néique par heure augmentant les risques d’hypertension
d’un pour cent [8].
L’obstruction partielle du pharynx pendant les apnées obs-
tructives a des conséquences mécaniques, hémodynami-
ques et biologiques défavorables sur le système cardiovas-
culaire. Les efforts inspiratoires de lutte contre l’obstacle
pharyngé provoquent des chutes brutales de la pression
intrathoracique, une augmentation du retour veineux, un
déplacement du septum interventriculaire vers la gauche et
une élévation de la pression ventriculaire gauche transmu-
rale. L’hypoxie et les variations de la capnie majorent la
stimulation sympathique et réduisent le tonus vagal, en
stimulant les chémorécepteurs périphériques, provoquant
une vasoconstriction, l’augmentation des résistances péri-
phériques et de la post-charge ventriculaire, l’accélération
de la fréquence cardiaque. Le réveil majore les décharges
sympathiques et s’accompagne de fortes accélérations car-
diaques et de poussées tensionnelles. L’endormissement
entraîne un nouveau collapsus du pharynx et le cycle apnée-
réveil se reproduit plusieurs centaines de fois par nuit
soumettant l’ensemble du système cardiovasculaire à de
brutales décharges sympathiques, confirmées par les dosa-
ges des concentrations urinaires des catécholamines [9].
L’élévation de la pression artérielle et de la fréquence
cardiaque ne se limite pas à la période de sommeil et les
contrôles par enregistrements ambulatoires confirment des
élévations diurnes, délétères de ces paramètres. De plus,
des anomalies biologiques telles une augmentation du fibri-
nogène et de la viscosité sanguine, de la C réactive protéine,
de l’interleukine 6, ont été rapportées, proportionnelles à la
fréquence des apnées, ainsi que l’induction d’un stress
oxydatif, de l’expression des molécules d’adhésion CD15
et CD11c au sein des monocytes. La dysfonction endothé-
liale dans un contexte inflammatoire augmente les concen-
trations d’endothéline, favorisant l’hypertension artérielle
et l’athérogenèse. La succession d’épisodes d’hypoxie et de
réoxygénation a des conséquences endothéliales similaires
à celles des lésions de reperfusion avec l’expression de
radicaux libres, de molécules d’adhésion leucocytaires.
L’augmentation de la réactivité endothéliale peut faciliter
et accélérer les processus athérogènes [10]. Sur le plan
hémodynamique, l’élévation de la pression veineuse cen-
trale provoque un œdème péripharyngé augmentant la résis-
tance à l’influx aérien et créant un obstacle inspiratoire. De
même, les élévations réitérées de la post-charge et de la
contrainte pariétale, la tachycardie induite par la stimula-
tion sympathique, conjuguées à l’hypoxie et à l’augmenta-
tion de la consommation en oxygène myocardique aboutis-
sent à l’hypertrophie myocardique et au remodelage
ventriculaire gauche. L’augmentation du travail ventricu-
laire et des besoins métaboliques du myocarde alors que
l’apport en oxygène est diminué entraîne l’ischémie et la
dysfonction ventriculaire. La perte de poids peut en partie
normaliser ces anomalies dont le traitement standard reste
la pression positive expiratoire.
Conséquences hémodynamiques de l’obésité
L’obésité entraîne une élévation du débit cardiaque et une
expansion du secteur intravasculaire pour répondre à une
demande métabolique accrue liée à l’augmentation de la
masse grasse. La majoration du volume sanguin total est en
rapport avec une augmentation du lit vasculaire, essentiel-
lement au niveau du tissu adipeux. Le volume plasmatique
est ainsi élevé chez l’obèse. La fréquence cardiaque n’étant
pas modifiée, la majoration du débit cardiaque est essentiel-
lement secondaire à une augmentation du volume d’éjec-
tion systolique. L’élévation du débit cardiaque est en fait
proportionnelle à l’augmentation de la surface corporelle,
ainsi l’index cardiaque reste normal ou s’élève peu chez
l’obèse. Les résistances vasculaires systémiques sont dimi-
nuées chez l’obèse normotendu, ainsi que l’activité rénine
plasmatique.
L’association d’une hypertension artérielle à l’obésité mo-
difie le profil hémodynamique. En effet, les résistances
vasculaires systémiques, qui sont diminuées chez l’obèse
normotendu, sont normales ou discrètement élevées chez
l’obèse hypertendu. Le profil hémodynamique est cepen-
dant différent des patients hypertendus non obèses, où
existe une augmentation importance des résistances vascu-
laires systémiques. Ainsi, pour un même niveau tensionnel,
les résistances vasculaires systémiques sont plus basses
chez les sujets obèses que chez les sujets maigres.
Les perturbations neurohormonales induites par l’obésité
pourraient être à l’origine de ces altérations hémodynami-
ques [11]. Chez les patients obèses, la résistance à l’insu-
line et à la leptine, hormone sécrétée par les adipocytes,
associée à une suppression de l’activité biologique des
peptides natriurétiques et à l’activation du système rénine-
angiotensine tissulaire au sein du tissu adipeux, favorise la
rétention sodée qui entraîne une majoration du volume
plasmatique et donc du débit cardiaque [12]. Au cours de
l’obésité androïde, l’insulinorésistance, liée à l’augmenta-
tion de la graisse viscérale, en induisant un hyperinsuli-
nisme est à l’origine d’une activation du système nerveux
sympathique qui favorise l’apparition de l’hypertension
artérielle, en entraînant une vasoconstriction et une aug-
mentation de la rétention sodée [13]. Les effets de la leptine
et d’autres facteurs cardiaques comme l’ANP sur le sys-
tème nerveux sympathique pourraient également intervenir
sur le contrôle tensionnel [14].
Une découverte récente dans les dernières années permet de
faire le lien entre l’adipocyte et la cardiopathie de l’obèse.
STV, vol. 19, n° 2, février 2007
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