Marc Aurèle (121-180)
A partir de 177, tout recommence sur cette frontière : guérilla, banditisme, insécurité. La situation s'y dégrade tant
que la présence des empereurs (depuis le 1er janvier 177, son fils Commode est co-empereur) devient nécessaire.
Ils quittent Rome en août 178 avec un impressionnant état-major. L'année suivante, une victoire est remportée
contre les Quades. Mais le 17 mars 180, Marc Aurèle meurt sur le Danube. Il allait avoir 59.
4)Pratique du pouvoir.
L'ensemble de la direction des affaires s'inspire de la conduite d'Antonin, le modèle de Marc Aurèle. Elle s'inscrit
dans les évolutions fonctionnelles des grandes catégories de l'administration impériale : bons rapports avec le sénat,
développement des fonctionnaires de rang équestre, confirmation du Conseil impérial, création d'un véritable état
civil afin de limiter les fraudes à la citoyenneté romaine, tentatives de résoudre les problèmes fiscaux, promotion des
talents souvent d'origine sociale modeste ou provinciale, extension de la législation impériale.
Par respect des intentions d'Hadrien, Marc Aurèle avait associé au pouvoir Lucius Verus. Le 1er janvier 177, cette
expérience se renouvela à nouveau, puisque le fils de Marc Aurèle, Commode, né en 161, César depuis 166,
devient Auguste avec les mêmes pouvoirs et la même subordination que Lucius Verus. Mais la succession était
assurée. Cette innovation de partage inégal du pouvoir suprême s'accompagne d'essais de délégation des pouvoirs.
Le cas le plus net est celui d'Avidius Cassius qui reçut un commandement supérieur sur toutes les provinces
d'Orient. Avec un risque, celui de l'usurpation : en avril 175, Avidius Cassius se proclama empereur. L'armée resta
loyale. Il n'y eut pas de guerre civile.
Les règnes précédents des Antonins avaient connu quelques martyrs chrétiens. Pourtant leur renom n'atteignit pas
celui des victimes du règne de Marc Aurèle (le plus fameux étant l'apologiste Justin à Rome, le groupe des «
Lyonnais et des Viennois » en 177) ou du début du règne de Commode. Pourquoi cette incontestable multiplication
? Depuis les rescrits de Trajan et d'Hadrien, la politique impériale envers les chrétiens n'a pas varié. En théorie, le
gouverneur doit condamner tout chrétien dénoncé de façon non anonyme, qui persiste dans sa foi. Dans la réalité,
comme l'initiative ne vient jamais des pouvoirs publics, il n'y eut ni persécution générale ni recherche systématique
des chrétiens. Marc Aurèle, quant à lui, n'éprouve aucune sympathie pour les chrétiens. Il leur reproche leur
entêtement à s'offrir à la mort et loin d'y voir du courage, il stigmatise ce fanatisme. Cependant, il n'y a pas, de sa
part, volonté d'affronter les chrétiens pour leur croyance mais simple application de la jurisprudence en vigueur.
Marcel Le Glay, Jean-Louis Voisin, Yann le Bohec, Histoire Romaine, Paris, PUF, 1991, pages 310-318.
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