Primo-infection et prévention - Banque de données en santé publique

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THERAPEUTIQUE, CLINIQUE
notes de lecture
« High rates of for ward
transmission events
after acute/early HIV-1
infection »
B.G. Brenner, M. Roger,
J.P. Routy, D. Moisi,
M. Ntemgwa, C. Matte,
J.G. Baril, R. Thomas,
D. Rouleau, J. Bruneau,
R. Leblanc, M. Legault,
C. Tremblay, H. Charest,
M.A. Wainberg; Quebec
Primar y HIV Infection
Study Group.
JID 2007,195, 951-9
1 - Wawer MJ,
Gray RH,
Sewakambo NK, et al.
« Rates if HIV1transmission per
coital act, by stage
of HIV-1 infection
in Rakai, Uganda »
J Infect Dis,
2005,191,1403-9
Pillay D, Fisher M,
« Primary HIV
infection,
phylognetics,
and antiretroviral
prevention »
J Infect Dis, 2005,
191, 924-5
décembre 2007 no 134
T R A N S C R IPTASES
VIH et virus des hépatites
VIH – PRIMO-INFECTION
Primo-infection
et prévention
Gilles Pialoux
Pistes (Paris)
Le rôle de la primo-infection
VIH dans la propagation
de l’épidémie a été souligné
dès le début du sida, puisque
dès les années 1985-1986,
des modélisations ont été
faites, notamment à partir
de la cohorte MACS, sur
l’importance qu’ont pu jouer
les primo-infections dans les
épidémies survenues au sein
de la communauté gay de
San Francisco ou Philadelphie.
qui ont elles-mêmes été infectées très récemment par le VIH. C’est en effet un article publié
tout récemment dans le Journal of Infectious
Diseases qui présente des résultats particulièrement saisissants. Ce travail a été réalisé à
partir des séquences pol issues de la cohorte
québéquoise de primo-infection, soit 215
patients (1998-2005) et du programme de
génotypage national, soit 481 patients (2001-
Depuis ces études princeps, le
2005). Le principe du travail a été de réaliser
sujet n’avait été que rarement évoqué, jusqu’à
une analyse phylogénétique qui permet d’éta-
quelques publications récentes au Nord mais
blir si une infection VIH survient au sein d’un
aussi au Sud qui réactualisent ce thème. Dans
groupe d’individus qui semblent partager des
la province de Rakai, en Ouganda, une étude
séquences de VIH liées. Ceci indiquant que des
de 2005 a montré que 43,8 % des nouvelles
infections multiples peuvent survenir par cas-
transmissions apparaissaient chez des couples
cades (cluster) de contaminations au sein d’une
sérodifférents 10 à 15 mois après la sérocon-
population.
version du patient source au sein du couple 1.
, Par ailleurs, l’étude récente issue du groupe
Jusqu’à 17 contaminations
canadien de Marc Wainberg montre, parallèle-
par personne source
ment, que 50 % de l’ensemble des nouveaux
Cette analyse a porté sur 717 séquences, issues
cas d’infection du VIH identifiés dans le
soit d’infections récentes ou primo-infections,
contexte du programme de génotypage du
incluant 593 sous-types B, 65 infections de
Québec et des études de cohorte sur la primo-
sous-types non B, en comparaison phylogéné-
infection, peuvent être attribués aux personnes
tique. La moitié (293/593) des patients éva-
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décembre 2007 no 134
TRANSCRIPTASES
luables en arbre phylogénétique au sein du
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Initiation du traitement
groupe des primo-infectés sont liés à 75 « clus-
En premier lieu, il conviendrait de reposer la
ters » différents de transmission. Les autres
question de l’initiation d’un traitement. Les
(300/593) présentent a priori des séquences
recommandations actuelles tant aux Etats-Unis,
uniques. En d’autres termes, près de 50 % des
en Grande-Bretagne, en France
contaminations seraient des contaminations de
fixent l’initiation d’un traitement anti-
proximité à partir de patients ayant eu une
rétroviral uniquement sur le critère
primo-infection et qui auraient été accessibles,
du rapport bénéfice/risque indivi-
de fait, à la fois à une prise en charge théra-
duel, donc sur les CD4 du patient.
