2 PIERRE DE LA HARPE
Gd´esigne un groupe fini. De nombreux exemples illustrent les notions trait´ees ; en parti-
culier, une grande attention a ´et´e consacr´ee aux groupes de sym´etrie des poly`edres r´eguliers
et `a quelques groupes apparent´es comme les sous–groupes finis de SU(2).
Ce texte, dactilographi´e pendant le semestre d’hiver 2005/06, reprend la mati`ere d’un
cours d´ej`a donn´es deux fois. Au cours des ans, j’ai b´en´efici´e de nombreuses conversations
qui m’ont beacoup appris, et pour lesquelles je remercie (parmi d’autres) Bachir Bekka,
Vaughan Jones, Jan Saxl, Jacques Th´evenaz et Thierry Vust. Une partie de ce qui suit
n’a pas ´et´e expos´ee en 2005/06 ; c’est le cas de nombreux exercices (quelques solutions
partielles apparaissent en derni`ere partie) ainsi que des chapitres X, XIV et XV.
I. D´efinitions et premiers exemples
Une repr´esentation lin´eaire de Gdans un espace vectoriel Vsur un corps Kest un
homomorphisme πde Gdans le groupe g´en´eral lin´eaire GL(V), qui est le groupe des auto-
morphismes lin´eaires de l’espace V. Une telle repr´esentation est fid`ele si l’homomorphisme
πest injectif.
Dans ce cours, et sauf mention expresse du contraire, nous nous int´eressons au cas o`u
l’espace Vest de dimension finie, auquel cas cette dimension s’appelle le degr´e de π, et au
cas o`u le corps Kest de caract´eristique nulle ; le plus souvent, ce sera mˆeme le corps C
des nombres complexes.
Deux repr´esentations πj:G−→ GL(Vj), j= 1,2, d’un mˆeme groupe Gsont dites
´equivalentes s’il existe un isomorphisme lin´eaire S:V1−→ V2qui est G–´equivariant,
c’est–`a–dire tel que Sπ1(g) = π2(g)Spour tout g∈G.
Rappelons que, lorsque Vest de dimension finie, not´ee n, et muni d’une base, le
groupe GL(V) s’identifie au groupe GLn(K) des matrices n–fois–ninversibles `a coefficients
dans K. On appelle donc aussi repr´esentation lin´eaire de Gde degr´e nun homomorphisme
π:G−→ GLn(K). La d´efinition d’´equivalence ci–dessus se formule alors en terme d’une
matrice inversible S∈GLn(K). Lorsque n= 1, l’usage est de noter K∗, plutˆot que
GL1(K), le groupe multiplicatif du corps K.
On peut penser `a deux repr´esentations G−→ GLn(K) qui sont ´equivalentes comme `a
une mˆeme repr´esentation dans Kn´ecrite en termes de matrices relativement `a deux bases
de Kn.
Soit Vun espace hermitien, c’est–`a–dire un espace vectoriel complexe de dimension finie
muni d’un produit scalaire (v, w)7−→ hv|wi, et de la norme associ´ee v7−→ kvk=hv|vi1
2;
par convention ici, le produit scalaire est antilin´eaire en vet lin´eaire en w. Rappelons que
tout endomorphisme lin´eaire Ade Vposs`ede un adjoint A∗, bien d´efini par les ´egalit´es
hA∗v|wi=hv|Awipour tous v, w ∈V. Un op´erateur Aest unitaire si kAvk=kvk
pour tout v∈V, ou de mani`ere ´equivalente si A∗A=I, ou encore si A∗A=AA∗=I. Le
groupe unitaire de Vest le groupe U(V) constitu´e des op´erateurs unitaires de V.
Une repr´esentation πd’un groupe Gdans Vest alors unitaire si l’image de l’homo-
morphisme πest dans le sous–groupe U(V) de GL(V).
Deux repr´esentations unitaires πj:G−→ GL(Vj), j= 1,2, d’un mˆeme groupe Gdans
des espaces hermitiens sont dites unitairement ´equivalentes s’il existe une isom´etrie lin´eaire
surjective S:V1−→ V2qui est G–´equivariante.