets ont ete mis en place »(DSf : 21-22). A 1'epoque achemenide la langue a perdu sa structure nominale ancienne et la syntaxe de position des pronoms de rappel places devant la forme verbale tend 'a etre oubliee. Le role de; l'enclitique -a s'affaiblit au profit des conjonctions qui donnent plus de souplesse ^ l'articulation de 1'erpnce, tandis que l'emploi' des adverbes et des postpositions . favorise une reorganisation de la proposition autour du verbe ; le verbe peut etre suivi: de complements determinatifs ou de propositions, su,bordonnees notamment dans les textes posterieurs au regne de Darius. Exemples : appa v.u ap turrira hupe huttas sap v.u hanira « (ce) que moi je leur.dit, ils font cela comme moi je (le) desire »(DNa 30-31), v:dariyamauis v.sunkir (ecrit SUNKI) nanri zaumin d.uramazda-na v.u h.tuppime daae ikki-hutta. harriya-ma appa sassa inni sari (ecrit « Darius, le roi, dit :«par le fait d' Ahuramazda, rrloi j'ai ajoute une autre inscription en aryen, qu'il n'y avait pas a'uparavant ... »(DB IV). v.dariyarnauis v.sunkir (ecrit SUNKI) nanri hupe appa huttukka hupe marrita zaunzin d.uramtczda-na hutta d.uran2azda pikti v.u tas kus hutta tanna « Darius, le roi, dit :« cela qui. a ete realise, tout cela par le fait d'Ahuramazda j(e 1)'ai realise, Ahuramazda me preta aide jusqu'a ce que j(el)'ai paracheve »(DNa 39-41). 98 Le. discours de style direct et de style indirect est eniploye dans les textes de 1'epoque meso-elalnite. 11 est marque par le verbe declatatif ma- qui se place a la fin du discours. Ce verbe est atteste aux deux formes nominales actives issues de 1' infinitif. Aucun indice ne permet de differencier les deux styles, seul le contexte permet de les identifier. Exemples : v.kutir-d.nahhunte zalinu erientum-ia huhtas ak siyan d. insusinak-me ahan kusinki mar ak imme kusis «. KutirNahhunte a fait des statues en brique cuite;et il a declare (litt. (etait) declareur) :« la, j ' ai construit le temple d'In guginak et ne (1')a pas construit » (EKI A3 : 2-3), v.sutr]uk-d.nahliunte ak [v.kutir-d.nah]hunte alimelu kappa[hsi eri]entum-ia kusipi map ak ilnpe,lwtisinpa u [v.silhakd.in]susinak erien[tumimma] kusih «... Sutruk-Nahhunte et [Kutir-Nah]hunte ont declare (litt. (etaient) declareurs) qu'ils avaient entoure la Ville-Haute (et) qu'en brique cuite ils (P)avaient construite (litt. (etaient) constructeurs), mais ils ne (1')ont pas fait, moi, [Silhak-In]susinak j(e l)')ai construite [en] brique cuite »(Disjecta membra aelamica : n° 1-2), akka zalmu