ACADÉMIE NATIONALE DE PHARMACIE SANTÉ PUBLIQUE - MÉDICAMENT - PRODUITS DE SANTÉ - BIOLOGIE - SANTÉ ET ENVIRONNEMENT Fondée le 3 août 1803 sous le nom de Société de Pharmacie de Paris Reconnue d’utilité publique le 5 octobre 1877 « Objets connectés en santé : quel avenir ? » Séance thématique Mercredi 17 février 2016 Cette séance a été enregistrée sur support vidéo et sera placée sur le site de l’Académie nationale de Pharmacie Compte rendu Accueil par Claude MONNERET, Président de l’Académie nationale de Pharmacie Introduction générale « Objets connectés en santé : quel avenir ? » Denise SILBER, Présidente de Basil Strategies, fondatrice de Doctor 2.0 and You Résumé du conférencier Que recouvrent-il ? En quoi consistent-ils ? Pourquoi y a-t-il une telle actualité autour de ces objets ? Quelles sont les limites de leur développement ? Quels sont les scénarii du futur ? Quel rôle pour les pharmaciens ? Résumé de la présentation en séance La conférencière pose une question à l’assemblée : y a-t-il des pharmaciens ayant une épouse pharmaciens ? Oui ? alors vous êtes déjà connectés ! Le nombre d’objets connectés a dépassé aujourd’hui le nombre de personnes sur le globe (50 Milliards en 2020). Quelques exemples d’applications : la lentille de contact et la mesure de la glycémie… Un capteur qui mesure la température de la peau…. À quoi cela peut servir ? Une équipe de football utilise des capsules permettant de mesurer la température de l’intestin. À quoi cela sert… ? Comprendre l’origine des crises d’asthme avec un GPS pour savoir quand celles-ci se déclarent et dans quelles conditions de pollution ? Quel problème je veux résoudre avec un objet connecté ? Quels objets pourront le faire ? Y a-t-il un écosystème autour, et quel est le modèle économique de ce système ? Exemple d’un patient atteint d’un cancer du colon. Il a connecté sa stomie ce qui permet d’intervenir… Une pharmacienne, qui a créé Medicimo pour éviter les erreurs de dispensation des médicaments chez des personnes âgées notamment. Les pharmaciens doivent être les proposeurs et faire de la Co-création dans le domaine de ces objets connectés. Il y a un champ énorme de développement. S’intéresser à l’hygiène de vie, au pré-diagnostique, à l’observance et aux aspects cliniques et s’assurer que la technologie ne se substitue pas à l’humain comme l’a écrit Albert EINSTEIN. QUESTIONS - RÉPONSES - COMMENTAIRES Alain ASTIER (Q) : vous avez parlé de la fiabilité des mesures et de leur qualité. Quelle est votre opinion sur le fait que ce sont potentiellement des dispositifs médicaux ? (R) : je n’ai pas inclus les bracelets. J’ai seulement présenté des dispositifs qui ont déjà des marquages CE ou vont l’obtenir. Pour les autres objets, il faudra voir comment ces produits pourront avoir le marquage CE. CR séance thématique du 17 février 2016 VF 1/6 Claude MONNERET (Q) : quelle est la frontière entre ces objets et les dispositifs médicaux ? Ce n’est pas évident. (R) : si, parce que l’on est avec des aspects de la maladie et pas de la prévention. Les objets connectés doivent avoir la même qualité que les dispositifs médicaux classiques. Agnès ARTIGES (Q) : que savez-vous des aspects liés aux assurances ? (R) : je ne connais pas les aspects liés aux assurances. C’est un peu comme la Médecine du travail qui a été confiée à des organismes privés. Jean-Pierre LOUSSON : vous avez évoqué la crise. Nous aurons des informations sur un sujet et ces informations seront communiquées à un médecin ou à d’autres personnes ? Quid de cette diffusion de données ? (R) : on a parlé de ces aspects notamment avec les défibrillateurs (cas du Président des US)… La communication des données est déjà aujourd’hui un problème dans la vie réelle, alors… Pierre POITOU : on parle aussi des données globales qui vont intéresser la société. Les données vont être traitées par qui, comment, pour quel but ? (R) : la pharmacie en France est forte mais quid des autres pays comme la