Lutter contre les changements climatiques

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fight
against
climate
blindness
Table des matières
1. Mot de Rudy De Leuuw et Anne Demelenne
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2. Introduction
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3. Dérèglements climatiques, une réalité qui nous concerne tous, aujourd’hui et demain
7
4. Changements climatiques: un combat syndical
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4.1.1. Positions de la FGTB
12
4.1.2. Acquis de l’action de la FGTB
14
4.1.2.1. La FGTB fédérale
14
4.1.2.2. La FGTB wallonne 18
4.1.2.3. La FGTB flamande 22
4.1.2.4. La FGTB Bruxelles 26
2
4.1. La FGTB, au cœur de l’action
4.2. Positions et revendications de la Confédération syndicale internationale
4.3. Positions et revendications de la Confédération européenne des syndicats
30
31
5. Et demain? Revendications de la FGTB
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6. Conclusion 37
1. Mot du Président et
de la Secrétaire générale
Le syndicalisme n’est pas simplement l’organisation d’un rapport de force entre travailleurs et employeurs. L’opinion
publique a souvent le sentiment que l’action des syndicats se limite à défendre les acquis des travailleurs, des allocataires
sociaux et des plus défavorisés. Mais elle va bien au-delà.
L’action de la FGTB repose avant tout sur un projet de société plus égalitaire, plus harmonieuse, plus solidaire, qui
cherche l’intérêt général.
Or, les dangers liés aux dérèglements climatiques, qui touchent souvent les plus fragilisés d’entre nous, mettent en péril
ce projet de société plus égalitaire. C’est pourquoi la FGTB fait de la lutte contre les dérèglements climatiques une de
ses priorités d’action.
Un processus naturel aux conséquences éminement sociales est enclenché. Et il ne fera qu’augmenter dans les années
à venir.
Les causes sont dues aux activités humaines principalement dans nos pays dits « développés », basés sur le modèle
capitaliste de sur-productivisme et de sur-consumérisme.
L’économie de marché est en effet responsable de ces dérèglements car elle est basée sur la concurrence et
l’accumulation. Les décisions de production ne sont pas prises en fonction de leur utilité sociale et de l’écologie, mais
des seuls profits à courts termes.
Pour la FGTB, il faut oser remettre en question un modèle qui est arrivé au bout de ses incohérences.
Il importe aussi d’éviter que les pays en développement succombent à l’appel des sirènes du tout au profit et reproduisent
ce schéma en faillite. En outre, étant donné le caractère non soutenable de notre développement économique, de nos
comportements, de nos manières d’appréhender notre rapport à la nature, notre société ne peut être considérée comme
un modèle qui assure le bien être des populations.
Ainsi, la lutte contre la dégradation environnementale et les changements climatiques doit être menée à bien en tenant
pleinement compte de l’objectif syndical: atteindre la justice sociale, par le travail décent et l’égalité de genre.
Cette justice sociale ne pourra être rencontrée que dans le cadre d’une stratégie de transition socialement juste. Il s’agit
de passer de nos modes actuels de productions et de consommations à une alternative durable à faibles émissions de
carbone.
Pour la FGTB, mettre en concurrence le social et l’environnement serait la pire des erreurs. En effet, les trois piliers du
développement durable (économie – environnement – social), constituent un équilibre non exclusif, avec l’environnemental
comme base, l’économique comme moyen et, surtout, le social comme but.
Les changements climatiques, dont les conséquences sont sources d’inégalités majeures, menacent les droits humains.A
ce titre, ils expliquent et légitimisent résolument le combat syndical.
Anne DEMELENNE
Secrétaire générale
Rudy DE LEEUW
Président
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2. Introduction
La présente brochure développe quatre parties:
• La première partie essaye de démontrer à quel point les changements climatiques nous concernent tous,
mais touchent surtout les plus fragiles d’entre nous. Elle tente également de couper l’herbe sous le pied
des quelques désormais rares climatologues sceptiques, qui continuent à nier l’évidence des dérèglements
climatiques.
• Le second volet démontre à quel point la problématique des changements climatiques est éminemment
syndicale, par les inégalités qu’elle engendre, les tensions qu’elle provoque, les changements de modèle de
société que ses réponses appellent.
• Le troisième aspect développé plus loin veut montrer comment la FGTB a fait de ce combat une priorité dans
son action au quotidien. Cela vaut pour le niveau fédéral de l’organisation mais aussi pour ses ailes régionales.
Cette préoccupation climatique est aussi portée au sein de la Confédération syndicale internationale (CSI) et
de la Confédération européenne des syndicats (CES).
• Enfin, le dernier volet a pour objectif de dresser la liste des revendications que la FGTB portera dans les
semaines à venir, notamment dans le cadre des négociations au sein des Nations Unies, mais aussi au niveau
belge.
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6
3. Dérèglements climatiques
une réalité qui nous concerne tous,
aujourd’hui et demain
Les dérèglements climatiques sont une réalité. On lutte désormais contre leur accélération exponentielle et ses
multiples conséquences.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (le GIEC)1 est unanime: la température de la Terre a
déjà augmenté de 0,74°C depuis la fin des années 1800.
A première vue, ce réchauffement ne paraît pas important. Il intervient pourtant à une vitesse telle qu’il n’a pas
d’équivalent depuis plus de 10.000 ans.
Le tableau ci-dessous reprend l’augmentation des températures durant ces mille dernières années2.
Les mêmes experts du GIEC affirment que la responsabilité des activités humaines dans ce processus est avérée,
en tout cas pour ce qui est des cinquante dernières années. Selon le GIEC, une augmentation supérieure à 2°C de la
température de la terre aura des conséquences irrémédiables.
Les conséquences environnementales
Dans le Nord de l’Europe, les précipitations se sont accrues de 10 à 40%, alors qu’au Sud la sécheresse a crû de 20%.
Le niveau des mers monte tandis que la banquise s’amincit et que les glaciers reculent en altitude. Une recrudescence
des raz de marée, inondations, tempêtes, glissements de terrain et incendies de forêts est prévisible dans l’ensemble
du continent européen.
En ce qui concerne l’impact sur les côtes belges, il est prévu une augmentation du niveau des océans de 14 à 93
centimètres. Même dans l’hypothèse d’une réduction radicale des émissions de gaz à effet de serre, le niveau des
mers continuerait de monter durant les siècles à venir à l’échelle du globe, avec une augmentation de quatre à huit
mètres d’ici l’an 3000, suite à la fonte des glaces continentales et à la dilatation des masses d’eau océanique due à
l’accroissement de la température.
1. Composé de près de plus de 2.000 experts en climatologie à travers le monde et chargé par les Nations Unies d’étudier la question des changements
climatiques.
2. Source: GIEC, Technical Summary, pages 28-29.
7
Les conséquences économiques
L’ancien économiste en chef de la banque mondiale, Nicholas Stern a, avec son équipe, et à la demande du gouvernement
britannique, analysé les coûts des changements climatiques. Le rapport sorti en novembre 20063 a démontré qu’en
l’absence de mesures, le PIB mondial reculerait de 5% à 20% par an dans le pire des cas. A titre de comparaison, en
2009, en pleine crise financière, le PIB européen a reculé de 5.8%.
Les conséquences sociales
Quand la terre chauffe, la fièvre frappe d’abord les plus démunis:
• 262 millions de personnes ont été annuellement affectés par des désastres climatiques sur la période allant de
2000 à 2004. Avec toutes les conséquences que cela a sur les flux migratoires. Plus de 98% d’entre elles vivent
dans des pays en développement;
• on estime que près d’un milliard de personnes se verront obligées de quitter leur domicile d’ici 2050 en raison
des changements climatiques, de la dégradation environnementale et des conflits qui en résultent, les femmes
étant affectées au premier chef;
• l’ouragan Katrina a démontré à quel point, même dans l’hémisphère Nord, les structures sociales et économiques
sont vulnérables par rapport à la nature et à quel point les humains sont fragiles et inégaux face aux conséquences
directes des dérèglements climatiques;
• la désertification continue à avancer et menace les moyens de subsistance d’un milliard de personnes4.
Alors bien entendu, les pays du Sud (Bangladesh, Inde, Madagascar, Mozambique, …) sont les premiers concernés par les
conséquences des changements climatiques, mais nos contrées ne seront pas épargnées non plus:
• impact sur la santé avec l’augmentation des décès dus aux vagues de chaleur (20.000 à 30.000 décès dans nos
contrées suite à la vague de chaleur de 2003), apparition de nouvelles maladies (malaria par exemple) ou encore
augmentation de maladies telle que celle de Lyme5;
•augmentation des prix, en particulier ceux de l’énergie due à l’exploitation et à la raréfaction des matières
premières;
• diminution du pouvoir d’achat des plus défavorisés liée à l’augmentation des prix des matières premières;
• risques de délocalisations;
•...
D’après un rapport de l’OCDE, co-rédigé par des experts issus des milieux universitaires et du secteur privé, les
changements climatiques et l’urbanisation pourraient entraîner un triplement du nombre de personnes exposées à des
inondations côtières dans le monde d’ici 20706.
Cela signifie donc que 150 millions de personnes environ pourraient être exposées à des inondations côtières d’ici à
2070, contre 40 millions actuellement. L’impact financier passerait quant à lui à 35 000 milliards USD d’ici 2070, contre
3.000 milliards aujourd’hui.
3. Stern Review Report on the Economics of Climate Change, 2006. http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/+/http://www.hm-treasury.gov.uk/stern_
review_report.htm
4. Discours d’Achim Steiner, directeur du Programme des Nations Unies pour l’environnement, 17 juin 2010.
5. Maladie bactérienne véhiculée par les tiques qui peut à terme directement ou indirectement affecter la plupart des organes humains, de manière
aiguë et/ou chronique avec des effets différents selon les organes et les patients, et finalement conduire à des handicaps physiques et mentaux.
6. Source: Ranking port cities with high exposure and vulnerability to climate extremes, Nicholls et al. 2007, OECD, Paris.
8
Tableau: Les 15 pays dont la population sera la plus affectée par les changements en 2070.
L’impact des dérèglements climatiques sur la disponibilité et la qualité de l’eau intensifiera les problèmes actuels de
gestion de l’eau et requiert également des investissements considérables. Par exemple, la diminution des ressources en
eau augmente le chômage, qui, à son tour, contribue aux flux migratoires qui vide les campagnes de leur main d’œuvre
et aggrave la crise économique des zones rurales.
Le schéma ci-dessous donne un aperçu des conséquences des changements climatiques en fonction de l’évolution des
températures.
Tableau: Projection des impacts du changement climatique7.
