Progrès
en
urologie
(2013)
23,
1238—1245
Disponible
en
ligne
sur
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
Les
médicaments
du
cancer
de
vessie
Medical
treatment
of
bladder
cell
carcinoma
L.
Guya,b,,
H.
Mahammedic,
C.
Bastided,e,
F.
Bruyeref,g,
G.
Karsentyd,h,
J.-O.
Baya,i
aFaculté
de
médecine,
université
d’Auvergne,
28,
place
Henri-Dunant,
BP
38,
63001
Clermont-Ferrand
cedex
1,
France
bService
d’urologie,
hôpital
G.-Montpied,
58,
rue
Montalembert,
63003
Clermont-Ferrand
cedex
1,
France
cService
d’oncologie,
centre
Jean-Perrin,
58,
rue
Montalembert,
BP
392,
63011
Clermont-Ferrand,
France
dAix-Marseille
université,
13284
Marseille,
France
eService
d’urologie,
hôpital
Nord,
AP—HM,
13385
Marseille
cedex
5,
France
fUniversité
Franc¸ois-Rabelais
de
Tours,
PRES
centre
Val-de-Loire
université,
60,
rue
du
Plat-d’Etain,
37000
Tours,
France
gService
d’urologie,
CHRU
Bretonneau,
37044
Tours
cedex
9,
France
hService
d’urologie
et
transplantation
rénale,
hôpital
de
la
Conception,
AP—HM,
13385
Marseille
cedex
5,
France
iService
de
thérapie
cellulaire
et
d’hématologie
clinique,
place
Lucie-et-Raymond-Aubrac,
63003
Clermont-Ferrand
cedex
1,
France
Rec¸u
le
13
septembre
2013
;
accepté
le
16
septembre
2013
MOTS
CLÉS
Cancer
de
la
vessie
;
Diagnostic
;
Instillations
endovésicales
;
BCG
;
Chimiothérapie
Résumé
Objectif.
Décrire
les
médicaments
efficaces
dans
le
cancer
de
la
vessie.
Méthode.
Recherche
bibliographique
(NLM
outil
Pubmed)
centrée
sur
le
mode
d’action,
l’efficacité
et
les
effets
indésirables
des
classes
concernées,
complétée
par
une
recherche
sur
les
sites
de
l’HAS
et
de
l’ANSM.
Résultats.
Les
médicaments
utilisés
dans
la
prise
en
charge
du
cancer
de
vessie
sont
repré-
sentés
par
les
produits
à
visée
diagnostic
(hexylaminolévulinate),
les
instillations
endovésicales
pour
le
traitement
des
tumeurs
n’infiltrant
pas
le
muscle
et
les
chimiothérapies
des
tumeurs
infiltrantes
(traitement
néo-adjuvant
ou
tumeurs
métastatiques).
L’hexylaminolévulinate
per-
met
en
cystoscopie
d’identifier
un
nombre
significativement
plus
important
de
lésions,
notamment
de
type
carcinome
in
situ,
par
rapport
à
la
cystoscopie
conventionnelle
en
lumière
blanche.
Concernant
les
instillations
endovésicales,
le
BCG
a
une
efficacité
supérieure
à
la
Mitomycine
C
avec
une
tolérance
inférieure.
Les
chimiothérapies
proposées
pour
les
tumeurs
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
(L.
Guy).
1166-7087/$
see
front
matter
©
2013
Publié
par
Elsevier
Masson
SAS.
http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2013.09.015
Les
médicaments
du
cancer
de
vessie
1239
infiltrantes
ne
sont
efficaces
en
situation
métastatique
que
dans
15
à
20
%
des
cas
avec
une
survie
moyenne
de
12
à
14
mois.
Conclusion.
En
dehors
de
l’utilisation
de
l’hexylaminolévulinate
pour
l’amélioration
du
dia-
gnostic,
il
n’y
a
pas
eu
dans
les
dernières
années
émergence
de
nouveaux
médicaments
pour
la
prise
en
charge
du
cancer
de
vessie.
Les
thérapies
ciblées
actuellement
disponibles
pour
de
nombreuses
néoplasies
se
sont
avérées
inefficaces
pour
le
cancer
de
vessie.