Chine, qui va développer ces approches …ou les États-Unis avec la Silicone Valley ? Il faut vraiment être un acteur international. Marie-Françoise LETRANGE : nous avons des hébergeurs (HADS) pour ces données et cela sera généralisé dans l’avenir. Certains avaient des craintes mais progressivement les flux s’améliorent. Il y aura également des serveurs Européens dans un avenir proche. Envoyer nos données aux États-Unis peut représenter un risque. (R) : pour éviter ce risque, la France doit être leader dans ce domaine. « Objets connectés : que faire des données ? » Isabelle HILALI, Vice President Strategy and Marketing, Orange Healthcare Résumé du conférencier Les activités d’Orange Healthcare s’articulent autour de quatre axes : faciliter les nouveaux parcours de soin ; accompagner la transformation numérique des industries de la santé ; héberger et valoriser les données de santé ; bien vieillir et prévention. Les chiffres clefs du marché des objets connectés : des chiffres impressionnants, tirés par le secteur du wellness et de la santé ; dispositifs médicaux : de plus en plus connectés et mobiles. Des aspects clef : Sécurisation et Interopérabilité Création de valeur : des données pourquoi faire ? amélioration de la qualité de vie et de la santé des utilisateurs, coûts réduits du soin des maladies chroniques - augmentation de l’observance, baisse des hospitalisations et des complications posthospitalisation… illustré par des exemples. Résumé de la présentation en séance Nous sommes un hébergeur agréé pour les données de santé (véhiculer et héberger), et donc un partenaire technologique de la santé. Dans le domaine de l’imagerie, nous traitons cette information et la mettons à disposition des professionnels agréés. Il y a de plus en plus de soins faits à domicile, en particulier en oncologie qui nécessitent un accompagnement particulier comme l’observance des traitements, ou l’assistance en cas de problèmes. Il y a deux aspects de ce marché, l’un pour les objets connectés en général et l’autre pour les dispositifs médicaux. Les estimations sur les objets connectés en 2020 démontrent une innovation potentielle très importante. Beaucoup d’exemples viennent d’être présentés, et je vais vous indiquer des points de développement chez Orange. En termes d’imagerie, ou dans le conseil, nous accompagnons l’innovation technologique. Le premier exemple concerne les dispositifs médicaux dans le domaine cardiovasculaire. Aux États-Unis, nous aurons une connexion mobile dans quelques temps. Pour les maladies respiratoires on a également de plus en plus de connections. Les capteurs médicaux connectés vont apporter des flux très important de données. Que faire des données ? Il y a des aspects de réglementation. Dans l’apnée du sommeil, il existe des réglementations poussant vers les enregistrements systématiques. Un des aspects important concerne l’interopérabilité : il faudra pouvoir consolider des informations venant d’instruments compatibles. On parlera également de sécurité, de certification, de confiance et de normalisation, mais aussi de l’efficacité de ces données. Il y aura un travail de fond à faire sur l’exploitation de ces données : il y a beaucoup de méfiance… Les risques ont beaucoup fait parler (les maladies du Président des États-Unis !) et les bénéfices peu. Nos modèles de soins sont-ils efficients ? En termes de quantitatif avec des avantages pour les praticiens (patient virtuel), et également de la transparence des aspects de santé, ou de la satisfaction des patients, et donc de pertinence et de lisibilité de la qualité des soins. Il s’agit du « big-data » au service de l’amélioration de la Santé. QUESTIONS - RÉPONSES - COMMENTAIRES Alain GOUYETTE (Q) : nous avons évoqué l’acceptation par le malade… quid du pharmacien, ou du médecin ? Quel temps pourra-t-il consacrer à ces données ? Quel sera le modèle économique ? CR séance thématique du 17 février 2016 VF 2/6 (R) : il y a une maturité