7. Sources: Revue Stern, 2008, http://grida.no/publications/rr/food%2Dcrisis/
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10
4. Changements climatiques
un combat syndical
Toutes les activités humaines (industrie, transports, logement, services, …) ont un impact important sur les émissions
de gaz à effet de serre, et donc sur le climat.
Les travailleurs et leurs familles contribuent donc aux émissions de gaz à effet de serre: via leurs déplacements, leurs
systèmes de chauffage ou leurs activités professionnelles.
Ils souffrent également des pertes de qualité de vie liées aux nuisances sonores, à la pollution liée au trafic, …
Le travailleur est un double acteur dans la lutte contre les dérèglements climatiques. Il est à la fois acteur de production
et acteur de consommation:
• Acteur de production. C’est lui qui connait le mieux l’outil de travail, il doit pouvoir à ce titre faire part de cette
expérience pour rendre les modes de production plus durable.
•Acteur de consommation. Le travailleur est consommateur. Ses modes et ses choix de consommation ont
également une influence importante dans la lutte contre les dérèglements climatiques.
Pour le monde syndical, le changement climatique soulève d’importantes questions liées à l’emploi, à la justice sociale,
à l’équité et aux droits de l’homme. Des questions qui traversent les frontières et les générations.
Dans certains secteurs, l’emploi est mis en opposition avec l’environnement. La crainte existe dans le monde du travail
de perdre son emploi sous couvert de protection de l’environnement. Tout l’enjeu pour la FGTB est de parvenir à
concilier préservation de l’environnement et du climat tout en préservant l’emploi de qualité. Pour la FGTB, traiter de
l’environnement et du climat, c’est traiter de ses répercussions sociétales et syndicales.
Une étude réalisée par un consortium composé de: Syndex, la Confédération Euorpéenne des Syndicats, , la SDA, les
instituts allemand Wuppertal institute et espagnol Istas, conclut globalement que même un changement climatique
modéré affectera l’activité économique et l’emploi en Europe8. Certaines régions et secteurs économiques sont
particulièrement vulnérables.
Les mesures permettant à l’Union européenne de réduire ses émissions de CO2 d’environ 40% en 2030 ne détruisent
pas d’emplois globalement mais induisent des modifications substantielles de l’offre et de la demande d’emplois et
de qualifications au sein et entre les secteurs: de la production d’énergie, du transport, des industries de l’acier et du
ciment, du bâtiment/construction.
L’enjeu est donc double: il s’agit de stabiliser le climat, tout en garantissant la protection des travailleurs.
Au rang des défis rencontrés par les syndicats dans la lutte contre les changements climatiques, il faut épingler:
• la reconversion des travailleurs. Elle passera par une révision de nos modes de consommation et de production,
par une réduction du temps de travail (avec baisse des cadences et embauche compensatoire), par une extension
radicale du secteur public dans le logement et les transports;
• la hausse de l’efficacité énergétique9 et le passage aux énergies renouvelables et durables (ils doivent être
planifiés et réalisés);
• l’énergie, qui doit être placée sous statut public. Et ne plus se trouver aux mains de monopoles financiers;
• la recherche, qui doit être refinancée et libérée de la tutelle de l’industrie;
• une revalorisation du rôle des services publics dans la cohésion sociale ainsi que davantage de poids à rendre à
l’Etat;
• l’importance du dialogue social, qui réclame que le monde du travail soit associé à l’ensemble des décisions.
8. http://www.etuc.org/a/3675
9. L’efficacité énergétique vise à minimiser la consommation d’énergie pour un service rendu identique. Elle a pour but une réduction de l’énergie consommée. Cela permet de réduire les coûts écologiques, économiques et sociaux liés à la production et à la consommation d’énergie
11
Les dérèglements climatiques ajoutent des barrières supplémentaires au développement. Ils aggravent des situations
économiques et sociales déjà critiques. Ils contribuent donc de la sorte au cercle vicieux de la pauvreté. Il est fondamental
que les syndicats apportent leurs réponses et proposent leur modèle de société. Parce que l’urgence climatique l’impose.
Mais aussi parce que, sinon, d’autres s’en chargeront à leur place, au détriment des travailleurs.
4.1. La FGTB au cœur de l’action
4.1.1. Positions de la FGTB
La FGTB a fait du changement climatique une de ses priorités d’action, comme cela a été rappelé lors du Congrès
statutaire de juin 2010. Le climat, c’est aussi notre affaire, celle de nos 1.500.000 affiliés et des citoyens, car nous avons
les deux pieds sur terre et les deux mains plongées dans la réalité. Nous connaissons bien notre terrain d’action, à savoir
le monde du travail.
Pour la FGTB, les raisons de la crise climatique sont à rechercher dans la faillite d’un modèle.
La crise financière et climatique, et la crise sociale qui en résulte, trouvent leur origine dans les effets pervers d’une
société dominée par l’idéologie capitaliste non régulée.
Le modèle capitaliste est arrivé au bout de ses incohérences et de sa logique des « marchés ». Même un économiste tel
que Nicolas Stern10 reconnaît que le changement climatique « est un échec sans précédent du marché ».
Le modèle capitaliste, dans le « sur productivisme » et le « sur consumérisme » qu’il entraîne, est la cause du renforcement
des changements climatiques.
L’économie de marché est responsable du réchauffement parce qu’elle est basée sur la concurrence et l’accumulation à
court terme. Les décisions de production ne sont pas prises en fonction de leur utilité sociale et de l’écologie, mais en
fonction des profits, à court terme.
C’est pourquoi, pour la FGTB, les réponses à la crise climatique sont à trouver dans un changement radical de modèle. Il
est essentiel de tendre désormais vers un modèle durable, juste et solidaire.
L’emploi, le revenu, la redistribution des richesses, le pouvoir d’achat, l’égalité des genres, la cohésion sociale et la lutte
contre la pauvreté doivent être au cœur des stratégies de lutte contre les changements climatiques.
La mise en œuvre de mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques doit s’opérer dans une logique
de justice sociale.
Dés lors, nous réclamons une transition juste vers une économie pauvre en émission de carbone !
La transition juste est une revendication portée par le mouvement syndical au niveau international (via la Confédération
syndicale internationale), européen (via la Confédération européenne des syndicats) et, bien entendu, belge.
Elle vise à assurer un cheminement progressif vers une société plus durable, tournée vers une économie plus
respectueuse de l’environnement, qui doit promouvoir le travail décent.
Le travail décent
Les hommes et les femmes doivent pouvoir accéder à un travail décent et productif dans des conditions de liberté,
d’équité, de sécurité et de dignité humaine.
Le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail - leurs aspirations à accéder à un emploi et à une
juste rémunération, à jouir de droits, de moyens d‘expression et de reconnaissance, de justice et d’égalité entre les sexes.
Ces diverses dimensions du travail décent sont les fondements de la paix dans les communautés et la société. Le travail
décent est au coeur des efforts menés pour éradiquer la pauvreté, il est un moyen de parvenir à un développement
durable, équitable et fédérateur.
(Définition de l’OIT)11
10. Stern Review Report on the Economics of Climate Change. Idem
11. Source: http://www.ilo.org/global/About_the_ILO/Mainpillars/WhatisDecentWork/index.htm
12
Mettre en œuvre des programmes de transition juste implique concrètement:
• d’établir d’importants plans d’investissement pour développer une politique industrielle et économique durable
à long terme en vue de maintenir et de créer de l’emploi décent;
• de réaliser des études nationales, régionales et sectorielles sur les mesures liées à la lutte contre les dérèglements
climatiques. L’impact de ces politiques sur l’emploi et les marchés du travail doit être systématiquement analysé,
en concertation avec les interlocuteurs sociaux;
•de protéger celles et ceux qui travaillent dans des secteurs à risque. Cette transition doit comprendre des
politiques pour promouvoir des technologies propres et économes, le développement d’un entrepreneuriat
socialement responsable, tout en assurant la création de perspectives d’emplois alternatifs et la diversification
économique;
• d’obtenir un engagement des gouvernements à consulter et encourager la participation officielle des syndicats.
Cette implication des syndicats est essentielle pour assurer une transition efficace et effective vers une société
durable prenant en compte l’intérêt des travailleurs;
•de mettre sur pied et de renforcer des programmes d’apprentissage des technologies dites « propres » à
destination des étudiants et des travailleurs (via la formation);
• d’assurer une protection sociale forte. Le sentiment de vulnérabilité constitue une source légitime de réticence
aux changements. Il faut assurer la protection des travailleurs.
Par ailleurs, une transition juste offre l’opportunité de faire disparaître des inégalités entre femmes et hommes, a fortiori
au travail. Cette transition pourrait être l’opportunité d’assurer, pour les femmes comme pour les hommes, une meilleure
conciliation entre vie privée et vie professionnelle.
Il faudra aussi maintenir les emplois dans les secteurs à haute consommation en énergie. Nous devons en effet nous
assurer que la transition vers un autre modèle de croissance aille de pair avec le maintien du volume de l’emploi.
La promotion d’emplois décents et verts, le développement de l’innovation, la pérennité de systèmes de protection
sociale et le déploiement de technologies à faibles émissions de carbone seront essentiels pour garantir la réduction
des émissions de gaz à effet de serre.
Un rapport publié par le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation internationale
du travail (OIT), la Confédération syndicale internationale (CSI) et l’Organisation internationale des employeurs (OIE)
intitulé « Green jobs: towards decent work in a sustainable, low carbon economy »12 (« Emplois verts: vers un travail
décent dans un monde durable et à faible production en carbone ») nous offre un regard global sur les opportunités et
les défis pour avoir des emplois plus verts.
Les conclusions du document insistent sur le fait qu’il existe déjà plusieurs millions d’emplois verts dans les pays
industrialisés, émergents et en développement.
Le rapport recense un potentiel de 2,3 millions d’emplois dans le secteur des énergies renouvelables et environ 4 millions
d’emplois verts directs dans le domaine de l’amélioration de l’efficience énergétique des bâtiments aux Etats-Unis et
dans l’UE. Il souligne aussi les opportunités considérables de création d’emplois verts dans le secteur des transports.
Pour la FGTB, un processus de transition équitable réussi offre donc un énorme potentiel de création d’emplois verts et
de travail décent.
Il fournirait de nouvelles possibilités d’emplois verts afin d’anticiper les éventuelles pertes de l’activité économique,
d’emploi et de revenus dans certains secteurs et régions et de protéger les plus vulnérables.
12. Le rapport définit les « emplois verts » comme des emplois qui réduisent l’impact environnemental des entreprises et des secteurs économiques (à
terme, à des niveaux qui sont durables). Les « emplois verts » sont ceux en agriculture, dans l’industrie, les services et l’administration qui contribuent à la
préservation ou à la restauration de la qualité de l’environnement. Les emplois verts se retrouvent dans de nombreux secteurs de l’économie (de l’énergie
au recyclage en passant par l’agriculture, le bâtiment et le transport). Ils contribuent à réduire la consommation en énergie, en matières premières et en
eau à travers des stratégies à haute efficacité, « dé-carboniser » l’économie et réduire les émissions de GES, pour minimiser (ou éviter complètement)
toutes formes de déchets ou de pollution, et pour protéger et restaurer les écosystèmes et la biodiversité.