©
2013
Publié
par
Elsevier
Masson
SAS.
KEYWORDS
Bladder
cancer;
Diagnosis;
Bladder
instillations;
BCG;
Chemotherapy
Summary
Aim.
To
describe
drugs
used
in
bladder
carcinoma.
Method.
Pubmed
search
for
efficacy,
mode
of
action
and
side
effects
for
each
molecule.
Additional
data
were
searched
from
the
French
regulatory
agencies
web
sites
(HAS
and
ANSM).
Results.
The
drugs
used
in
the
treatment
of
bladder
cancer
are
represented
by
the
products
referred
to
diagnosis
(hexyl
aminolevulinate),
the
intravesical
instillations
for
the
treatment
of
tumors
not
infiltrating
the
muscle
and
the
infiltrating
tumor
chemotherapy
(neo-adjuvant
treatment
or
metastatic
tumors).
The
hexyl
aminolevulinate
cystoscopy
allows
to
identify
a
significantly
greater
number
of
lesions,
including
carcinoma
in
situ,
compared
to
conventional
white
light
cystoscopy.
For
intravesical
instillations,
BCG
has
a
superior
efficacy
to
mitomycin
C
with
a
lower
tolerance.
The
chemotherapies
for
invasive
tumors
are
effective
in
metastatic
disease
in
15—20%
of
cases
with
a
mean
survival
of
12
to
14
months.
Conclusion.
Except
the
use
of
hexyl
aminolevulinate
for
improving
the
diagnosis,
there
was
no
emergence
in
recent
years
of
new
drugs
for
the
treatment
of
bladder
cancer.
Targeted
therapies
currently
available
for
many
neoplasms
were
ineffective
for
bladder
cancer.
©
2013
Published
by
Elsevier
Masson
SAS.
Les
médicaments
du
cancer
de
vessie
sont
représentés
par
les
produits
à
visée
diagnostic
avec
l’hexylaminolévulinate
(Hexvix®),
les
instillations
endovésicales
et
les
chimio-
thérapies
(traitement
néo-adjuvant
ou
cancer
de
vessie
métastatique).
Les
produits
à
visée
diagnostic
:
l’hexylaminolévulinate
(Hexvix®)
Molécule
L’hexylaminolévulinate
commercialisé
sous
le
nom
d’Hexvix®est
le
seul
produit
utilisé
à
visée
diagnos-
tique
pour
améliorer
la
détection
des
tumeurs
de
vessie.
Son
principe
repose
sur
la
présence
d’une
accumulation
importante
de
la
fluorescence
des
porphyrines
dans
les
tumeurs
malignes
de
l’urothélium
après
exposition
à
l’hexylaminolévulinate.
En
effet,
chez
l’homme,
il
a
été
démontré
que
l’accumulation
des
porphyrines
était
plus
marquée
dans
les
tumeurs
que
dans
l’urothélium
vésical
normal
après
administration
d’Hexvix®.
Une
heure
après
l’instillation
d’Hexvix®,
l’illumination
en
lumière
bleue
per-
met
de
visualiser
facilement
les
tumeurs
par
fluorescence.
L’incidence
du
cancer
de
la
vessie
est
d’environ
10
900
en
France
par
an
[1].
Par
ailleurs,
le
nombre
de
résec-
tions
endoscopiques
de
tumeurs
vésicales
est
estimé
aux
alentours
des
20
000
par
an.
Il
convient
d’ajouter
à
ces
résections,
les
cystoscopies
de
surveillance
effectuées
chez
les
patients.
Le
nombre
de
cystoscopies
effectuées
chaque
année
serait
d’environ
35
000
à
40
000
actes
[2].
Le
coût
d’un
flacon
d’hexylaminolévulinate
est
de
470,62
euros
(flacon
de
poudre
10
mL
+
flacon
de
solvant
50
mL).
Mode
d’action
Après
instillation
intravésicale
d’hexylaminolévulinate,
une
accumulation
intracellulaire
des
porphyrines
survient
au
niveau
des
tumeurs
de
la
paroi
de
la
vessie.
