ATTEINTES RÉNALES DE L’INFECTION PAR LE VIH 79
d’anomalies néphrologiques et urologiques : cristallurie, leucocyturie, hématurie
microscopique ou macroscopique, protéinurie tubulaire, insuffisance rénale aiguë,
insuffisance rénale chronique par néphropathie interstitielle chronique avec atro-
phie rénale segmentaire et nécrose papillaire, HTA, coliques néphrétiques, dou-
leurs lombaires, dysurie. Selon, les recommandations de l’« HIV Medicine
Association of the Infectious Diseases Society of America » [23], les patients traités
par indinavir doivent :
– boire au moins 1,5 l/j pour prévenir la formation de calculs ;
– faire l’objet d’une évaluation de la fonction rénale et d’une recherche de
leucocyturie régulièrement pendant les 6 premiers mois de traitement, puis tous
les 6 mois ;
– faire l’objet d’une recherche de cristallurie en cas de suspiscion de lithiase
urinaire.
De plus, ces recommandations indiquent :
– que l’indinavir est autorisé en cas d’insuffisance rénale préalable ;
– qu’il doit être interrompu en cas de lithiase, puis repris après hydratation ;
– qu’il doit être interrompu définitivement en cas d’HTA, de leucocyturie,
de rhabdomyolyse ou d’insuffisance rénale (aiguë ou chronique) qui lui sont
imputable(s).
La toxicité rénale du ténofovir est liée à son effet sur les cellules épithéliales
tubulaires rénales. Son mécanisme reste hypothétique [6-34]. Même si cette notion
est discutée, on doit considérer que sa toxicité est dépendante de la dose comme
pour les autres inhibiteurs nucléotidiques de la reverse transcriptase [35-38]. Les
facteurs de risque de développer une néphrotoxicité du ténofovir sont : un déficit
immunitaire, l’ancienneté de l’infection, une insuffisance rénale pré-existante,
l’absence d’adaptation posologique du ténofovir au DFG réduit, un traitement
concomitant par ritonavir ou ddi pouvant contribuer à l’augmentation de la
concentration intracellulaire épithéliale de ténofovir, et l’usage simultané d’autres
molécules néphrotoxiques. Les premiers signes de néphrotoxicité du ténofovir
peuvent n’apparaître que plusieurs mois après le début du traitement (5 à 12 mois)
avec une dysfonction des cellules tubulaires proximales voire distales pouvant
avoir pour conséquence un syndrome de Fanconi total ou partiel (une glycosurie,
une baisse du Tm des phosphates et une hypophosphatémie sont en règle les
anomalies les plus précoces), un diabète insipide, une insuffisance rénale aiguë.
Un cas rapporté de protéinurie de débit glomérulaire soulève l’hypothèse d’une
potentielle toxicité podocytaire du ténofovir. De telles anomalies doivent impéra-
tivement conduire à l’arrêt du ténofovir, ce qui permet une réversibilité le plus
souvent totale. La néphrotoxicité du ténofovir est jugée aujourd’hui moins
fréquente qu’envisagé initialement, même si les études contrôlées rapportant sa
faible incidence excluent les patients à risque [39-40]. Toutefois, il convient de
suivre les recommandations usuelles pour la prévenir, comme celles de l’« HIV
Medicine Association of the Infectious Diseases Society of America » indiquant
que les patients traités par ténofovir ayant un DFG < 90 ml/min /1,73 m2, rece-
vant d’autres traitements à élimination rénale par secrétion tubulaire (adéfovir,
aciclovir, ganciclovir, ou cidofovir), avec comorbidités (diabète ou hypertension)
ou recevant un traitement « synergisé » par le ritonavir, doivent être évalués au
minimum tous les 6 mois par une estimation du débit de filtration glomérulaire,
une phosphatémie, une recherche de protéinurie et de glycosurie. De plus, il est
nécessaire d’adapter les posologies au DFG dès 50 ml/min [23]. La prudence est
probablement d’envisager une telle surveillance pour l’ensemble des patients