v,sutruk-d.nahhunte-na ingi in dununku mar ak turunra .:. «(celui) qui declarerait (serait) declareur) que la statue de Sutruk-Nahhunte je ne_ la donne pas et (le) divulgerait/ferait savoir ... »(EKI 74 II: 19-20). A 1'epoque achemenide, les verbes na= «dire » et tiri« parler » introduisent le discours. Le verbe declaratif -ma qui clos encore le discours presente normalement les formes nominales actives du verbe issues de l'infinitif (pour la, 3^me personne) et issues du participe inaccompli (pour la l eYe pesonne), mais sa presence n'est plus necessaire. 99 FRANOOISE GRILLOT-SUSINI Exemples : ak v:dariyamauis v.sunkir (ecrit SUNKI)nanri hi v.u v.madapeikkz hutta « et Darius, le roi, dit : a voici ce que j' ai fait chez les Medes s> (DB II : 67), ak v.dariyamauis v:sunkir (ecrit SUNKI) nanri v.ruh kir v.ziEantakma his-e h.assakartiyara hupirri v.u-ikkmar peptukka v.tassup-e hi zila ap tiris nanri v.sunkime (ecrit v. SUNKI-me) u hutta v.NUMUN.Ig v.rnakistarra-na niman mara «et Darius, le roi,, dit :« un homme du nom de Zissantakma, un Sagartien, celui-ci qui s'etai.t souleve contre moi, a ses troupes comme ceci i1 leur parla disant :«moi, j'exerce la royaute; je suis confirme de la semence/lignee de Cyaxare »... >(DB II : 58-60) ; zila anka sarak elmanta appa hamak v.dayaus-hupe appa v.dariyamaus v.sunkir (ecrit SUNKI) marrista nanta v.zalman zis akkape GIS.kat kutmanpi hami turnanti ... « ainsi, Si tu penses autrement, tu (te) dis qu'excessifs (sont) ces pays-1a que Darius, (le) roi, a pris, regarde les figures qui supportent le trone (= qui sont assujettis) lors tu sauras ... »(DNa : 31-35). x<:F 100 INDEX DES RACINES, DES BASES ET DES DERIVES aha(-)/ah 27, 35, 36, 46, 49, 50, 51, 54, 67, 68 ;passim aha/ah✓aa-pe 27, 41, 67 ahani- 27 ak/agi 39, 91, 92, 93, 94, 95, 97 ; passim akka(-p) 16, 54, 55, 56, 91, 92, 94, 97, 98 ; passim akkari/a 56, 57, 67 akti 18, 95 akti-(p). 18, 42, 46 56, 67, 87 am, 60, 98 amta 61 amma 15, 18, 43, 91 ammame, 18 amma-sutu 26t anu/i 55, 62, 71, 76, 83, 85 anka 66, 82, 85, 97, 98 ap/api 16, 31, 34, 36, 45, 46, 79 ; passim appa 16, 54, 55, 94 ; passim appu-(p) 54, 61 appuka 61 appukata 61 as/az 57 as 57, 89 azkit 57, 95 atta/adda 15, 44, 46, 79 e 85 ; passim el 15, 27 elma- 27, 70 73 85, 100 erientum 35, 49, 50, 52, 65, 74, 81, 88, 92, 95, 99 hal 15, 27, 54, 64, 76, 78, 82, 92, 94, 96, 97 halat 42, 47, 49, 52 hali- 16, 76, 86 halik 27, 86 halpu/i- 37, 48, 66, 78, 79, 82, 84, 91 halsa- 27 ' L' ELAMITE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE halti 68 hamak . 