13
4.1.2. Acquis de l’action de la FGTB
L’action de la FGTB dans la lutte contre les changements climatiques se situe à plusieurs niveaux:
• la FGTB exerce une influence sur les questions de politique climatique aux différents niveaux de concertation où
elle a une tribune ou des représentants;
• la FGTB, en tant qu’organisation de masse, joue également un rôle didactique.
Dans ce cadre, elle mène campagne auprès de ses membres pour les sensibiliser à cette problématique du développement
durable et des changements climatiques.
Elle s’attèle également à traduire en revendications concrètes l’aspiration générale à une meilleure qualité de vie, y
compris (voire surtout) pour les générations futures qui hériteront de notre planète.
4.1.2.1. La FGTB Fédérale
Sur la scène internationale
La FGTB s’est montrée très active sur la thématique du changement climatique, tant au niveau fédéral qu’au niveau
international. Elle a poursuivi sa participation aux activités croissantes du groupe de travail développement durable de
la Confédération européenne des syndicats (CES) et du groupe de travail de la Confédération syndicale internationale
(CSI) en la matière.
Depuis fin 2008, la CSI est reconnue comme observateur officiel et est à ce titre partie prenante des négociations.
La FGTB participe activement depuis quelques années aux réunions de l’ONU visant à conclure un accord contraignant
pour la période qui suivra celle du Protocole de Kyoto (notamment à Bali, à Poznan et à Bonn). Pour rappel, ce protocole
fixe les objectifs de réductions d’émissions de CO2 au niveau mondial pour la période 2008-2012 et vient à échéance
fin 2012, raison pour laquelle il est impératif d’élaborer un nouvel accord pour l’avenir.
Si Copenhague a été un échec, la conférence des Nations Unies sur le climat de l’année suivante, en 2010 à Cancun,
s’est, elle, conclue sur double succès: non seulement le processus de négociation sur le climat a été relancé (il était dans
le coma suite au Sommet de Copenhague) mais la revendication syndicale d’assurer une transition juste vers une société
pauvre en carbone a été intégrée dans l’accord. C’est une grande victoire pour le mouvement syndical, et la FGTB y a
grandement contribué.
http://www.ituc-csi.org/climate-change.html
Au niveau européen
La FGTB participe activement à l’élaboration de stratégies et de revendications de la Confédération européenne des
syndicats (CES), notamment en matière de développement durable et de politiques climatiques.
• En ce qui concerne les politiques climatiques, l’ambition du mouvement syndical européen est de contribuer à
ce que soient rencontrés, notamment au travers des politiques industrielles, à la fois les défis du changement
climatique et de la crise économique, tout en réduisant les inégalités sociales. C’est dans cet esprit que la CES a
élaboré ses revendications: lancer une initiative européenne pour une croissance durable;
• donner la priorité à l’efficacité énergétique (dans le secteur du logement et celui des industries);
• mettre en place de nouvelles politiques industrielles européennes durables;
• mettre en place des mesures pour éviter les conséquences sociales négatives de la hausse des prix de l’énergie,
la priorité étant de réduire les besoins énergétiques, notamment en investissant dans l’efficience énergétique
des logements à caractère social et la fourniture d’alternatives économes en énergie et peu coûteuses;
• assurer à tous les Européens l’accès universel aux services énergétiques essentiels, notamment par le biais de
tarifs sociaux de l’énergie. C’était une demande de la FGTB qui a été reprise par le mouvement syndical européen.
http://www.etuc.org/r/749
14
15
La mobilisation
En 2009, une forte délégation FGTB était présente à Copenhague: près de 85 personnes au total, dont plus de 25
jeunes, des délégués, des secrétaires fédéraux et régionaux. Cette délégation a pris part à la manifestation en faveur du
Climat organisée le 12 décembre à Copenhague et qui a rassemblé plus de 100.000 personnes.
Depuis 2008, la FGTB est également membre de la Coalition climat
La Coalition climat est une plate-forme qui rassemble, outre les trois syndicats belges, quelque 80 associations (de
développement, de protection de l’environnement, …).
Elle a pour objectif d’organiser la mobilisation citoyenne autour de la question climatique et de faire comprendre
aux responsables politiques l’importance de lutter contre les changements climatiques, notamment en assurant une
transition juste pour les travailleurs et pour les plus démunis.
Le 29 aout 2009, plus de 12.000 participants ont répondu à l’appel de Nick Balthazar et la Coalition Climat et sont venus
danser pour le climat sur la plage d’Ostende. Un vidéo-clip The Big Ask, intitulé ‘Dance for the Climate’, a été réalisé.
Le clip a été traduit en une vingtaine de langues (Bulgare, Hindi, Portugais, Chinois, …).
A la veille de la conférence de Copenhague (décembre 2009),
la Coalition climat a organisé une manifestation à Bruxelles qui
a rassemblé près de 15.000 personnes, dont une délégation
de la FGTB.
En 2010, la Coalition a organisé à la veille de la conférence de
Cancun une action « Chantons pour le Climat » ainsi qu’une
manifestation à Bruxelles.
En 2011, la mobilisation de la Coalition s’organise autour de
« En route pour Durban, 20.000 km pour sauver le climat »:
manifestation, séminaire sur la transition juste ont été
organisés.
http://www.coalitionclimat.be
Les victoires « belges »
Outre l’intégration dans l’accord de Cancun de la transition juste, la FGTB mène également le combat en Belgique.
Dés 2004, la FGTB en appelait à la mise sur pied d’une Alliance emploi-environnement, à l’instar de ce qui s’est fait en
Allemagne sous l’impulsion du DGB, le syndicat allemand (objectif de rénover 300.000 habitations et de créer 200.000
emplois). Pour financer cette Alliance emploi-environnement, la FGTB demandait, entre autres, la création d’un prêt à
taux zéro pour les particuliers.
Cette revendication s’est matérialisée par la création du Fonds de réduction du coût global de l’énergie (FRCE): 150
millions d’euros disponibles (sous forme d’obligations) pour octroyer des prêts à des particuliers à tarifs préférentiels
en vue de financer des travaux économiseurs d’énergie. Ce fonds cible en priorité les ménages les plus démunis.
Le FRCE existe depuis 2006. Il a connu à la fois des problèmes de visibilités et de mise en œuvre pratique sur le terrain.
Fin 2009, neuf entités locales ont conclu des accords de partenariats avec ce fonds. Les trois accords de Gouvernement
au niveau régional prévoient le recours au dispositif FRCE.
La FGTB a également été une des premières à exiger une contribution des producteurs d’énergie nucléaire, qui dégagent
des bénéfices substantiels puisque certaines centrales nucléaires sont déjà amorties. Selon la FGTB, le montant des
bénéfices engrangés s’élève à plus 1 milliard d’€ par an ! Ce montant, indu, doit servir à soulager la facture énergétique
des ménages (qui ont financé les centrales nucléaires) et à investir dans des programmes d’amélioration de l’efficacité
énergétique des bâtiments et de réduction des émissions de CO2. Le gouvernement fédéral a, en partie, entendu cette
revendication et a imposé une taxe de 250 millions aux producteurs d’énergie nucléaire (pour 2008 et 2009). Depuis
2010, une taxe est également perçue, son montant est déterminé par un comité de suivi, composé des interlocuteurs
sociaux, des producteurs d’électricité et de la Banque Nationale.
La FGTB est membre du comité technique portant sur les mécanismes de flexibilité du Protocole de Kyoto13.
13. Principe: les pays industrialisés payent pour des projets qui réduisent ou évitent des émissions dans des nations moins riches et sont récompensés par
l’octroi de crédits pouvant être utilisés pour atteindre leurs propres objectifs de réduction d’émissions. En contrepartie, les pays receveurs bénéficient
gratuitement de technologies avancées qui permettent à leurs usines ou leurs installations générant de l’électricité d’opérer de manière plus efficace d’un
point de vue énergétique.
16
Ce Comité se réunit pour identifier des projets dans des pays en développement pouvant être conclu dans le cadre de
ces mécanismes de flexibilité. Grâce à l’action de la FGTB (et de la CSC) des critères de qualité sociale, en plus de ceux
environnementaux, ont été intégrés pour opérer la sélection de ces projets.
La liste des critères repose sur:
•le respect des principes des lignes directrices de l’OCDE pour les multinationales, les huit conventions
fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT)14, ainsi que la Convention 155 relative à la santé
et la sécurité au travail et la Convention 169 relative aux populations indigènes et tribales;
• la durabilité sociale, qui comprend l’emploi (nombre d’emplois créés, développement des compétences, qualité de
l’emploi), l’équité et l’accès aux services publics essentiels dont les services énergétiques;
• l’implication des organisations syndicales dans la procédure d’approbation des projets.
L’action au sein des conseils consultatifs
Au sein du Conseil fédéral du développement durable (CFDD), la FGTB a aussi participé à plusieurs avis en lien avec les
politiques climatiques, où elle a insisté, comme toujours, sur la dimension sociale. Un avis a été rédigé en mars 2009
sur le rapport d’évaluation du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (le GIEC). Ce rapport
recommande, entre autres, de limiter l’augmentation de la température mondiale de maximum 2°C. Dans son avis, le
CFDD soutient les recommandations de ce rapport d’évaluation. En vue du Sommet climatique de Copenhague, le CFDD,
avec la participation active de la FGTB, a présenté au Ministre du climat du Gouvernement fédéral ses revendications
en matière de lutte contre le changement climatique. La FGTB, avec les autres organisations syndicales, n’a pas manqué
d’insister sur l’importance de développer une transition juste pour les travailleurs vers une société bas carbone.
Enfin, la FGTB a également participé à la rédaction d’un avis sur un verdissement de la fiscalité dans le cadre du
développement durable, reprenant dix critères dans lequel ce verdissement devrait s’opérer.
Depuis 2006, la FGTB a ainsi collaboré à l’élaboration d’une quarantaine d’avis du CFDD dans lesquels des avancées
ont pu être engrangées d’un point de vue syndical, portant sur la stratégie de développement durable, sur la politique
énergétique en lien avec le climat, sur les normes et politiques de produits, sur la recherche et les indicateurs en matière
de développement durable, sur les relations internationales en matière de développement durable, …
http://www.cfdd.be
Au Conseil central de l’économie, la FGTB a participé aux travaux sur la demande d’avis de la Ministre Milquet sur les
conditions propices à l’émergence des emplois verts, sur les questions relatives aux restructurations, aux nouvelles
compétences requises, aux besoins de formation continue, aux répercussions santé/sécurité, aux pénuries d’emploi
dans les filières vertes et à l’intégration de cette thématique dans la stratégie de Lisbonne post 2010.
