8 DOSSIER SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015 LE PROJET D’ACCO Baromètre socio-économiqu Comme chaque année, la FGTB a publié son baromètre socio-économique. Une occasion de faire le point sur l’état de l’économie sur base de données objectives puisées aux meilleures sources : OCDE, FMI, Commission européenne, Eurostat, BNB, Bureau du Plan, Statbel… La Baromètre n’est cependant pas un opuscule économique: c’est avant tout une analyse de l’évolution économique basée sur des données incontestables et avec le recul nécessaire pour porter un jugement sur la politique économique mise en œuvre. Les constats 1. Les politiques anti-crise ne marchent pas Cela fait 7 ans que la crise a éclaté et on n’en voit pas la fin malgré les politiques menées en Europe pour y faire face: la croissance reste molle et très insuffisante pour résorber le chômage. Le pouvoir d’achat est en berne, la consommation stagnante au point de frôler les risques de déflation. Les politiques d’austérité n’ont pas réussi à réduire les dettes souveraines (provoquées pour rappel par la crise financière due aux banques privées). Vous pouvez télécharger une version PDF du Baromètre socio-économique FGTB 2015 (37 pages) sur notre site: www.fgtb.be/ publications Le problème étant que cette richesse est de moins en moins bien répartie: les inégalité de revenu augmentent. Car si au début la crise a affecté tous les revenus, y compris les plus élevés, ces derniers ont vite rattrapé le retard et capté l’essentiel de l’augmentation de la richesse. Ce qui ne fait que confirmer une tendance lourde qui se vérifie sur les 30 dernières années. La Belgique est et reste un pays riche. Les Belges sont même parmi les plus riches du monde avec un patrimoine moyen de 300.000 $ soit 240.000e par adulte. Le Belge moyen ne roule pourtant pas sur l’or. Selon les derniers chiffres du SPF Economie, le revenu net imposable des Belges atteignait en moyenne 16.651 euros en 2012, soit 1.387e par mois - avant impôt... Ce revenu moyen cache d’importantes disparités et ne prend pas en compte le patrimoine mais uniquement le revenu imposable. Si on tient compte du patrimoine, la photo prend une autre dimension: • La moitié des ménages belges détiennent à peine 10% du patrimoine total • Les 10% les plus riches possèdent 44% du patrimoine • Les 5% les plus riches détiennent 32% du patrimoine • Le 1% le plus riche dispose de 12,37% du patrimoine Conclusion 1° Si crise il y a, elle est structurelle, c’est-à-dire qu’en plus des chocs conjoncturels, elle est liée à la répartition de plus en plus inégalitaire des revenus. 2° Ce n’est pas étonnant que les politiques d’austérité et de modération des revenus ne fonctionnent pas pour juguler la crise vu que l’essentiel des richesses produites est capté par une minorité qui accumule mais ne réinjecte pas dans l’économie. Tandis que la population voit sa capacité de consommation réduite et sa situation se précariser. 3° Ce n’est pas en accentuant encore ces inégalités que l’on va résoudre les problèmes. Après les grands économistes comme Krugman et Stiglitz, plusieurs organismes internationaux (FMI, OCDE) ont fait le constat que les effets des politiques d’austérité ont été sous-estimés et qu’il va falloir réinjecter de l’argent dans l’économie via la consommation et les investissement. 2. Plus riches mais moins égaux On constate cependant que malgré la crise persistante, la richesse globale n’a pas cessé d’augmenter. Source: CSB, universiteit Antwerpen, De verdeling van de vermogens in België, Mei 2014 Les riches sont donc devenus plus riches malgré «la crise». A l’opposé, le taux de risque de pauvreté de 15 % n’a plus bougé depuis des années. On voit par contre se réduire la part des «classes moyennes» telles que définies sur base des revenus (entre 70% et 150 % du revenu médian) La part des «classes moyennes» (entre 70% et 150 % du revenu médian) se réduit. Malgré cela, tant au niveau européen qu’au niveau belge, on s’accroche aux politiques de restrictions budgétaires et de modération des revenus du travail ou de remplacement qui se sont avérées contreproductives. Cette politique ne concerne pas que les pouvoirs publics et leurs politiques de revenus ou leurs politiques fiscales mais aussi les employeurs. Ensemble, ils poussent à la modération salariale, à la flexibilisation-précarisation du travail, à la réduction des dépenses de protection sociale, à la réduction de la voilure des services publics (fournisseur & consommateur de biens et services, pourvoyeur d’emplois et investisseur). DOSSIER SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015 9 ORD INTERPROFESSIONNEL ue FGTB 2015 Inverser la vapeur Vu que la baisse du pouvoir d’achat renforce la dépression économique il est clair qu’il faut inverser la tendance. 