peutique et à des messages de prévention spé-
Une seule étude en cours actuelle-
cifique. L’analyse de ces « clusters » montre que
ment évalue l’impact qu’une initia-
cela concerne 2 à 17 contaminations par per-
tion d’un traitement antirétroviral
sonne source. Parmi ces contaminations, 49 %
plus précoce aurait sur une éventuelle préven-
concernent un cas-index pour 2 à 4 cas secon-
tion de la transmission chez les couples séro-
daires et 51 % de ces « clusters » sont liés à
discordants. Il est vrai que le potentiel effet
8,8 ≥ 3,5 transmissions par cas-index. L’analyse
positif que l’augmentation du nombre de
phylogénétique est, par ailleurs, suffisamment
patients sous traitement aurait sur la transmis-
importante dans le temps (1997-2005) pour
sion sexuelle du VIH pourrait avoir pour contre-
poser avec force la question de la nécessité
partie négative une possible augmentation de
d’une prévention ciblée.
souches multirésistantes en circulation dans les
, Les caractéristiques ont été analysées en
pays ayant accès aux antirétroviraux.
50 % de l’ensemble des
nouveaux cas d’infection
du VIH identifiés peuvent
être attribués aux personnes
qui ont elles-mêmes été
infectées très récemment
par le VIH
comparant le groupe de « clusters » de transmission versus ceux pour lequel il n’y a pas eu
Prévention
de transmission. Il n’y a pas de différence signi-
Ces données concernant le lien entre les
ficative sur les facteurs de risque entre les deux
« clusters » de primo-infections et d’infections
groupes (« clusters » ou non) en termes de
récentes et l’augmentation de transmission du
modes de transmission (ie homo, hétéro, usa-
VIH sont si clairement pertinentes dans d’autres
gers de drogues…), de comportements à
études, qu’elles pourraient imposer un chan-
risques et sur le nombre de partenaires. Il est
gement de paradigme concernant le traitement
clair que cette différence entre les deux
de la primo-infection. En effet, la
groupes n’est pas attribuée à une différence en
balance bénéfices/risques de l’indi-
termes de comportements, notamment, sexuels
cation du traitement de la primo-
et que l’effet « cluster » est bien induit par l’aug-
infection a toujours été évaluée sur
mentation du risque de transmission dans la
un critère individuel, en termes de
période de primo-infection.
réponse virologique, de réponse
Qui plus est cette étude ne concerne pas uni-
immunologique et d’histoire natu-
quement des homosexuels masculins (57 %)
relle de l’infection à VIH. Mais pas en
mais aussi des usagers de drogues par voie
termes collectifs. Et cela mérite d’être évalué.
intraveineuse (25 %) et des hétérosexuels
Le traitement de la primo-infection à grande
(7 %). En effet il est parfaitement reconnu que
échelle ne faciliterait-il pas la diminution de la
la primo-infection représente une période de
contamination chez les patients de couples dis-
haut risque en raison de charges virales extrê-
cordants ? Voilà une question de santé publique
mement élevées, et cela a été démontré chez
pour les années à venir. - Gilles Pialoux
les couples homosexuels en Afrique et chez les
couples du Nord hétérosexuels sérodiscordants. Au delà de la qualité du travail scientifique, cette publication et l’éditorial qui y est
adjoint dans JID , soulèvent deux questions
essentielles.
La moitié (293/593)
des patients évaluables
en arbre phylogénétique
au sein du groupe des
primo-infectés sont liés
à 75 « clusters » différents
de transmission
THERAPEUTIQUE, CLINIQUE
VIH et virus des hépatites
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