Les
por-
phyrines
intracellulaires
(dont
la
protoporphyrine
IX)
sont
des
composés
fluorescents
et
photosensibles,
qui
émettent
une
fluorescence
rouge
après
excitation
lumineuse
dans
la
région
bleue
du
spectre.
Il
en
résulte
une
fluorescence
rouge
sur
fond
bleu
des
tumeurs
urothéliales
(Fig.
1).
Une
inflammation
peut
être
à
l’origine
d’une
fausse
image
de
fluorescence.
Indications
Le
premier
avis
de
la
commission
de
transparence
concer-
nant
ce
produit
a
été
rendu
le
28
février
2007
[3].
L’AMM
a
été
obtenue
le
12/08/2005
avec
un
rectificatif
en
date
du
09/06/2006.
À
la
date
du
premier
avis
de
la
commis-
sion
de
transparence,
les
études
cliniques
utilisant
Hexvix®
avaient
porté
sur
un
total
de
605
patients
ayant
un
cancer
de
la
vessie,
connu
ou
suspecté,
établi
par
cystoscopie
ou
cytologie
urinaire
positive
[4—6].
Ces
patients
avaient
tous
eu
une
cystoscopie
en
lumière
blanche,
suivie
d’une
cysto-
scopie
en
lumière
bleue
avec
des
biopsies.
La
cystoscopie
de
fluorescence
en
lumière
bleue
avait
permis
d’identifier
un
nombre
significativement
plus
important
de
lésions
de
type
carcinome
in
situ
et
tumeurs
papillaires
par
rapport
à
la
cystoscopie
conventionnelle
en
lumière
blanche
utilisée
seule.
La
proportion
de
patients
dont
les
lésions
de
type
CIS
étaient
uniquement
identifiées
par
la
cystoscopie
avec
l’Hexvix®avait
été
de
16
à
20
%.
Les
éléments
mis
en
évi-
dence
par
cystoscopie
en
lumière
bleue
avaient
permis
à
1240
L.
Guy
et
al.
Figure
1.
Fluorescence
rouge
sur
fond
bleu
des
tumeurs
urothéliales
avec
l’hexylaminolévulinate.
l’investigateur
de
traiter
de
manière
plus
adaptée
21
%
des
patients
ayant
eu
une
tumeur
confirmée
à
la
biopsie.
En
revanche,
le
traitement
avait
été
moins
complet
chez
9,6
%
des
patients
ayant
eu
une
tumeur
confirmée
à
la
biopsie.
L’amélioration
de
la
détection
tumorale
à
l’origine
de
ces
améliorations
de
prise
en
charge
thérapeutique
avait
princi-
palement
concerné
les
patients
ayant
des
tumeurs
pTa
(20
%
des
patients),
des
carcinomes
in
situ
(14
%
des
patients)
et
de
tumeurs
pT1
(11
%
des
patients).
En
prenant
en
considé-
ration
les
différentes
études,
le
SMR
était
considéré
comme
important
et
l’ASMR
classée
de
niveau
II.
Selon
le
nouvel
avis
de
la
commission
de
transparence
du
29
février
2012
[7],
le
SMR
restait
important.
Le
profil
de
tolérance
restait
inchangé
dans
son
ensemble
même
si
deux
cas
de
choc
anaphylactoïde
avaient
été
signalés
à
la
date
du
nouvel
avis.
L’indication
de
l’AMM
de
l’utilisation
de
ce
produit
est
libellé
ainsi
:
«
Détection
du
tissu
vésical
malin,
comme
par
exemple
le
carcinome
in
situ,
en
cas
de
cancer
de
la
ves-
sie
connu
ou
de
forte
suspicion
de
cancer
de
la
vessie,
sur
la
base
d’une
cystoscopie
de
dépistage
ou
d’une
cytologie
urinaire
positive.
La
cystoscopie
de
fluorescence
en
lumière
bleue
doit
être
effectuée
en
complément
de
la
cystoscopie
conventionnelle
en
lumière
blanche,
dans
le
but
de
guider
les
biopsies
».
