4
Le mot du metteur en scène
C’est de la rencontre avec un groupe de jeunes comédiens enthousiastes
que le spectacle Restons groupés … ou pas est né. À la suite d’une année de
collaboration autour du travail théâtral, l’idée de monter un spectacle a germé et
nous a conduit jusqu’au théâtre du Crève-Cœur.
Après avoir exploré différents genres dramaturgiques, très vite, l’univers
absurde et burlesque s’est imposé à l’énergie commune et notre choix s’est
arrêté sur la pièce de Jean-Michel Ribes : Musée Haut, Musée Bas qui a constitué
la base de notre projet. Nous avons continué à parcourir d’autres textes du même
auteur : Monologues bilogues trilogues, Théâtre sans animaux, et Multilogues, et
réalisé un premier montage. Là-dessus sont venus s’ajouter naturellement deux
textes de Karl Valentin et Harold Pinter qui s’inscrivent dans le même humour
décapé et décalé.
Pour mettre en valeur cet univers, j’ai imaginé une scénographie neutre
permettant aux acteurs de voyager d’une scène à l’autre : un espace blanc,
immaculé, un musée.
Tout commence avec une visite de groupe, menée par une directrice
obnubilée par la peur de la nature, ne jurant que par l’artificiel. Le spectateur
croit découvrir une critique de l’Art contemporain, mais le musée n’est qu’un
prétexte pour révéler l’absurdité des relations humaines. Le décor s’anime et se
transforme au gré des situations cocasses et donne au texte tout son relief et sa
singularité.
Le regard cinglant et cynique des auteurs emmènera le public dans un
bouillon de culture mêlant les Croisés, les Canoës Kayak, la révolution
prolétarienne, les mères de famille, les intellectuels hypocrites, les fanatiques, les
amoureuses éplorées, les stylos bille et la culture chlorophyllienne.
Personne n’est épargné, la réalité dérape et les travers de l’être humain
sont épinglés par cette écriture sanglante. L’homme a beau vouloir se contrôler,
cacher sa folie et ses angoisses par des artifices, sa nature résistera toujours. C’est
peut-être là que subsiste la seule critique.
Ces auteurs surréalistes nous rappellent avec humour que l’art n’est pas un
processus intellectuel, mais une nécessité pour prendre du recul sur nous-mêmes
avec bienveillance, et sans jamais se prendre au sérieux.
Le blanc succombera aux couleurs de la vie.