Un premier avis sur le sujet a été remis en juillet 2009. Cet avis définissait un cadre général et fixait un cadre de travail.
Les travaux ont repris ensuite et un second avis avec des lignes directrices, notamment sur l’importance de la formation
et de l’innovation, a été remis en mars 2010.
La FGTB s’est prononcée dans cet avis pour une définition large du concept d’emploi vert: un concept « qui englobe
tous les nouveaux emplois dans un secteur dont l’empreinte écologique est inférieure à la moyenne, qui contribue
à l’amélioration des performances globales, même si ce n’est que d’une façon marginale ». Par ailleurs, « plutôt que
remplacer les emplois existants par des emplois verts complètement différents, c’est le contenu des emplois, la façon
dont on travaille, et les aptitudes des travailleurs qui vont devoir changer »15.
14. - La convention (nº 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948;
- La convention (nº 98) sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949;
- La convention (nº 29) sur le travail forcé, 1930;
- La convention (nº 105) sur l’abolition du travail forcé, 1957;
- La convention (nº 138) sur l’âge minimum, 1973;
- La convention (nº 182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999;
- La convention (nº 100) sur l’égalité de rémunération, 1951;
- La convention (nº 111) concernant la discrimination (emploi et profession), 1958.
15. « Green Jobs:Towards Decent Work in a Sustainable, Low-Carbon World ».Rapport conjoint Programme des Nations Unies pour l’environnement(PNUE),
l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’Organisation internationale des employeurs, (OIE) et la Confédération syndicale internationale (CSI).2008.
17
Le § 8 de ce second avis résume à lui seul toute la philosophie de l’avis: « Les Conseils soulignent que, pour être
pleinement réussie, une telle évolution postule, d’une part, l’existence d’entreprises économiquement compétitives et,
d’autre part, une transition socialement juste. Ce n’est que si les entreprises sont compétitives et qu’elles peuvent agir
dans un environnement international sainement concurrentiel qu’elles seront en mesure d’opérer leur indispensable
mutation écologique. Par ailleurs, ce n’est que si, dans le cadre du système de protection sociale existant qui est le
nôtre, les travailleurs se préparent, en même temps, correctement aux changements professionnels imposés par les
technologies et les processus propres que cette mutation sera socialement acceptée »16.
http://www.ccecrb.fgov.be/
4.1.2.2. La FGTB wallonne
Introduction
La transition juste a fait l’objet d’un engagement historique pour la FGTB wallonne lors de son congrès statutaire des
11 et 12 mai 2010. Il s’agit maintenant de l’opérationnaliser à travers les différentes politiques économiques, sociales,
énergétiques et environnementales mises en œuvre par la Wallonie.
La juste transition passe par le développement des emplois verts, l’amélioration de l’efficience énergétique dans
les transports, l’industrie et le logement ainsi que par le développement de nouvelles sources d’approvisionnement
énergétique par le biais du renouvelable. On parle de « verdissement » de l’économie. Il concerne tous les secteurs - y
compris les secteurs économiques implantés de longue date -, tous les modes de production et tous les emplois.
Des initiatives très concrètes, associant délégations syndicales et directions, montrent le chemin de la transition.
Pour la FGTB wallonne, il s’agit bien d’une transition vers un modèle de développement qui met au cœur de son ambition
les solidarités: entre travailleurs européens, avec les travailleurs du Sud et envers les futurs travailleurs.
Outre la création de comités sectoriels qui travailleraient à la reconversion des travailleurs concernés, la FGTB
wallonne plaide pour la constitution d’un fonds européen de la juste transition économique qui finance la formation des
travailleurs, le développement de nouvelles technologies propres, l’aide aux entreprises innovantes créatrices d’emplois,
l’apprentissage de nouveaux métiers, …
Ce fonds serait alimenté par une taxe carbone perçue aux frontières de l’Europe, qui toucherait principalement les pays
ne respectant pas le même niveau d’exigence. Il serait assorti d’un droit de tirage bénéficiant aux Etats ou aux régions,
moyennant la présentation de projets économiques plus respectueux de l’environnement. Une partie de cette taxe
devrait également alimenter le fonds de convergence sociale et écologique en faveur des pays du Sud.
La FGTB wallonne a, par ailleurs, développé des positions politiques concrètes, orienté un certain nombre d’initiatives
politiques dans une voie à la fois plus sociale et plus verte et mis en place, depuis de nombreuses années déjà, des outils
de formation et de sensibilisation des représentants des travailleurs et de ses militants.
La cellule RISE
RISE, le Réseau intersyndical de sensibilisation à l’environnement17, a été créé conjointement par la FGTB et la CSC pour
venir en appui aux délégués syndicaux sur les questions environnementales.
Soutenu par la Région wallonne depuis 1996, RISE est un important dispositif d’accompagnement des représentants
des travailleurs sur des thèmes tels que les déchets, les économies d’énergie, le climat, l’éco-consommation ou encore
la gestion environnementale des entreprises. Autant d’engagements syndicaux essentiels pour améliorer les conditions
de travail et assurer le bien-être des générations actuelles et futures.
Les activités menées par RISE visent à stimuler la concertation sociale en environnement dans les entreprises, à
renforcer la capacité d’intervention des délégués syndicaux sur ces questions et à sensibiliser les travailleurs et leurs
représentants à l’environnement.
Pour ce faire, différents outils ont été développés pour rencontrer ces objectifs parmi lesquels: des formations
destinées aux représentants syndicaux en entreprise, des émissions TV, une journée d’étude en 2010 sur l’emploi et
l’environnement, un forum intersyndical en 2008 sur les enjeux croisés de l’emploi et du changement climatique, des
expériences-pilotes dans différentes entreprises ou dans des sous-secteurs, la publication de brochures thématiques, la
mise en ligne d’une lettre d’information électronique, etc.
16. Cf http://www.ccecrb.fgov.be/txt/fr/doc10-470.pdf (en français).
17. www.rise.be
18
19
La cellule Mobilité
Une politique de mobilité s’inscrit à part entière dans celle de la transition juste car elle doit se fonder sur les principes
d’équité, d’accessibilité, de sécurité et de prévention contre les pollutions.
La poursuite d’une politique de mobilité du « tout à la route », développée au cours des années 60 et 70, conduit à une
impasse sur tous les fronts du développement durable. Pourtant, la route continue à gagner des parts de marché: une
réorientation des choix modaux s’impose d’urgence.
La problématique du déplacement des travailleurs entre le domicile et le lieu de travail constitue un des leviers sur
lesquels il convient d’agir. Les syndicats se veulent porteurs de projets et d’actions visant à développer des plans de
transports d’entreprises et/ou de zones d’activités.
On est donc bien devant un réel défi pour les organisations syndicales. Elles doivent apporter des éléments de réponses
dans une perspective de concertation sociale, en permettant de tenir réellement compte des besoins et des aspirations
des travailleurs et en allégeant les contraintes liées à la mobilité, avec la possibilité réelle d’utiliser d’autres modes de
transports.
C’est dans cette optique que la FGTB wallonne s’est dotée, depuis 2002, en collaboration avec le CEPAG18 (Centre
d’éducation populaire André Genot) et en partenariat avec la CSC wallonne, d’une cellule mobilité, dans le cadre d’une
convention avec la Région wallonne.
Son rôle est de stimuler la concertation et la négociation sociales sur la thématique des déplacements et de renforcer
la capacité d’intervention des délégués syndicaux sur ces questions.
La cellule organise également des formations destinées aux délégués sur le terrain, réalise des publications et un travail
de sensibilisation par le biais de la presse syndicale. Elle prend activement part à l’organisation de la Semaine annuelle
de la mobilité.
Prises de position et acquis de la FGTB wallonne
La FGTB wallonne, en tant que partenaire social, exerce un certain nombre de mandats au niveau de la concertation
sociale wallonne et réalise un important travail de lobbying auprès des décideurs politiques et des élus.
Thierry Bodson, Secrétaire général de la FGTB wallonne assume actuellement la présidence du Conseil économique et
social de la Wallonie (CESW) pour la période 2011-2013. Les analyses et revendications de la FGTB wallonne en matière de
lutte contre le changement climatique et de juste transition sont, par ailleurs, portées dans les différentes commissions
du Conseil dont, plus spécifiquement, les commissions « Energie », « Mobilité – Aménagement du territoire » (MAT), «
Conservation de la nature-Environnement-Ruralité-Agriculture” (CERA) » mais également la commission « Economie,
Investissements, Politiques industrielles et sectorielles, Tourisme et Commerce extérieur », notamment via le débat sur
la fiscalité verte. La FGTB est également membre du Conseil wallon de l’Environnement pour le développement durable
(CWEDD) et de la Commission régionale d’aménagement du territoire (CRAT).
En matière d’énergie et de contribution à l’objectif 20-20-20 défini par l’Union européenne (20% de la consommation
d’énergie en 2020 de source renouvelable, 20% de réduction des émissions de CO2 et 20% d’économie d’énergie),
la FGTB wallonne poursuit une réflexion sur la politique énergétique de la Wallonie dans ses différentes dimensions,
auxquelles elle ajoute celle de la justice sociale.
Le dossier est complexe car il fait intervenir toute une série de dispositifs dont les accords de branche, le système ETS
(Emission trading system) ou les certificats verts.
La FGTB wallonne est particulièrement attentive à ce que les différents mécanismes mis en place soient transparents,
soumis à la concertation sociale et créateurs d’emplois. Elle entend veiller, en effet, à ce que ceux-ci ne créent pas
d’effets d’aubaine pour les entreprises qui utiliseraient l’argent public pour réaliser des investissements de toute façon
programmés ou qui délocaliseraient leurs activités vers des pays où les normes environnementales et sociales sont
moindres au lieu de réduire effectivement leurs émissions polluantes.
Il est clair également que le développement des emplois verts doit s’accompagner d’une politique de formation à ces
nouveaux métiers, tant pour les travailleurs amenés à évoluer ou à se reconvertir qu’au niveau des différentes filières
de l’enseignement.
18. www.cepag.be
20
Lutte contre la précarité énergétique
La FGTB wallonne s’engage également au niveau de la lutte contre la précarité énergétique.
A ce titre, elle assure la vice-présidence du RWADé (Réseau wallon d’accès durable à l’énergie) qui se préoccupe de
trouver des solutions permettant de garantir non seulement l’accès à l’énergie pour tous mais de développer les outils
institutionnels permettant la maîtrise de cet accès. Entre autres actions, le RWAdé a pour mission d’informer les citoyens
afin de renforcer leur capacité de participation aux politiques énergétiques.