à gagner dans ce domaine. Il faut fournir la bonne information au bon moment ; et peut-être mettre au point des méthodes permettant de limiter le volume global de ces données et de les structurer. Claude MONNERET (Q) : qu’en est-il de la certification de ces objets connectés ? Et donc de la fiabilité. (Il y a une différence entre les objets connectés et les dispositifs médicaux.) (R) : oui il y a des aspects de certification dans les objets connectés pour les cibles de soin. S’il s’agit d’objets connectés non dispositif médical, cela pose des problèmes de pertinence et de qualité. Ce domaine pose beaucoup de questions pour l’avenir. Des discussions sont en cours avec des mutuelles qui pensent que c’est leur rôle de participer à l’information des patients. Jean-Luc DELMAS : quid des véhicules de ces données (3G/4G, fibres optiques) ? Quand on parle de malades logés ou positionnés, ne pourrait-on pas capter ces données avec des fibres optiques plutôt que par des systèmes d’ondes de type 3G/4G ? (R) : quand on a des dispositifs proches des patients on aura toujours le besoin de capter les informations pour les traiter ou les consolider. Les aspects de connectivité sont à prendre en considération. Nous avons des discussions avec des industriels pour l’aménagement de bâtiments spécialisés. Patricia RAFIDISON (Q) : la certification est un processus long : êtes-vous impliqués dans la certification des applications ? Quelle est votre contribution ? (R) : nous n’avons pas de rôle sur ces aspects de certification. Nous sommes compétents uniquement sur la collecte et le transfert de ces données. Il faut que les dispositifs médicaux répondent a priori à des règles précises. Alain ASTIER (Q) : la certification CE est assez pauvre en terme de qualité ; il faut être circonspect en matière de sécurité des données. Il existe des exemples de détournements (carte bleue hackées, Facebook) déjà dans de nombreux domaines, car ce n’est pas la CNIL qui peut donner une sécurité à propos de l’interception de ces données. (R) : je suis d’accord. Orange peut être attaqué. L’important ce sont les mesures prises pour assurer la sécurité, ce qui est digital peut être traqué. « Les impacts de la santé connectée et les évolutions de l’organisation des soins. Une révolution pour le pharmacien » François TEBOUL, Directeur médical de Visiomed Group Résumé de la présentation en séance Visiomed est une société française qui a développé un thermomètre connecté sans contact : thermoflash. À propos de la M-Santé, je voudrais vous présenter un panorama qui va de l’autogestion à la Télésanté. « L’autogestion » est initiée par moi-même, délibérée, et sur laquelle j’ai mon propre contrôle. Pour la télésanté, je vais avoir à évaluer les actions mises en place après des recommandations des sociétés savantes qui ont fixé des objectifs. C’est un champ d’application qui va toucher le bien-être des personnes. Nous avons développé un écosystème connecté agréé en tant que dispositif médical, accepté aux États-Unis. Ensuite il va falloir une application avec une qualification des informations (type vert orange rouge), que je vais partager avec des professionnels de santé. Il faut également des services associés qui vont permettre de mettre en valeur les informations obtenues. Qu’est ce que je fais avec mes données ? Nous avons développé des algorithmes qui vont aider à évaluer la situation. Au delà de l’analyse algorithmique, il y aura le partage avec un médecin compétent en 24/7. Les données doivent être interopérables. Les données sont stockées chez Orange Business Santé. La santé connectée c’est également un réseau de partenaires car les intervenants participent à la chaine de valeur. Les collaborations de Visiomed sont évoquées (H2AB, CEA-LETI, Orange, Recherche clinique, partenaire de communication). Le modèle part du patient et des objets connectés, et via les « smart phone » ou le « gateway », intègre les professionnels de santé. Les