Les carnets du Public Tristesse animal noir Anja Hilling
Théâtre le Public Saison 2015-2016 Page 1
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TRISTESSE ANIMAL NOIR
De Anja Hilling
Avec Laurent Capelluto (Paul), Itsik Elbaz (Viktor), Serge Demoulin (Martin), Julien Lemonnier (Flynn),
Nargis Benamor (Miranda), France Bastoen (Jennifer), François Delvoye (guitare électrique)
Grande salle
DU 15/03/16 AU 30/04/16
Représentations du mardi au samedi à 20h30 - Relâche du 30/03 au 09/04/2016
Ça commence comme une série-télé. Trois couples pique-niquent autour d’un feu, dans une forêt où
ils vont passer la nuit. Ils s’appellent Miranda, Paul, Martin, Jennifer, Oskar et Flynn. Ils sont amis. Ils
ont entre 30 et 45 ans, mènent la vie confortable de citadins branchés. Ils boivent et les langues se
délient. Derrière les platitudes échangées se font jour les inimitiés, les blessures mal refermées, les
ambiguïtés. Soudain, un incendie éclate, dévastateur, et le sitcom vire au film catastrophe. Pour les
survivants, plus rien ne sera jamais comme avant.
UNE CRÉATION ET COPRODUCTION DE LA COMPAGNIE BELLE DE NUIT, DU THÉÂTRE LE PUBLIC ET DE
L'ATELIER THÉÂTRE JEAN VILAR. PHOTO COVER© BRUNO MULLENAERTS.
Mise en scène Georges Lini
Dramaturgie et assistanat à la mise en scène Florence A.L.Klein
Scénographie et costumes Renata Gorka
Création lumière Alain Collet
Vidéo et son Sébastien Fernandez
Musique François Delvoye
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Note d’intention
Au milieu du chemin,
je me retrouvai par une forêt obscure
car la voie droite était perdue.
Ah dire ce qu’elle était est chose dure
cette forêt féroce et âpre et forte
qui ranime la peur dans la pensée.
Dante, Infierno
«Tristesse animal noir» est un texte fort. Plus que fort: saisissant. Une beauté rare. Une originalité
troublante. Plus que troublante: un effroi. Une émotion lumineuse et âpre. Une émotion, encore
inconnue de moi, qui résonne à sa lecture. Et un appel : je veux monter ce texte. Il me séduit et
m’excite, il m’effraye et me confronte. Il a le goût et l’odeur des défis. Il m’oblige à me dépasser.
«Tristesse animal noir» est une audace à saisir, une forme radicalement novatrice et puissante. Cest
aussi un écho : une merveilleuse continuité à ma recherche déjà ancienne sur le tragique : la
nécessaire confrontation au chaos, notre monstrueuse humanité.
Je situe ce travail dans la droite ligne de celui que j’ai entamé avec mes mises en scène de
«Britannicus» et d’ «Incendie » : la beauté dans l’horreur. Cest l’incroyable puissance de ce texte : la
plus affreuse destruction est d’une beauté inouïe. Le sang trouve une noblesse dans l’art. Le texte
d’Anja Hilling fait voler en éclats toute représentation classique du tragique. Dans une forme inédite
et résolument contemporaine, l’écriture dramatique elle-même est triturée, renversée, «chaotisée».
À travers une langue rare et belle, c’est l’imaginaire du spectateur qui est convoqué. La confiance en
son pouvoir de créer ses propres images, de vivre une émotion singulière : la sienne. Ce texte nous
confronte à un énorme sentiment de gâchis et de perte, il nous oblige à affronter nos peurs les plus
noires, à traverser les flammes de ces peurs pour s’en trouver autre, changé.
Cest cette traversée qui m’intéresse. Du chaos à la naissance. Du feu qui ravage à la lumière qui
éclaire.
Autour de moi pour ce projet, une distribution exceptionnelle. Toute l’équipe est enthousiaste à l’idée
de réaliser ce projet audacieux et surtout à l’idée de porter ce texte, tout simplement splendide d’un
auteur majeur du théâtre contemporain.
