2 siècles d’histoire de la garde impériale russe
en 8 séquences chronologiques
I - La naissance de la garde impériale – Pierre Ier le Grand
La garde impériale est créée en 1683 sous le règne de Pierre le Grand (1682-1725), tsar-réformateur et fondateur
de l’Empire russe. Elle représente un outil politique autant que militaire, au service de ses projets. Le corps des officiers se
compose de nobles, partisans des réformes ; sous leur autorité, les soldats, formés à l’école de l’obéissance, de la disci-
pline et de la fidélité, sont le plus sûr pilier du nouvel Etat. Plus encore, la Garde incarne
la nouvelle société, à la fois ouverte sur les évolutions technologiques de la société oc-
cidentale et dominée par l’élite du mérite, de l’honneur et de l’abnégation, au service de
la Patrie et de l’Empereur.
II – Complots de palais - la Garde au cœur de la société
Après la mort de Pierre Ier, le pouvoir politique s’affaiblit, celui de la Garde s’en voit renforcé, et cette dernière joue
un rôle décisif dans le succès des coups d’Etat du XVIIIe siècle (Catherine Ière, 1725 ; Anne, 1730 ; Elisabeth, 1741 ; Ca-
therine II, 1762).
A cette époque, la Russie accède au statut de grande puissance européenne. Ses liens économiques, politiques et cultu-
rels avec l’Europe influencent la société de Saint-Pétersbourg, où la Garde constitue près du tiers de la population. Ses
officiers sont alors au coeur des relations culturelles que les élites russes nouent avec la France à partir du règne d’Elisa-
beth (1741-1762).
III – Les guerres napoléoniennes
Les guerres napoléoniennes marquent profondément la société russe. Com-
mencées par les humiliations d’Austerlitz et de Friedland, ces guerres se transfor-
ment, avec l’invasion de 1812, en « Guerre patriotique » et trouvent leur aboutisse-
ment glorieux avec l’arrivée à Paris des troupes d’Alexandre Ier. De ces victoires nais-
sent un enthousiasme populaire général et un véritable sentiment national. Jusqu’à
présent, cette époque représente une sorte de légende fondatrice de l’Etat russe.
Le romantisme russe naît à la suite de ces guerres contre Napoléon. La
Garde et les héros de la Guerre patriotique – Koutouzov, Bagration, Raïevski, Denis
Davidov – incarnent véritablement, aux yeux des Rus-
ses, cette époque glorieuse. Les poètes et roman-
ciers, de Pouchkine à Tolstoï, évoquent la Garde, à la
fois témoin et acteur de son temps, nimbée d’une aura
sans pareil. On la retrouve dans des œuvres comme
Le Cavalier d’airain de Pouchkine (1833), ou chez
Tolstoï dans Anna Karénine (1877) et Guerre et Paix
(1865-69).
Au service des Tsars, Musée de l’Armée, 9 oct. 2010 / 23 janv.2011
< Portrait de l’impératrice Élisabeth Petrovna à cheval accompagnée d’un négrillon
Anonyme, milieu XVIIIe s.
© Musée de l’Ermitage
Élisabeth Petrovna (1709 – 1762) est la fille de Pierre Ier et Catherine Ier, princesse héritière à
partir de 1721, elle est couronnée impératrice de Russie en 1741.
En tant qu’impératrice, elle a cherche à se placer dans la continuité de la politique de son père
Pierre le Grand, fondateur de l’Empire russe. À ce titre, elle affectionnait de se montrer devant
ses gardes dans la tenue du régiment Preobrajensky. C’est ainsi, en uniforme et à cheval, qu’elle
est représentée par le peintre de cour Georg Christoph Grooth (1716 – 1749).
L’image « d’Impératrice des troupes », cultivée par Élisabeth Petrovna, était appréciée par les
membres de la garde impériale, grâce à laquelle elle avait accédé au trône.
< Pelisse d’officier de hussard
ayant appartenu à Alexandre Ier, 1815-1826
© Collection musée de l’Ermitage
^ Portrait d’Alexandre Ier
par Volkhov, 1811
© Collection musée de l’Ermitage
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