situations de débordements sont également traitées. Le premier impact c’est de projeter un expert sur un grand bassin de population. Les facteurs prédictifs précoces sont une clef pour capter une information avant que le patient ne l’exprime lui même. Ainsi, le poids peut-être une information précoce pour des affections à venir. Certains actes pourront donc être faits par des personnes moins qualifiées, moins chères. Dans le cadre de la cardiologie, certains actes vont pouvoir être réalisées par d’autres personnes que le médecin et libérer du temps pour ce dernier. Nous pourrons freiner l’hospitalisation, ou a contrario, l’accélérer dans certains cas. L’agrégation des données est également un des aspects importants pour une pertinence de la démarche. On va pouvoir être intégré dans des protocoles sur des cibles particulières. Cela serait un moyen d’obtenir des aspects épidémiologiques. L’insuffisance cardiaque est un domaine qui peut relever de cette approche (10 % de la population après 80 ans), avec un impact primaire qui est une prise de poids. Les résultats de cette approche sont démontrés, avec une diminution de l’hospitalisation et de la mortalité. Ainsi, une balance connectée, un tensiomètre et une équipe permet de répondre d’une manière beaucoup plus efficace (diminution de 50 % de la mortalité) à cette pathologie potentielle. Le renouvellement des ordonnances est aujourd’hui la solution du domaine de la santé, celui-ci pourrait être appréhendé d’une manière beaucoup plus efficace… La M-Santé est pour nous une solution pertinente, et efficace, notamment pour certains facteurs de risques. Pour les pharmaciens, il existe par exemple un programme en Belgique de mesure de la dénutrition chez les personnes âgées. On peut appliquer cela également en suivi oncologique. La M-Santé c’est de l’autogestion et de la télé santé, avec beaucoup d’humain. Le pharmacien est un homme de Santé, sur le terrain, et il peut tenir une place importante dans le développement de cette M-Santé. Il reste la question du système économique pour le pharmacien sur lequel des débats pourraient être ouverts. CR séance thématique du 17 février 2016 VF 3/6 QUESTIONS - RÉPONSES - COMMENTAIRES Claude MONNERET (Q) : on a parlé du système en préventif, mais pour des personnes non malades, qu’en est-il ? (R) : en impact de prévention primaire il y a le domaine cardiovasculaire. C’est la limite entre le bien-être et la pathologie. Les modèles économiques sont plus simples et les assureurs sont prêts à travailler dans ces domaines. Nous travaillons sur le domaine santé plus que sur la prévention. Alain SAINT-PIERRE (Q) : cela démontre l’intérêt d’un suivi à long terme. Avez-vous regardé l’incidence économique ? Quel coût en comparatif par rapport au suivi traditionnel ? (R) : une étude, dans le domaine cardiologique, en auvergne montre l’impact sur le plan de l’hospitalisation (un gain de 6 000 euros/personnes). Une balance connectée c’est 50 €… !. Les gains sont principalement sur les hospitalisations, et sur les transports. En extrapolation sur la France ce serait près de 2 Milliards d’euros. Cependant, les résultats extrapolables sont, de toutes façons, discutables. Jean-Pierre LOUSSON (Q) : dans certaines affections beaucoup d’acteurs sont impliqués. N’est ce pas la structure de base pour une telle approche ? (R) : il y a effectivement des rapprochements de personnes et/ou d’associations qui pourraient mettre cela en place. La difficulté c’est de transformer cette approche en réalité générale, et en particulier de convaincre les autorités des économies d’échelle avec ce genre d’approche. Il faudrait l’influence de groupes tels que l’Académie pour relayer cette approche. Alain ASTIER (Q) : nous sommes aujourd’hui sur une approche du « tout médicament ». Et cela est difficile d’intégrer une telle approche. La vraie innovation serait effectivement de s’engager dans cette démarche plutôt que de rechercher un nouveau