Connexine 26 (surdité bilatérale)
La surdité affecte 1enfant sur 1000 àlanaissance, 5%
de la population âgée de moins de 45 ans et 30 %des
sujets de plus de 70 ans.
Chez l’adulte, la presbyacousie est la cause la plus fré-
quente, avec sans nul doute une prédisposition hérédi-
taire.
Chez l’enfant, les deux tiers des cas de surdités pro-
fondes sont associés àune cause génétique (surdité
familiale et/ou intégration de la surdité dans un syn-
drome génétique connu). De récents progrès ont été
accomplis dans la connaissance des surdités d’origine
génétique, grâce àl’identification d’un nombre crois-
sant de gènes impliqués et àlamise au point d’outils
performants de diagnostic moléculaire.
1fois sur 3, la surdité génétique s’intègre dans un
syndrome. Des centaines de syndromes polymalfor-
matifs ou polypathologiques peuvent être associés à
une surdité et plus de 100 gènes en cause sont iden-
tifiés ;
2fois sur 3, la surdité est non syndromique (ou iso-
lée) :elle est la seule manifestation de l’atteinte
génique. En cas de surdité congénitale, il s’agit dans
près de la moitié des cas d’une forme due àune muta-
tion du gène de la connexine 26 GJB2.
La connexine 26 est une protéine impliquée dans les
jonctions intercellulaires, notamment dans la cochlée,
et joue un rôle dans le recyclage de certaines molécules
essentielles au fonctionnement des cellules neuro-
sensorielles.
Caractéristique cliniques
Dans la majorité des études épidémiologiques, une pro-
portion d’environ un tiers des surdités de l’enfant n’a
pas d’étiologie connue. D’après une récente étude de
prévalence des mutations du gène GJB2,onestime
maintenant que la majorité des cas sporadiques (10 à
37 %) de surdité sont des formes génétiques, autoso-
miques récessives.
On adécouvert en 1997 qu’une forme de surdité congé-
nitale, DFNB1, est une des maladies génétiques
humaines les plus fréquentes. Elle rend compte de 56 %
des surdités autosomiques récessives congénitales en
France, 49 %enEspagne et Italie, 34 %aux États-
Unis. Les études de prévalence de la mutation majori-
taire (30delG ou 35delG) du gène GJB2 dans la
population générale montrent une forte prévalence des
porteurs hétérozygotes (normo-entendants) de 30delG
Guide des analyses spécialisées
en Espagne (4 %), une prévalence de 2,3 %enItalie et
de 2%aux États-Unis.
DFNB1 est une surdité de perception isolée avec
atteinte des deux oreilles et qui survient toujours avant
l’âge de l’acquisition du langage. Le déficit auditif peut
être léger, moyen, sévère ou profond. Il existe une varia-
bilité de la sévérité de l’atteinte auditive inter- et intra-
familiale. La surdité est peu ou pas évolutive, au moins
durant l’enfance. Elle touche préférentiellement les fré-
quences les plus aiguës ou affecte toutes les fréquences
avec la même sévérité.
Le bilan doit être tout d’abord clinique, fondé sur un
interrogatoire dirigé et un examen ORL, des épreuves
vestibulaires caloriques, un examen pédiatrique et oph-
talmologique. Certains examens complémentaires sys-
tématiques semblent nécessaires àundiagnostic
étiologique précis de surdité d’origine génétique :exa-
mens audiométriques familiaux, tomodensitométrie des
rochers, électrocardiogramme (ECG) et recherche
d’hématurie-protéinurie.
Les examens audiométriques familiaux (parents-fratrie)
sont un des éléments importants du diagnostic étiolo-
gique. Ils permettent fréquemment de détecter des
hypoacousies légères ou moyennes non signalées par la
famille, de faire le diagnostic de surdité héréditaire et
de préciser le mode de transmission de la surdité dans
la famille.
L’intérêt de l’examen ophtalmologique avec fond d’œil
systématique chez les sujets sourds est majeur. Plus de
50 syndromes associent surdité et pathologie visuelle.