85, 100 hamer 60 han 45 hani- 16, 40, 41, 43, 45, 52, 76, 91, 98 hapi- 16 hapu/hahpu- 16, 65, 72, 82, 84, 85, 91, 96 hari 90 h.HAR.1g-mazzi-(p) 26 hatamti 18, 97 liatamti-(r/p) 18, 52, 65, 70, 81, 82, 87, 97 hati/u(-) 19, 61, 62, 63, 66 hcitta- 94 hi 16, 36, 37, 60, 74, 79, 82, 84, 89, 90, 98, 100 hi- 16, 27, 83, 85; 88, 96 hiel 15 hih 15, 26, 63, 64 hinap 49; 65 his 16, 35, 40, 49, 51, 54, 65, 70, 74, 81, 83, 89, 94, 95, 97, 100 his=aha/ahlaa pe 27, 57 hisa 25, hisa- 25, 83 hisi 15, 1.8 . hisi-(p) 15; 18, 49 hit, 15 hiyan 15 huhun 35;44. hupe/huhpe/i(-r/p) 36, 37, 53, 54, 55, 66, 70, 74, 80, 82, 83, 84, 89, 98, 100 hulpa- 44 huma- 16, 54, 59, 69, 92, 94, 95 (h)un 15, 20, 23, 27, 45, 56 huni- 20 hun-pu 27 (h)unra 23 hunhi- 27, 96 (h)unsa- 27 hupa- 16, 27, 89 102 INDEX DES RACINES, DES BASES ET DES D$RIV$S husa 15, 35, 43, 95 hussi-(p) 43, 46, 47, 92, 96 husu 19, 57, 85 husu- 19 husu-(p) 19 hut 15, 27 hut-halik 37 hutla= 24 hutlak 24, 82 hutta 24, 86 hutta/huhta/i- 24, 26, 37, 72, 73, 74, 75, 80, 81, 89, . 9.0, ‘ 98, 100 huttak-halik 27, 34, 59, 60, 81, 86, 92, 93 hutu- 16, 54 i 16,31;32,33,58,59,60;passim igi 15, 46, 47 ikki-hutta- 27, 98 ikku 96 in 31, 32, 33, 58, 59; 60 ; passim in- 67; passim ip 58, 63, 64, 77, 78 ; passim ippak/i(p)pik 23 ippakra 29, 82, 90 ipsi- 17 ir . 31, 32, 33, 58, 61, 62, 63, 64, 77, 78 ; passim irkinti 45, 50, 51 irsa/e- 47, 69 irsekki 48, 55' istuk 23 istukra 23, 82, 90 kan 15, 20 61 ka(n)ni- 82, 83, 90 kap 15, 23, 26 kap-nuski-(r) 26 kappa- 23, 60 kappaka 60 kaz 21 ka(z)za/ka(s)sa- 21, 86 ka(z)zi/ka(s)si-(r) 21, 26 103 L' ELAMITE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE kassu 16, 36;, 94 kat 15, 23, 95, 100 GI.kat-rnurti 26 katri 23 katu- 16 ki(-r) 15, 18, 30, 40, 100, 17, 28, 29 ki- 16, 18 kik 15, 20, 36, 37, 80, 83 kiki7(p) 20, 40, 87 kik-murun 26, 83 giZ 20 gi(l)li- 20, 24, 36, 80 kin 45 giri 15, 19, 59, 81, 96 giri- 19 giri-(p) 19 kiri 15, 44 kiti- 16, 89 kitin/kiten 62, 69, 76, 94 kitenu- 60 kitti 49, 81, 96 kuk 22, 27 kuki- 22, 96 KU.GI-.1g-ka(z)zi-(r) 26 kukta- 27, 63 kuktiri- 27 kula- 24 kula 24;96 kulla- . 24, 82, 84, 85, 96 kullak 24, 81, 82, 84, 85, 96 kun-tik 27 kur 15, 23, 27, 30 kurma- 27 ku(r)ra- 23 kus 22, 97, 98 kus-huhur2 '35, 39, 45 kusi/kuksi- '22, 35, 44, 46, 47, 48, 49, 50, 52 ; passim kudda 97 kutu/i- 16, 62, 83, 85, 100 104 INDEX DES RACINES, DES BASES kuti-(r) 83 la- 16, 27 laha- 35, 46, 79 . lahlu- 52, 86, 87 la(k)ki- 16, 66 lani 15, 68, 54, 93 lansiti 48, 49, 68, 92, 