La FGTB wallonne et le RWADé réclament en particulier la sortie du système des compteurs à budget. Installés à la
demande d’un fournisseur chez les clients en défaut de paiement, ils permettent au consommateur de prépayer ses
consommations au moyen d’une carte à puce, selon le même principe que les cartes de téléphone. Ce système s’avère,
dans les faits, socialement inefficaces car une grande partie des ménages concernés en viennent à se couper euxmêmes l’électricité. En outre, il représente un coût important, qui est répercuté sur l’ensemble des consommateurs.
Accès des ménages modestes aux mesures de l’Alliance emploi-environnement pour l’amélioration de l’efficacité
énergétique du logement
La FGTB wallonne a également participé activement aux débats relatifs à la première Alliance emploi-environnement
récemment lancée par le Ministre wallon de l’Energie et de l’Environnement, Jean-Marc Nollet, dans le domaine de la
rénovation énergétique des bâtiments.
Les alliances emploi-environnement s’inscrivent dans le cadre du Plan Marshall 2. Vert. Elles visent à:
• soutenir un nouveau modèle de développement économique, durable et solidaire qui constitue une opportunité
en matière d’emploi, de développement économique et de réponse aux défis environnementaux;
• positionner la Wallonie comme un modèle du développement durable au niveau européen, tout en créant des
emplois peu ou pas délocalisables.
Près de la moitié du parc de logements wallon a été construit avant 1945 et nécessite impérativement des investissements
pour en améliorer l’efficacité énergétique. L’Alliance emploi-environnement représente donc une initiative nécessaire
tant sur le plan de la lutte contre le réchauffement climatique que de la création d’emplois dans le domaine de la
construction.
Néanmoins, outre le fait que la rénovation concerne moins de 2% de l’ensemble des logements privés wallons sous cette
législature , la principale critique de la FGTB à l’égard du plan concerne le risque que l’argent public ne serve à financer
des travaux qui pourraient être réalisés aisément sur fonds propres par certains ménages aisés.
Une des revendications prioritaires est, par conséquent, que l’accès aux dispositifs de prêts à taux zéro et aux
subventions prévues par l’Alliance soit ouvert en priorité aux ménages à revenus modestes et en difficulté de paiement
de leur facture énergétique. Il s’agit, pour ce faire, de développer des synergies entre le « guichet unique » prévu par
l’Alliance et les différents services sociaux et les CPAS.
Des énergies renouvelables au service du progrès social
Un autre chantier politique de la FGTB wallonne en faveur à la fois du climat et de l’environnement concerne le système
des certificats verts mis en place en 2002 par la Wallonie en vue d’atteindre ses objectifs de 20% d’énergie de source
renouvelable dans la consommation finale d’énergie en 2020.
L’avantage du mécanisme des certificats négociables est essentiellement la possibilité pour le législateur d’imposer au
final un certain pourcentage d’électricité renouvelable sur la part totale de l’électricité consommée.
Dans les grandes lignes, le système des certificats verts fonctionne sur la base d’un mécanisme de marché régulé
basé sur l’offre et la demande. S’il a relativement prouvé son efficacité en termes de développement de la production
d’énergie renouvelable, il n’en reste pas moins qu’il est en grande partie géré par des intérêts privés tentés de s’orienter
vers des technologies les moins coûteuses afin de générer un retour sur investissement rapide. La facture liée au
développement de l’énergie verte n’est, de surcroît, payée ni par Electrabel, ni par les entreprises les plus polluantes ou
qui consomment le plus d’électricité, mais bien par les ménages.
Bien que la Déclaration de politique régionale pour 2009-2014 prévoie explicitement de promouvoir la production
décentralisée d’électricité verte en encourageant la participation citoyenne dans la production d’énergie renouvelable,
par exemple via des coopératives citoyennes, le secteur privé continue à dominer largement, voire de manière croissante.
21
La FGTB wallonne entend encourager le développement de la production décentralisée d’électricité renouvelable afin de
rompre le monopole d’Electrabel à tous les niveaux de la production énergétique et de renforcer le poids des citoyens
dans un contexte de marché libéralisé.
Se pose également la question de l’opportunité, à côté de l’initiative citoyenne, d’accroître l’initiative publique dans
le domaine des énergies renouvelables, ce qui permettrait de concilier de manière plus volontariste protection de
l’environnement et intérêt général.
4.1.2.3. La FGTB flamande
Prise de position interne
La FGTB flamande travaille depuis deux décennies sur la politique énergétique et environnementale. Elle s’investit de plus
en plus à développer une vaste vision à long terme sur la politique de l’énergie et la problématique climatique ainsi que
sur les mesures nécessaires pour combattre ces problèmes. Les économies d’énergie et l’efficacité énergétique doivent
avoir la priorité absolue. C’est en effet la manière la moins coûteuse pour s’attaquer aux changements climatiques et la
meilleure voie pour faire baisser la facture énergétique et soutenir le pouvoir d’achat des ménages.
La FGTB flamande souhaite réfléchir aux systèmes futurs de production d’énergie, plus particulièrement à la lumière du
changement climatique, de l’épuisement des énergies fossiles et du débat nucléaire.
Si nous voulons tendre vers l’objectif de 100% d’énergie renouvelable d’ici 2050, d’importants investissements devront
être opérés. Mais si nous agissons de manière intelligente, il y aura d’importants avantages au niveau de l’innovation, de
l’économie, de la sécurité d’approvisionnement, de l’emploi et de l’environnement. Une question importante qui se pose:
qui payera ces investissements et qui en recueillera les bénéfices?
A court terme également il faudra adapter la politique en matière d’énergies renouvelables (électricité comme chaleur).
Les pouvoirs publics devront faire des choix clairs. L’énergie renouvelable comprend un éventail de technologies (éoliennes
sur terre ou en mer, combustion ou fermentation de biomasses et de déchets, panneaux solaires photovoltaïques,
chauffe-eau solaires, etc. Ces technologies présentent d’importantes différences quant au soutien dont elles ont besoin
pour rentabiliser les investissements, quant à la rapidité avec laquelle elles diminuent au niveau de leurs prix, quant au
profit que la Flandre peut en tirer dans le domaine de l’innovation, de l’économie, de la sécurité d’approvisionnement,
l’emploi et l’environnement.
Les différents régimes de soutien aux énergies renouvelables qui existent en Belgique et en Flandre doivent assurer une
redistribution équitable des charges et des profits et produire un maximum d’énergie renouvelable au moindre prix (sauf
si un coût plus élevé est justifié, par exemple création d’emplois).
La FGTB flamande organise le débat avec ses permanents syndicaux et ses délégués pour les intéresser davantage à la
problématique et à la définition de notre vision.
Influencer le monde politique et réseautage
La FGTB flamande suit de près la politique menée par le gouvernement flamand. Un canal important pour lez faire:
les conseils consultatifs stratégiques du gouvernement flamand et du Parlement flamand, à savoir le Conseil social
et économique de la Flandre (SERV) et le Conseil de l’environnement et de la Nature de la Flandre (Minaraad). Voici
quelques lignes de force d’avis récents émis:
Politique climatique
Le “Minaraad” émet des avis dans la perspective des conférences annuelles de l’ONU sur le climat. Dans l’avis émis
à l’occasion de la conférence de Cancún, le Minaraad souligne que l’Union européenne devrait réaliser des avancées
substantielles au niveau d’un ensemble bien balancé de décisions dans la perspective d’un nouvel accord global dont le
projet devrait être prêt pour la 17e conférence climatique de Durban (Afrique du Sud, 2011).
En ce qui concerne la politique européenne, le Conseil a examiné la demande de l’Union européenne de relever l’objectif
de la réduction des émissions de CO2 de 20 à 30%. Le Conseil considère que les Etats membres doivent, à la lumière
des objectifs de réduction à long terme et dans l’intérêt propre de l’Europe, se préparer à un renforcement de l’objectif
de réduction avancé l’UE. Le Conseil estime qu’il est essentiel d’investir dans le développement de technologies vertes
si l’on veut évoluer vers une société pauvre en carbone et renforcer la position de l’UE dans un marché technologique
mondial en pleine croissance.
22
La Commission européenne prépare un rapport dans lequel elle examine les possibilités de passer à un système
énergétique indépendant des combustibles fossiles. Le Conseil a demandé à l’Etat belge de faire le même exercice et
d’élaborer une vision à long terme concernant la transition vers une société pauvre en carbone.
Utilisation rationnelle de l’Energie (URE)
D’après le SERV et le Minaraad, la politique d’URE se doit d’être ambitieuse parce que les bénéfices sont largement
supérieurs aux charges. Cette politique doit procéder d’une vision à long terme sur l’efficacité énergétique dans les
bâtiments, les entreprises et le secteur du transport.
En vue de concrétiser la stratégie en matière d’efficacité énergétique, il faut renforcer les capacités de gouvernement.
A cet égard, il est essentiel de disposer d’une administration de l’énergie renforcée, d’une approche intégrée englobant
les différents domaines et niveaux politiques et de procédures de concertation et d’évaluation décentes.
La politique en matière d’efficacité énergétique consiste dans une large mesure à remplacer les dépenses pour la
consommation d’énergie par des investissements lies à l’énergie que l’on pourra récupérer complètement au bout d’un
certain temps. Les investissements initiaux appellent d’importants budgets (publics et privés), ce qui n’est pas faisable
pour certains groupes.
Les pouvoirs publics ont un rôle important à jouer pour attirer des investissements, en octroyant dans une première
phase des aides financières et en imposant ensuite des obligations du type objectifs de prestations énergétiques.
Le régime flamand d’aides financières aux ménages et aux entreprises désireux de faire des investissements en URE
(isolation des toits et des murs, chauffe-eau solaires, vitres à haut rendement) doit tenir compte des aspects sociaux.
Les mesures susceptibles de bénéficier d’aides financières doivent être taillées à la mesure des revenus modestes
également. Les aides doivent être limitées au montant maximum pour éviter que les revenus élevés bénéficient d’un
avantage disproportionné. Les primes accordées aux groupes vulnérables doivent s’inscrire dans le cadre d’une approche
intégrale de la qualité de l’habitat et de l’efficacité énergétique.
Il faut d’urgence ouvrir le débat sur le financement de la politique d’URE et sur la promotion des énergies renouvelables.
Énergies renouvelables (ER)
Le SERV a publié un rapport circonstancié sur les énergies renouvelables. La première partie tente de donner une réponse
à des questions du type: Qu’est-ce qu’une énergie renouvelable? Pourquoi recourir à des énergies renouvelables? Quel
est le développement des technologies dans le domaine des ER? Comment intégrer les ER dans le système énergétique?