George Lini, metteur en scène
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Lauteur : Anja Hilling
Née en Allemagne en 1975, elle écrit ses trois premières pièces, « Étoiles », « Mon cœur si
jeune si fou » et « Mousson » (2003-2005) au cours des études d’écriture scénique quelle
poursuit à l’université des Arts de Berlin (2002-2006). Aussitôt remarquée, elle est
accueillie en résidence internationale au Royal Court à Londres à l’été 2003, élue révélation
de l’année par la revue Theater Heute en 2005. Son œuvre, qui compte une dizaine de
pièces, est régulièrement traduite et montée sur les scènes anglaises.
Avec « Étoiles », elle participe en 2003 au Theatertreffen de Berlin et reçoit le Prix de la
Jeune Dramaturgie décerné par la Dresdner Bank. Lue à Mannheim, Zurich et au Festival
international de la nouvelle dramaturgie à Moscou et Saint- Pétersbourg, la pièce sera
créée en 2006 au Théâtre de Bielefeld (mise en scène Daniela Kranz) et, en anglais, au
Festival international d’Édimbourg. « Mon cœur si jeune si fou », présenté aux
Kammerspiele de Munich en 2004, est créé au Théâtre de Iéna en 2005 (mise en scène
Markus Heinzelmann), également présenté dans le cadre des Journées théâtrales de
Mülheim (mise en scène D. Kranz). La même année, « Mousson » est mis en scène au
Schauspielhaus de Cologne, Protection aux Thalia Theater de Hambourg (mise en scène
Andreas Kriegenburg), Bulbus au Burgtheater de Vienne (mise en scène D. Kranz). En 2006,
« Anges » est créée aux Kammerspiele de Munich, puis en 2007, elle écrit « Sens (cinq
petites pièces) » pour les élèves de la Comédie de Saint-Étienne et ceux de la
Theaterakademie de Hambourg. Les pièces seront également présentées au Festival
Premières à Strasbourg en 2008. Suivent, « Tristesse animal noir », commande du
Schauspiel de Hanovre (mise en scène Ingo Berk, 2007), et, pour le Thalia Theater,
« Nostalgie 2175 » (mise en scène Rafael Sanchez, 2008) et « Radio Rhapsodie » (mise en
scène A. Kriegenburg, 2009).
En France ont paru: « Sens », traduction de Silvia Berutti-Ronelt et Jean-Claude Berutti,
Lansman, 2007; « Bulbus », traduction de Henri Christophe, « Théâtrales/Traits d’union »,
2008; Anges, traduction Jörn Cambreleng, Théâtrales, 2009; « Tristesse animal noir »,
traduction Silvia Berutti-Ronelt et Jean-Claude Berutti, édition bilingue, Presses
universitaires Mirail, Toulouse, 2009.
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Dramaturgie
Je voudrais simplement que tu pleures
(Extrait du texte)
«Tristesse animal noir» est une pièce qui ne délivre pas de message.
Comme le feu, elle est ambivalente.
Destructrice et créatrice dans un même mouvement.
«Tristesse animal noir» est un reflet.
Noir.
Un reflet déformé dans les lueurs d’un feu qui consume nos valeurs.
Cest la vision d’une certaine vacuité.
La vacuité d’une société de loisirs.
Société riche et consumériste.
Cest la vision d’une société infiniment pauvre.
Pauvre dans sa capacité à prendre soin de l’autre, homme ou animal, arbre ou plante, taupe ou ami,
chevreuil ou bébé.
Cest une interrogation sur l’art, ses possibilités de transformer la douleur en beauté. Son inanité
peut-être.
Cest aussi un reflet de notre insensibilité répétée, quotidienne, télévisuelle aux catastrophes.
«Tristesse animal noir» est un bouleversement de notre lien à la nature.
La vision d’une nature qui nous domine, que nous détruisons, qui nous détruit dans un même
mouvement.
Ravageur.
Dans ces ravages de nos façons d’être et de faire, nous avons choisi de traiter plus particulièrement
deux questions: celle de notre lien à la nature et celle de l’art.
La pièce se divise en trois parties: trois grands mouvements qui sont très différents dans leur forme:
la fête, le feu, la ville.
Notre analyse dramaturgique suivra, dans un premier temps, le fil de ces trois grands mouvements.
La dernière partie de notre analyse se concentre sur la question de l’art.
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