Beaucoup affirment que Jésus est un grand homme, mais seulement un homme. C’est déjà
pas mal de reconnaître cela mais, si Jésus n’est pas Dieu, si Jésus n’est qu’un grand homme alors Dieu
n’a pas réellement rejoint les hommes. Il n’a pas réellement partagé notre vie. Il ne nous a pas aimés
jusqu’au bout. Ce qui change tout dans la foi chrétienne c’est de reconnaître que cet homme est
Dieu ; qu’en lui, Dieu nous a réellement rejoint en toute chose, jusqu’à la mort ; que Dieu est
réellement Dieu avec l’homme et Dieu pour l’homme.
De fait, tous les système religieux partent de l’aspiration de l’homme vers l’absolu. L’homme,
de tout temps, est en quête d’un absolu, d’un infini et chaque religion répond, à sa manière, à cette
aspiration de l’homme, à cette quête humaine de Dieu. Le christianisme, lui, ne parle pas seulement
de l’homme qui cherche Dieu. Mais il parle d’un Dieu qui cherche l’homme.
Nous croyons qu’avant même que l’homme commence à chercher Dieu, c’est Dieu le premier
qui se met en quête de l’homme. D’ailleurs, comment l’homme pourrait-il prétendre trouver dieu par
lui-même si Dieu ne venait pas à lui ? Qui peut prétendre connaître Dieu par lui-même ? Qui a révélé
aux hommes la nature de Dieu ? C’est Dieu qui vient à l’homme et non pas le contraire. C’est Dieu
choisit de se révéler aux hommes.
Pour se révéler aux homme, Dieu a choisi d’apprendre la langue des hommes. Or la langue
des hommes, ce ne sont pas seulement des mots mais aussi et surtout sa chair. Toute notre existence
est un langage. Nous parlons bien au-delà des seuls mots que nous disons. Pour parler aux hommes,
Dieu a adopté la langue des hommes : la chair. En quelque sorte, il s’est mis à hauteur d’homme. Le
Verbe de Dieu s’est fait chair. Comment pouvait-il en être autrement ?
Au matin de Noël nous entendons ces versets de la lettre aux hébreux :
À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les
prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils (Hb 1, 1-2)
Cet enfant nouveau-né qui ne prononce pas un mot, c’est déjà Dieu qui nous parle. Par sa
seule présence, par sa chair, Dieu nous parle en cet enfant et nous dit : « Je suis là, présent, je te
rejoins dans la fragilité humaine, je suis Dieu avec toi »
3. Un abaissement qui révèle la grandeur de Dieu
Pour d’autres religions, parler d’incarnation de Dieu est simplement un scandale impossible ;
un blasphème. Comment Dieu pourrait-il se faire homme sans perdre du même coup sa divinité, sans
être réduit à néant ? L’Islam notamment, reproche souvent au christianisme de blasphémer : le
mystère de l’incarnation porterait atteinte à la grandeur de Dieu, rabaisserait Dieu au rang de
créature. Un Dieu qui a faim, qui pleure, qui se met à genoux et qui meurt misérablement sur une
croix… L’Islam considère Jésus comme un grand prophète mais affirme que Jésus n’est pas mort sur
la croix : c’est un autre qui serait mort à sa place. Car même un prophète ne peut pas mourir ainsi.
Alors Dieu, vous imaginez…
A cette contradiction nous pouvons répondre par cette question ; mais qu’est-ce qu’être
grand ? Qu’est ce que l’infini de Dieu. Nous pouvons répondre qu’enfermer Dieu dans une certaine
idée de l’infini, c’est peut-être cela justement qui porte atteinte à l’infini de Dieu. Qu’à vouloir
cantonner Dieu dans l’infiniment grand, nous décidons peut-être à sa place ce que signifie réellement
l’infini. Nous croyons, nous, que Dieu est tellement grand qu’il ne se laisse pas enfermer dans