La deuxième partie décrit la politique en matière d’ER aux différents niveaux: international, européen, fédéral, flamand
et local. Elle contient également une amorce d’évaluation de la politique en matière d’ER. Ce rapport servira de base à
un avis que les conseils consultatifs émettront à l’intention du gouvernement flamand.
Le SERV et le Minaraad ont émis des avis dans lesquels ils approfondissent des aspects spécifiques de la politique en
matière d’ER. Ainsi, ils commentent les plans du gouvernement flamand visant à soutenir de grands investissements
dans la production de chaleur à partir de biomasses, d’injection de biogaz et de réseaux de chaleur résiduelle. Les
conseils considèrent que la “chaleur verte” (combinée à l’exploitation de chaleur résiduelle) constitue un important
pilier de la politique en matière d’ER, à côté de l’électricité verte et de l’infrastructure de réseau et de stockage.
Ils consacrent également une attention à la politique d’accompagnement industriel. Ainsi, le SERV a étudié un régime
d’octroi d’aides aux entreprises qui procèdent à des investissements écologiques en Région flamande.
Influencer les mesures politiques dans des dossiers concrets
Les mesures politiques sont également influencées dans des dossiers concrets. Ainsi, la section régionale de la FGTB
d’Anvers a été un des initiateurs d’une campagne contre la construction d’une nouvelle centrale électrique au charbon
dans le port d’Anvers.
23
Recherche d’alliances pour la lutte écologique
La FGTB flamande collabore avec un certain nombre de partenaires dans le cadre d’un réseau d’organisations de la
société civile. Le point de départ est la crise du système. Nous sommes confrontés à une crise financière et économique
et à une grave crise environnementale bien plus ancienne: le changement climatique risque de devenir irrévocable et
la pénurie de matières premières s’aggrave. Et puis, il y a aussi une crise sociale: aussi bien la pauvreté que la richesse
s’accroît. De plus, ces crises sont provoquées par le même système socio-économique.
C’est dans ce contexte que des personnes de la société civile progressiste (syndicats, mouvement écologiste, mouvements
tiers-mondialistes, universités, secteur culturel et médias) ont uni leurs efforts. Ce réseau veut se faire une idée précise
d’une société sociale et durable en 2050 et œuvrer à créer une plateforme plus grande favorable à cette vision. Tous
les thèmes importants sont abordés: le climat, l’énergie, le travail, l’impôt, l’environnement, la problématique Nord-Sud,
la culture, … De plus, les participants poursuivent l’objectif d’échanger leurs connaissances et d’influencer la politique
suivie par les pouvoirs publics et les entreprises.
Formation, soutien et action
L’équipe environnementale de la FGTB flamande soutient et forme les militants et les délégués dans le domaine de
l’environnement et de l’énergie. L’équipe soutient les délégations syndicales et les élus de la FGTB au conseil d’entreprise
(CE) et au comité pour la prévention et la protection au travail (CPPT) en vue de mettre en place et de renforcer une
action structurelle en matière d’environnement et d’énergie dans leur entreprise. L’équipe peut aider la concertation
sociale dans l’entreprise et participer à la préparation des réunions du CPPT et du CE ou y participer à titre d’expert.
Avec la délégation syndicale, le CPPT et le CE, elle peut développer des campagnes et des actions (de sensibilisation).
Elle aide également les délégués et les militants à analyser les documents de leur entreprise relatifs à la problématique
de l’environnement et de l’énergie. Ainsi, elle trie les informations importantes du permis d’environnement, du rapport
annuel du coordinateur environnemental et du rapport annuel intégral sur l’environnement. Enfin, l’équipe participe
également à la solution de questions concrètes posées au niveau des entreprises et oriente si besoin les délégués ou
les militants vers des experts.
Parallèlement, l’équipe développe des modules de formation et dispense des formations qui peuvent prendre la forme
de formations toutes prêtes ou de formations sur mesure. L’équipe alimente également les formations élaborées par
d’autres articulations et services de la FGTB flamande.
L’équipe environnementale écrit des articles pour la presse syndicale et pour le site internet, elle rédige des brochures
et publie un calendrier en vue de soutenir l’action et le travail syndical. Enfin, elle constitue des dossiers de fond comme
par exemple le dossier “L’amiante et ses substituts”.
L’équipe collabore également à la protection de l’environnement au sein de la FGTB.
Elle organise également des campagnes. Ainsi, cette année, elle organise une ‘semaine du climat’ à l’occasion de la
conférence des NU sur le changement climatique qui a lieu cette année à Durban (COP 17). A plusieurs endroits en
Flandre, des activités et des actions sont organisées en rapport avec la problématique du climat.
La FGTB flamande fait partie d’associations ayant pour objectif la diffusion d’informations, la formation, le débat et
l’action, tant sur le plan national qu’international.
La FGTB flamande collabore depuis 25 ans avec le mouvement écologique et avec les deux autres organisations syndicales
représentatives belges dans le cadre de l’a.s.b.l. ‘Arbeid en Milieu’ (Travail et Environnement). Cette a.s.b.l. développe
des modules de formation qu’elle met à la disposition de ses propres formateurs et des services de formation des
organisations syndicales. Elle organise aussi de nombreuses activités d’information à l’intention des militants syndicaux
et écologistes. Par l’intermédiaire de cette a.s.b.l., la FGTB flamande participe au projet ‘greening the workplace’, projet
“tiré” par la Confédération européenne des syndicats (CES) et la TUC anglaise.
En 2011, la campagne annuelle ‘11.11.11’ – l’association coupole du mouvement Nord-Sud flamand – axe son action sur la
problématique climatique. La campagne entend informer et sensibiliser la population et inciter le monde politique à
développer une politique climatique progressiste qui tienne compte également des intérêts du Sud. Mais la campagne
présente également un modèle d’action permettant à des groupes mais aussi à des citoyens individuels de prendre toutes
sortes d’initiatives concrètes. Le modèle est avant tout destiné aux ménages, aux quartiers et aux associations. La FGTB
flamande a traduit ce modèle d’action en un modèle basé sur la réalité des entreprises. Ainsi, les délégations syndicales
peuvent en faire usage dans les entreprises et dans le cadre de la concertation sociale au niveau de l’entreprise.
24
25
4.1.2.4. La FGTB Bruxelles
Introduction
Dans une Région où vivent plus d’un million d’habitants et qui accueille chaque jour près de 350 000 navetteurs, la
maîtrise de la qualité de l’air représente sans conteste un enjeu crucial, puisqu’il s’agit de permettre à la Région de
Bruxelles-Capitale de respecter ses engagements internationaux en la matière (notamment le protocole de Kyoto) mais
aussi, et surtout, d’assurer à tous ceux qui y vivent et y travaillent un environnement de qualité.
Intégrer la dimension environnementale dans la prise de décision économique et sociale peut, en outre, constituer
une condition de viabilité des emplois, voire même un levier important de création et de développement de nouveaux
emplois difficilement délocalisables. A cet égard, nous sommes persuadés que les représentants des travailleurs et
leurs organisations syndicales disposent d’atouts particuliers pour contribuer à la sensibilisation à l’environnement et
au développement durable au sein des entreprises ou institutions.
La FGTB de Bruxelles revendique auprès du pouvoir régional une politique de développement économique et social
s’inscrivant dans les principes du développement durable.
A Bruxelles, Région essentiellement tertiaire, les émissions de gaz à effet de serre sont essentiellement liées au
chauffage (67%) et, dans une moindre mesure, au trafic automobile (18%). C’est pourquoi, la FGTB de Bruxelles s’est
principalement attelée à développer son action syndicale et politique dans le domaine de la rénovation énergétique du
logement et dans la sensibilisation de ses militants aux enjeux environnementaux.
Alliance Emploi-Environnement, axe construction durable
Plusieurs études montrent que dans le seul secteur du logement à Bruxelles, il existe un important potentiel de réduction
des gaz à effet de serre économiquement rentable. Le bâti bruxellois, c’est-à-dire les logements, les entreprises et
les bâtiments publics est vieillissant. Sa vétusté et sa faible efficacité énergétique ont pour conséquence une facture
énergétique annuelle de près de 2 milliards d’euros qui ne cesse de s’alourdir pour les ménages, les entreprises
bruxelloises et les services collectifs.
C’est pourquoi, depuis 2004, la FGTB revendique la mise sur pied d’un plan ambitieux de rénovation énergétique du bâti
basé sur une Alliance emploi-environnement.
Au regard des enjeux environnementaux et sociaux auxquels nous sommes confrontés, la construction/ rénovation
représente, en effet, un secteur porteur, tant en terme de création d’emploi et d’activités économiques qu’en termes de
réponses aux défis climatiques et énergétiques.
La forte mobilisation de la FGTB autour de l’expérience allemande a finalement porté ses fruits au lendemain des
élections régionales de 2009. Le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale a inscrit dans son Accord de
législature, le principe d’une Alliance emploi-environnement. Le Gouvernement bruxellois a décidé d’en faire un axe
central de la législature. Il a en effet prévu d’utiliser ce mécanisme original afin de mobiliser l’ensemble des acteurs
régionaux autour de quelques domaines répondant à des enjeux importants sur le plan environnemental et susceptibles
d’apporter une amélioration durable de l’emploi dans la Région (construction, gestion des déchets, eau, dépollution des
sols, …).
Dès lors, dès le début de la législature, le Gouvernement a pris l’initiative de réunir les interlocuteurs sociaux afin
d’élaborer un Pacte de croissance urbaine durable devant permettre la mobilisation du secteur privé et des secteurs
professionnels à Bruxelles pour l’emploi et la formation professionnelle. L’Alliance emploi-environnement constitue l’un
des cinq domaines prioritaires identifiés dans ce Pacte.
Le 10 décembre 2009, le gouvernement régional a lancé un 1er processus participatif d’élaboration d’une Alliance
emploi-environnement dans le domaine de la construction durable, identifié comme le secteur prioritaire, d’autres axes
devant être déclinés dans les années à venir.
La phase d’élaboration de cette Alliance s’est achevée en octobre 2010. Les travaux d’élaboration ont été menés dans
huit ateliers.
Ces ateliers, constitués d’opérateurs tant publics que privés ont identifié d’une part les besoins des acteurs en lien avec
la thématique de l’atelier et, d’autre part, les solutions concrètes à mettre en œuvre pour combler ces besoins.
Cette phase a débouché sur l’identification de quarante-quatre actions concrètes parmi lesquelles l’élaboration de
modules de formation spécifiques à la construction durable, la mise en réseau des acteurs, la labellisation…
Ses actions concrètes sont à présent en phase d’implémentation.