En
pratique,
selon
les
recommandations
de
l’AFU
[8],
les
principales
indications
de
l’utilisation
de
la
fluorescence
vésicale
sont
:
lésions
vésicales
multifocales
;
diamètre
tumoral
>
3
cm
;
récidive
tumorale
précoce
;
cytologie
de
haut
grade
;
surveillance
de
lésions
à
haut
risque
(T1
G3
et
CIS).
Sur
le
plan
du
mode
d’administration,
une
solution
de
50
mL
d’Hexvix®à
la
concentration
de
8
mmol/L
(une
ampoule),
est
instillée
dans
la
vessie
à
l’aide
d’une
sonde.
Si
possible,
le
patient
doit
attendre
60
minutes
environ
avant
de
vider
sa
vessie.
L’exploration
en
lumière
bleue
est
mise
en
route
dans
les
60
minutes
suivant
l’évacuation
de
la
ves-
sie.
La
cystoscopie
doit
être
effectuée
en
lumière
bleue
et
en
lumière
blanche,
pour
permettre
la
localisation
de
toutes
les
lésions
de
la
vessie.
La
biopsie
de
toutes
les
lésions
visua-
lisées
doit
normalement
être
pratiquée
en
lumière
blanche.
Dans
certaines
études,
un
taux
important
de
faux-positif
a
été
mentionné
[9].
Tolérance
Dans
les
études,
la
plupart
des
effets
indésirables
ont
été
transitoires
et
d’intensité
légère
ou
modérée.
Les
effets
indésirables
les
plus
fréquemment
rapportés
ont
été
:
spasmes
vésicaux
(3,8
%),
douleurs
vésicales
(3,3
%),
dysuries
(2,7
%).
Ces
effets
indésirables
observés
étaient
attendus,
sur
la
base
des
connaissances
acquises
en
termes
de
cys-
toscopie
conventionnelle
et
de
résection
transurétrale
de
vessie
(RTUV).
Les
instillations
endovésicales
Le
BCG
(bacilles
Calmette-Guérin)
Molécule
Le
BCG
est
utilisé
en
France
sous
le
nom
d’Immucyst®en
instillation
endovésicales
pour
le
traitement
du
carcinome
urothélial
de
vessie
n’infiltrant
pas
le
muscle.
La
popu-
lation
cible
d’Immucyst®est
représentée
par
les
patients
atteints
de
carcinomes
urothéliaux
non
invasifs
de
la
ves-
sie
à
risque
intermédiaire
et
à
risque
élevé
de
récidive.
En
France,
comme
déjà
cité
plus
haut,
l’incidence
du
cancer
de
la
vessie
est
estimée
à
environ
10
900
cas
en
2011
[10].
Les
carcinomes
urothéliaux
représentent
90
%
des
cancers
de
la
vessie.
Les
formes
non
invasives
concernent
70
%
des
cas.
Parmi
celles-ci,
19
%
sont
à
haut
risque
de
récidive
(Ta
G3
;
T1G3
;
T1
récidivante)
et
57
%
à
risque
intermédiaire
(Ta
G1—2,
T1
G1—2).
Sur
la
base
de
ces
données,
la
population
cible
d’Immucyst®est
estimée
à
environ
5200
patients
par
an.
Le
coût
d’un
flacon
est
de
72,40
D,
ce
qui
fait
un
coût
de
651,60
D
pour
un
traitement
complet
d’induction
(9
flacons).
Mode
d’action
Le
mode
d’action
de
la
BCGthérapie
n’est
pas
complètement
connu.
La
connaissance
de
l’immunité
anti-tumorale
et
des
mécanismes
permettant
à
la
tumeur
de
s’affranchir
de
la
surveillance
immunitaire
de
l’hôte,
a
cependant
per-
Les
médicaments
du
cancer
de
vessie
1241
Figure
2.
Les
différents
éléments
intervenant
dans
la
réponse
au
bacille
de
Calmette-Guérin
(BCG).
mis
de
progresser
dans
la
compréhension
des
mécanismes
d’action
du
BCG
[11].
En
effet,
la
réponse
immunitaire
locale
endovésicale
est
intimement
liée
à
l’interaction
de
trois
systèmes
:
l’hôte
(le
malade),
le
BCG
(les
Mycobacté-
ries)
et
la
tumeur.
