Discours d`Anne Demelenne Secrétaire générale de la FGTB Namur

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Discours d’Anne Demelenne
Secrétaire générale de la FGTB
Namur, 1er mai 2011
« A l’occasion de ce 1er mai, les constats sont amers pour ce qui concerne les travailleurs.
Depuis 2008, ils doivent se serrer la ceinture parce que le monde financier a fait tout et
n’importe quoi et qu’il continue comme si rien ne s’était passé.
La spéculation se poursuit, au risque de provoquer de nouvelles bulles financières.
Elle est, en plus, encouragée par des bonus extravagants, par des récompenses pour
services rendus aux actionnaires.
Deux exemples :
Chez nous Dexia : Monsieur Mariani va se verser un bonus de 600.000€
A New York le patron de Goldman Sachs, responsable de la crise en 2008, multiplie son
salaire par 14 en 2010 par rapport à 2009…
Et c’est ce monde-là qui nous donne des leçons et qui veut encadrer les salaires des
travailleurs.
Camarades, ce ne sont pas nos salaires qu’il faut encadre mais bien les banquiers.
Nous avons un gouvernement en affaires courantes, démissionnaire depuis un an.
Certains diront : « c’est une bonne chose, pas de mesures prises contre les travailleurs déjà
touchés par la crise financière et ses conséquences économiques et sociales. Et ils ne vont
pas dépenser l’argent des contribuables ».
Attention, ce raisonnement est dangereux car si rien n’est mis en place, la situation
budgétaire belge risque d’aggraver la dette publique (100% PIB) et de creuser les déficits.
Or, nous avons besoin de moyens pour les dépenses sociales et les services publics, pour
soutenir l’emploi !
Ne me faites pas dire qu’un gouvernement en place de plein exercice va résoudre tous nos
problèmes. Mais en juin 2010, le vote majoritaire en Wallonie était un vote de centre-gauche.
Cela signifie que les travailleurs sont en droit d’attendre des solutions qui vont dans le sens
du progrès social, pas de l’austérité !
Il existe des solutions différentes, d’autres choix sont possibles.
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Il faut, par exemple :
1) Diminuer la dette publique ?
Au lieu de laisser les agences de notation distribuer des bons et mauvais points aux Etats
pour que les marchés financiers prêtent de l’argent à des taux d’intérêt prohibitifs (ex du
Japon mal côté à cause du tremblement de terre, du tsunami, de la catastrophe nucléaire
…Un univers impitoyable)
nécessité de mettre en place un contrôle public en ce qui concerne les agences de
notation ainsi que réguler la spéculation des marchés financiers (TTF de 0,05% = 200
milliards d’euros au niveau européen + régulation) ;
nécessité de collecter l’épargne (210 milliards en Belgique)
par exemple en émettant des bons d’Etat ou, au niveau européen, des euro-obligations
et, ensuite, créer des banques publiques pour remettre de l’ordre dans le secteur et avoir
des banques réellement au service des citoyens et des entreprises au lieu d’être aux
mains des spéculateurs.
2) Diminuer les déficits publics ?
Au lieu de s’en prendre aux dépenses (services publics/sécu) et de diminuer les
investissements publics créateurs d’emplois de qualité, il faut viser les cadeaux aux
entreprises (diminution des cotisations sociales, intérêts notionnels) qui représentent 0,3%
du PIB ( !) et qui ne servent ni aux investissements ni à la création d’emplois.
Il faut s’en prendre aux gros fraudeurs du fisc et mettre en place une fiscalité plus juste sur
tous les revenus (en particulier, les revenus financiers).
Il importe aussi d’avoir une politique volontariste : prévoir des moyens pour investir dans les
infrastructures (ferroviaires, fluviales, …), dans l’isolation des bâtiments (+ de 30%
d’énergie).
Pour cela, Il faut un gouvernement au niveau fédéral.
Pas pour faire n’importe quoi car nous avons voté centre/gauche en Wallonie, il y a un an.
Le fait d’avoir un gouvernement fédéral permettrait de diminuer l’intérêt de la dette publique
d’1%, ce qui représente 0,2% du PIB, c’est-à-dire 700 millions d’euros, soit une
augmentation de 100€ net par mois pour un million de pensionnés (c’est-à-dire les petites
pensions -en dessous de 1.200€ net/mois- et les plus anciennes ).
3) Booster la compétitivité des entreprises
Certains secteurs se portent bien quand on compare les chiffres d’affaires actuels avec ceux
d’avant la crise ; on pense, entre autres, à l’industrie chimique, au métal, à l’industrie
alimentaire,…
Qu’en est-il des autres ? S’il y a problème, la solution est à chercher dans plus
d’investissements en Recherche & Développement et en formation des travailleurs…plutôt
que de financer les actionnaires.
