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À l’UZ Brussel, par exemple, plusieurs
tests portant sur des maladies rares
ont été développés et nécessitent
l’intervention d’un biologiste
clinique.” Mais la plus-value du
biologiste clinique de demain réside
dans sa sous-spécialisation qui lui
permet d’interpréter des valeurs
et de contribuer à la résolution de
problèmes cliniques.
Cela vaut également pour le
pathologiste. L’image de l’homme
fixant son microscope et entouré de
gros livres est totalement dépassée
depuis la numérisation. L’anatomie
pathologique numérique repose sur
un réseau de connaissances.
Cette année, l’UZ Brussel a unifié sur
le plan organisationnel les services
d’hématologie clinique, de chimie
clinique et de microbiologie, pour
l’instant encore indépendants des
services d’anatomie pathologique
et de génétique. L’hématologie
et la chimie se retrouvent ainsi
physiquement réunies sur un même
plateau tandis que la microbiologie
occupe, pour des raisons historiques,
un espace distinct.
De par sa formation, un biologiste
clinique peut réaliser des tests en
hématologie, chimie et microbiologie,
mais n’est pas homologué pour
effectuer des tests de pathologie.
C’est la raison pour laquelle nous
distinguons encore provisoirement
trois entités distinctes, avec trois
numéros d’agrément différents. “Mais
qui procède aux tests génétiques
pour l’oncologie ? Un pathologiste, un
biologiste clinique ou un généticien
? Il faut conclure des accords à ce
niveau afin que chacune de ces
trois spécialités ne demande pas un
appareil de séquençage de nouvelle
génération (NGS). Nous disposons
actuellement d’une seule plateforme
à l’hôpital où tous les appareils de
séquençage sont regroupés et nous
convenons, en interne, de qui les
utilise. Nous collaborons également
avec d’autres hôpitaux.”
Rôle du laboratoire
dans le dépistage
À propos du rôle du laboratoire dans
le dépistage, le prof. Noppen estime
la prévention plus importante que le
dépistage. “Le dépistage n’est utile
que si certaines conditions sont
réunies: il doit s’agir d’une pathologie
courante, un traitement (payable) doit
être disponible et le dépistage doit
avoir un impact sur la santé publique.
Les tests de dépistage doivent
présenter une sensibilité et une
spécificité pratiquement parfaites, ce
qui n’est pas souvent le cas, à moins
d’être ciblés, comme le dépistage des
cancers du sein et de l’intestin, dans
un groupe cible et une tranche d’âge
spécifiques. On sait aujourd’hui que
l’IRM du corps entier et le dépistage
de l’APS “pour tous” sont inutiles.”
Selon la médecine
fondée sur les faits
Les diagnostics compagnons sont
des tests diagnostiques liés à un
médicament pour déterminer si ce
médicament sera efficace chez un
patient donné. Ils sont indispensables
dans la médecine sans cesse plus
personnalisée. Les marqueurs sont
surtout utilisés en oncologie mais
doivent également être liés à des
conséquences fondées sur les faits.
“Les formes de cancer courantes,
comme le cancer du poumon et
le cancer du sein, se caractérisent
par des propriétés moléculaires
spécifiques qui font en sorte qu’elles
ne réagissent qu’à des médicaments
déterminés. Si, à l’avenir, nous pouvons
davantage disposer de ce type de
médicaments, nous devrons réfléchir à
de nouveaux modèles de financement.
Les laboratoires, aussi, devront se
réorienter. L’évolution des laboratoires
cliniques se produira peut-être en
parallèle: laboratoires gros volumes
contre laboratoires plus spécialisés
pour une médecine plus personnalisée.
S’ajoute encore à cela l’évolution
vers le mobile et le point of care, une
troisième tendance qui, selon moi, est
inéluctable”, explique le prof. Noppen.
“Points of care” connectés
et intégration des données
L’évolution vers les tests sur le point
d’intervention ne peut plus être
arrêtée. Le prof. Noppen
a lui-même constaté que dans
certains pays africains, comme la
Gambie, le secteur des soins de santé
travaille désormais via les réseaux
sans fil. Personne ne s’oppose à
l’idée que le patient gère lui-même
son dossier médical à distance.
Les résultats de laboratoire lui sont
envoyés directement. Chez nous,
nous rencontrons encore pas mal de
réticences à cet égard. La loi autorise
cependant le patient à accéder à
ses données médicales, et donc
aussi aux résultats de laboratoire.
Avec l’évolution du point of care, le
concept actuel du laboratoire est
peut-être dépassé pour bon nombre
de tests de routine. “Pourquoi ne pas
disposer dans la chambre du patient
d’un point d’intervention connecté
nous permettant de suivre les tests
de routine ? Pourquoi ne pas laisser
les médecins généralistes procéder
eux-mêmes à davantage de tests ?
Après tout, les patients en font déjà
(INR, glucose). La condition réside
dans la validation des tests et dans
l’intégration des résultats au dossier
du patient. Et c’est là que nous
rencontrons la quatrième tendance:
l’intégration du partage des données.
On peut, à cet égard, se poser la
question de savoir qui va payer et
qui sera responsable en cas d’échec.
Deux questions auxquelles je ne peux
répondre pour l’heure.”
Changement de rôles
Le rôle du biologiste clinique a
considérablement évolué en vingt
ans : on est passé du spécialiste
en chimie appliquée au directeur
de laboratoire, non seulement
chargé de l’organisation mais
aussi des systèmes de qualité, des
accréditations et de tout ce qui s’y
rapporte. “Les biologistes cliniques
resteront indispensables.
Vision
Le prof. dr Marc Noppen
fournit régulièrement des
contributions à mUZe,
le magazine médical de
l'UZ Brussel: http://blog.
uzbrussel.be/muze.
Si vous souhaitez recevoir
ce magazine, envoyez un
mail à communicatie@
uzbrussel.be.
“La plus-value
du biologiste
clinique de demain
réside dans sa sous-
spécialisation qui lui
permet de contribuer
à la résolution de
problèmes.”