De
cette
interaction
va
naître
une
cascade
d’évènements
immunologiques,
dont
certains
seront
indis-
pensables
à
l’action
protectrice
du
BCG
contre
la
récidive
et
la
progression
tumorale.
Il
est
actuellement
considéré
qu’il
existe
trois
phases
dans
la
réponse
immunitaire
au
BCG.
Dans
un
premier
temps,
le
BCG
adhère
à
l’urothélium
puis
est
phagocyté
par
des
cellules
présentatrices
d’antigènes.
À
cette
phase
correspond
la
libération
précoce
de
cytokines
dites
inflammatoires
(l’IL-1,
l’IL-6,
l’IL-8).
Ces
cytokines
pourraient
être
en
cause
dans
certains
effets
indésirables
mais
elles
pourraient
également
participer
aux
phénomènes
cytotoxiques.
La
deuxième
phase
est
la
reconnaissance
des
antigènes
bactériens
par
des
lymphocytes
auxiliaires
CD4,
qui
libèrent
principalement
de
l’IL-2
et
de
l’IFN-.
Cette
activation
cellulaire
va
aboutir
à
la
troisième
phase
qui
est
l’amplification
de
populations
cytotoxiques
capables
de
tuer
les
cellules
tumorales
:
CD8,
lymphocytes,
macrophages,
lymphocytes
NK,
LAK,
BAK.
Toutes
ces
cellules
produisent
elles
aussi
des
cytokines
qui
participent
à
la
régulation
de
la
réponse
immunitaire.
Les
différents
éléments
intervenant
dans
la
réponse
au
BCG
sont
schématisés
sur
la
Fig.
2
(LG
article
2
Image
2).
Indications
Sur
le
plan
réglementaire,
le
dernier
avis
de
la
commission
de
transparence
a
été
rendu
le
6
octobre
2010
[12].
La
date
initiale
de
l’AMM
(procédure
nationale)
était
le
15/09/1994.
Depuis
le
premier
avis
favorable
de
la
commission
de
trans-
parence
du
24
janvier
1996,
une
actualisation
des
avis
a
régulièrement
été
effectuée.
Il
s’agit
d’un
médicament
sou-
mis
à
une
prescription
initiale
hospitalière
pour
6
mois.
La
prescription
initiale
et
le
renouvellement
sont
réservés
aux
spécialistes
en
urologie
ou
en
oncologie
médicale.
Dans
le
dernier
avis,
il
est
précisé
que
les
dernières
données
scien-
tifiques
publiées
ne
donnent
pas
lieu
à
une
modification
de
l’évaluation
du
service
médical
rendu
par
rapport
à
l’avis
précédent
de
la
commission
de
la
transparence.
Le
service
médical
rendu
par
ce
produit
reste
important
dans
les
indi-
cations
de
l’AMM.
Un
avis
favorable
est
donné
sur
le
maintien
de
l’inscription
sur
la
liste
des
spécialités
remboursables
aux
assurés
sociaux
dans
les
indications
et
aux
posologies
de
l’AMM.
Les
indications
restent
:
«
Le
traitement
des
car-
cinomes
urothéliaux
non
invasifs
de
la
vessie
:
traitement
curatif
du
carcinome
urothélial
in
situ
;
traitement
prophylactique
des
rechutes
de
:
carcinome
urothélial
limité
à
la
muqueuse
:
pTa
de
bas
grade
si
tumeur
multifocale
et/ou
réci-
divante,
pTa
de
haut
grade
;
carcinome
urothélial
envahissant
la
lamina
propria
mais
non
la
musculeuse
de
la
vessie
(pT1)
;
carcinome
urothélial
in
situ
».
Dans
l’avis
précédent
de
la
commission
de
transparence
du
15
février
2006
[13],
le
service
médical
rendu
était
jugé
important
et
il
était
admis
que
l’Immucyst®apportait
une
ASMR
de
niveau
III
par
rapport
à
l’Amétycine®40
mg
dans
la
prise
en
charge
des
carcinomes
urothéliaux
non
invasifs
de
la
vessie
à
risque
élevé
de
récidive.
