PAGE 18. Indices | | Octobre 2016 | Produits financiers Quels flux ETF attendre en Europe après le Brexit et avant la présidentielle US? Benoit Garcia, CEFA Head of ETF, Indexing & Smart Beta Sales Amundi Suisse L’ actualité de cette année est rythmée par plusieurs temps forts, dont le Brexit du 23 juin dernier et les élections américaines en novembre 2016. Alors que les marchés avaient progressé dans les jours précédents le vote britannique, les flux des ETF sur le marché européen n’indiquaient aucune anticipation précise, mais plutôt un certain attentisme. En revanche, dès le résultat connu, les investisseurs ont pris des positions sur des zones moins impactées par le Brexit1. LES OBLIGATIONS D’ENTREPRISE À TAUX VARIABLE PEUVENT S’AVÉRER TRÈS ATTRAYANTES POUR LES INVESTISSEURS. AINSI, pour les actions, entre le 24 juin et fin août, la plupart des flux se sont concentrés sur les expositions émergentes, suivies par les actions US. Les stratégies Smart Beta ont aussi été choisies par les investisseurs européens dans leur recherche des sources de rendement potentiel alternatives tout en encadrant le risque. Après un premier rallye entre mars et mai, les actions émergentes apparaissent comme les grandes gagnantes du post-Brexit (+2,6 milliards de francs), ce qui montre que les investisseurs considèrent ces expositions non seulement pour une allocation tactique, mais aussi pour une allocation stratégique. La politique monétaire accommodante de la FED, la baisse des pressions exercées sur les devises émergentes, la stabilisation du prix des matières premières et les réformes opérées dans certains de ces pays laissent prévoir une amélioration des bénéfices à l’avenir. Les investisseurs ont privilégié les providers d’ETF offrant ces expositions à prix compétitif: entre fin juin et fin août, nos ETF ont capté plus de 25% de flux européens2 sur ces expositions et 85% sur les expositions émergentes Asie3. Les actions américaines (+2,1 milliards de francs) sont pour l’heure très attractives du fait de la vitalité de l’économie américaine, de la politique monétaire accommodante de la FED et d’une exposition directe relativement limitée au Royaume-Uni. Les actions américaines pourraient ainsi rester une valeur-refuge, même si de nouvelles incertitudes émergent outre-Atlantique à l’approche des élections présidentielles. Dans un environnement incertain, les investisseurs se sont également mis à la recherche de stratégies défensives et de sources de rendement potentiel alternatives. Ils se sont donc tournés massivement vers les ETF Smart Beta (près de +3 milliards de francs), en premier lieu vers les stratégies «minimum volatilité» (+1,2 milliards de francs), mais aussi les stratégies «hauts dividendes» (+1,06 milliards de francs), «multi-factorielles» (+548 millions de francs) et «qualité» (+150 millions de francs), qui ont bien résisté dans la journée du 24 juin. Les stratégies Smart Beta, grâce à leur variété, permettent de répondre à différents besoins, notamment préserver la performance, augmenter la diversification, réduire le risque du portefeuille. Certains investisseurs utilisent les stratégies Smart Beta de manière directionnelle, d’autres comme couverture de leur cœur de portefeuille, pour compenser une sous ou surexposition à certains facteurs de risques. D’où l’importance pour les investisseurs d’avoir accès à une large gamme d’ETF mono et multi-factoriels. Si l’été s’est avéré calme et les marchés faiblement volatils malgré le choc du Brexit, c’est aussi du fait de l’interventionnisme des banques centrales, notamment en Europe, aux Etats-Unis, au Japon et en Angleterre. Si on regarde les expo- sitions obligataires on observe qu’en Europe, le renforcement de la politique de la BCE d’achat des titres crédit investment grade (IG) a encouragé les investisseurs à s’exposer aux stratégies crédit qui continuent à afficher du rendement, ce qui explique le succès des ETF dédiés aux titres BBB européens. Au global, post-Brexit, on a pu observer des flux importants vers les obligations corporate IG (+3,3 milliards de francs), dont 1,2 milliards de francs ont été investis dans des titres d’entreprises de l’eurozone. POUR LES MOIS à venir, l’intérêt pour les expositions obligataires permettant d’accéder à des sources de rendement potentielles alternatives aux obligations d’état devrait se maintenir. Les obligations d’entreprise à taux variable, par exemple, peuvent se révéler particulièrement attrayantes pour les investisseurs, en particulier sur le crédit US. Certains ETF permettent aujourd’hui de capter un rendement de l’ordre de 1,79% avec une sensibilité qui reste faible4, dans un environnement de taux bas voire négatifs. Dans le contexte actuel, caractérisé par des taux faibles et des signaux haussiers, les obligations à taux variable peuvent intéresser les investisseurs cherchant à réduire leur exposition aux mouvements de taux d’intérêt: elles se caractérisent par une faible sensibilité aux fluctuations des taux d’intérêt puisque le montant de leurs coupons en suit