médicament à 2 Milliards d’euros. (R) : le Pr CASSAGNE pourrait venir témoigner de l’efficacité de ces approches. La qualité humaine est de plus très présente comme conséquence de cette nouvelle approche. « Les objets connectés Santé en Officine : évolution ou révolution ? » Christian-Éric MAUFFRÉ, membre de l’Académie nationale de Pharmacie Résumé du conférencier Grâce aux smartphones, les données de santé sont rentrées de façon presque invisible dans le quotidien. Les objets connectés, perçus par les utilisateurs comme une aide à la connaissance et à la prise de conscience, bénéficient d’un a priori favorable comme outil de nature à modifier le comportement de l’individu. De capteur, l’objet devient indicateur, voire gestionnaire d’une donnée précieuse, une donnée de santé. L’officine, carrefour majeur de la Santé publique, rencontre donc ce patient « numérique », prêt à partager ses données de santé avec les professionnels pour un meilleur suivi et une meilleure observance concernant le médicament. L’E-observance se profile, avec l’ambitieux suivi actif du patient. Et la technologie peut relier le patient et sa pharmacie à un réseau de santé, c’est la connexion collaborative. Pour l’Officine, il s’agit d’une opportunité de création de valeur à la fois pour le pharmacien facilitateur et pour le patient renforçant son autonomie. Les modèles mis en place en Officine seront analysés au regard de leur impact sur la transformation du modèle de santé. Résumé de la présentation en séance Nous allons dans un autre parcours en officine. En quoi un objet est intelligent en termes de Santé ? L’outil de type « smart phone » est déjà largement utilisé. Il faut aborder le stockage et le partage des données, ainsi que l’importance du réseau officinal dans cette approche. L’information pour l’information n’est pas la solution. Il faut différencier les objets portables et les objets fixes connectés à demeure. Nous ne parlerons pas non plus des objets implantables. L’utilisateur a un a priori favorable sur l’objet connecté. Dans l’officine on va parler de la mesure et avec l’algorithme utilisé, une qualité pourra être apportée à la donnée qui va mobiliser l’acteur qu’est le patient ; par ailleurs, ces données pourront être transférées à des professionnels ou à des groupes spécialisés (voire de patients). L’intelligence se situe à chaque étape du processus, du simple capteur jusqu’au paramétrage. Il y a un marché pour l’officine : la rupture technologique des outils connectés et « l’empowerment » (implication du patient à prendre en main sa santé) des sujets sont les raisons du succès. Nous souhaitons tous nous réapproprier les éléments de notre santé. L’officine est un lieu de rencontre traditionnel, qui inspire un climat de confiance avec le patient. Cela autorise le partage des données et la collaboration entre professionnels et patients. Les Français sont convaincus de l’intérêt de la médecine connectée. 53 % des pharmaciens sont intéressés (étude de 2014). Les « business model » autour de l’internet : « Business to Consumer » and « Business to Business », sont discutés. Les gros acteurs s’enrichissent de l’ensemble des données. Le réseau va constituer la valeur ajoutée. Le coté Santé individuel et Publique est intéressé par l’ensemble des données disponibles pour améliorer les aspects de recherche. Deux axes peuvent être également décrits : il s’agit de l’e-observance et des e-paramètres qui sont évolutifs. Le patient est l’acteur majeur de ces paramètres. La gestion des ordonnances peut être un des aspects de cette démarche. Le pilulier connecté est un service qui peut être payant… Aujourd’hui on peut envoyer les informations à l’officine 24/24 et 7/7 jours. On peut CR séance thématique du 17 février 2016 VF 4/6 également s’intéresser à la gestion de médicaments par type d’applications. Il existe également des applications offertes par l’officine ou par les sociétés pharmaceutiques elles mêmes. Délivrer