93, 94, 95 li 25, 34, 59, 60, 81, 92, 93 li/lili- 25, 72, 94 liku 42, 81 liku✓a-me 52, 78 lilma/i- 57, 98 lilu- 16 lim 15, 23, 42 li(m)ma- 23, 73, 83 . lin 25 linra 23, 76 lipa- 40, 41, 43, 76, li/u(p)pu- 16, 27 lupuru- 27, 51, 54 luk 15, 73, 83 ma- 16, 27, 87, 88, 89, 99, 100 GIS.MA lg-gi(l)li=(r) 26 malsi 36, 49, 73 ma(r)ri- 17, 61, 66 marrita 37, 61, 62, 98 ma(z)zi/ma(s)si- 21, 46, 62, 89, 98 ma(z)zi/ma(s)si-(.r/p) 20, 21, 26 me 15, 18, 26, 42, 61, 64, me- 18 mi/elka- 17, 94, 95 melu- 96 memi 61 men 15, 20, 26, 44 meni 57, 60, 62, 64, 66, 70, 89, 98 meni-(r/n) 20 , 75 men-pu 26, 44 mer 15, 21 me(r)ri/mi(r)ri- 21, 68, 86 105 ET DES DERIVES INDEX DES RACINES, DES BASES ET DES DERIVES L' ELAMTTE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE messin 55, 60, 79, 83, 85, 89 mi'/nus 21 misi- 21, 35, 88, 95, 97 Mite- 17, 64, 79, 82, 84, 89 rniul 26 rniul-tahhi 26 nzuhti/u 82, 84, 85, 96 nzuhtu- 52 mur 20, 27, 42 muri-(p) 20, 40 murta- 25, 27, 39, 46, 64, 76, 79, 92 inurtali 25 miirun 20, 37, 63, 75, 98 murti/u 52 musnuka 82 mu(s)sa- 25 mt(s)san 25 nu(s)sin 89 niussin-hutti-(r) 26 naicssin-zikki-(r) 26 na- 16, 82, 85, 89, 99, 100 nahhante 42, 80 nahhunte 42 nap 15, 38; 40, 42, 43, 44, 46 ; passim ni/nu 16, 31, 32, 33 ; passim ni- 27, 79, 87, 88, 89, 100 ni-hupa 27 nikahutku 16, 31, 32, 33; passim nikamema/nikamena 45, 51 nu- 87, 88 nuni 16, 31, 32, 33 ; passim nus7c/gi- 17, 26, 33, 37, 79, 82, 85, 89 nusk/i-(r) 26 p/bah 21 p/bahi-(r) 21, 44 p/baha-. 21, 27, 42, 80, 86, 87 paha-kazza- 27, 86 pak 15, 26, 47 p/ba(k)ka- 17, 54 106 7 bali- 87 par 15, 50, 62, 82, 83, 96 pari- 17; 66, 70, 89 p/bat 15, 20, 61, 63, 81, 83 p/bati- 20 pe- 16, 27, 37 pela- 17 pera/pepra- 17, 55, 56, 60, 83, 88 pepsi- 35, 46, 49, 52, 65, 74, 86 pet 15, 21 peti-(r/p) 21, 40, 48, 63, 79, 82, 83, 94 pepti/u/a- 21, 70, 75, 100 pili- 17, 85 pissi 83 pitte- 17, 73, 83, 95 pitu/i/e/piptu- 17, 75, 95 pu- 16, 27 puhu 15, 18, 26, 38, 46, 56, 79 puhu(me) 18, 45, 51 puhu-ruhu 26, 45 pukti/puktu/pikti 98 pulu- 17, 37 purki/pirka 66, 76. putta 24, 35, 95 putta- 17, 24 rap 23 rappa/rarpa- 23, 66, 95 risa- 78 risa-(r) 40, 41, 42, ru/ruru- 15, 67, 71, 91 ritu/rutu/riti 15, 26, 39, 41, 42, 45 ruh 15, 21, 40, 83, 100 ruhi/u(-r) 21, 46, 83 ruhu(me) 21 ruhu pak, 26, 47. ruhu-sak, 26, 47 rutu-sutu 26 sa 25, 62 sa- 25, 27 107 L ' ELAMITE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE sah 15 z/sahri 26 zak 15, 21 za(k)ki- 21 za(k)ki-(p) 21 z/salrnti 51, 54, 60, 62, 67, 85, 90, 92, 94, 95, 97, 99, 100 zana 15, 