l’évolution. Tout particulièrement, leur rendement potentiel évolue dans le même sens que le mouvement des taux. 1) Amundi ETF/Bloomberg. Toutes les données sont issues du 24/06/2016 au 22/08/2016 sauf mention contraire. (2) Amundi ETF/Bloomberg du 24/06/2016 au 28/08/2016. (3) Amundi propose une gamme complète d’ETF mono-factoriels sur l’indice MSCI Europe, ainsi que deux ETF Multi Spart Beta exposés aux indices ERI Sci Beta. (4) Amundi ETF/Bloomberg, ytd au 31/07/2016. Opinion François Savary Chief Investment Officer et responsable de la politique d’investissement du groupe Prime Partners L’incertain se prolongera en 2017 2016 entre déjà dans son dernier quart et il est temps de se pencher sur ce que la prochaine année peut nous réserver. Les derniers trimestres ont été sources de surprises et de nombreuses incertitudes, à commencer par l’excellente performance des marchés obligataires, le retour de l’intérêt des investisseurs internationaux pour les actifs des pays émergents ou encore la décision du peuple anglais d’opter pour une sortie de l’Union Européenne. La forte volatilité des marchés financiers en début d’année a aussi constitué un facteur important dans la psychologie collective, même si les derniers mois ont démontré que la mentalité qui vise à profiter de toute faiblesse pour acheter les actifs risqués ne se dément pas. L’horizon immédiat est dominé par des échéances politiques (élections américaines et référendum italien) et par les interrogations des investisseurs sur les politiques monétaires non conventionnelles, à l’égard desquelles les doutes vont croissants. La BCE a-t-elle définitivement décidé de ne plus accroître ses injections de liquidités comme sa réunion de septembre le laisse entendre? Que peut faire le Banque du Japon aux prises avec des attaques de plus en plus intenses de la part des banques nipponnes sur les effets dévastateurs de la politique des taux négatifs? La BNS a-t-elle une marge de manœuvre dans un contexte où les bons chiffres du PIB pour le second trimestre démontrent que les craintes sur une inévitable récession étaient infondées alors que, dans le même temps, la croissance européenne donne des signes de modération? Et la Réserve Fédérale, comment sortira-t-elle de sa stratégie inefficace de (sur)communication et de justification fallacieuse de ne pas relever les taux d’intérêt alors que le marché de l’emploi a retrouvé sa santé et que certains craignent un retour de l’inflation? On le voit la question des politiques monétaires restera une interrogation centrale pour les marchés financiers en 2017. En ce qui concerne le commerce international, dont la croissance est grippée, on ne peut être que réservé sur sa capacité à soutenir l’expansion mondiale au cours des quinze prochains mois. Le climat politique n’est pas propice à une accélération des échanges – l’accord de libre-échange transatlantique est de plus en plus voué aux gémonies – et le «patriotisme économique» est trop souvent au cœur des discours politiques. Dans le contexte de 2017, qui verra des échéances politiques majeures en France et en Allemagne et dans l’attente des résultats du scrutin présidentiel américain, le commerce mondial ne devrait guère supporter la conjoncture mondiale. Seule éclaircie, la relative stabilisation des monnaies semble éloigner le risque d’une guerre des changes. Pourvu que cela dure en 2017. Reste la question de la politique fiscale et des espoirs de voir son orientation changer, ce qui a contribué au rebond des bourses durant la pause estivale. S’il est vrai que les dépenses gouvernementales contribuent davantage à la croissance mondiale, c’est avant tout parce que les pressions d’austérité ont été réduites, il ne faut pas en déduire que tout peut changer. Certains pays ont une marge de manœuvre pour faire plus mais il ne s’agit en aucun cas d’un constat global. En outre, à l’instar de l’Allemagne certains pays disposant d’une capacité de relance budgétaire importante ne sont pas enclins à l’utiliser pour offrir à la croissance mondiale un ballon d’oxygène. Somme toute, on ne voit pas ce qui pourrait changer la donne pour la conjoncture internationale en 2017. Les attentes de croissance doivent rester modérées et le sentiment d’une conjoncture atone ne devrait pas disparaître dans un avenir proche. Il est un point sur lequel nous avons avancé en 2016, quoique de manière fragile, c’est sur le front du risque déflationniste. Après avoir craint son exacerbation dans le sillage des incertitudes chinoises en début d’année, les opérateurs semblent convaincus que le pire est derrière nous. Alors que la fin de l’été a été marquée par un retour de la volatilité sur les actifs financiers et un début de correction sur la dette gouvernementale, il est opportun de se demander si les investisseurs ne sont pas enclins à anticiper une évolution stagflationniste de la conjoncture en 2017? Si tel est le cas, la question que chacun est en droit de se poser est celle de la validité d’une telle hypothèse pour construire un scénario économique et financier 2017 !