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Sous le prétexte de maîtriser des coûts salariaux, il n’est pas question de nous mettre un
carcan salarial et de toucher à notre index.
Il faut arrêter de considérer les salaires comme les ennemis de l’économie ! La
consommation des ménages est le moteur de l’économie. On ne construit pas la prospérité
sur un désert économique.
Un autre décompte que celui des jours sans gouvernement nous inquiète :
- celui de la pompe quand on fait le plein d’essence ou de diesel (+ 12% en 6 mois) ;
- celui du camion livreur de mazout (+ 19% en 6 mois), du compteur électrique ou du
compteur à gaz (+ 10% en 6 mois).
Il est très important de le maintenir l’index car il ne nous enrichit pas mais il permet de ne
pas nous appauvrir !
Les employeurs et les partis de droite remettent en question l’indexation automatique des
salaires et des allocations sociales car « il rend le coût de la vie encore plus cher ».
C’est totalement faux. C’est l’inflation que l’on doit combattre. Et l’inflation en Belgique est
due à la hausse du pétrole. C’est le Bureau du plan qui l’affirme.
L’avertissement de la FGTB est clair et il s’adresse aux employeurs, au gouvernement, à
l’Europe aussi où la droite majoritaire au Parlement européen est le bras armé du libéralisme
le plus conservateur qui soit :
« Si vous touchez à nos salaires, à notre index, à nos allocations sociales, à
nos services publics, à nos prépensions, à nos pensions, la FGTB se
mobilisera ».
Comme nous l’avons fait contre le projet AIP alors qu’il y a avait, déjà, risque pour l’index
et volonté d’encadrer les salaires.
Comme nous le faisons contre la gouvernance économique que la droite européenne veut
imposer et qui est synonyme d’austérité pour les travailleurs.
Il existe d’autres moyens que l’austérité pour diminuer les déficits publics et sauver la
compétitivité des entreprises.
Si nous laissons faire, notre action syndicale sera cadenassée : outre l’index, la pension, la
prépension, on veut aussi attaquer notre système de négociation salariale !
Le pire est que si un état membre refuse les recettes libérales, il y a sanctions. En Belgique,
cela correspondrait à 1 milliard d’euros par année.
La droite européenne veut l’orthodoxie budgétaire et monétaire et elle n’a pas de problème à
sacrifier l’économique et le social. Ils ont tout faux. Même les économistes modérés le
disent.
Grâce à nos mobilisations réussies, nous avons marqué des points :
1) augmentation des allocations sociales;
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2) sauvegarde de l’index, même si nous savons que c’est momentané (au 1er mai,
augmentation de 2% des allocations sociales et des salaires dans les services
publics) ;
3) maintien de notre liberté de négocier les salaires, même si ce n’est pas simple au
niveau des secteurs à l’heure actuelle ;
4) premiers pas vers un contrôle renforcé pour ce qui concerne la hausse des prix des
matières premières et des produits énergétiques ;
5) contribution des banques en Belgique en ce qui concerne le budget de l’Etat/rente
nucléaire (avec la CREG, nous nous battons) ;
6) lutte contre la fraude fiscale, via la levée du secret bancaire.
Mais c’est loin d’être fini…
les négociations, au point de vue de la réforme de l’Etat et au point de vue socio-
économique sont à haut risque, en particulier pour notre sécurité sociale fédérale.
le rouleau compresseur du libéralisme est bien présent et en parfait état de marche au
niveau européen. Un premier vote en commission des affaires économiques du
Parlement européen a eu lieu le 19 avril dernier sur ces mesures anti-sociales :
clairement un vote droite/gauche.
La FGTB travaille avec le groupe socialiste et les Verts mais, malheureusement, ils sont
minoritaires.
Aussi, tout comme nous l’avons fait pour la directive Bolkestein et la directive du temps de
travail, nous devons faire reculer le Parlement européen et nous mobiliser à nouveau dans
les semaines qui viennent : c’est en juin que cela va se jouer.
Les organisations syndicales au niveau européen sont soumises au plus grand « stress
test » de tous les temps !
Alors Camarades, en cette veille du 1er mai, redisons-le haut et fort
La FGTB est mobilisée et continuera envers et contre tout à défendre l’intérêt des
travailleurs et des allocataires sociaux de ce pays et au-delà !
Bonne fête du travail à toutes et à tous ».
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