41, 65, 75 sap 97, 98 sap ,15, 22, 75 sa(p)pi/e- 22, 62, 75 sa•ri- 17 sari-paha 27, 86 sat 21 s/sat/d 56, 57, 96 sati- 21 zaumin 37, 48, 98 si 15, 19, 26, 42, 55, 59, 61, 62, 92 si- 19 z1si- 85, 100 •s zila 60, 79, 84, 85, 89, 98; 100 si-men 26, 42, sinki- 17 sip. 50, 95 sir 15, 61; 78 sira- 17 siri 15 z/sit/d(i) 15, 21, 42, 44, 45, 50, 52, 76, 80 zithunte, 45 ziti 30 situ- 21 siut 63, 98 siya- 16 siyan 35, 42, 43, 44, 46, 47, 48, 49, 52, 53, 54 ; passim suhmutu 37, 49, 54, 59, 69, 73, 81, 95 suhter 68 sugi- 45 . z/suk/zik, 22, 54 zukka/zuzka/zikka- 22, 27, 87, 95 zukka/zuzka-ta 27, 87 108 INDEX DES RACINES, DES BASES ETDES DERIVES z/sukki/zikki-(r) 22 suku- 17, 51, 54, 94 zul 15, 3, 52, 86 zulu- 23, 52, 86 z/sunki-(r/p) 20, 36, 40, 42, 43, 44, 45, 53, 56 ; passim z/sunki-me 20 zur 61 sura- 82, 83, 90 s/sut/d 56, 57, 96 suda- 17 sa- (eerit sa) 16, 76, 79, 83, 85, 88, 89, 98 sak 15, 41, 43, 45, 69, 92 sali 15, 46, 83 sam 15 sa(m)me- 81 sar 23 §ara 45, 60, 61, 62, 69, 75, 83, 88 sara- 17 arak 82, 85, 100 sari- 92 sarra- 23 sassa 55, 60, 98 §assccta 61 s/sad/t 56, 57, 96 sati/ic 22 sera- 17, 90 silha- 88 silla- 60 sillaka 33, 60, 79, 85, 89, 98 suru/suri/siri 16, 82 surru- 17, 97 s/sicd/t 56, 57, 96 suta- 17 §utu 15, 26, 41, 46, 47 sactur 26, 79 ta24 t/da- 16, 25, 37, 51, 54, 59, 60, 64, 88, 92, 95, 97, 98 t/dama- 27, 49 tah 22, 76 109 . L ' ELAMITE : ELEMENTS DE GRAMMAIRE ta(h)hi-(r) 22 ta(h)ha- 22, 78 takkinze 35, 39, 43, 45, 46, 47, 51 tallu/tatallu/i- 22, 24, 25, 49, 54, 65, 70, 72, 74, 83 talluk 24 danu/i- 17 tari-(r/p) 83, 94 tarma- 86, 98 tarti- 98 tatta- 36, 65, 81 te 15, 19, 49, 96 te- 19, 78, 85 tela- 17,34,59,61,81,92,93 ten2me- 54, 94 temt(i)/tept(i) 40, 80 tenun2 49 tepta 96 tetin 49, 54, 93. tik/tuk 15; 22, 27 ti(k)ki/tu(k)ki-(r) 22, 26 ti(k)ka/tu(k)ka- 22 tukkinae 22, .82, 90 tingi-i 17, 62, 82, 92, 97 tippa/e2.7,•60 tippeta- 27 tipu/tepu/i- 17, 81, 93 titkiTne . 70, 85, 89 tit-tahhi 26 titu- 22, 23 titukra 23 tiya/daa 15, 23 tiyara 23, 53; 94 t/du- 17, 45, 56, 69, 94 du(h)ha- 17 ^ duin 19, 33, 79, 85, 89 duhu/i- 19 duhu/i(r) 19, 33, 35, 40, 54, 95 tuk-duhi 27 tukli-hutti- 26 110 INDEX DES RACINES, DES BASES ET DES DERIVES tumpa 23 tuTnpa-sutur 26, 79 tupaka 57; 66 tuppi 55, 70 tuppin2e 54, 62, 98 t/duni/u- 17, 33, 81, 92, 93, 96, 99 tur 15, 23, 26, 40, 87, 96 turpe 23, 45 tur-hih 26, 49, 81, 96 tur-z/sahri 26; 57, 85 turna- 17, 54, 55, 73, 85, 100 turu/tu(r)ri/tiri- 17, 24, 27, 33, 55, 56, 66, 67, 74, 79, 80, 8 82, 83, 84 ; passim turuk .24, 76, 81, 82, 