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UELLE PLACE POUR LES
TIC
E EN CLASSE DE
FLE
?
On préfèrera à ces rapports de subordination, dans un sens ou dans un
autre, la mise en œuvre d’une réelle synergie entre les activités présentielles et
les activités en ligne dans le cadre d’une pédagogie intégrée où, en fonction
des différents paramètres de cet enseignement-apprentissage, on optera pour
les répartitions et combinaisons les plus adaptées entre le présentiel et le
télématique, en se posant chaque fois la question de savoir ce qu’il est
possible, souhaitable de faire avec/sans les TICe : les différentes compétences
langagières (CO-CE-EO-EE-interactions), linguistiques (grammaire,
vocabulaire, prononciation), (inter)culture, communication,... Cette synergie
doit aussi être créative et susciter des activités pédagogiques et des
apprentissages qui n’auraient pas été possibles dans un enseignement
uniquement en présentiel, ou rien que dans un enseignement en ligne.
Bref, il faut donc prendre du recul par rapport à l’engouement dont les
TICe font actuellement l’objet et le bouleversement que certains pensent
qu’elles seraient en train de provoquer. Tout compte fait, les TICe mettent
seulement de nouveaux outils à la disposition des acteurs de l’enseignement-
apprentissage des langues, et leur grand succès représente seulement une phase
à la suite de nombreuses autres innovations et mutations dans l’histoire de la
didactique des langues. On peut à ce titre établir un parallèle avec l’époque des
premières méthodes audio-orales et audio-visuelles, qui combinaient la
psychologie behavioriste et la linguistique structurale, et qui profitaient des
progrès techniques des laboratoires de langues, pour développer une pédagogie
par conditionnement, alors que nous sommes en train d’assister à l’essor d’une
pédagogie actionnelle, qui associe quant à elle la psychologie cognitive, la
linguistique pragmatique et le perfectionnement et le déploiement des TICe.
Dans les deux cas, on a parlé de révolution didactique…
En tout cas, il est indéniable que le recours intensif aux TICe en
didactique des langues – qu’on ne peut plus ignorer – provoque des
rééquilibrages des différents vecteurs de l’apprentissage par rapport à la
langue, par rapport au monde (réel/ virtuel; dans/ hors classe; culture), par
rapport aux sujets (enseignant/ apprenant/ condisciples/ tiers/ natifs ; cognitif/
social/ affectif), et oblige de nouvelles approches pédagogiques. Aussi, pour
éviter les risques et réduire les inconvénients évoqués plus haut, nous pensons
que les concepteurs et les utilisateurs, enseignants ou apprenants, ont de tout
urgence besoin au cours de leur formation d’une éducation aux TICe et à ses
outils, non seulement sur le plan technique, mais aussi et surtout discursif,
sémiotique, éthique, idéologique… et finalement pédagogique. Car si les TICe
représentent un outil comme un autre, vu son pouvoir de séduction,
l’amplitude de son rayonnement, la multiplicité de ressources, la complexité de
son fonctionnement, il faut certainement prendre davantage de précautions
pour se mettre à l’abri d’un usage tendancieux, contraignant, aliénant.
Ces questions seront explorées plus en avant tout au long de ce numéro
par le biais de réflexions sur les nouveaux modes d’interaction et sur leurs
impacts dans l’enseignement/apprentissage du FLE (les quatre premiers
articles de ce numéro), d’analyses de pratiques visant au développement des
compétences écrites (les trois articles suivants) et de présentations de
dispositifs tout aussi riches que variés (les cinq derniers articles de ce numéro).
Que la créativité et l’enthousiasme des auteurs gagnent les lecteurs ainsi
sensibilisés aux potentialités si exaltantes que nous offrent les TICe…