Cet
avis
avait
pour
base
les
résultats
de
3
méta-analyses
publiées
dans
lesquelles
l’Immucyst®était
apparu
supérieur
à
l’Amétycine®sur
le
cri-
tère
récidive
chez
les
patients
à
haut
risque
[14—16].
Aucune
différence
significative
n’a
été
observée
entre
l’Immucyst®
et
l’Amétycine®sur
la
progression
tumorale
et
la
survie
globale.
Le
profil
de
tolérance
d’Immucyst®était
apparu
différent
de
celui
de
l’Amétycine®avec,
notamment,
une
fréquence
plus
élevée
de
la
toxicité
locale
(dysurie,
cys-
tite,
hématurie)
et
systémique
(notamment
fièvre,
frissons,
malaise).
Le
traitement
doit
commencer
au
minimum
15
jours,
voire
3
semaines
après
la
biopsie
ou
la
résection
transuré-
trale
et
en
l’absence
de
toute
hématurie
macroscopique.
Le
traitement
d’induction
comprend
une
instillation
intra-
vésicale
par
semaine
pendant
6
semaines.
Après
une
fenêtre
thérapeutique
de
6
semaines,
une
nouvelle
dose
doit
être
administrée
par
voie
intravésicale
une
fois
par
semaine
pen-
dant
3
semaines.
Des
études
cliniques
ont
montré
que
cette
deuxième
série
de
trois
instillations
à
3
mois
augmentait
de
fac¸on
significative
le
taux
de
réponse
complète
à
6
mois.
Sur
la
base
des
études
cliniques
conduites
avec
Immucyst®,
le
traitement
d’induction
doit
être
suivi
d’un
traitement
d’entretien.
Celui-ci
consiste
en
une
instillation
par
semaine
pendant
1
à
3
semaines,
administrée
6
mois
après
le
début
du
traitement,
puis
tous
les
6
mois
jusqu’à
36
mois.
La
pré-
vention
des
récidives
et
l’augmentation
du
taux
de
survie
sont
améliorées
par
ce
traitement
d’entretien.
Toutefois
le
nombre
d’instillations
du
traitement
d’entretien
devra
tenir
compte
de
la
tolérance
locale
et
générale
du
produit
au
cours
de
la
série
d’induction.
Une
dose
d’Immucyst®consiste
en
l’instillation
vésicale
de
81
mg
de
bactéries
BCG
lyophi-
lisées
(poids
sec).
Chaque
dose
est
diluée
avec
une
solution
stérile
de
chlorure
de
sodium
à
0,9
%
sans
conservateur,
de
fac¸on
à
obtenir
un
volume
final
de
50
mL.
Une
sonde
uré-
trale
est
mise
en
place
dans
la
vessie
dans
des
conditions
d’asepsie.
Il
est
procédé
au
drainage
de
la
vessie,
puis
à
une
instillation
lente
par
gravité
de
la
suspension
d’Immucyst®.
La
sonde
est
ensuite
retirée
et
le
patient
doit
retenir
cette
suspension
aussi
longtemps
que
possible,
au
maximum
deux
heures.
Lors
des
15
premières
minutes
suivant
l’instillation,
le
patient
doit
rester
allongé.
Il
lui
est
ensuite
permis
de
se
lever.
Au
terme
de
la
période
de
deux
heures,
tous
les
patients
doivent
uriner
en
position
assise
pour
des
raisons
de
sécurité.
En
l’absence
de
contre-indication
médicale
1242
L.
Guy
et
al.
spécifique,
on
recommandera
aux
patients
une
hyperhydra-
tation
pendant
les
48
heures
suivant
chaque
instillation.
Depuis
avril
2012,
le
laboratoire
Sanofi-Pasteur
a
cessé
la
distribution
de
l’Immucyst®.
Cette
interruption
de
la
dis-
tribution
était
due
au
fait
que
la
sensibilité
d’un
des
tests
requis
pour
confirmer
la
stérilité
du
produit
avant
la
mise
en
vente
n’était
pas
conforme
aux
normes
en
vigueur.