des produits sans lien, sans intervention n’a pas de sens. Évolution ou révolution ? Il y a trois critères de réussite : confiance, règle de bon usage, fluidité. Est-ce que cela peut être une révolution : oui, si on évolue vers un modèle préventif, oui pour une mutation des professionnels de santé qui deviennent acteurs et co-gestionnaires avec un partage du savoir, oui, si ces objets sont un vrai levier de santé. QUESTIONS - RÉPONSES - COMMENTAIRES Claude MONNERET (Q) : comment va s’opérer le choix de ces objets intelligents dans les officines ? (R) : aujourd’hui il faut expérimenter et en fonction de l’interopérabilité des objets, définir des cibles pour l’officine. Patricia RAFIDISON (Q) : est-ce que l’officine ne devrait pas être chez le patient ? (R) : l’officine est déjà en partie chez le patient par l’armoire à pharmacie. L’essentiel est le partage de l’information entre le patient et l’officine. Il s’agit d’une approche de premier recours, l’interaction se fait selon le besoin. Tout le monde doit pouvoir profiter du système. Alain ASTIER (Q) : le pharmacien apparaît comme le fournisseur du dispositif, mais il faut préférer le service qui permet l’humain et donc la pertinence de l’approche. Le succès viendra quand le réseau sera capable de proposer un service. (R) : ceci est évidemment indispensable. Il faudra réfléchir au modèle économique de ces dispositifs. « Aspects sociétaux » Christian SAOUT, Secrétaire Général Délégué du Collectif interassociatif sur la santé Résumé de la présentation en séance Le collectif interassociatif sur la santé regroupe 42 associations (patient, famille, handicapés…). Il n’y a pas de divergences avec ce qui vient d’être dit sur les dispositifs connectés. Nous mettons dans ces approches des choses très nouvelles, inimaginables il y a cinq ou dix ans. Ces objets offrent des solutions et des situations très intéressantes, le patient comprend mieux les enjeux pour sa santé. Quelles sont les interrogations sociétales ? Il y a un coté Janus (positif et inquiétude) qu’il faudra évaluer à la fin de cette journée. C’est un facteur de progression, du reste à charge, mais également, un facteur d’optimisation des choix. C’est un facteur de croissance de l’offre et également une remise en question de cette offre. C’est un facteur de progression des inégalités territoriales, et un facteur de correction des inégalités de l’offre. C’est un facteur d’autonomie mais aussi un facteur de contrôle. Présentation d’une grille de lecture sur cinq entrées : accès et prix, autonomie, co-construction, reddition des comptes et contrôle (données et algorithme). Qui les paiera ? Le téléphone a déjà été un élément de santé. Quel est l’accès à ces outils ? Il y a une question de prix et de mise à disposition. Cela peut impacter l’innovation pour des raisons de budget. On dit aujourd’hui qu’il y a 30 % de soins inutiles…La question des assureurs est également évoquée (mutuelle…). Réseau et couverture sont un des aspects importants de cette approche et en particulier l’aspect ‘’zone blanche’’. L’autonomie se renforce poussée par la technologie et par l’humain. La connexion devrait ne pas alourdir les aspects de traitement. Il faudrait alléger les contraintes plutôt que les alourdir. Les patients veulent être présents et inclus dans les solutions proposées. Les approches sont aujourd’hui commerciales et il faudrait envisager des co-constructions. La reddition des comptes doit être également abordée. Ceux qui ont permis de mettre en évidence ce genre d’approche ne sont jamais indemnisés. Il n’y a jamais de retour vers ceux qui permettent l’émergence de ces solutions. La transparence pose également des problèmes à prendre en compte. On ne sait pas qui est propriétaire des approches de type Internet. Il y a un manque de transparence. Le contrôle, c’est une tentation du système mais qui doit être un sujet de réflexion. La question de la valorisation des bases de données « publique » ou « privée » reste posée. Référence à la « vie algorithmique ». On est devant des outils de jouissance immédiate. Les risques vont venir ensuite. Le projet de loi sur les données numériques apporte quelques réponses mais elles nous semblent insuffisantes. QUESTIONS - RÉPONSES - COMMENTAIRES Jean-Claude CHAUMEIL (Q) : en tant que patient ai-je accès à mes données ? Où sont les données aujourd’hui ? Et comment se fait-il que le patient n’ait pas accès à ses données ? (R) : il faut être fier de ce qui nous arrive avec les objets connectés car cette nouvelle situation permet de mettre en lumière les problèmes du passé ! Nous n’avons pas eu accès à nos données médicales, et cela n’était pas juste. Il y a eu des polémiques sur l’obtention des avis (2ème avis !). Comment avec le numérique retrouverons-nous l’accès à des données ? Cela pose des questions. Jean-Claude CHAUMEIL (Q) : cela pose également la question de la collaboration des personnels de santé et notamment la résistance des médecins à transmettre les données. (R) : vous avez raison, je le constate et le regrette. Jean-Luc DELMAS (Q) : certification ? Accès au plus grand nombre de malades. Qui viendra certifier ? Que pensez-vous de l’approche UK, qui a choisi le NICE, qui, par ailleurs, est le payeur ? CR séance thématique du 17 février 2016 VF 5/6 (R) : la Haute autorité de santé s’est inspirée de ce qui se fait en Suisse. Compte tenu des contraintes économiques il faudra des éléments de preuve que ces outils apportent quelque chose de pertinent pour que les organisations de santé s’emparent de ces sujets. L’économie n’est pas loin de ces ouvertures. On se pose beaucoup de questions sur le devenir de ces approches, il faudra faire un tri… Monique ADOLPHE (Q) : l’arrivée de l’informatique a rendu énormément de service mais est ce que prendre sa tension tout les jours ou toutes les heures sera un plus ? Je pense que l’excès d’information peut être un problème. (R) : la mesure des pas est anecdotique et les personnes se lassent parce qu’ils en ont peu d’utilité. Il y a une valence personnelle dans toutes ces approches. On apprend à se comporter avec Internet aujourd’hui. Il faut que la sérénité prenne corps…avec ces innovations. Alain ASTIER (Q) : quel est le vrai intérêt de ces mesures ? En cardiologie, la prise de poids est prouvée ; dans d’autres cas non. Même l’observance, d’après certaines publications récentes, n’est pas forcément améliorée par les objets connectés. (R) : il faut regarder les effets sur la non-observance. L’intérêt d’un papier scientifique n’aidera peut-être pas non plus à l’émergence de ces solutions. Il y a des ambitions nouvelles que nous devons continuer à développer. Conclusions « L’Académie nationale de Pharmacie et son groupe de veille » Patricia RAFIDISON, membre de l’Académie nationale de Pharmacie L’Académie nationale de Pharmacie a mis en place un groupe de veille sur la thématique de cette journée d’ouverture. Le groupe de veille veut dresser le paysage de ce qu’on appelle « connecté ». C’est aussi essayer de replacer le pharmacien d’officine dans cette problématique. C’est important de comprendre la typologie de ces objets. Quels sont les impacts de ces objets ? Quels sont les risques ? Quelle est la place de l’innovation et de cette technologie qui aura un impact sur notre vie ? Cette session apparaît très bénéfique pour avancer dans ce domaine et pour être de plus en plus acteur, mais le pharmacien est-il préparé et formé de façon adéquate à ce mode mouvant ? J’ai noté : cela va vite, c’est innovant, est ce que c’est fiable ? ce n’est pas sûr ! Nous les pharmaciens sommes des acteurs principaux dans ce domaine et nous devons nous rapprocher du patient. Nous projetons la mise en place d’autres séances pour améliorer notre connaissance du domaine. Le Président lève la séance à 16 h 45 * * * Claude MONNERET Président Agnès ARTIGES Le Secrétaire Général CR séance thématique du 17 février 2016 VF 6/6