Osvaldo Golijov (1960) Last Round Kvakarat Osvaldo Golijov naît à La Plata, en Argentine. Plusieurs évènements marquent la vie du compositeur dont la famille juive est originaire d’Europe centrale. Durant son enfance, il entend sa mère jouer du Bach au piano. A l’âge de dix ans, il assiste à un concert de Piazzolla. Formé en Israël puis aux Etats-Unis, en 1986, auprès de George Crumb, Lukas Foss et Olivier Knussen, il est lauréat du Prix de composition Serge Koussevitzky. Il compose un certain nombre d’œuvres qui réservent une large place à la musique klezmer, mais aussi au “tango nuevo”. Son catalogue comprend aussi bien des mélodies que de la musique de chambre et de l’opéra sans oublier des pièces liturgiques et de la musique de film. Osvaldo Golijov enseigne à Boston. Le compositeur nous propose quelques pistes de réflexion concernant son œuvre Last Round, hommage à Astor Piazzolla. « Le bandonéon de Piazzolla synthétise tous les symboles du tango. Dans ses doigts virtuoses, il a transcrit l’érotisme des mouvements de jambes et des torses qui jaillissent de la danse. La mélancolie de la voix du chanteur a été transposée dans la respiration de l’instrument et dans l’attitude virile de l’interprétation. J’ai composé Last Round en 1996, à la demande de Geoff Nuttall et Barry Shiffman. Ils avaient entendu une esquisse du deuxième mouvement, que j'avais écrit en 1991, sous le choc de l’attaque cardiaque de Piazzolla. Ils m’ont encouragé à achever la partition. Le titre est emprunté à une nouvelle que Julio Cortázar consacra à la boxe. Il s’agit d’une métaphore, d’un combat ultime de Piazzolla qui participa à bien des pugilats tout au long de sa vie ! Le morceau évoque un bandonéon idéalisé : dans le premier mouvement nous entendons une compression violente de l’instrument, puis le second mouvement est comme un soupir infini. Le finale, le dernier round est une danse sublimée. Deux quatuors se heurtent, séparés par la basse. Les violons et les altos se lèvent comme dans les orchestres de tango traditionnels. Les archets semblent s’attirer et se repousser, se heurtant presque, transformant la passion en un modèle de pureté ». Kvakarat est extrait de la pièce The Dreams and Prayers of Isaac the Blind (les Rêves et les Prières d’Isaac l’Aveugle). Cette partition de 1994 est en trois mouvements. Il s’agit d’un poème épique qui trace une histoire du judaïsme, évoquant Abraham, l’Exil et la Rédemption. Trois langues se croisent : l’araméen, le yiddish et l’hébreux. C’est aussi en pensant à son grand-père et à l’histoire tragique de sa famille qu’Osvaldo Golijov a composé l’œuvre. Celle-ci s’ouvre par un Prélude, une sorte « d’accordéon céleste » pour reprendre l’expression du compositeur. Le second mouvement est une pulsation hésitante, et l’orchestre se teinte de rythmes et couleurs klezmer. Le finale, Kvakarat, est une instrumentation différente d’une pièce destinée quelques années plus tôt au Quatuor Kronos et au cantor Misha Alexandrovich (pouvant être remplacé par la clarinette). Le titre (K’vakarat) est la dernière partie de la prière des Grandes Fêtes. A voir www.osvaldogolijov.com