1°) rétablir le lien entre l’évolution des salaires et les gains de productivité. Depuis les années ’80, les gains de productivité ont augmenté plus que les salaires. 2°) Mettre un terme aux politiques de modération salariale et faire porter les efforts d’amélioration de la compétitivité sur les véritables facteurs qui la déterminent: innovation, R&D, entraves administratives, investissement et dynamisme entrepreneurial). 3°) Rétablir un juste équilibre entre taxation du capital et taxation du travail. • La fiscalité sur le capital particulièrement avantageuse. La Belgique se distingue par un des taux d’imposition moyen sur les bénéfices des entreprises Le taux implicite de l’impôt des sociétés (ce qu’elles paient vraiment compte tenu des déductions fiscales au lieu des 34% théoriques) n’est que de 20% (en baisse de 4 % par rapport à 2000). • Les largesses publiques octroyées aux entreprises ne servent ni la compétitivité, ni l’emploi Plutôt que d’investir directement, les pouvoirs publics préfèrent redistribuer des fonds publics aux entreprises privées. Dans le même esprit, des fonds prélevés sur la sécurité sociale financent également des réductions de cotisations supposées aussi favoriser l’emploi. Cependant on constate qu’il y a un parallélisme flagrant entre l’évolution des subsides publics aux entreprises et l’évolution des dividendes distribués aux actionnaires. Cela contribue à augmenter la richesse financière, d’autre part largement épargnée par l’impôt. De 1996 à 2013 (et après) on constate que les subsides salariaux ont augmenté de 9,5 milliards et les dividendes nets de 13,9 milliards (voir graphique ci-dessous). Sur cette même période, les dividendes ont progressé deux fois plus que les salaires mais aussi presque deux fois plus que les investissements pourtant indispensables à la compétitivité des entreprises et à l’emploi. Evolution des subventions publiques aux entreprises 1996 – 2013 1996 - 2013 SALAIRES DIFFÉRENCE EN MILLIARDS 4°) Améliorer le pouvoir d’achat de la population par une réforme fiscale juste et réellement progressive. DIVIDENDES 5°) Mettre fin au détricotage de la protection sociale et au contraire la renforcer. La fausse hypothèque des pensions légales Nos pensions sont parmi les plus basses d’Europe en terme de taux de remplacement. C’est pourquoi FGTB propose de porter le taux de 60% à 75% des salaires de référence. Contrairement aux allégations courantes, une telle revendication n’hypothèque en rien les pensions des générations futures. La charge est tout à fait supportable. 1°) parce qu’une vraie réforme fiscale juste permettrait de dégager des moyens de financement complémentaire ou de répartir autrement la charge des pensions légales par répartition que sur les seuls revenus du travail. 2°) parce que le Produit Intérieur Brut augmente plus vite que la charge supplémentaire attendue des pensions. Le PIB prévu en 2060 sera doublé par rapport à notre PIB d’aujourd’hui. Même si la charge du vieillissement est multiplié par 2,7, le solde sera encore égal à 2 fois la part du PIB restante. LA MARGE POUR FINANCER LE VIEILLISSEMENT AUGMENTE 2014 2060 COÛT DU VIEILLISSEMENT PIB = = 100 MILLIARDS 390 MILLIARDS 290 MILLIARDS COÛT DU VIEILLISSEMENT = 266 MILLIARDS X 2 RÉDUCTIONS DE COTISATIONS PATRONALES ET SUBSIDES SALARIAUX +178% +290% +13,86% +9,56% Source: BNB – Compte Nationaux – Sociétés non-financières Pourquoi ils n’a i m pas les syndica ent ts Selon l’OCDE, syndicalisatioil y a une corrélation évid n et une meill en eure redistrib te entre le taux de ution des rich esses. PIB = 840 MILLIARDS Source: FMI 580 MILLIARDS +89%