84, 85 tus 73 tu-sara 98 u 16, 31, 32, 33, 34 ; passim uhi 15; 49, 65 ukku 16, 27, 61, 62, 63, 64,.75 ukku-lakki 27 ukku-rap 27 ukkuta- 27 ulhi 33, 54, 63, 81., 93, 94 umeni/a 51, 54 unini/a 48, 51, 55, 57 unra 23; 56 . . upat 16, 43, 46, 47, 48, 67, 75, 88, 92, 93, 95, 96 uri- 16, 55, 70, 98 uri-(p) 42, 53, 54; 56, 67, 93, 96 UR.lg-v.tukki-(r) 26 uzzu/uzzi/izzi- 17, 55, 62, 83 111 BIBLIOGRAPHIE REFEREloTCES' DES TEXTES CITES. Disjecta membra aelamica, voir LAMBERT M., 1978. DB, voir GRILLOT-SUSINI; F, HERRENSCHMIDT C. et MALBRAN, F., 1993. Deylam, voir VALLAT, F., 1983. DNa, voir WEISSBACH,-F.-H., 1911, 86-90. DNb, voir HINZ; W., 1969, 56. DPh, voir HERZFELD, E., 1938. DSab, voir VALLAT, F., 1974. " DSf, voir GRILLOT-SUSINI, F., 1990. DSz, voir VALLAT, F., 1972. EGE, voir GRILLOT-SUSINI, F., Roche C., 1987. E10, voir ZADOK, R., 1984. EKI, voir KONIG F. W., 1965. IRS, voir LABAT, F., 1995. MDP (Memoires), IX, voir SCHEIL, V. et GAUTIER, J.-E., 1907. MDP (Memoires), X, voir SCHEIL, V. et GAUTIER, J.-E., 1908. PF, voir HALLOK, R. T., 1969. Presages; voir SCHEIL, V., 1917. Priere Kiririsa, voir GRILLOT-SUSINI, F. et VALLAT, F., 1984. Simaski, voir LAMBERT, M., 1974, n°1. TZ, voir Steve, M..-J., 1967. XE, voir WEISSBACH, F. H., 1911, 116. XV, voir WEISSBACH, F. H., 1911, 116-118. 112 Etant donne 1'existence d'une importante bibliographie concernant les textes et les etudes de la langue elamite, parue dans 1'important ouvrage de W.Hinz et H.Koch «Elamisches Worterbuch », les publications indiquees ci-apres obeissent a un choix tres restrictif. DIAKONOFF, I.M.D., 1967, The Elamite Language, The Language of the Ancient Near East, Moscow, 85-112. GAUTHIER, J.-E., voir SCHEIL, V., GAUTHIER, J:-E., TOSCANE, P., 1901. GAUTHIER, J.-E., voir SCHEIL, V., et GAUTHIER, J.-E., 1907. GRILLOT, F., 1970, A. propos de la notion de subordination dans la syntaxe elamite; Journal Asiatique (JA), CCLVIII, 213=236. GRILLOT, F., `1973, La postposition genitive -na en elamite, Delegation Archeologique Frangaise en Iran (DAFI), 115-169. GRILLOT, F., 1978, Les affixes nominaux et les pronoms independants de la langue elamite, Journal Asiatique (JA), CCLXVI, 1-15. GRILLOT, F., ,1982, Notes a propos des formules votives elamites, Akkadica, 27, 5-15. 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Napoli. . 