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Afin de transformer cette Alliance en réussite, la FGTB de Bruxelles est attentive à garantir le bon fonctionnement
de la concertation sociale tout au long du processus. Elle veille tout particulièrement à la mise en œuvre de mesures
favorisant une réduction de la facture énergétique des ménages les plus précarisés, avec une attention spécifique pour
les locataires.
Elle souhaite, enfin, que des mesures d’encadrement et de régulation du secteur soient prévues, afin d’endiguer le
phénomène de concurrence déloyale fréquent dans le secteur de la construction. Ce phénomène, qui pèse sur les
conditions de travail est en effet intense en Région bruxelloise, où la pénibilité intrinsèque du secteur est accompagnée
de pressions particulièrement fortes: sous-traitances, détachements de travailleurs, travail irrégulier, usage abusif de
sans-papiers…
Le réseau intersyndical BRISE
Le Réseau Intersyndical Bruxellois pour l’environnement a été créé en 2006 par la FGTB Bruxelles, la CSC et la CGSLB
pour mener en front commun un projet syndical en faveur de l’environnement. BRISE s’appuie sur l’expérience acquise
par les syndicats en Région wallonne (RISE) et en Région flamande (DUA), mais en insistant sur la spécificité du paysage
socio-économique de la Région de Bruxelles-Capitale.
L’objectif général consiste à intégrer la dimension environnementale dans les pratiques syndicales, dans la perspective
de développer également des emplois dans les secteurs favorables tant à la santé des travailleurs qu’à l’environnement.
Les missions du réseau sont triples:
1. sensibiliser et former les représentants des travailleurs ainsi que les cadres syndicaux aux problèmes
environnementaux posés dans leur entreprise et aux solutions durables à y apporter;
2. développer des compétences syndicales en donnant les moyens d’analyse et d’intervention nécessaires à la
négociation avec les employeurs via des mesures et des plans d’action concrets;
3. élaborer, proposer et promouvoir, au niveau sectoriel et intersectoriel, auprès des autorités compétentes, des
mesures d’aide économique, d’emploi et de formation professionnelle:
• qui contribuent à une meilleure intégration des entreprises dans l’environnement urbain, qui constitue une des
conditions du maintien et du développement de l’emploi existant;
• qui soutiennent le déploiement d’activités nouvelles, créatrices d’emploi (en particulier pour les faiblement
qualifiés), et utiles écologiquement, notamment dans l’éco-construction ou l’éco-rénovation, le traitement
des déchets, l’assainissement de sols, le transport des marchandises, ou encore l’utilisation rationnelle de
l’énergie.
Des actions sont menées sous différentes formes. Chaque année, un thème est choisi et approfondi: les déplacements
travail-travail (personnes et marchandises en milieu urbain), l’alimentation durable, la gestion environnementale en
entreprise, la transition économique, …
• Les formations ont pour objectifs de développer des espaces de réflexion et de débat, de sensibiliser et de former
les délégués mais aussi de leur transmettre des informations et des outils pertinents et concrets pour qu’ils
puissent intégrer les préoccupations environnementales dans leur action syndicale.
• Les forums organisés chaque année sont l’aboutissement des formations.
• Le groupe KYOTO regroupe une quinzaine de délégués de différents secteurs. Ils sont issus des trois organisations
syndicales, passionnés et convaincus de la nécessité de mener des actions environnementales dans leur
entreprise.
Le groupe est avant tout un outil interactif de réflexion, d’action et de soutien.
Il élabore également des fiches d’actions syndicales à destination des autres délégués syndicaux.
• Les publications: des brochures thématiques (la pollution intérieure, les systèmes de climatisation sur les lieux
de travail) sont réalisées afin de mettre à disposition des délégués syndicaux un outil pratique et adapté à leurs
préoccupations dans les entreprises.
Le réseau Brise s’est également engagé, en collaboration avec le bureau d’études de la FGTB de Bruxelles, dans
une réflexion sur la transition économique. Cette réflexion est menée de manière transversale dans des séminaires
intersyndicaux, lors des forums et au sein du groupe Kyoto.
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La transition vers un développement égalitaire, juste et durable
La FGTB mène depuis le congrès 2010 une réflexion sur la transition économique: Comment organiser une transition
économique équitable à Bruxelles? Quels sont ses enjeux, ses objectifs et les modalités de sa mise en œuvre?
La crise actuelle met en lumière le caractère ‘insoutenable’ du capitalisme financiarisé et mondialisé, tant au plan
financier, qu’aux plans économique, social et environnemental. A moyen et à long terme, une nouvelle crise se profile,
aux conséquences potentiellement très graves pour le devenir de l’humanité: la crise écologique.
Le monde du travail est donc désormais confronté à un double défi: socio-économique & environnemental. Il s’agit, pour
lui, tout à la fois, d’empêcher les ravages sociaux de l’économie capitaliste et ses effets dévastateurs sur l’environnement,
qui mettent en péril le devenir même de la planète.
Il nous faut construire un nouveau modèle de développement, juste et durable, attentif non seulement aux aspects
sociaux du développement économique mais encore à ses aspects environnementaux.
Un préalable indispensable à cette évolution est de garantir à tous les travailleurs les conditions d’une transition juste,
qui préserve le volume global d’emplois. Pour la FGTB de Bruxelles, la ville durable doit être sociale. Son objectif est
clair: « que l’habitant vive mieux ».
Le gouvernement régional bruxellois, dans son accord de majorité 2009-2014, a manifesté son intention d’adopter,
dès le début de la législature, un nouveau Plan régional de développement, désormais dénommé Plan régional de
développement durable (PRDD). L’objectif annoncé est d’impliquer les acteurs publics et privés et de mobiliser les «
forces vives » régionales en faveur d’un développement régional durable au service des Bruxellois.
La FGTB de Bruxelles a demandé et obtenu du gouvernement que le PRDD soit complété par la conclusion préalable
d’un Pacte de croissance urbaine durable (PCUD), entre les autorités publiques et les interlocuteurs sociaux. Signé le 29
avril 2011, ce Pacte doit encore être traduit dans les faits.
Le PCUD n’est pas un plan de développement mais un ensemble d’engagements contractuels qui portent sur le devenir
socio-économique de Bruxelles. Pour l’essentiel, gouvernement, employeurs et syndicats ont ainsi convenu:
1. des défis de la croissance urbaine durable;
2. des quinze mesures transversales à prendre pour lever une série de frein à la croissance durable et renforcer les
synergies;
3. des cinq domaines d’action prioritaires:
• l’environnement;
• le développement international;
• le commerce et l’Horeca;
• le non-marchand, la fonction publique et les services de proximité;
• les secteurs innovants.
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4.2. Positions et revendications de la Confédération syndicale internationale
La Confédération syndicale internationale (CSI) défend aujourd’hui les intérêts de 175 millions de travailleurs au sein de
305 organisations affiliées nationales dans 151 pays et territoires.
La CSI a vu le jour lors de son Congrès de fondation qui s’est tenu à Vienne du 1er au 3 novembre 2006. Elle rassemble les
organisations précédemment affiliées à la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) et à la Confédération
mondiale du travail (CMT).
La CSI n’est pas en reste en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques.
Lors de son dernier Congrès international à Vancouver en juin 2010, la CSI a fait de la lutte contre les changements
climatiques une de ses priorités d’actions dans les années à venir.
Elle a d’ailleurs lors de ce Congrès adopté une résolution « la lutte contre le changement climatique à travers le
développement durable et une transition juste »19.
Pour la Confédération syndicale internationale, la crise climatique a pour origine un modèle injuste du point de vue
social, insoutenable du point de vue environnemental et inefficace d’un point de vue économique, incapable de fournir
du travail décent et une vie décente à des millions de personnes.
Pour le mouvement syndical, il est clair que l’on ne peut avoir de politiques climatiques valables que si elles comportent
un volet social fort !
La CSI entend promouvoir une approche intégrée du développement durable et de la lutte contre les changements
climatiques. Une approche qui passe par une transition juste qui regroupe le progrès social, la protection de
l’environnement et les besoins économiques.
Cette transition doit s’opérer dans un cadre de gouvernance démocratique mondiale, au sein duquel les droits syndicaux
et les autres droits humains seront respectés et l’égalité de genre réalisée.
La CSI rappelle que la crise du changement climatique est une occasion unique de transition sociale, coordonnée au
niveau mondial pour améliorer à la fois l’environnement, l’emploi et le bien être matériel et humain.
La Confédération syndicale internationale (CSI) a été reconnue par les Nations Unies en novembre 2008 comme «
Formal Constituency » (« Observateur officiel »).
A ce titre, elle participe activement aux négociations onusiennes sur le Climat (Conference of Parties – COP). Cela
signifie que la représentation syndicale est assurée durant les négociations (comme celles de la Cop15, par exemple) et
que des contributions syndicales peuvent être faites, oralement, durant les sessions plénières et, par écrit, auprès du
Secrétariat des Nations Unies.
C’est grâce à son action auprès des différentes délégations présentes à Cancun, dont celle de la Belgique, qui présidait
alors le Conseil de l’Union européenne qu’ont été intégrées les revendications de transition juste et de travail décent
dans l’accord de Cancun en décembre 2010 (COP17):
“The Conference of Parties realizes that addressing climate change requires a paradigm shift towards building a lowcarbon society that offers substantial opportunities and ensures continued high growth and sustainable development,
based on innovative technologies and more sustainable production and consumption and lifestyles, while ensuring a just
transition of the workforce that creates decent work and quality jobs; “
De la sorte, la transition juste, et, par là, l’attention à accorder aux travailleurs du monde entier, a été acté par l’ensemble
des 193 pays membres des Nations Unies.
Pour les syndicats du monde entier, cette victoire représente une référence que l’on peut faire valoir au niveau national
et local pour que nos représentants mettent en œuvre les moyens nécessaires pour assurer cette transition juste vers
une société pauvre en carbone.
Lors de son conseil général du 2 au 4 février 2011, la CSI a adopté une seconde résolution sur le climat: « les syndicats,
le changement climatique et le processus de Rio+20 »20.
Cette résolution en appelle à une ferme mobilisation des syndicats et de la société civile au cours de l’année 2011 pour
faire sortir les gouvernements de leur « zone de confort » et accroître les engagements.
19. Voir http://www.ituc-csi.org
20. http://www.ituc-csi.org/8eme-conseil-general-resolution,8494.html
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4.3. Positions et revendications de la Confédération européenne des syndicats
La Confédération européenne des syndicats (CES) a également fait de la lutte contre les changements climatiques une
priorité.
Les défis liés aux changements climatiques sont multiples:
• réduire les émissions de CO2 dans le cadre du changement climatique. Si nous voulons y parvenir, nous aurons
besoin d’instruments de régulation mondiale, d’investissements nouveaux et de nouvelles négociations sociales.
