20 | La Lettre du Rhumatologue • No 390 - mars 2013
La pathologie du tractus iliotibial
MISE AU POINT
relative anormale du trochanter, une différence de
longueur des membres inférieurs, des anomalies de
la statique rachidienne ou pelvienne, ou des ano-
malies d’axe des membres inférieurs ou des pieds.
Des causes musculaires pourraient exister aussi,
notamment une insertion anormalement étendue
du grand fessier sur le bord postérieur de la bande-
lette iliotibiale, à l’origine d’une dysharmonie dans
la balance musculaire.
La symptomatologie comporte le ressaut décrit et
reproduit par le patient. Elle est parfois accompa-
gnée de douleurs, soit brutales lors du ressaut, soit
chroniques avec, dans certains cas, une irradiation
à la face latérale de la cuisse.
L’examen physique permet d’observer un ressaut
visible et palpable lors des mouvements actifs de la
hanche. Le patient sait parfaitement le reproduire.
En revanche, en passif, on ne le déclenche pratique-
ment jamais. La douleur provoquée à la palpation
locale fait penser à une bursopathie associée. Une
radiographie standard à la recherche d’une ano-
malie locale ou d’une coxopathie est indispensable.
L’échographie peut montrer un épaississement de
la bandelette et l’existence d’une bursopathie.
Le traitement de première intention est médical
et se compose de soins rééducatifs notamment,
avec étirement de la bandelette iliotibiale, et de
l’utilisation des AINS. Le traitement chirurgical
des ressauts externes réfractaires comprend une
plastie en Z de la bandelette iliotibiale faite au
niveau du grand trochanter, avec de prévisibles
bons résultats (6).
La paralysie du tenseur du fascia lata
Müller-Vahl a rapporté, en 1985, un seul cas de para-
lysie isolée et complète du muscle du tenseur fascia
lata avec une incapacité fonctionnelle minime (7).
Le syndrome de loge chronique
du tenseur du fascia lata
En 1983, Rydholm et al. ont rapporté le cas de
2 patients atteints du syndrome de loge chronique
du tenseur du fascia lata. Ces patients se plaignaient
de douleurs à l’effort et en position assise ainsi que
d’une tuméfaction en regard du muscle. La tomo-
densitométrie a montré une augmentation de la
masse musculaire, et les mesures de pression étaient
très élevées. L’évolution était favorable après fascio-
tomie (8).
La déhiscence du tractus iliotibial
Elle a été signalée après arthroplastie totale de la
hanche mais peut se produire après d’autres chirur-
gies autour de la hanche. Les patients présentent une
douleur intense de la cuisse, sont dans l’impossibilité
de se coucher sur le côté atteint, et ont un orifice
palpable et manifeste de la bandelette iliotibiale
nécessitant une réparation chirurgicale (9).
La contracture de la bandelette
iliotibiale de Maissiat
La contracture de la bandelette iliotibiale de Maissiat
peut être observée dans les séquelles d’une polio-
myélite ou dans les suites d’un traumatisme ou d’une
chirurgie de la hanche. Elle peut aussi être idiopa-
thique. Elle affecte le plus souvent les femmes d’âge
moyen (30-50 ans) et est généralement unilatérale.
Les contractures sont fréquemment accompagnées
de douleurs au niveau de la fesse et de la cuisse.
L’examen physique met en évidence une douleur de
la bandelette de Maissiat sans preuve objective de
radiculopathie. Cette douleur s’accroît avec l’adduc-
tion membre étendu et un test d’Ober, qui révèle la
contracture : le sujet est en décubitus latéral sur le
côté non testé, le genou fléchi. Le praticien place
une contre-prise sur la crête iliaque homolatérale,
à la hanche testée. Il amène la cuisse (avec genou
fléchi à 90°) en abduction puis en extension jusqu’à
l’alignement avec le tronc afin de placer la bande-
lette iliotibiale en dehors du grand trochanter. Tout
en gardant l’extension, on laisse la pesanteur mettre
la cuisse en adduction vers la table. Le test est consi-
déré comme positif si le membre inférieur testé ne
peut être mis en adduction, et ce, proportionnelle-
ment à l’intensité de la contracture (figure 2). Un
nouveau test décrit par Gautam et Anand (10) est
effectué en décubitus ventral, le genou fléchi à 90° et
la hanche en extension et en abduction. L’incapacité
d’adduction de la cuisse dans cette position et en
bloquant le pelvis témoigne d’une contracture de
la bandelette de Maissiat. L’avantage de ce test est
qu’il élimine la flexion de la hanche, ce qui le rend
plus fiable que le test d’Ober. Dans une revue de la
littérature, Bhave et al. rapportent que, après une
prothèse totale de hanche, 15 patients sur 67 (22 %)
ont eu une contracture de la bandelette de Maissiat,
conduisant les patients à croire en un allongement
du membre qui avait reçu la prothèse (11). De bons
résultats ont été observés après un programme de
rééducation bien adapté. Les contractures réfrac-