Parmi les enfants atteints de surdités sévères et pro-
fondes, on retrouve près de 50 %d’anomalies ophtal-
mologiques. De plus, le fond d’œil est le seul moyen de
mettre en évidence la rétinite pigmentaire du syndrome
d’Usher. Le syndrome d’Usher associe une surdité
congénitale et une cécité par rétinite pigmentaire
d’apparition plus tardive. Dans ce cadre, la prise en
charge d’un enfant doublement handicapé sera plus
précoce et plus complète.
Au terme du bilan, l’orientation étiologique permet de
distinguer les surdités de cause extrinsèque, les surdités
s’intégrant dans un syndrome, les surdités génétiques
non syndromiques et les cas sporadiques sans cause
reconnue. Dans ces deux dernières situations, le diag-
nostic moléculaire de mutations dans le gène GJB2 peut
être proposé.
Caractéristiques génétiques
Les surdités génétiques non syndromiques sont d’une
extraordinaire hétérogénéité (plus de 37 gènes ont été
identifiés àcejour). Cependant, malgré cette grande
hétérogénéité apparente, les anomalies moléculaires
d’un seul gène, le gène GJB2, interviennent dans envi-
ron 50 %des cas de surdités autosomiques récessives.
Ce gène GJB2 code la protéine connexine 26, un
membre de la famille des connexines. C’est un gène de
petite taille, composé de deux exons dont le premier
est non codant, le second contenant àlui seul toute la
séquence codante. Il s’exprime dans une grande variété
de cellules et tissus.
La technique utilisée pour étudier ce gène est une tech-
nique de séquençage direct automatique. La détermina-
tion complète de la séquence du gène est une technique
lourde rendue nécessaire par la multiplicité des muta-
tions déjà identifiées.
Il existe une mutation majoritaire émergeant des diffé-
rentes études déjà effectuées (délétion en position 30
d’une guanine [30delG]). Àl’état homozygote, cette
mutation est liée au phénotype «surdité ». Dans notre
cohorte, cette mutation est présente àl’état homozygote
dans 60 %des cas.
Depuis la reconnaissance de cette délétion, d’autres
anomalies ont été mises en évidence au niveau des
exons 1et2.Ces nouvelles mutations que l’on peut
qualifier de «privées »car mises en évidence pour une
seule famille sont très difficiles d’interprétation. Il peut
s’agir de mutations pathogènes comme de polymor-
phismes (mutations ne modifiant pas la fonction de la
protéine).
La pathogénicité de nouvelles mutations peut être sus-
pectée sur un phénotype très évocateur, sur la mise en
évidence de cette même mutation chez un autre sujet
sourd de la même famille ou d’une autre famille et/ou
par la réalisation de modèles in vitro.
Dans environ 30 à55%des cas, une seule mutation
est identifiée dans le gène GJB2,laissant supposer
l’existence d’une seconde anomalie moléculaire àl’exté-
rieur de ce gène. Des études récentes ont en effet
démontré l’existence d’une large délétion dans un autre
gène GJB6 codant une autre protéine gap-jonction, la
connexine 30 ;les résultats suggèrent que cette anoma-
lie pourrait être la deuxième cause la plus fréquente à
l’origine des surdités récessives autosomiques non syn-
dromiques, soit àl’état homozygote, soit àl’état hétéro-
zygote en association avec une mutation du gène GJB2.
Comme pour toute maladie génétique, l’étude du cas
index est toujours accompagnée de l’étude des parents,
particulièrement justifiée dans ce contexte de nouvelles
mutations.
Un conseil génétique doit être proposé, àdistance de
l’annonce du diagnostic de surdité, àtout parent ayant
un enfant sourd et àtout adulte sourd. Il permet dans
un grand nombre de cas d’affirmer l’origine génétique
de la surdité, d’établir son mode de transmission et le
risque de récurrence lors d’une prochaine grossesse,
d’évaluer le pronostic évolutif du déficit auditif et de
rechercher des anomalies cliniques associées.
La prise en charge du déficit s’effectuera selon l’impor-
tance de la surdité.
(Denoyelle F, Weil D, Maw MA,WilcoxSA, LenchNJ, Allen-Powell DR, et al.
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Use of amultiplex PCR/sequencing strategytodetect both connexin 30
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Am JMed Genet 2003 ;121A :102-108.
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