Dans le cas contraire, les marchés continueront de s’accroître sur une base essentiellement financière;
• prendre en compte la problématique de l’emploi en s’assurant de la possibilité de véritables transitions sociales
professionnelles s’appuyant, d’une part, sur les partenaires sociaux et, d’autre part, sur l’information et la
participation des travailleurs au processus de décision.
La CES a adopté de nombreuses résolutions pour faire part de ses revendications sur le climat21:
• résolution sur un New Deal durable pour l’Europe et dans la perspective du sommet de Cancún, Bruxelles, 1314/10/2010;
• “Le changement climatique, les nouvelles politiques industrielles et les sorties de crise “, Bruxelles, 2021/10/2009;
• position de la CES sur le paquet « changement climatique et énergie », Bruxelles, 04-05/03/2008.
Le mouvement syndical européen se prononce en faveur d’un accord international ambitieux et exhaustif, visant à
limiter la hausse globale des températures à deux degrés maximum. Cet accord devrait respecter le scénario fixé par le
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui prévoit la réduction des émissions de gaz à
effet de serre d’au moins 25 à 40% d’ici 2020 par rapport aux niveaux de 1990 dans les pays industrialisés.
En ce qui concerne la contribution financière que l’Union européenne devra apporter pour résoudre le problème et donc
les instruments financiers de solidarité, la CES demande la création d’un fonds international et d’un fonds européen
pour le développement des technologies à faible émission de carbone, ainsi que de technologies basées sur l’efficacité
énergétique et les énergies renouvelables dans les pays en développement.
De plus, la CES revendique la mise en place d’une politique de l’emploi basée sur la protection sociale, la promotion
du travail décent et les services publics. Elle demande également l’amélioration de la gouvernance européenne par la
mise en œuvre de politiques communautaires renforcées en matière industrielle et de recherche. Dans ce contexte,
l’Europe doit favoriser des initiatives globales cordonnées en matière de recherche et développement, de partage des
connaissances scientifiques, de développement et de dissémination des technologies vertes à l’échelle mondiale.
Dans ce contexte, la CES en appelle à une politique industrielle bas carbone européenne, s’appuyant sur une stratégie de
coordination industrielle communautaire permettant de dépasser les divisions intra-européennes et les effets pervers
des exigences de profitabilité à court terme des investissements industriels. Pour atteindre ces objectifs, cette stratégie
européenne bas carbone doit être basée sur une transition s’appuyant sur les principes de transition juste.
La CES est également à l’origine de nombreuses études sur la question des changements climatiques et de leurs
impacts sur l’emploi et les travailleurs en Europe. Citons à titre d’exemple: « Les dérèglements climatiques, les nouvelles
politiques industrielles et les sorties de crise »22.
Cette étude montre clairement qu’il est nécessaire de considérer l’emploi dans toutes ses dimensions. Il y a des
opportunités de création d’emploi dans des secteurs comme ceux liés aux énergies renouvelables, mais aussi dans
le domaine de l’efficacité énergétique, en particulier dans le secteur du bâtiment. Cette étude démontre que tous les
secteurs et tous les emplois sont concernés par cette transformation.
Pour la CES, l’intégration de la dimension sociale doit être très forte dans les politiques européennes qui contribuent au
développement des stratégies industrielles qui répondent aux exigences d’une économie bas carbone et aux aspirations
sociales des travailleurs. Il faut faire en sorte que cette croissance verte de demain contribue au maintien et à la
création d’emplois de qualité et au progrès social.
La CES est également très active au sein de la Confédération syndicale internationale sur les questions climatiques. Elle
participe aux délégations syndicales présentes aux Conférence climatique des Nations Unies.
21. Détails et infos: http://www.etuc.org/r/788
22. À consulter sur http://www.etuc.org/a/7585
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5. Et demain?
Les revendications de la FGTB
La FGTB est consciente que la transition vers une économie à faible émission de gaz à effet de serre représente un défi
colossal.
Le Congrès statutaire de juin 2010 « La solidarité contre les inégalités » a consacré un chapitre entier à la problématique
des dérèglements climatiques, des impacts sur les travailleurs et les plus démunis et sur l’urgence de prendre des
mesures sociales pour trouver des solutions justes et durables.
Les principales revendications de la FGTB, exprimées notamment lors de ce Congrès sont:
• une transition juste vers une économie pauvre en carbone;
• un accord international équitable, ambitieux et contraignant sur le changement climatique;
• un cadre politique sur une transition juste visant à réduire les gaz à effet de serre et la dépendance envers les
combustibles fossiles;
• une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) nécessaire pour limiter à un maximum de 2°C
l’augmentation mondiale de la température, limite au-delà de laquelle les répercussions sur la planète et la vie
humaine seront irréversibles;
• le soutien au scénario du GIEC qui vise à réduire les émissions mondiales de GES à 85% d’ici 2050, et qui
met en exergue la nécessité de cibles intermédiaires pour que cet objectif soit atteint, incluant une réduction
correspondante d’au moins 25% à 40% dans les pays industrialisés d’ici 2020, par rapport aux émissions de
1990;
• une pleine participation institutionnelle des syndicats par le dialogue social à la mise en œuvre de mesures de
transition juste sur le lieu de travail, aux niveaux sectoriel, national et international;
• la sensibilisation des responsables publics et de l’opinion publique en général à l’importance des mesures de
transition juste;
• l’amélioration des compétences, la formation professionnelle et d’autres mesures destinées à réengager les
travailleurs qui perdent leur emploi dans tous les secteurs;
• un processus de transformation de chaque secteur économique en secteur d’activité durable;
• une protection sociale adéquate, des investissements dans les technologies à faible intensité de carbone;
• des politiques industrielles et de recherches coordonnées à l’échelle européenne;
• la mise en place d’une gouvernance mondiale transparente, démocratique et efficace dans la transition vers une
économie à faibles émissions de carbone et permettant une gestion efficace des ressources;
• l’opportunité en matière d’égalité de genre que représente la création des emplois verts en formant et en
encourageant des femmes à rentrer dans ce secteur;
• la mise en place d’une régulation des marchés du carbone. La spéculation financière dans l’achat ou la vente
d’émissions de CO2 porte préjudice à un réel et insurmontable besoin de réduire les émissions de carbone et doit
dès lors être évitée.
Dans les entreprises, les représentants syndicaux mènent des actions de sensiblisation auprès de leurs affiliés et font
pression sur les employeurs pour qu’ils développent des stratégies plus respectueuses du climat.
Tout lieu de travail doit être plus « durable ». Les syndicats ont prouvé qu’ils pouvaient induire le changement
progressivement dans le domaine des conditions de travail, de la sécurité et de l’égalité.
L’efficacité de l’action syndicale serait grandement renforcée par une disposition prévoyant des droits plus fondamentaux
aux travailleurs en matière de protection de la santé et de l’environnement sur le lieu de travail.
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Les autorités doivent assurer un rôle central dans la lutte contre les changements climatiques.
Des services publics de qualité et un leadership du secteur public doivent être au cœur d’une réponse globale au
changement climatique.
Il faut souligner le rôle capital des services publics dans les secteurs clés comme l’éducation, la santé et le transport.
C’est aussi le cas pour l’accès à l’énergie pour couvrir les besoins de base. Ces services sont essentiels pour contribuer
à des politiques climatiques plus justes et plus efficaces. Ainsi, par exemple, la réduction des émissions de GES sera
facilitée par l’augmentation de l’offre des transports en commun qui, par la même occasion, facilitera la mobilité des
plus fragiles économiquement.
L’efficacité énergétique des bâtiments en Belgique est équivalente à celle de la Grèce ou du Portugal. Mais le climat est
différent.
Des études démontrent que l’efficacité énergétique des bâtiments belges pourrait être améliorée de 30%.
Nous en appelons à une intensification des efforts dans les domaines des économies d’énergies et de la gestion de la
demande d’énergie.
Ces mesures, en plus de leur efficacité en termes de réductions des émissions, pourraient créer de nouveaux emplois.
Il s’agirait de remplacer des énergies généralement importées par des technologies et services à faible consommation,
produits localement.
En tant que représentants de millions de travailleurs à travers le monde, les syndicats constituent une part non
négligeable de la solution. Conscients de nos responsabilités vis-à-vis des travailleurs, des citoyens et des générations
futures, nous avons initié des actions qui s’inscrivent dans une démarche des trois piliers du développement durable:
économique, environnementale et sociale.
A tous les niveaux -international, régional, national, sectoriel, en entreprise- les syndicats se sont engagés dans des
actions qui vont dans le sens d’une société plus équitable, plus durable et plus respectueuse des droits de l’homme et
du travailleur.
Il est essentiel d’institutionnaliser le dialogue social pour mettre en œuvre les mesures d’accompagnement nécessaires
aux travailleurs en vue d’une transition vers cette nouvelle économie.
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6. Conclusion
Qualité de l’environnement, défense des travailleurs et justice sociale sont donc indissociables.
Le défi pour nous FGTB est alors de trouver l’équilibre entre préservation de l’environnement et justice sociale. Il s’agit
d’assurer aujourd’hui et demain un avenir à tous les habitants de cette planète.
Lorsque les transitions sont mal gérées, ce sont les travailleurs, et a fortiori les plus fragiles économiquement , qui
paient les pots cassés. Nous insistons donc sur le fait qu’il faut soutenir les travailleurs, y compris les plus vulnérables,
durant le processus de transition.
Nous n’acceptons pas que des travailleurs soient laissés sur le carreau à cause d’une gestion basée sur le profit.
Des solutions durables existent. Nous n’acceptons pas que certains souffrent et meurent à cause des dérèglements
climatiques. Les politiques climatiques offrent la possibilité de corriger et de reconstruire les économies ruinées par
l’appat du gain. Pour la FGTB, il s’agit de changer de cap en créant des filières durables d’emplois décents, qui réduisent
les émissions de gaz à effet de serre.
La justice climatique, la défense des droits des travailleurs et la protection sociale forment un tout indissociable. Un
renforcement du rôle des services publics, une fiscalité qui pèse davantage sur le capital et sur la pollution plutôt que
sur le travail, et la recherche de l’efficacité énergétique sont des sources d’emplois durables.
Ne ratons pas cette opportunité et montons dans le train d’une transition juste, vers une société bas carbone.
Nous, FGTB, syndicat progressiste, nous avons l’ambition et la volonté de changer le monde. Pour le rendre plus juste,
plus solidaire, en associant lutte contre les inégalités et protection de l’environnement.
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Notes
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39
Pour plus d’infos:
FGTB
Rue Haute 42 | 1000 Bruxelles
Tel. +32 2 506 82 11 | Fax +32 2 506 82 29
[email protected] | www.fgtb.be
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sources. Editeur responsable: Rudy De Leeuw © novembre 2011
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