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Une première mutation, en Europe, concerne le consommateur. Il est d'abord touché, tant
par les modifications de la structure démographique (pyramide des âges, espérance de vie
accrue, etc.), que par les adaptations sociales en cours (durée hebdomadaire du travail
réduit, âge de la retraite, etc.). Par ailleurs, une répartition différente du "temps de libre" vs.
"temps obligatoire" se met en place avec l'augmentation des possibilités de travail mobile
(téléphone, micro, Internet, etc.) qui change la notion de frontière entre ces deux types de
temps traditionnels. L'augmentation du niveau de scolarité et de l'éducation, ainsi que
l'augmentation générale du niveau de vie permettent l'émergence de populations plus aptes
à décider de manière autonome de leurs modes de consommation. Un "consommateur
entrepreneur", client d'un nouveau type, partenaire de l'entreprise et partie intégrante d'un
processus de coproduction fait son apparition (Rochefort, 1997 ; Gaillard, 1997). Et son
pouvoir augmente continuellement par l'accès à l'information, car Internet ouvre à chacun les
voies de la communication directe mondialisée (Mermet, 1997 ; Glazer, 1991).
Une seconde mutation fondamentale touche l'extension des marchés. Depuis quelques
années l’Union Européenne est devenue un vaste marché unique de près de 400 millions de
consommateurs potentiels. Depuis quelques mois, la monnaie unique est dans le porte-
monnaie des consommateurs et c'est toute l'économie des pays Européens qui est touchée
par ce mouvement de fond d'une monnaie qui challenge maintenant le dollar américain.
Parallèlement, la mondialisation ouvre, pour les entreprises, la perspective d'un marché
devenu plus vaste et plus concurrentiel, où la comparaison d’un pays à l’autre, voire d’une
région à l’autre, est facilitée. La course à la taille, reposant sur la volonté de réduire les
coûts, conduit certains acteurs économiques à standardiser prix et produits. Pour les
pessimistes, la mondialisation, qui ferait du monde un village et de l’Europe un quartier,
conduirait à une forme d'homogénéité culturelle.
Une troisième mutation concerne l’explosion d’Internet qui autorise l'accès à la virtualité des
consommateurs. Au-delà de nouveaux moyens de communication, Internet aurait le pouvoir
de modifier l'ordre social actuel du savoir, et donc l'"homo sapiens" (Serres, 1997). L'individu,
consommateur ou client industriel, apprend à vivre avec de nouveaux paradigmes
communicationnels et commerciaux qui remettront profondément en cause ses rapports au
temps et à l'espace (de Rosnay, 1995 ; 1998). Toutes les catégories d'individus sont
susceptibles d'être touchées à plus ou moins brève échéance (Bergadaà, Hébali, 2002). Les
nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) transforment
profondément les stratégies et les pratiques de l'entreprise en Europe. L'économie de
l'Internet n'est plus virtuelle, mais tout à fait réelle. Elle permet l'apparition de modèles de
gestion qui affectent profondément les métiers et les organisations, et elle remet en cause
les techniques traditionnelles du commerce. Ce nouveau média est en train de bouleverser