Après
un
examen
complet
de
l’unité
de
production,
bien
que
la
concentration
des
micro-organismes
dans
l’installation
était
à
des
seuils
acceptables,
l’analyse
montrait
une
tendance
à
la
hausse,
notamment
au
niveau
des
moisissures.
De
ce
fait,
le
laboratoire,
en
consultation
avec
les
autorités
réglemen-
taires,
a
décidé
de
rénover
ses
installations.
Le
laboratoire
évaluait
à
fin
2013
la
reprise
de
l’approvisionnement
de
l’Immucyst®.
Depuis
la
suspension
de
l’approvisionnement,
en
juillet
2012,
une
mise
à
disposition
de
quantités
limitées
d’Immucyst®provenant
de
2
lots
mis
initialement
en
qua-
rantaine
a
été
réalisée
auprès
des
pharmacies
hospitalières
des
établissements
de
santé.
Des
recommandations
avaient
été
faites
dans
une
lettre
commune
du
02
juillet
de
l’AFU
et
de
l’ANSM.
Un
traitement
par
BCG
devait
être
réservé
aux
patients
présentant
une
tumeur
vésicale
n’infiltrant
pas
le
muscle
à
risque
élevé
de
récidive
et
de
progres-
sion.
Il
devait
être
limité
à
6
instillations
(une
par
semaine
pendant
6
semaines)
et
il
ne
devait
pas
être
réalisé
de
traitement
d’entretien.
En
septembre
2012,
Sanofi-Pasteur
a
mis
à
disposition
une
quantité
limitée
d’une
spécia-
lité
comparable
BCG
CULTURE
SSI
initialement
destinée
au
marché
danois,
avec
des
restrictions
identiques
à
celles
de
la
lettre
du
02
juillet.
Enfin,
depuis
octobre
2012,
le
laboratoire
MSD,
en
accord
avec
l’ANSM,
afin
d’assurer
la
continuité
d’approvisionnement
du
marché
franc¸ais
en
BCG
intravésical
a
mis
à
disposition
à
titre
exception-
nel
et
transitoire
la
spécialité
pharmaceutique
Oncotice®,
une
spécialité
similaire
initialement
destinée
au
marché
canadien.
Tolérance
La
tolérance
de
la
BCGthérapie
est
variable.
Plus
de
95
%
des
patients
semblent
tolérer
l’instillation
intravésicale
du
BCG
sans
signe
de
morbidité
significative
[17].
Il
existe
des
effets
secondaires
locaux,
régionaux
et
généraux.
Les
effets
locaux
sont
les
plus
souvent
retrouvés
et
la
cystite
demeure
l’effet
indésirable
le
plus
fréquent
(jusqu’à
envi-
ron
90
%)
avec
dans
25
à
28
%
des
cas
l’association
à
un
syndrome
grippal
d’une
durée
d’environ
48
heures
[18].
Les
symptômes
de
cystite
débutent
habituellement
2
à
4
heures
après
l’instillation
intravésicale
et
se
résolvent
générale-
ment
dans
les
6
à
48
heures
sans
traitement
spécifique
[19].
Parmi
les
autres
effets
secondaires,
il
est
fréquemment
observé
une
hématurie
(43
%),
des
symptômes
généraux
avec
de
la
fièvre
(28
%)
et
des
nausées
(8
%)
[19].
Les
effets
régionaux
correspondent
à
la
prostatite
granuloma-
teuse
et
à
l’orchi-épidydimite.
La
prise
en
charge
de
la
prostatite
granulomateuse
repose
sur
un
traitement
anti-
tuberculeux
(Izoniazide
+
rifampicine
pendant
3
à
6
mois)
avec
une
contre-indication
à
la
reprise
des
instillations
de
BCG.
Les
symptômes
aigus
et
sévères
d’infection
au
BCG
(tuberculose
pulmonaire,
hépatite,
abcès
rénal)
peuvent
être
graves.
La
complication
la
plus
redoutée
demeure
la
septicémie
;
elle
a
connu
une
augmentation
de
sa
fréquence
passant
de
0,1
%
en
1986
à
0,4
%
en
début
des
années
1990
[18].