115 TABLE DES MATIERES AVANT-PROPOS I - G'ENERALITES- SUR LA LANGUE ELAMITE 7 II - GRAPHIE 9 III - PHONOLOGIE 11 IV - LES MOTS RACINES, LES BASES ET LES DERIVES 14 1. Les racines 15 1.1. Les noms-racines 16 1.2. Les racines verbales 17 2. La base et ses derives 18 2.1. Noms-racines servant de bases nominales, nomino-verbales et verbales 18 2.2. Racines elargies servant de bases nominales, nomino-verbales et verbales 19 2.3. Bases verbales issues d'un nom-racine avec elargissemment en -i et en -a 22 3. Les derives issus du nom 23 4. Les noms verbaux 24 5. Les mots composes 25 5.1. Composes nominaux 25 5.2. Composes verbaux 27 V - LE NOM . 1. Les suffixes nominaux classificateurs 2. Les numeraux 28 28 30 VI - LES PRONOMS DE PERSONNES ET DE CHOSES 31 1. Les pronoms complements d'objet 32 2. Les pronoms de rappel 33 3. Les suffixes possessifs 34 VII - LES PRONOMS DEMONSTRATIES 36 VIII - LA CHAINE NOMINALE 38 IX - LES QUALIFIANTS /DETERMINANTS 40 1. Le nom appose 2. L'adjonction de suffixes 2.1. L' adjonction du suffixe nominal « de definition » 2.2. L'adjonction de 1'enclitique -a 3. A propos de formes anciennes 40 41 41 42 42 X - LE COMPLEMENT DETERMINATIF 1. Le complement lui-meme determine 2. L'emploi preferentiel du suffixe -n 3. La « postposition genitive >> -na - 4. Les formes. « adjectives >> derivees du complement determinatif 5. Le suffixe -ia 6. Le complement determinatif inverse 43 46 47 XI' - LE PRONOM POSSESSIF 51 47 48 XXI - LE VERBE 1. La conjugaison verbale . 2. Les participes 3. Les conjugaisons nominales issues des participes . 4. La forme « infinitive » 5. La conjugaison nominale issues de la base verbale 6. L'optatif 7. Le prohibitif 8. L'imperatif 9. L'interpellation 10. Les verbes couples 11. Les formes verbales composees 71 73 74 77 79 80 .80 83 84 85 85 87 XIII - LES PRONOMS RELATIFS 54 91 XXII - LA SYNTAXE . 91 1. La phrase 1.1. Les propositions juxtap.osees et coordonnees 91 94 1.2. La subordination implicite. 95 1.3. Les propositions subordonnees 1.4. La proposition subordonnee 96 a valeur-consecutive 97 2. Les conjonctions XIV - LES PRONOMS INDEFINIS 56 XXIII - LE DISCOURS 99 XV = LES PRONOMS ANAPHORIQUES 58 INDEX DES RACINES ET DES BASES ELAMITES 101 XVI - LES GROUPES NOMINAUX L Le groupe nominal de circonstance 1.1. Les adverbes 2. Les groupes nominaux de relation 2.1. Le groupe nominal de relation ^. regime externe 2.2. Le groupe nominal de relation ^ regime interne 59 59 60 61 REFERENCES DES TEXTES CITES 112 BIBLIOGRAPHIE 113 TABLE DES MATIERES 117 49 50 XII .- LA PROPOSITION QUALIFICATIVE /DETERMINATNE 52 61 63 XVII - LA POSTPOSITION 65 XVIII - LA NEGATION 67 XIX - LA LOCALISATION 68 XX - DITTOLOGIE DES SUFFIXES 69 118 119