Tumeurs tubulopapillaires
Le mode de transmission supposé est autosomique
dominant à pénétrance incomplète [119], et aucune
anomalie du chromosome 3 n’a été mise en évidence,
contrairement aux TNP [10, 52, 119].
Aspects cliniques
Ces tumeurs ont en commun l’âge de survenue précoce
(45 ans en moyenne), la bilatéralité, la multifocalité et
les récidives fréquentes [120]. C’est l’absence d’élé-
ment en faveur de la maladie de VHL (autres manifes-
tations de la maladie chez le patient ou dans sa famil-
le), qui permet le diagnostic de forme familiale de can-
cer du rein commun. Dans le cas particulier des formes
tubulopapillaires, la recherche d’une maladie de VHL
est inutile, car seuls des adénocarcinomes non tubulo-
papillaires sont associés à cette affection [97].
Implications pratiques
Patient
La notion de cancer du rein familial non papillaire
impose la recherche de maladie de VHL [97]. L’attitude
thérapeutique vis à vis du cancer du rein commun pose
les mêmes problèmes que pour la maladie de VHL
(bilatéralité, multifocalité, récidives). Pour les TTP, du
fait de lésions apparemment moins invasives, un traite-
ment chirurgical conservateur paraît moins risqué.
Apparentés
Les inconnues sur le mode de transmission, le (ou les)
gène(s) impliqué(s), et la rareté des anomalies obser-
vées en cytogénétique, conduisent à une surveillance
clinique de tous les membres de la famille. Dans le cas
particulier des TNP, il faut conseiller la pratique d’un
caryotype à la recherche d’anomalie du chromosome
3p (translocation, délétion) (*).
Tumeurs de Wilms familiales
Cette tumeur de l’enfant, d’origine embryonnaire est
associée dans 15% des cas à diverses malformations
[109]. Ces malformations, qui ne sont pas plus fré-
quentes dans les formes familiales [6] sont l’aniridie,
l’hémi-hypertrophie corporelle et des malformations
uro-génitales (cryptorchidie). Plus rarement, on obser-
ve certains syndromes malformatifs congénitaux, fami-
liaux ou non: syndrome W.A.G.R. (tumeur de Wilms,
aniridie, anomalie génito-urinaire, retard mental), syn-
drome de Beckwith-Wiedmann (S.B.W.), syndrome de
Denys-Drash, syndrome de Perlman [50, 108].
Fréquence
C’est la tumeur uro-génitale de l’enfant de moins de 15
ans la plus fréquente (80%), avec une incidence annuel-
le de 1 pour 10 000 enfants de moins de 16 ans. Les
formes familiales sont exceptionnelles (1% des cas) [6],
mais l’amélioration du pronostic devrait conduire dans
les années à venir à une augmentation de ces formes
familiales transmises par les patients survivants [78].
Aspects cliniques et histologiques
L’existence de caractéristiques cliniques et histolo-
giques propres aux TW familiales est discutée. Pour
certains auteurs les formes familiales de TW présentent
les caractéristiques des tumeurs à prédisposition géné-
tique par leur survenue plus précoce (âge moyen: 2,5
ans), et leur bilatéralité (20% des cas contre 3 à G%
dans les formes sporadiques [44, 50, 60, 78, 99].
Cette différence n’est cependant pas retrouvée dans
l’étude du N.W.T.S. (National Wilms Tumor Study) qui
comportait 65 cas familiaux [6].
Aspects génétiques (Tableau 1)
La maladie a une transmission autosomique dominan-
te, à pénétrance et expressivité (*) variables [78]. Il
existe 2 gènes de prédisposition, WT1(llpl3) et
5/WT2(11plS), qui sont également impliqués respecti-
vement dans le syndrome W.A.G.R. et S.B.W. La pro-
téine codée par le gène WT1 exerce son action comme
répresseur de la transcription, et interviendrait sur la
régulation de la croissance et de la différenciation du
rein et de l’appareil urogénital du foetus [22, 50]. Dans
certaines familles il n’existe pas de liaison aux loci pré-
cédents, ce qui témoigne de l’existence d’un gène
encore inconnu (WT3) [22, 42, 44, 101].
Implications pratiques
Patient
La recherche d’une lésion controlatérale et de malfor-
mations associées doit être systématique.
Un caryotype constitutionnel à la recherche de microdé-
létions sur le bras court du chromosome 11 est indiqué.
Sur le plan thérapeutique, le traitement des formes volon-
tiers multifocales et bilatérales (synchrones ou non) est
discuté. Le comité de chirurgiens du NWTS préconise,
en cas de tumeur bilatérale, un traitement conservateur se
résumant à des biopsies chirurgicales, suivies d’une chi-
miothérapie intensive (6 semaines à 6 mois) [54,109].
Une réintervention 6 mois plus tard (voire une 3ème à 1
an) peut s’accompagner d’une chirurgie partielle, avec
chimiothérapie et radiothérapie associées si l’exérèse
complète de la lésion est impossible.
D’autres auteurs ont cependant proposé une attitude
moins conservatrice [54]. Une surveillance prolongée
est nécessaire pour le diagnostic des récidives ou des
localisations controlatérales, ou pour détecter des com-
plications parfois tardives de la chimiothérapie.
Apparentés
Une consultation génétique peut être proposée même si
les formes familiales sont rares.
• En cas de tumeur de Wilms isolée, on recherche dans
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