Toutefois,
de
nos
jours,
on
estime
qu’un
patient
sur
15
000
développera
cette
complication
[17].
En
présence
de
symptômes
sévères
d’infection
au
BCG,
un
traitement
anti-
tuberculeux
devra
être
mis
en
place
avec
utilisation
de
l’izoniazide
et
de
la
rifampicine
pendant
6
mois,
avec
par-
fois
adjonction
de
l’éthambutol
en
cas
de
non
résolution
des
symptômes.
Enfin,
il
existe
des
réactions
allergiques
(rash,
arthrite,
arthralgie)
qui
sont
souvent
difficiles
à
distinguer
d’une
septicémie
à
BCG.
L’adjonction
d’une
corticothé-
rapie
au
traitement
antituberculeux
est
bénéfique
dans
ce
cas
de
figure.
Le
traitement
d’entretien
pose
souvent
des
problèmes
plus
important
de
tolérance
que
le
traite-
ment
d’induction.
Dans
le
schéma
classique
avec,
après
le
traitement
d’induction,
une
instillation
hebdomadaire
pen-
dant
3
semaines
tous
les
6
mois
jusqu’à
36
mois,
seulement
19
%
des
patients
avaient
eu
le
protocole
complet
et
39
%
avaient
du
interrompre
définitivement
le
traitement
[20].
L’ofloxacine
a
été
proposée
pour
diminuer
les
effets
secon-
daires
induits
par
la
BCG
thérapie
[21].
La
mitomycine
C
Molécules
et
mode
d’action
La
mitomycine
C
commercialisée
sous
le
nom
d’Amétycine®
est
le
2eproduit
utilisé
en
France
en
instillations
endo-
vésicales
dans
la
prise
en
charge
des
tumeurs
de
vessie
n’infiltrant
pas
le
muscle.
Il
s’agit
d’une
chimiothérapie
apparentée
des
alkylants
notamment
utilisé
dans
les
cancers
digestifs.
Indications
Le
premier
avis
de
la
commission
de
transparence
a
été
donné
le
9
janvier
2002
[22].
L’AMM
date
du
11
septembre
2001.
Selon
cet
avis,
la
mitomycine
C
entrait
dans
le
cadre
d’un
traitement
à
visée
curative
des
tumeurs
pTa
pT1
de
vessie
et
à
visée
préventive
des
récidives
après
résection
transurétrale.
Le
rapport
efficacité/effets
indésirables
était
jugé
important.
Il
s’agit
d’un
traitement
de
première
inten-
tion
pour
lequel
il
existe
des
alternatives
médicamenteuses.
Le
niveau
de
SMR
de
ce
produit
est
estimé
important
et
l’ASMR
est
évaluée
mineure
(niveau
IV).
La
prescription
ini-
tiale
est
hospitalière
(6
mois)
et
le
renouvellement
réservé
aux
spécialistes
en
urologie
ou
en
oncologie
médicale.
Deux
autres
avis
de
la
commission
de
transparence
ont
depuis
été
émis,
le
dernier
daté
du
15
décembre
2010
[23,24].
Le
service
médical
rendu
reste
important
dans
les
indications
de
l’AMM.
Les
indications
de
la
mitomycine
C
sont
stipu-
lées
comme
suit
:
pour
les
tumeurs
de
stade
Ta
et
T1
et
les
carcinomes
in
situ,
le
traitement
conservateur
repose
sur
une
résection
endoscopique
complète
puis,
en
l’absence
de
contre-indication,
d’une
instillation
postopératoire
précoce
(IPOP)
d’Amétycine®pour
les
tumeurs
superficielles
en
évi-
tant
les
tumeurs
dont
le
diamètre
excède
3
cm.
L’IPOP
vise
à
réduire
le
risque
de
récidive
précoce
liée
à
la
greffe
de
cellules
tumorales,
libérées
lors
de
la
résection.
Elle
est
réa-
lisée
dans
les
24
heures
qui
suivent
la
résection.
En
fonction
du
risque
attribué
à
la
tumeur,
la
prise
en
charge
sera
ensuite
la
suivante
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