En février 2011, le grand laboratoire américain Pzer, premier fabricant de
médicaments listés, a créé Pzer Direct, une structure de distribution directe, qui n’est
pas soumise à l’obligation de service public. Cela a inquiété les experts et autorités
locales. Selon Pharma Times Online du 11 juillet 2011, les motifs d’inquiétude étaient
que le cas Pzer fasse école, ce qui entraînerait une fragilisation des répartiteurs
australiens. Si les 4 plus gros laboratoires d’Australie adoptaient ce modèle, la perte
de volumes et la réduction par deux des bénéces des répartiteurs feraient craindre
que ceux-ci ne changent de statut pour devenir de simples distributeurs sans obligation
de service public, ce qui compromettrait l’accès des patients à toute la variété des
médicaments listés.
Il y a bien sûr une forte « intox » dans cette présentation, les patients servant d’alibi
à des luttes entre groupes pour le contrôle du marché. Mais il y a aussi une part de
risque réel.
Au Royaume-Uni, GSK a une pratique mixte depuis 1991, avec de la distribution
directe sans renoncement à une stratégie d’approvisionnement de tous les grossistes-
répartiteurs. Mais en 2007, Pzer s’est lancé à son tour, avec une stratégie nettement
plus tranchée : d’abord uniquement de la distribution directe, puis retour vers la
répartition mais dans le cadre d’une relation exclusive, privilégiée, avec un seul
répartiteur, UniChem (Alliance Healthcare aujourd’hui). AstraZeneca l’a ensuite imité.
Quant à Sano, il a adopté un modèle sans distribution directe mais avec seulement
3 répartiteurs.
Cette situation déséquilibre les relations entre les répartiteurs, qui jusqu’à présent
n’avaient pas le choix de leurs fournisseurs et devaient distribuer tout le monde.
Certains répartiteurs se trouvent favorisés et les autres ne peuvent plus remplir leur
obligation de service public.
Une expertise réalisée par un organisme spécialisé à la demande des pouvoirs publics,
a rendu des conclusions nuancées.
Elle reconnaît que la vente directe peut, dans certains cas, être plus efcace. Elle
reconnaît aussi le droit aux fabricants de faire ce que bon leur semble…
Mais elle souligne un risque signicatif d’augmentation des dépenses pour le NHS (les
autorités de santé), pouvant atteindre des centaines de millions de livres sterling par
an, et des conséquences sur les pharmacies d’ofcine. Elle afrme aussi qu’il est très
probable que la vente directe aux pharmacies changera le niveau de service accordé
aux pharmacies et derrière elles aux patients. Car dans ce modèle, c’est le laboratoire
qui détermine quel niveau de service il est prêt à payer à son distributeur prestataire,
et l’option de réduire le niveau de service pour réduire les coûts de distribution est une
réalité. Cela concerne au moins les 75 % de médicaments pour lesquels les pharmacies
n’ont pas le choix de la dispensation et donc, pour lesquels les laboratoires ne risquent
pas de perdre le marché en dégradant le service. La dégradation peut porter sur le
temps d’attente d’un médicament que la pharmacie n’aurait pas en stock.
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IC D E C O S Conférence Nationale du Médicament 14 - 15 Novembre 2012